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Confalons, est sans prix et au-dessus de tout éloge. Son taleut pour la peinture fut accompagné de tant d'autres utiles à sa patrie, qu'il fit presque oublier qu'il était le Raphaël de la Flandre.

Que j'ai de plaisir, Madame, à m'entretenir avec vous d'un homme qui fut comme l'ange tutélaire d'une province où mes pères ont reçu le jour! Rubens, né à Cologne en 1577, d'une famille considérable d'Anvers ma patrie, fut page de la comtesse de La Lain. Il fit des études brillantes, et passa, à vingt-trois ans, en Italie, au service de Vincent de Gonzague, duc de Mantoue, qui le chargea d'une commission honorable pour Philippe III, roi d'Espagne. Les chefs-d'œuvre du Titien embrasèrent son génie, et ce fut pour lors qu'il se livra tout entier à son goût pour la peinture. Le vif chagrin qu'il ressentit de la mort de sa mère, lui fit prendre le parti de se retirer à l'abbaye de St-Michel. Il se consacra à l'étude dans cette maison solitaire ; et lorsqu'il la quittait pour reprendre son pinceau, il avait soin de se faire lire des livres d'histoire et de poésie ; ce qui donnait la plus grande force à ses attitudes et à son coloris. Capable des plus grandes négociations, il il fut nommé ambassadeur en Angleterre auprès de Charles I.er , pour la conclusion de la paix avec l'Espagne. Il reçut des présens considérables de ce prince, et fut fait chevalier. Le roi, en présence du parlement, lui donna son épée et un diamant qu'il tira de son doigt. Philippe IV lui avait donné la clef d'or, et l'avait fait aussi chevalier : il le nomma dans la suite secrétaire d'état dans les Pays-Bas. Au milieu d'affaires et d'emplois aussi brillans, il cultiva toujours la peinture. Il fit bâtir à Anvers un hôtel où il rassembla les morceaux

de prix qu'il avait apportés de Rome, et il y forma un cabinet digne d'un prince. Magnifique dans sa dépense, honnête dans ses manières, cher à ses amis, précieux à ses concitoyens, la seule récréation qu'il se permettait était celle de l'équitation: il était curieux de beaux chevaux, et ce n'était jamais que le soir, après avoir quitté son travail, qu'il montait à cheval pour délasser son esprit. Rubens fut marié deux fois, il eut plusieurs enfans, un, entre autres, qui fut très-savant, et qui devint secrétaire d'état en Flandre. Il mourut à Anvers en 1640, et fut enterré à Saint-Jacques, où l'on voit encore son tombeau.

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» Fidèle à ma parole, trouvez bon, Madame, que je ne vous entretienne plus des autres beautés en tous genres que Lyon renferme dans son sein, telles que place de Louis-le-Grand, les monastères, celui des Chartreux surtout; les églises, les antiquités romaines, les magasins d'abondance, l'arsenal, etc. Je ne vous parlerai pas non plus du fameux château de Pierre-Encise, séjour des larmes et de la tristesse. J'aime mieux, en finissant, Madame, vous faire part de la grande œuvre de charité qu'exercent les pénitens de la Miséricorde : elle est précieuse à l'humanité; elle m'a touché infiniment, et c'est vous faire ma cour que de vous en parler: cette association, composée de tout ce qu'il y a de gens distingués à Lyon, assiste les criminels au dernier supplice, et procure à ces malheureux les devoirs de la sépulture après leur mort. Je vis deux bières consacrées à ce pieux usage, dans lesquelles les confrères déposent les corps des suppliciés, qu'ils détachent eux-mêmes de la potence ou de la roue, et qu'ils conduisent ensuite au tombeau. Que ce dévouement est généreux!

» La ville de Lyon approche beaucoup de celle de Paris pour le bruyant: on y voit beaucoup de carrosses de louage et un peuple innombrable. C'est, d'ailleurs, une ville fort mal pavée, et dont les rues, pour la plupart, sont fort étroites. Elle a donné naissance à un grand nombre d'hommes savans et à de fameux artistes. Vous savez, Madame, que son commerce est principalement celui des manufactures en soie, et qu'elle est l'école du goût pour le dessin des étoffes. Nous quittâmes cette grande ville après une semaine entière de séjour, pour nous aller enfoncer dans les montagnes.... »

MÉLANGES.

NOTE POUR SERVIR DE SUPPLÉMENT AU COMMENTAIRE SUR LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.

Parmi les pièces de vers qui, sous le titre d'Escriz de diuers poëtes, ont été placées à la suite des œuvres de Louise Labé, comme ayant été composées à sa louange, il en est deux qui sont dues à Olivier de Magny, de Cahors en Quercy, ami et compatriote de Hugues Salel et de Clément Marot. La première est celle qui commence à la page 114 de notre édition, et qui est intitulée : Epitre à ses amis, des gracieusetez de D. L. L.; et la seconde est celle qu'on lit, pag. 121 et suiv., et qui porte le titre d'Ode en faveur de D. Louize Labé à son

1 Euures de Louize Labé lionnoize. Lion, Durand et Perrin, 1824, in--8.0

bon Signeur. D. M. L'une et l'autre, mais surtout la dernière, sont remarquables elles nous font voir dans Olivier de Magny un des plus grands admirateurs de la Sappho lyonnaise, et un de ceux qui l'ont célébrée avec le plus de talent; elles fournissent aussi quelques détails pour sa biographie, qui ont été relevés dans la notice placée à la tête de notre édition. Le recueil des Odes d'Olivier de Magny, imprimé à Paris, chez André Wechel, en 1559, in-8.o, que nous n'avions pu nous procurer, étant par hasard tombé dernièrement sous notre main ', nous nous sommes hâté de vérifier s'il contenait ces deux pièces. Le résultat de notre recherche a été que la première ne s'y trouve pas, mais que la seconde, composée de 28 strophes, y figure divisée en deux odes; c'est-à-dire que les 22 premières strophes y forment une ode adressée à Anthoine Fumée, grand Rapporteur de France, et que les six strophes suivantes en forment une autre intitulée: Ode au Temps et à l'Occasion, presentee en vne mommerie à Monsieur d'Auanson. On ne conçoit pas comment les anciens éditeurs de Louise Labé, ou Louise Labé elle-même, si c'est elle qui a présidé à l'impression de ses ouvrages, ont pu joindre ensemble ces deux compositions, qui sont absolument différentes, sans Dul rapport entre elles, et dont la seconde lui est même tout-à-fait étrangère. Leur texte diffère, d'ailleurs, en quelques endroits, de celui du recueil publié par l'auteur, et nous avons pris note de ces variantes dont on pourrait faire usage, si l'on donnait une nouvelle édition de Louise Labé.

Mais ce n'est pas là tout ce qu'on trouve de relatifà cette femme célèbre dans le rare volume qui contient les Odes d'Olivier de Magny : il s'y rencontre d'autres pièces qui paraissent se référer aussi à la Belle Cordière,

L'exemplaire que nous avons vu, appartient à la bibliothèque publique de Lyon.

que le poète avait connue à Lyon pendant le séjour qu'il y fit de 1550 à 1555; car c'est elle probablement qu'il chante comme une de ses maîtresses sous le nom de Loyse. Nous citerons d'abord l'ode suivante, qui occupe le recto et le verso du feuillet 131:

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