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INTRODUCTION.

La création du Système métrique remonte aujourd'hui à un siècle; et les Poids et Mesures qui le constituent sont maintenant répandus dans le monde entier; bientôt même ils seront seuls en usage dans tous les pays civilisés (1).

Le moment est donc propice pour rappeler la fondation de ce système qui a marqué sa date parmi les créations les plus utiles à l'humanité, et dont les mérites sont universellement reconnus. D'ailleurs aucune autre entreprise n'a porté ni plus haut ni plus loin le bon renom de la France.

(*) Le Système métrique est aujourd'hui obligatoire dans les pays suivants, comprenant une population totale d'environ 300 millions d'habitants :

Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Brésil, Chili, Confédération Argentine, Espagne, France, Grèce, Italie, Mexique, Pays-Bas, Pérou, Portugal, Roumanie, Serbie, Suède et Norvège, Suisse, Vénézuela.

En outre, le même système est facultatif dans les pays suivants qui, de leur côté, comprennent à peu près aussi 300 millions d'habitants :

Égypte, États-Unis d'Amérique, Grande-Bretagne et Irlande avec une partie des colonies, Japon, Russie, Turquie.

Les principaux documents relatifs à cette création se trouvent réunis dans la Base du Système métrique. Nous avons emprunté au Moniteur universel et au Journal officiel des pièces et des discussions importantes. Pour la période la plus récente nous n'avons eu qu'à puiser dans les publications de la Commission internationale du mètre et du Bureau international des Poids et Mesures. Relativement à ce Bureau, divers renseignements nous ont été obligeamment fournis par MM. René Benoît et Ch.-Ed. Guillaume, à qui nous sommes heureux d'adresser tous nos remercîments.

Nous avons eu aussi à notre disposition les documents originaux, déposés à l'Observatoire en vertu d'un décret du 1er vendémiaire an XII, ainsi que d'autres pièces intéressantes données récemment à l'Observatoire par la regrettée Me Laugier, qui les tenait de son père, L. Mathieu ce dernier, qui a eu le privilège de servir de lien entre les fondateurs du Système métrique et l'époque actuelle, les avait reçues de Delambre lui

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SYSTÈME MÉTRIQUE

DES POIDS ET MESURES.

CHAPITRE PREMIER.

LES PRÉCURSEURS DE LA RÉFORME DES POIDS
ET MESURES.

De tout temps on a senti la nécessité d'avoir des mesures et des poids invariables, auxquels ni le temps ni les lieux n'apporteraient d'altération, car leur diversité est pour le commerce une des plus grandes entraves. Aussi a-t-on attribué aux anciens l'idée de prendre dans la nature même le prototype de leurs mesures, afin d'en assurer l'invariabilité.

C'est ce que Bailly (1) et Paucton (2) nous présentent, le premier comme une conjecture vraisemblable, le second comme une

(1) Histoire de l'Istronomie moderne, t. I, p. 156.

(2) Métrologie, Paris, 1780, in-4o, p. 102, 109. Foir dans cet Ouvrage, la discussion des autorités sur lesquelles s'appuie l'auteur pour montrer que son pied géométrique était commun à l'Asie, à l'Afrique, à l'Europe; .. que le cube de ce pied aurait été l'étalon des mesures de capacité; que le poids d'une hémine d'eau pure aurait été l'étalon de poids de 1 Asie, des Egyptiens, des Juifs, des Arabes et des Perses.

B.

I

réalité. D'après Paucton, les mesures de toute l'antiquité auraient eu pour prototype ce qu'il appelle métrétès linéaire ou pied géométrique, dont 800 feraient un stade égal à de degré terrestre; et l'Égypte aurait conservé ce prototype en donnant exactement un stade de côté au carré qui sert de base à la grande pyramide.

Mais ce système n'a pas résisté à la critique scientifique.

D'ailleurs on peut soutenir, avec divers auteurs anciens, tels que Héron, que les premières mesures ont été prises des dimensions du corps humain; et c'est ce que confirment les noms de pas, coudée, pied, palme, pouce, doigt employés si longtemps et même aujourd'hui encore.

Ce qui est certain, c'est que tous les peuples ont conservé avec un soin religieux les étalons de leurs mesures chez les Hébreux, ils étaient déposés dans le temple; chez les Romains, on les gardait au Capitole, dans le temple de Jupiter. Justinien fit vérifier toutes les mesures, tous les poids, et ordonna de garder les originaux dans la principale église de Constantinople; même il en envoya de semblables à Rome. De leur côté, les Athéniens avaient établi une compagnie de quinze officiers chargés de la garde des mesures originales et de l'inspection de l'étalonnage.

En France, dès l'an 650, sous Dagobert, les étalons de mesures étaient conservés dans le palais du roi.

Sous Charlemagne, toutes les mesures employées dans son vaste royaume étaient uniformes, et reproduisaient les étalons gardés au palais royal. Mais déjà sur la fin de son règne cette égalité commençait à s'altérer. Selon toutes les apparences, la grande diversité des poids et des mesures fut due surtout à la

Féodalité (1), chaque seigneur ayant introduit dans ses terres des usages conformes à ses intérêts. Dans la suite, la plupart des coutumes attribuèrent aux seigneurs hauts-justiciers le droit de garder les étalons et de vérifier les poids et mesures employés dans les justices de leurs ressorts.

A Paris, les étalons de poids et mesures furent confiés à divers corps ou corporations, et vers 1780, ils étaient conservés aux endroits suivants :

MESURES DE LONGUEUR. Toise. L'étalon légal, déposé au grand Châtelet, avait été renouvelé assez souvent, et en dernier lieu en 1766: il fut alors pris égal à la toise du Pérou, déposée au cabinet de l'Académie des Sciences, au Louvre. Cet étalon légal était une règle de fer, à talons, scellée dans un mur accessible au public.

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Aune. L'étalon de l'aune était confié à la garde des marchands merciers, qui le conservaient dans leur bureau de la rue Quincampoix. Comme l'étalon de toise, c'était une règle de fer, avec talons (2); au dos, cette règle de fer portait, gravé en grosses capitales: Aune des Marchands Merciers et Grossiers, 1554; et elle était divisée en demies, quarts,.. tiers,

(1) Une cause d'altération des mesures de longueur tenait à la forme même donnée aux étalons. Ceux-ci étaient ordinairement des règles de fer portant à leurs extrémités des talons à angle droit, entre lesquels on présentait les règles destinées à servir de mesures : ces dernières devaient entrer exactement entre les talons. L'usage devait donc allonger constamment les étalons; aussi, lors de la réforme de la toise du Châtelet, en 1668, elle fut trouvée trop longue.

(*) LA HIRE, Hist. de l'Acad. pour 1714, Mém., p. 398.- PAUCTON, Métrologie, p. 19.

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