marquable sous plus d'un rapport, et où la grandeur et la noblesse des pensées le disputent à l'énergie des expressions, ainsi qu'à la correction et à l'élégance du style.

*

* Le Bulletin uuiversel des sciences et de l'industrie, publié par M. le baron de Férussac, contient dans la section des sciences historiques, n. 7, 1829, tom. XII, pag. 385-391, un article signé W, sur les Archives historiques et statistiques du département du Rhône. Cet article offre l'analyse des principaux mémoires insérés dans les tomes IV à IX de notre recueil. Nous remercions le rédacteur de l'extrême bienveillance avec laquelle il parle de nos travaux ; son suffrage est pour nous un puissant encouragement.

Une nouvelle livraison de la Bibliothèque latinefrançaise publiée par M. Panckoucke, vient de paraître 1. Un des volumes qui la composent, forme le tome I.er des discours de Cicéron (le VI. des Œuvres complètes ). Parmi les traducteurs que l'éditeur a chargés de faire passer dans notre langue les ouvrages de l'orateur romain, et qui sont désignés dans un prospectus joint à ce volume, figurent deux littérateurs de notre ville : MM. Rabanis et Pericaud, dont le premier donnera la version des Partitions oratoires et des Poésies, et le second, celle des Paradoxes et du traité de la Consolation. Les autres collaborateurs du Cicéron sont MM. Andrieux, Champollion-Figeac, de Guerle, Delcasso, de Golbéry, du Rozoir, Ajasson de Grandsaigne, Guéroult, Matter, Panckoucke, Pierrot et Stiévenart.

On souscrit à Lyon, chez Laurent, libraire, place St. Pierre.

BULLETIN HISTORIQUE

DU MOIS DE NOVEMBRE 1829.

1. Par une ordonnance royale rendue récemment, M. Durand, un des juges du tribunal civil de Lyon, a été nommé juge d'instruction au même siége, en remplacement de M. Frappet, démissionnaire.

Par une autre ordonnance, M. Isaïe Boissieux, substitat de M. le procureur du roi près le même tribunal, a eté nommé avocat-général à la cour royale de Grenoble ; en remplacement de M. Chais, appelé à remplacer M. Bryon dans les fonctions d'avocat-général près la cour royale de Lyon.

4. La fête de S. Charles a été célébrée aujourd'hui de la manière suivante, conformément au programme publié par M. le maire.

Hier au soir et ce matin, au point du jour, la fête a été annoncée par le son de la grosse cloche de l'église primatiale et par celui du beffroi de l'hôtel de ville.

Il a été célébré, à 10 heures du matin, dans l'église primatiale, une messe solennelle à laquelle ont assisté les fonctionnaires et autorités de la ville.

Immédiatement après la messe, revue générale sur la place de Louis-le-Grand.

A 11 heures, on a procédé dans la prison de S. Joseph à la libération de prisonniers pour dettes, sur la dotation faite par le major-général Martin.

t. II.

5

A une heure après-midi, a eu lieu une course de chevaux sur la place Charles X, dans la presqu'île Perrache. Le cheval qui a remporté le grand prix, appartient à M. B. 1.

A deux heures, ouverture du jeu des mâts de Cocagne sur les places de Louis-le-Grand et de Charles X.

A 6 heures et demie, feu d'artifice sur le pont de l'Archevêché.

Après le feu d'artifice, illumination des édifices publics et d'un grand nombre d'édifices particuliers.

5. Hier, pendant que l'on célébrait la fête du roi roi, S. A. R. le duc d'Orléans, venant de Grenoble, est arrivé dans notre ville; après s'y être arrêté quelques heures, il est parti pour Paris.

6. Installation de M. Guernon de Ranville , procurear-général près la cour royale de Grenoble, dans les fonctions de procureur-général près la cour royale de Lyon. Cette installation a eu lieu, toutes les chambres assemblées, mais à huis clos. Après deux discours prononcés, l'un par M. Bryon, premier avocat-général, et l'autre par M. Nugues, premier des présidens de chambre, et après l'arrêt qui a ordonné l'enregistrement de l'ordonnance royale de nomination, en date du 26 août dernier, le nouveau procureur-général a pris place à la tête du parquet, et debout et couvert ainsi que MM. les gens du Roi, il s'est exprimé en ces termes :

« Messieurs, quelque brillant que soit le poste auquel je suis appelé par les bontés du Roi, je vous tromperais, et peut-être vous donnerais-je de moi une opinion défavorable, si je vous disais que le bonheur de m'associer à vos honorables travaux est sans mélange de regret du passé et d'inquiétudes sur l'avenir.

Pour venir à vous, je quitte une compagnie que les plus douces affections me faisaient regarder comme une

Voy. plus haut, pag, 65.

seconde famille; où les succès de mes premiers efforts, en encourageant mon zèle, semblaient me donner l'assurance que le temps ne pourrait qu'ajouter à la bienveillance de mes collègues, à l'estime des justiciables.

De tels liens ne se relâchent pas sans douleurs, de telles espérances ne s'abandonnent qu'avec peine..

"D'un autre côté, je ne puis me dissimuler à quelles inquiétantes comparaisons je vais me trouver exposé, dans ces difficiles fonctions qui reçurent tant d'éclat des talens supérieurs et du noble caractère du magistrat habile que de plus hautes destinées ont fait asseoir aux conseils du souverain.

» Confiant dans votre indulgence, fort de la pureté de mes intentions, j'ose entreprendre de reconquérir parmi vous ce que j'abandonne ailleurs, j'ose recueillir un héritage qui paraîtrait devoir être interdit à ma faiblesse.

et,

» Depuis long-temps, les annales de la jurisprudence m'ont instruit à révérer l'étendue de vos lumières plus d'une fois, la sagesse de vos oracles m'a guidé dans le dédale de l'étude des lois ; la reconnaissance de vos justiciables m'a raconté la prudente réserve, la sévère équité qui président à vos arrêts; je sais que tous vos efforts concourent à l'accomplissement du mandat confié à votre sollicitude, et que votre habileté égale votre zèle pour le bien public; enfin je sais qu'attachés par conviction autant que par sentiment, au dogme sacré de la légitimité, vous êtes dignes de marcher à la tête de l'héroïque population qui scella de son sang la haine contre la révolte et l'anarchie: pourrais-je ne pas être secondé de tous vos vœux, votre appui pourrait-il me manquer, lorsque je me présente à vous, plein d'ardeur pour le service du Roi, et dévoué sans réserve à la défense des grands intérêts placés sous votre sauvegarde ?

"D'autres motifs de sécurité, non moins précieux, me sont offerts dans les hautes qualités des Magistrats

que mon bonheur me donne pour collaborateurs: formés par de savantes leçons, instruits par les plus nobles exemples, ils conserveront et sauront me transmettre les enseignemens qu'ils reçurent du chef dont la main puissante imprima à l'administration de la justice, dans ce ressort, une impulsion, qui long-temps encore, fera sentir ses salutaires effets. Heureux et fier des rapports qui vont m'unir à des hommes entourés de votre estime, je marcherai d'un pas ferme dans la carrière dont leur expérience m'aplanira les difficultés, dont leurs talens m'aideront à surmonter les obstacles.

» Pourquoi faut-il qu'un regret se mêle au sentiment d'un si juste espoir, et que le premier de mes collègues ne m'ait été connu que pour me faire sentir la douleur de le perdre ?... 1

"Mais je dois imposer silence à mon intérêt personnel, puisque l'acte qui me prive de la plus utile coopération fut un acte de souveraine justice, et la récompense de longs et honorables travaux.

.

» Inconnu de vous, Messieurs, étranger au sein d'une compagnie dont la confiance me sera pourtant si nécessaire pour faire le bien souffrez que je vous entretienne un moment de moi et des principes qui, jusqu'à ce jour, ont réglé et doivent continuer de régler ma conduite, dans l'exercice des hautes fonctions confiées à mon zèle.

» Je ne protesterai pas de mon attachement religieux au gouvernement royal; mes principes sur ce point fondamental furent assez éprouvés, sans doute, puisque le Roi daigne me choisir pour son mandataire auprès de la seconde Cour du Royaume; mais je dois repousser le reproche banal d'exaltation, que les ennemis du trône ne se lassent pas d'adresser à ses fidèles serviteurs.

1 M. Bryon, premier avocat général, nommé conseiller à la cour royale de Paris.