Lettre de Mgr le duc d'Angoulême à M. de Villèle. « 21 avril 1823. << Si tous nos approvisionnements avaient été prêts comme ceux d'argent, nous n'aurions pas été réduits à traiter avec Ouvrard. Dites-moi toujours avec confiance tout ce que vous croirez dans l'intérêt du service du Roi, j'y répondrai de même; soyez sûr de toute celle que j'ai en vous, ainsi que de toute mon estime et affection. « Signé LOUIS-ANTOINE. » Lettre de M. de Villèle à Mgr le duc d'Angoulême. a Paris, 20 avril 1823. « Je sais plus qu'un autre que le succès, c'est-à-dire notre propre existence, tient en grande partie au chiffre même de la dépense, à l'ordre que cette dépense garantit dans l'armée, à l'appât dont elle doit être pour la population; et, tout grognon que doit être un ministre des finances à pareille fête, Votre Altesse Royale peut être certaine que, sauf les abus qui partout sont un mal, loin de me plaindre des dépenses utiles que vous ordonnerez, je serais désolé de voir un seul des résultats que vous pouvez obtenir reculé d'un jour par une dispendieuse économie. « Signé : JH DE VILLÈLE. » Lettre de M. de Villèle à M. de Martignac, commissaire civil du gouvernement français en Espagne. « 21 avril 1823. « Je reçois, mon cher monsieur, votre lettre du 9, et je commencerai par vous exprimer, comme je l'ai fait hier dans une lettre à Monseigneur, combien je vous plains d'avoir affaire à des auxiliaires aussi déraisonnables. « Cependant, comme il faut en avoir, comme il importe beaucoup que les Espagnols ne nous considèrent pas comme des étrangers qui viennent leur dicter des lois, et qu'il est indispensable qu'il s'organise dans le pays même une force capable de comprimer les partisans de la révolution que vous allez détruire, il faut sans doute que vous persistiez dans la voie qu'il me paraît que vous avez suivie, en utilisant ceux de ces Espagnols qui veulent marcher avec nous et en éloignant ceux qui ne cherchent qu'à créer des obstacles. « A mesure que vous pénétrerez dans le pays, il sera peutêtre possible de renforcer votre junte de quelques-uns des hommes les plus influents de chaque province; vous pourrez aussi peut-être laisser s'organiser dans chaque localité les autorités royalistes qui, si elles ne marchaient pas dans un sens bien uniforme et avec une entière subordination dans le sens de notre junte centrale; du moins administrent le pays et y maintiennent l'ordre. « Nous allons faire tous nos efforts pour réparer les fautes commises dans l'administration de l'armée. J'y pourvois autant qu'il est en moi, en ne laissant pas les caisses de réserve manquer d'argent; mais il me serait dur de le voir passer dans les mains des fripons, comme cela arrive d'ordinaire en de pareils désordres. « Signé JH DE VILLÈLE. » Extrait d'une lettre de M. de Villèle à Mgr le duc d'Angoulême. « Paris, 7 juillet 1823. « Nous avons fait cette guerre sans avoir rien de ce qu'il fallait. Tirons-nous-en comme nous pourrons; mais n'oublions pas ensuite que nous ne sommes bien montés ni en marine, ni en administration de guerre, et attachons-nous à y pourvoir... (( Signé JH DE VILLÈLE. » L'ensemble de ces documents démontre, et au delà, quelle était l'opinion de M. de Villèle sur les marchés d'Ouvrard, et celle de M. le duc d'Angoulême sur l'incurie de l'administration de l'armée expédition naire. TABLE DES MATIÈRES DU TOME TROISIÈME. CHAPITRE XV. LES FINANCES SOUS LA RESTAURATION (1825). Avénement du roi Charles X. Situation nouvelle de M. de Villèle. Poli- tique du nouveau Roi. Ouverture de la session de 1825. Discours du trône. L'indemnité des émigrés et la conversion des rentes sont annoncées. Liste civile du Roi. Sa discussion. Dotation apanagère de M. le duc d'Orléans. Origines de cet apanage par Monsieur, frère de Louis XIV. Abolition des apanages en 1791. Ils sont remplacés par des dotations apanagères. La Restauration rend ces apanages à M. le duc d'Orléans, Ordonnances de 1814. Vaines réclamations sous Louis XVIII pour obtenir la ratification légale. Charles X y obtempère. Discussion de cette loi. Opposition des ultra-royalistes. Appui du général Foy. Vote de la loi. Échanges de la liste civile. La forêt de Bondy. L'Élysée-Bour- bon. Cession par Mme la duchesse de Bourbon. Conditions. Estimation "de cet immeuble. Réclamation de la famille du prince Murat. Vote de L'indemnité des émigrés. Son but. Opinion de Napoléon sur les émi- question. Objections. Comment les ventes des biens des émigrés .... Page 25 |