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brigade Lombard. Il a eu comme agents provocateurs des jeunes gens, presque des enfants. L'un d'eux, V...., fils d'un ancien officier de paix, était à la tête de la promenade du monôme quand vint l'idée à M. Camescasse de la supprimer; et plus haut que tous les autres, il criait : — A bas Camescasse!

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Un autre, presque un enfant, jeté dans la police en arrivant de Bretagne, était collectiviste révolutionnaire. Voici

sa carte1.

GROUPE D'ÉTUDES SOCIALES

DE LA JEUNESSE COLLECTIVISTE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

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Ces agents n'étaient pas de simples indicateurs. C'étaient des agents régulièrement embrigadés. Dans l'Etat du personnel, qui n'a pas, du reste, été communiqué au Conseil municipal depuis 1881, ne se trouvent pas les noms des simples inspecteurs. Autrement, je pourrais faire apparaître aux regards des noms qui se trouvent à la fois sur les registres de la police et parmi les révolutionnaires les plus exaltés.

C'était un agent régulier de la 2e brigade, G. dit Z.,

1. J'ai entre les mains l'original et quelques autres documents du même genre.

qui, dans les réunions électorales du 20 arrondissement, agitait la chaîne de Trinquet. Un autre jour, il déploya un drap rouge sur un cercueil.

S'agit-il d'organiser un groupe, un complot? l'agent se présente. Il fournit les registres, il fournit le timbre, il fournit les signes de ralliement, tous les accessoires obligatoires d'une association secrète ou d'un complot.

Il y a des gens qui courent de réunions en réunions, candidats de partout, électeurs multiples, qui crient qu'ils sont ouvriers, qu'ils sont délégués des ouvriers, qu'ils parlent au nom des ouvriers; et ils seraient bien en peine de dire où ils travaillent!

Un jour, un individu se posait comme ouvrier dans une réunion publique. Mon collègue Curé, qui a conquis sa position à la sueur de son front, le prend au moment où il allait descendre de la tribune, et lui dit : - Attends! montre tes mains.

Il le force de montrer de petites mains douces, blanches et fluettes, et lui, étalant de fortes mains, habituées à manier la pelle et la fourche, il dit au public :

-Lequel de nous est le véritable ouvrier?

Le Figaro publiait le 19 juillet 1882 la note suivante:

Un journal républicain nous somme de nommer les mouchards qui, dans les réunions publiques et dans les journaux, font de l'excitation, afin d'avoir de bons rapports à transmettre à la Préfecture.

il

Nous croyons devoir attendre pour cela si nous citions un nom, faudrait donner des preuves sous peine d'être taxé de calomnie ou au moins de diffamation. Or, les rédacteurs du journal qui nous parle savent parfaitement que les « agents secrets » ne sont inscrits que sous des numéros ou des lettres, et que tous leurs rapports leur sont rendus, après avoir été copiés.

Et pourtant, quelquefois
Avis aux intéressés...

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par accident

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Cette note était signée de M. G. Grison, dont tout le monde connaît l'intimité avec M. Macé.

L'agent provocateur-type est Georges Grisel, capitaine au 3o bataillon de la 38° demi-brigade. Il sut s'insinuer dans la confiance de Babeuf et de Darthé, et devint mouchard et agent provocateur. A l'aide de quelques chiffons de papier, il dressa une liste de 65 accusés, qui, pour la plupart, étaient complètement étrangers à la conspiration.

Quand il parut à la haute cour de Vendôme, il provoqua une telle horreur que les autres gens de police refusèrent de s'asseoir à côté de lui.

Georges Grisel réclama l'honneur de son infamie et déclara qu'on lui devait la couronne civique. Un des accusés, Germain, lui répondit : « Non, Grisel, tu n'auras pas la couronne civique, tu n'auras pas la couronne d'épines, c'est celle des victimes et non des bourreaux. Tu auras la couronne de houx, cette couronne qu'on mettait à Rome sur la tête des esclaves pour les vendre quelques deniers de plus. »

Un des fils de Babeuf, Emile, qui, âgé de dix ans lors de la mort de son père, avait été adopté par Félix Lepelletier, parvint quelques années plus tard à découvrir Georges Grisel il le provoqua, se battit avec lui, et, après avoir reçu lui-même une grave blessure, le tua raide.

:

I. Émeutes.

cond Empire.

CHAPITRE IV

ÉMEUTES ET COMPLOTS DE POLICE

La formule de la Restauration.

II. Les complots de police.

La formule du se

Le complot Arena.

Utilité publique
Lagrange. -

des complots. La machine infernale de Marseille.
Comment se fabriquait un complot.
plot Accolas, Naquet.
M. Bernier complice.
des mouchards.

Le complot Gréco. - Le comLe complot plébiscitaire. Verdier. Le complot de la rue Sedaine. Héroïsme

I

L'agent provocateur a deux fonctions principales:
Provoquer des émeutes sur la voie publique;
Fabriquer des sociétés secrètes ou des complots.

Voici comment se faisait une émeute sous la Restauration, d'après le récit de Canler, qu'il faut conserver dans toute sa naïveté:

<«<Lors de la discussion sur le double vote en 1820, la Chambre devait se prononcer le 29 mai sur un amendement important de M. Camille Jordan, député de l'opposition. Le marquis de Chauvelin, député de l'opposition, quoique très souffrant, se fit transporter à la Chambre des députés dans une chaise à porteurs. L'amendement passa à la majorité d'une voix. Quand on apprit cette nouvelle, on fit une ovation à M. de Chauvelin. Le lendemain, M. de Chauvelin revint à la Chambre et reçut encore un accueil plus sympathique. Puis à sa sortie de la séance, au fur et à

mesure que les députés libéraux paraissaient, la foule criait avec enthousiasme : Vive Benjamin Constant! Vive Manuel! Vive Labbey de Pompière! Vive Sébastiani! etc., etc.

<<< Les jours suivants, les démonstrations publiques furent encore plus vives. La police, pensant qu'aucun stratagème ne pourrait distraire l'opinion publique de ce projet de loi, crut devoir adopter des moyens plus énergiques que les précédents.

« A cet effet, le 2 juin, mes collègues et moi reçûmes de l'officier de paix, M. Dabasse, l'ordre de nous rendre sur la place Louis XV, de nous mêler à la foule et d'exciter tous ces chenapans, en criant nous-mêmes comme eux et plus fort qu'eux. Des militaires, ajouta-t-il, pour la plus grande partie gardes du corps, s'y rendront également, mais en bourgeois et munis de cannes, et aux cris de: Vive le Roi! rosseront d'importance tous ces braillards de la Charte et de l'opposition.

« Nous nous dirigeâmes vers la Chambre des députés. Là, nous nous séparàmes trois par trois; je restai avec Gayetti et Lenfant. Sur les trois heures de l'après-midi, des hommes de haute stature, porteurs de cannes, arrivèrent de tous côtés; nous les reconnûmes pour être des gardes du corps déguisés. Les jeunes gens qui encombraient la place (les élèves des écoles de droit et de médecine étaient venus en masse) devinèrent aussi le déguisement de ces messieurs et les accueillirent aux cris de: Vive la Charte!

<< Les nouveaux venus essayèrent, mais vainement, de proférer quelques Vive le Roi! Leurs voix étaient perdues dans le tumulte. Ils se mirent alors à distribuer des coups de canne à tous ceux qui se trouvaient à leur portée. Un jeune clerc de notaire ou d'avoué, nommé Durand, s'approcha et leur adressa les plus vifs reproches en leur disant avec raison qu'ils étaient venus armés de cannes, sachant parfaitement bien que les personnes qui se trouvaient sur la place n'avaient rien pour se défendre. A ces mots, les partisans du projet de loi tombèrent sur ce malheureux

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