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Dieu, dans les civilisations sacerdotales. Dans notre civilisation laïque, elle en devient le supplément.

Le châtiment de ceux qui réclament toujours protection. est d'être les victimes du pouvoir auquel ils se sont abandonnés. C'est l'état perpétuel du Parisien. Quelquefois, il se fâche. Vous avez vu du lait sur le feu. Tout d'un coup, il entre en ébullition, il monte, il menace de tout briser; si on veut l'arrêter, on éloigne la casserole du feu. Aussitôt, il s'apaise et rentre en lui-même.

En Angleterre, il y a, outre les nombreuses associations qui ont pour but de supprimer les Contagious diseases acts, la Vigilance association for the defence of personal rights, qui a pour devise: « Une incessante vigilance est le prix de la liberté, » et qui la met en pratique. En France, nous ne nous doutons pas encore de cette vérité.

On a plutôt peur de deux individus qui commettent quelques vols à Neuilly que de ministres qui, au même moment, engagent la France dans l'aventure d'une guerre avec la Chine. Ça lui coûtera cependant plus cher.

On n'a pas encore compris cette vérité, appuyée sur tant de preuves, par Buckle: que jamais voleurs ni bandits. n'ont fait autant de mal à l'humanité que les organismes constitués; jamais les compagnons de Rolando n'ont fait autant de mal à l'Espagne que l'Inquisition; jamais les émules de Fra Diavolo, à l'Italie, que le gouvernement des papes, même non compris Alexandre VI et César Borgia; jamais tous les assassins additionnés, reconnus ou non reconnus, guillotinės ou non, n'ont tué autant d'hommes que les Napoléons.

Les bandits ne sont pas ceux que le public pense. Il devrait cependant commencer à s'en apercevoir.

1. Fin octobre 1883.

LIVRE SIXIÈME

CONCLUSION

I. Élimination de la police. Substitution de l'administration au gouver

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IV. Police judiciaire. Le véritable auxiliaire du procureur de la Répu

blique.

La gendarmerie. L'article 106.

V. La police des mœurs.

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Service de la sûreté. Conclusion du rapport Fiaux.

VI. La police scientifique. - Télégraphes, téléphones. Le petit parquet. Kiosques de sûreté. - Non gravité, mais certitude de la pénalité. - Application de l'anthropométrie. Ce que doit être la police.

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I

Ailleurs, j'ai montré comment au droit impératif se substitue progressivement le régime des contrats, librement consentis1.

Nous avons vu que la police successivement avait été éliminée d'une foule de fonctions qu'elle considérait comme siennes, encore hier, et qu'elle tâche de rattraper sous divers prétextes.

2

Elle veut encore avoir « une légitime influence 2 »

sur

1. V. la Science économique et divers articles de la Réforme économique.

2. Paroles de M. Andrieux à la commission de la loi Constans, voy. liv. V. ch. IV.

la population, réglementer ses idées, lui permettre de lire certaines affiches et pas d'autres, d'entendre certaines paroles et pas d'autres, de voir certains spectacles et non d'autres, de lui permettre des rapports sexuels dans certaines conditions, et pas d'autres; en définitive, de lui imposer ses volontés, sa direction politique, intellectuelle et morale.

Pour arriver à ce résultat, elle se mêle de tout, tracasse et persécute tout le monde, gâte tout et ne fait pas ce qu'elle devrait faire.

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Au lieu de vouloir gouverner les gens, elle n'a que trois choses à administrer: le libre usage des choses publiques, l'hygiène publique1, la sécurité des personnes et des choses; ce but indiqué, comment l'atteindre pour Paris ?

II

M. Vivien, après lui M. de Kératry, tous les deux anciens préfets de police, ont demandé la répartition de la police de la manière suivante :

Police politique, remise au ministère de l'Intérieur, en admettant que cette détestable pratique se continue 2.

Police municipale, remise au pouvoir municipal; c'est la doctrine de l'Assemblée constituante 5.

Police judiciaire, remise au Parquet. C'est l'application du Code d'instruction criminelle.

III

Le projet d'organisation municipale pour la ville de Paris, dit le projet d'autonomie communale, adopté le 6 no

1. Je n'ai pu aborder cette question que très incidemment dans ce livre ; je l'ai déjà traitée au point de vue des personnes dans la Prostitution; je compte y revenir ailleurs, au point de vue des choses. 2. Voy. suprà, liv. III.

3. Voy. suprà, liv. I, chap. 2.

vembre 1880 par le Conseil municipal, développé à la Chambre des députés par Sigismond Lacroix le 6 novembre 1883, dispose, dans son article 11, que : « chaque adjoint est placé à la tête d'un service municipal dont il est spécialement responsable devant le conseil de mairie; le conseil de mairie est collectivement responsable devant le Conseil municipal; » dans son article 20, « que l'administration municipale organise et dirige les services et le personnel de la police municipale ».

Les commissaires de police doivent être hiérarchisés par arrondissement, afin qu'il y ait une certaine direction commune et que la responsabilité ne soit pas trop éparpillée. La population des arrondissements de Paris dépasse celle de beaucoup de grandes villes des départements. Son chiffre, l'importance des intérêts, justifient la création des commissaires centraux d'arrondissement. Il est bon qu'un commissaire de police, embarrassé pour prendre telle ou telle mesure, puisse en référer à un collègue. Le commissaire central est responsable de l'ensemble de la police de chaque arrondissement et chaque commissaire de la police de son quartier.

L'article 3 de la loi de 1790 énumère toutes les attributions de la police municipale1. Il y en a même quelquesunes à supprimer.

Il suffit de le parcourir pour voir que ce sont les commissaires de police de chaque arrondissement qui doivent réellement être chargés de la police de leur localité. Un exemple. Aujourd'hui prostituées, souteneurs encombrent le coin d'une rue. Des gens se plaignent au chef de la police municipale. Il y pense, s'il a le temps. Il fait faire une rafle, et c'est à recommencer. Si le commissaire du quartier, au contraire, est chargé de maintenir la circulation, il vérifie immédiatement par lui-même l'état des choses. Il y va en personne, ou envoie quelques agents sur le point encombré avec ordre de faire circuler.

1. Voy. liv. I, chap. I.

Il les y laisse huit, dix, quinze jours, jusqu'au moment où les habitudes sont rompues. Le commissaire responsable du bon ordre, de la sécurité dans son arrondissement, près des habitants, agit rapidement, modèle sa police sur le tempérament de l'arrondissement, n'est pas condamné aux contraventions obligatoires, instituées depuis M. Mangin. Il en est de même au point de vue de la sécurité. Nous savons à quoi aboutit le système de centralisation. Si chaque commissaire de police établit la sécurité dans son quartier et dans son arrondissement, tous les quartiers seront sûrs!

Le commissaire central a l'officier de paix, l'agent d'exécution sous ses ordres1. Aujourd'hui, l'officier de paix perd deux heures, si ce n'est quatre par jour, à aller à la Préfecture de police au rapport. Il économisera ce temps et l'emploiera à s'occuper de la police de son arrondissement.

Il doit y avoir au siège central de la police des conférences bimensuelles ou mensuelles de commissaires de police.

Ils relèveront de l'adjoint chargé de la police, comme ils relèvent aujourd'hui du secrétaire général de la Préfecture. Je ne m'occupe pas, en ce moment, de leur mode de nomination. Tel qu'il est, il n'empêcherait pas le système de fonctionner. Les officiers de paix devraient être nommés par le maire. Les gardiens de la paix seront répartis par arrondissement; les brigades centrales relèveront directement de l'adjoint chargé de la police.

Je ne verrais aucun inconvénient à ce que les commissaires de police, chargés des investigations criminelles, les bureaux, sous la dépendance du Parquet, et les agents de la sûreté fussent payés par la Ville.

1. Voy. suprà, liv. II, chap. IV.

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