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Et lors qu'auec ton tablier gras,
Et ta quenouille entre les bras,
Au bruict de ton tour tu t'esgayes',
Puisse elle tousiours de mes playes,
Que i'ay pour elle dans le cueur,
Apaiser la douce langueur!

M. Cochard a donné dans les Archives du Rh., t. I, pag. 469-473, tom. II, pag. 53-61, et tom. III, pag. 455-458, quelques-unes des inscriptions tumulaires qui ont été découvertes en 1825, devant l'église de St-Irénée, et que M. le curé de cette église a fait encastrer dans les deux rampes de l'escalier qui en forme la nouvelle entrée. Une des inscriptions trouvées au même endroit, laquelle a été transférée depuis au Musée, a servi de sujet à une lettre que nous avons adressée nous-même à M. Dugas-Montbel, et qui fait partie de nos Lettres lyonnaises, pag. 36 et suiv. C'est une des plus curieuses sous divers rapports. Elle se compose de deux parties dont la première est en latin, et dont la seconde est en grec et offre une épigramme de l'anthologie, avec quelques variantes. M. Dugas a ajouté à nos notes et à nos conjectures sur ce monument singulier de savantes observations ibid, pag. 77-85. Notre intention est de recueillir toutes les autres insinscriptions que les travaux faits au-devant de l'église

1 Ce passage tendrait à faire considérer Ennemond Perrin comme un simple ouvrier cordier, et non comme un négociant, comme un riche marchand de cordages; mais il ne faut pas oublier que c'est un poète qui parle, et qu'on ne doit peut-être pas prendre à la lettre ses expressions, quoiqu'elles rentrent tout-à-fait dans celle de bon homme de cordier, dont du Verdier s'est servi pour qualifier le mari de Louise Labé.

de St-Irénée ont mises en lumière; nous offrirons aujourd'hui à nos lecteurs deux d'entr'elles, copiées par une personne de l'exactitude de laquelle nous pouvons répondre, et qui a bien voulu nous communiquer en même temps ses remarques sur leur texte, et nous permettre d'en profiter.

La première de ces inscriptions est placée dans la rampe de l'escalier à gauche, en montant à l'église-; elle est conçue en ces termes :

IVS ADFECTIONE MARITI PERMANENT AETERNA
BENEFICIA ET LICET SORS INIQVA FATORVM VITAM

M.

ABSTVLERIT MEMORIA TAMEN LAVDIS EIVS ET GLO D. RIAE MANENTE HOC TITVLO DVRABIT AETERNA AVRELIA SABINA CONIVGI KARISSIM. DVLCISSIM. PIENTISSIM. INCOMPARABIL. QVI MECVM VIXIT SINE VL LA ANIMI LAESIONE ANN. XX. M. II. ET sibi viva p. c. Et S. a. D.

Ainsi qu'on le voit, les premières lignes de cette épitaphe sont perdues, soit qu'on ait mutilé la pierre en la plaçant où elle est maintenant, soit que ces lignes qui manquent se trouvassent gravées sur une autre pierre qui a été brisée depuis ou qui est restée enfouie dans la terre. Les caractères sont fort nets et fort bien tracés. De même qu'on le remarque dans un grand nombre d'inscriptions antiques, le sculpteur, dans plusieurs des mots de celle-ci où la voyelle I est longue, l'a représentée par un I majuscule, plus élevé que les autres lettres (INIQVA, VITAM, VIXIT, VIVA).

La perte du commencement de cette inscription doit exciter nos regrets; elle nous laisse ignorer le nom du personnage, en l'honneur duquel le monument a été

érigé, et qui paraît avoir été un homme célèbre : car, bien qu'en général il y ait beaucoup d'exagération dans les éloges tumulaires, il est évident que ces mots : Memoria laudis ejus et gloriæ durabit æterna, ne peuvent s'appliquer à un homme vulgaire. Le nom d'Aurelia Sabina, qui a élevé le tombeau, indique que cette femme appartenait à la famille Aurelia, une des plus anciennes familles de Rome, si illustre pour avoir été celle de la mère de Jules César, et pour avoir fourni un des plus grands empereurs romains, Antonin-le-Pieux, et par l'adoption de ce dernier, son successeur le vertueux Marc-Aurèle. Le surnom de Sabina semble confirmer qu'Aurelia était bien de cette famille, qui, comme on le sait, était originaire du pays des Sabins. Il est donc permis de conjecturer, d'après le nom de la femme, que le mari tenait un rang distingué.

Mais quel était ce personnage? c'est ce qu'il serait difficile de décider d'une manière certaine. On pourrait penser qu'il s'agit ici du célèbre Syagrius, dont Sidoine Apollinaire' nous apprend que le tombeau était situé à peu près dans l'endroit où celui-ci a été trouvé, puisque, suivant l'indication de cet auteur, St-Irénée est précisément à la portée d'un trait de l'emplacement où fut l'église des Machabées, et que nulle autre part aux environs on n'a trouvé d'amas de tombeaux antiques comme à St-Irénée. L'objection la plus forte à faire contre cette supposition, c'est que la netteté des caractères n'annonce point la décadence des arts qui était déjà si complète à la fin du cinquième siècle. On peut dire aussi que les lettres D. M. (Diis Manibus), qui se trouvent aux deux côtés de la pierre, signalent

Lib. V, epist. 17.

suivant toute apparence,

la tombe d'un payen, et que,
Syagrius était, chrétien. En tous cas, il

exercer les érudits.

y a là de quoi

Du reste, c'est par une singulière distraction du gra veur que, dans la même phrase, Aurelia parle d'abordà la première personne, mecum, et qu'il est dit tout de suite après, à la troisième, sibi viva, P. C. et S. A. D. (ponendum curavit et sub ascia dedicavit).

La seconde inscription de St-Irénée, que nous enregistrerons aujourd'hui, est la suivante:

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Ce tombeau élevé à un esclave par deux de ses compagnons d'infortune, ou, si conservi ne se rapporte qu'à ces deux derniers, par deux esclaves à leur maître, n'est pas un des moins remarquables de ceux qu'on a découverts au même endroit : l'épitaphe est simple et touchante. Les lettres en sont fort belles et d'une trèsgrande dimension. Elle parait appartenir à l'époque où les arts étaient encore dans tout leur éclat.

L'I est lié avec le D dans Heraclidæ, et avec le N dans Hermadionis, de manière que dans le premier de ces noms la tête de l'I surpasse un peu la ligne droite qui est un des élémens du D, et que, dans le second, elle surpasse de même la troisième barre du N, ce que l'impression ne peut rendre.

Dans un mémoire sur plusieurs bas-reliefs antiques du musée royal du Louvre, inséré dans le Bulletin de M. de Férussac, sciences historiques, n.o 2, février 1830, M. de Clarac nous apprend que divers personnages ont successivement inscrit leurs noms sur le bas-relief mithriatique, n.o 76, et que l'une de ces inscriptions, tracée dans un pli assez profond de l'épaule de Mithra, offre le mot ou les mots CORALL81, dont les deux dernières lettres sont altérées ou mal placées, mais paraissent être un u et un g, en sorte qu'on peut lire CORRALLUG, Coral Lugdunensis. Ce Coral était de Lyon, et fut le premier qui, en 1472, importa à Parme l'imprimerie. Son prénom était Etienne. On connaît de lui une edition fort estimée et fort rare de Catulle et des Sylves de Stace, donnée en 1473, gr. in-4°.

Nous ajouterons qu'il y a eu, mais beaucoup plus tard, un imprimeur ou libraire de Lyon, nommé Benoît Coral, qui demeurait dans la rue Mercière à l'enseigne de la Victoire. On voit son nom sur le frontispice d'une édition de l'Art des Emblêmes du P. Ménestrier, publiée en 1662. C'était peut-être un descendant du Coral établi à Parme dans le 15. siècle, et auquel a pu appartenir le vase du musée royal.

Usage singulier. Les Minimes de Lyon fabriquaient un vin d'absinthe qu'on allait boire, par mortification, à leur couvent, à St-Just, le jour du vendredi-saint, en revenant du Calvaire. Ils en faisaient ce jour-là un débit considérable et lucratif: ils en vendaient aussi dans le cours de l'année comme remède.

t. XII.

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