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HISTOIRE.

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NOTES INÉDITES RELATIVES A L'HISTOIRE DE LYON.

Les notes qu'on va lire sont extraites d'un cahier manuscrit qui se trouvait relié à la suite d'un exemplaire défectueux des Memoires de l'histoire de Lyon de Paradin, appartenant à notre bibliothèque publique. La plupart nous ont paru intéressantes, les unes comme contenant des faits nouveaux, d'autres comme offrant sur des faits connus quelques détails particuliers qui ont échappé à nos historiens. L'auteur, contemporain des événemens qu'il rapporte, n'a point mis son nom à ce petit travail chronologique, lequel, du reste, est mutilé. Il en manque le commencement et la fin, et le ciseau du relieur a enlevé plusieurs lignes dont les dernières, concernant les années 1615 et 1616, étaient tracées sur la marge de la dernière page. Il paraît que le personnage auquel est dù le manuscrit, y déposait au fur et à mesure le récit abrégé de tout ce qui se passait sous ses yeux de mémorable, soit qu'i! se fit un amusement de fixer ainsi ses souvenirs, soit qu'il eût l'intention de rassembler des matériaux pour une continuation de l'ouvrage de Paradin. Nous avons pensé que ces matériaux méritaient d'être conservés, et qu'ils pourraient être utilement placés dans notre recueil. La complaisance de M. l'archiviste de la ville, qui a bien voulu déchiffrer en notre faveur une écriture déjà ancienne et difficile à lire, nous met dans le cas de donner à nos lecteurs une copie exacte et fidèle.

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«Le ieudy sainct, 19. dudict moys (d'apvril 1590), sortirent de Vienne le sieur Alphonse (d'Ornano), Maugiron, Blacon, Lesdiguieres, Montbellet, Gouvernet et autres, accompagnez de quatre ou cinq cents hommés lesquelz vouloyent charger l'armee du sieur marquis qui faisoit les approches dudict Vienne, et fut prins ledict Alphonse prisonnier, le lieutenant dudict Maugiron et Montlour , parent dudict Maugiron, tuez avec autres, et fut mené ledit Alphonse à Givort, prisonnier

demeura quatre iours, gardé par M. de la Barre, qui l'avoit prins prisonnier de guerre, et fut blessé à ladicte rencontre M. de Thiange au jarret sur la jarretiere, et son cheval aussi d'vn coup de mosquet, et demeura la balle au ventre du cheval, et fut ledit sieur de Thiange emmené en ceste ville en vne litiere.

Le lundy, 23. apvril audict an 1590, fut emmené de Givort ledict sieur Alphonse, par le sieur de Senecey, en Bourgoigne lequel sieur de Senecey s'en alla de Greyzieu où estoit le rendez vous, avec ledict Alphonse et deux cents chevaulx, sans dire mot.

Le dernier apvril audict an, l'on fit bruict que le roi de Navarre estoit mort, et ne s'en treuva rien.

la

Le iour Ste Croix en may 3o audit an, l'armee qui s'en estoit allé de Vienne à Charlyeu, entrarent de furie audict Charlyeu en Lyonnois, sur les cinq heures du soir, par bresche du canon, de furie mirent ce qu'ils trouverent au fil de l'espee, et furent penduz aux fenestres plusieurs des principaulx dudict Charlyeu, et tint bon l'abbaye, laquelle enfin se rendit.

Fut imprimé en ceste ville de Lyon que en la Franche Comté de Bourgoigne, prez de Baume, s'estoit veu, le 14 mars 1590, jeudy, lendemain des cendres " deux armees en l'air, cheminant en bel ordre contre le septentrion et se escarmoucherent vng quart d'heure de furie, et aprez s'esquarterent lesdictes trouppes, l'vne sur Arbois, l'autre sur Polligny, estans en nuees rouges

bien espesses qui rendirent gouttes comme sang qui arrosoit la terre à plomb, chose admirable.

Le dimenche, premier juillet 1590, fut accordé la paix d'entre ceux de Lyon et Vienne, qui ne dura gueres.

Au moys d'aoust audict an ceux de Vienne se mirent dans Revyrie où ils se fortifierent, et fallut mener le canon qui tira plusieurs coups, tellement que ceulx qui estoient dedans se sauverent. Audict moys fut prins prisonnier M. de Chevrieres, et mené à Pierre Scyze, et furent faictes les barricades par la ville, laquelle fut esmeue le..... dudict moys, sur les onze heures du soir.

Au moys de septembre audict an, fut dict que le prince de Palme et M. du Mayne1, avoient dechassé le Roy de Navarre de devant Paris où il les tenoit assiegez, lequel Roy de Navarre avoit mis Paris en si extresme necessité et misere qu'ils mouroyent de faim, et valoit la livre de pain vng escu la livre de chair quarante sols, la livre de beurre quatre livres, et y eust plusieurs personnes audict Paris qui moururent de faim.

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Le dimenche, 23 septembre audict an, fut chanté le te Deum à St lehan, et fut faict procession generalle pour louer Dieu de la delivrance de Paris et pour l'extirpation des heretiques, comme aussi pour louer Dieu de ce que l'on avoit creé à Rome vn Pape nommé Gregoire, et que Dieu luy fist la grace de bien regir et gouverner son trouppeau et procurer l'extirpation de l'heresie.

Au moys de janvier 1591, fut prins prisonnier M. du Peyrat, le Prince, Croppet et plusieurs autres, avec vng nommé Prades, pour raison de ce que l'on disoit qu'il y avoit certaine conspiration sur ceste ville, et par le dire dudict Prades, en y eust beaucoup qui eurent la question pour ce faict, qui ne confesserent rien, et à la fin ledict Prades fut pendu tout seul.

Le dimenche, 12e apvril 1592, fut baptizé vn turc en

1 Le prince de Parme et le duc de Mayenne.

l'eglise St. Iehan, d'aage de 40 ans, par M. l'archevesque de Lyon le parrain fut M. de Nemours, la marraine Mad. de Mandellot et Mad. de Grizelles, et y avoit vn tresgrand nombre de peuple.

Le 9.e iuillet 1592, arriva à Lyon vne trouppe de Napolitains qui s'en allarent par eau sur le Rosne contre Vienne, et passa la cavallerie par Lyon, et s'en alla à Vienne par le Daulphiné et ledict iour, s'en alla M. de Nemours avec le marquis son frere à Vienne, et se rendirent ceulx de Vienne audict sieur de Nemours, lequel mit au chasteau de Pipet dudit Vienne M. Desnoyer, et à la Bastie M. de Jussieu, et le gouvernement de la ville à M. de Maugiron qui avoit faict rendre ladicte ville.

Le dimenche, 11 apvril 1595, sepmaine saincte, il y eust vn grand pardon general en la ville de Lyon, octroyé par nostre St. Pere le Pape qui dura quarante heures, et estoit aux Capucins où il y avoit vng capucin qui exhortoit le peuple à crier mercy à Dieu et demander pardon. Toutes les paroisses des Eglises y alloyent et y demeuroit chascune paroisse ou eglise vne heure, avec grande devotion, et y alloit on tant de jour que de nuit. Passé ladicte sepmaine saincte, les processions cessarent de aller au pardon comme de coustume qui estoit de estre vestu de toille et ceinct d'vne corde: et de l'Hospital où le pardon estoit, il fut mis aux Augustins et neantmoins tousiours continuoit aux eglises.

Au moys de may fut pendu sur les Terreaux vng verrier qui avoit fait des ducatons faulx d'Espaigne et bruslé.

Environ la feste Dieu, au mois de iuing audict an 1593, et un peu auparavant, l'on se donna garde d'vne entreprinse qui se faisoit sur Lyon en faveur de l'Espaignol par M. de Nemours, et disoit on que ledict sieur de Nemours vouloit mettre des Gascons en garnison aux portes et oster les Suisses pour envoyer comme l'on disoit devant Grenoble où le duc de Savoye estoit pour faire la guerre contre le sieur Lesdiguieres, ce que l'on ne voulut per

meltre. En ce temps le pardon estoit aux Minimes, et y eust vn predicateur qui dit tout haut en chiere, le iour de la feste Dieu, que il avoit veu quatre hommes devant ses fenestres environ deux heures aprez minuit qui conspiroyent trahison, disant entre eux que s'ils ne se saysissoyent de la porte de la Guillotiere, ilz ne feroyeut rien. Outre ce, disoit que ceulx qui oyent le service divin d'vng prestre que l'on sçait estre de mauvaise vie, peschent mortellement, et allegua les concilles et apporta des livres en la chiere.

Le 17 iuillet audict an, fut dict à Lyon que M. d'Espernon avoit été tué en Provence devant Aix qu'il avoit assiegé et ne fut rien. En ce temps le pardon estoit aux Cordelliers et continuoit on à faire grosse garde dans la ville, et marchoyent de nuict du costé de Saone, la part du Change, deux pennonaiges.

Le iour St. Barthelemy, 24° aoust 1593, fut publié à Lyon vne trefve generale par toute la France, en laquelle n'estoit compris le duc de Savoye, lequel avoit vng moys pour se declairer aprez la publication desdites trefves.

Le second iour de septembre audict an, entra à Lyon M. l'archevesque de Lyon, qui venoit de Paris à l'assemblee des estats pour l'eslection d'vng roy de France.

Le samedy, 18e iour de septembre, environ l'heure de cinq heures du soir, se firent les barricades à Lyon, parce que l'on se doubtoit que M. de Nemours se vouloit saisir de ceste ville comme de faict le soupçon estoit grand, car il tenoit Vienne, Montbrison, Thizy, Toysset et autres places, et disoit on que il vouloit mettre garniet durarent lesdictes barricades une nuict entiere: le pardon pour lors estoit à la Platiere. Le lendemain les barricades se firent encore sur le soir plus fortes que par avant, d'aultant que ledict sieur de Nemours vouloit empescher que l'on ne les fit, mesmes que il fit mettre à bas celle de la rue des Trois Maries où luy fut presentee l'halebarde pour se retirer, de laquelle M. Allard estoit

son,

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