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Saône et principalement les environs de l'ile Barbe, le vallon de Rochecardon et le coteau de Sainte-Foy qui produit un vin renommé.

On ne s'accorde pas sur l'époque de la fondation de Lyon les uns la font remonter à deux cent vingt ans avant notre ère, et l'attribuent à une colonie de Rhodiens, chassée de la Provence par les Phocéens établis à Marseille, et conduite par un nommé Momorus, que le vol d'une troupe de corbeaux décida à choisir cette situation circonstance qui aurait valu à la ville le nom de Lugdun, Lugudunum ou Lugdunum (en langue celtique Montagne du Corbeau); d'autres l'attribuent à Munatius Plancus, qui s'y établit environ 40 ans avant J.-C., avec des Viennois chassés de leur cité par les Allobroges, et disent que Lugdunum signifiait colline longue, ou colline élevée; enfin, quelquesuns prétendent que Plancus ne fit que bâtir une nouvelle ville près de celle que les Grecs avaient construite. Quoi qu'il en soit, César n'en parle pas dans ses Commentaires, et l'on peut supposer que, si elle existait avant Plancus, elle devait être peu considérable. Elle s'agrandit promptement depuis cette époque: elle devint bientôt la ville principale des Ségusiens, et du haut de la colline de Fourvière (Forum vetus), sur laquelle il parait qu'elle était primitivement, elle s'étendit bientôt jusqu'au bord de la Saône et sur le coteau opposé. Auguste en fit la capitale de la Celtique, qui prit alors le nom de Lyonnaise, et qui, d'abord divisée en deux Lyonnaises, le fut ensuite en cinq, dont la première avait cette ville pour métropole : il la combla de bienfaits, et les soixante nations des Gaules y élevèrent en son honneur un temple superbe, au confluent de la

Saône et du Rhône. Elle fut dès lors considérée comme le boulevard des Romains au-delà des Alpes, et Agrippa en fit partir les chemins militaires de la Gaule. Caligula y fonda une célèbre académie appelée Athénée, et divers jeux qui consistaient en danses, courses de chevaux, exercices militaires, combats de gladiateurs, etc., et qui devinrent fameux sous le nom de jeux gaulois. Claude, qui y prit naissance, ainsi que son frère Germanicus, l'éleva, de municipe qu'elle était, au rang de colonie romaine, et ordonna qu'elle prit le nom de Colonia Claudia Augusta, auquel on ajouta celui de Copia. L'état de splendeur de Lyon ne fut pas de longue durée cent ans après sa fondation, cette belle cité fut détruite, en une seule nuit, par un affreux incendie. Rebâtie par les soins de Néron, elle se déclara, en faveur de cet empereur, contre Vienne qui avait embrassé le parti de Galba. Trajan ordonna la fondation du marché qui porta son nom (Forum Trajani); un autel fut érigé à Antonin-le-Pieux, sur la place actuelle de St.-Jean. Les persécutions contre les chrétiens commencèrent à Lyon sous Marc-Aurèle, et l'évèque St. Pothin en fut une des nombreuses victimes; St.-Irénée y tint un concile un peu plus tard. Elle reprit bientôt son premier éclat ; ruinée par Sévère, en 197, après la sanglante bataille gagnée par cet empereur sur Albin, elle se releva insensiblement sous le règne de Constantin. La belle basilique des Machabées fut le premier édifice monumental que le christianisme y éleva; peu après, des hordes de peuples barbares la ravagèrent. Les rois de Bourgogne y établirent le siége de leur royaume à la fin du 5. siècle, et les rois Francs en acquirent la possession dans le 6. En 583, une inonda

tion de la Saône et du Rhône détruisit la moitié de la ville, que la peste avait décimée un peu auparavant. Dans le 8. siècle, les temples et les monumens qui restaient encore disparurent sous le fer des Sarrasins; mais Charlemagne ne tarda pas à faire relever une partie des ruines de cette ville. Plus tard, Lyon fut la capitale du royaume de Bourgogne Cisjurane ou de Provence, légué par Lothaire à Charles, le plus jeune de ses fils.

En 954, le roi de France, Lothaire 11, céda cette ville, pour la dot de sa sœur Mathilde, à Conrad-lePacifique, roi de Bourgogne Transjurane. Après la mort de Rodolphe 11, fils de Conrad, Lyon passa sous la puissance temporelle de son archevêque, Burchard, frère de ce Rodolphe de cette époque datent les droits de souveraineté que les archevêques ont exercés si longtemps sur la ville, d'abord comme feudataires de l'empire, ensuite comme indépendans, en vertu d'une concession de Frédéric 1, et par l'achat qu'ils firent des droits revendiqués par les comtes de Forez. Ce fut vers la fin du 12.° siècle que prit naissance, à Lyon, la secte des Vaudois, dont Pierre de Vaud ou Valdo, riche marchand de la ville, fut le premier instigateur. Au commencement du 13. siècle, les citoyens se soulevèrent contre la juridiction ecclésiastique, et se créèrent un gouvernement municipal ou consulat, dont les premières assemblées se tinrent en 1228: de là résultèrent entre les citoyens et les chanoines, des hostilités continuelles qui durèrent jusqu'au règne de Philippe-le-Bel; celui-ci fit rentrer la ville sous le sceptre des rois de France, en 1312, par une transaction avec l'archevêque Pierre de Savoie, à qui il laissa cependant une juridiction sur une partie de la ville. Le consulat conserva

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lui-même un pouvoir judiciaire; et, dans le 18. siècle, il formait encore un tribunal connu et respecté dans toute l'Europe par ses lumières et son esprit de justice: sous le nom de Juges de la Conservation, il avait l'inspection de la police des foires et une juridiction qui embrassait toutes les contestations entre Français et étrangers, pour des marchés faits à Lyon. Sur la fin du 13.e siècle, des Italiens fuyant les persécutions et les querelles sanglantes entre les Guelphes et les Gibelins, vinrent chercher dans cette industrieuse cité une nouvelle patrie: on dit qu'ils y inventèrent l'usage des lettres-de-change; dans les trois siècles suivans, une foule de négocians de la même nation y attirèrent le commerce de la banque. Un grand nombre de négocians allemands et suisses vinrent aussi s'y établir 1. En 1642, Cinq-Mars et De Thou furent exécutés sur la place des Terreaux. Lyon souffrit beaucoup dans les guerres de religion de la fin du 16. siècle; le 17. et le 18. le virent de nouveau fleurir, mais la révolution

La réforme fit, dès le principe, de grands progrès à Lyon. Les protestans s'emparèrent de la ville en 1562, et en restèrent les maîtres pendant onze mois. Dix ans après, le massacre de la S. Barthélemi s'y effectua dans les huit derniers jours du mois d'août. On porte à 800 le nombre des victimes qui furent inhumainement sacrifiées. La conduite que tint à cette époque le gouverneur, François de Mandelot, ne permet pas de douter qu'il n'eût reçu de la cour des instructions pour faciliter l'exécution de cette affreuse boucherie. Lyon qui a éprouvé plusieurs fois les horreurs de la peste, en fut surtout affligée en 1628. On assure que ce fléau y fit périr en cette année jusqu'à 70,000 personnes.

lui porta un coup funeste. Exaspérés par les vexations des membres jacobins du club central, dirigé par l'infame Challier, les Lyonnais s'insurgèrent contre leur municipalité terroriste, et vinrent à bout de lui arracher l'autorité dans la nuit du 29 au 30 mai 1793. La Convention fait aussitôt marcher contre Lyon 60,000 soldats. Abandonnée à ses propres forces, la ville entreprit de se défendre: elle éleva des retranchemens, décerna le commandement au brave Précy, et, avec le seul secours d'une faible artillerie et d'une garde nationale peu nombreuse, elle repoussa tous les efforts des assaillans. En vain ceux-ci eurent recours au bombardement ils essuyèrent plusieurs défaites, dont la plus mémorable est celle de la presqu'ile Perrache, le 29 septembre 1793. Enfin, découragés par la pénurie des vivres, les Lyonnais renoncèrent à la défense de leur malheureuse cité, après soixante-trois jours de siége: les plus résolus tâchèrent de s'échapper; mais ils furent poursuivis par la cavalerie républicaine, et la plupart taillés en pièces. Collot-d'Herbois et Couthon entrèrent alors à Lyon. Suivant un décret de la Convention, ils en firent commencer la démolition; la place Bellecour surtout fut bientôt couverte de décombres : les têtes tombèrent sous la hache permanente; mais comme elle servait trop lentement la rage des bourreaux, elle fut remplacée par des batteries de canons chargés à mitraille. Près de six mille personnes périrent pendant et après le siége. La ville reçut le nom de Commune Affranchie, et le garda jusqu'au 7 octobre 1794, qu'un décret lui rendit celui de Lyon.

Ce fut dans cette ville que fut convoquée, le 30 décembre 1801, la Consulta extraordinaire qui posa les

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