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Chappuis. Elle est intitulée: Promptuaire des medailles des plus renommées personnes qui ont esté depuis le commencement du monde, avec brieve description de leurs vies et faits, etc., deuxième édition, Lyon, G. Rouillé 1581, in-4.o Le texte contient soixante-treize médailles de plus que le latin, non compris un supplément de vingtsept autres. On conçoit bien que presque toutes ces médailles doivent être de pure invention, et l'on aurait tort de vouloir considérer ce recueil comme un ouvrage numismatique ; c'est ce qui fait qu'il n'a aucun mérite, pas même celui de l'exécution.

On dit qu'il employa dix années à la recherche des plantes décrites par Dioscoride et qu'il les fit peindre par les meilleurs maîtres de l'Europe 2. A coup sûr cet ouvrage lui eût fait plus d'honneur que son Prompluaire. Mais il paraît que ces plantes n'ont jamais été gravées. Il n'a même imprimé sur cet auteur que les remarques latines d'André de Laguna, en 1554, in-12. >>

1 Je ne sais si cette traduction française n'est pas celle qui avait été faite par Charles Fontaine. Voy. La Croix du Maine, art. Charles Fontaine, et la Bibliothèque françoise de l'abbé Goujet, toin. XI, pag. 139.

2 Dans le Scaligerana prima, art. Maxima, Scaliger dit avoir vu chez l'imprimeur Roville cette plante haute de 17 pieds: Maxima vocatur emphaticós herba cui flos ille eximius et maximus est. A Dodonæo Chrysanthemon nuncupatur. Au Pérou, unde ad nos allata est, crescit ad sexaginta pedes; in Italia ad viginti. Vidi Lugduni apud Rovillium typographum 17 pedes altam. Genevæ apud Coladonem 16 pedum, et quid amplius, etc. (Note inédite de l'abbé de St. Léger).

BIBLIOGRAPHIE.

LES NOCES de Pélée et de Thétis, poëme de Catulle, traduit en vers français par M. Servan de Sugny, etc.... Paris, Blosse, 1829, in-8. de 47 pages.

Nous annonçâmes, il y a quelque temps, dans ce recueil, la seconde édition de la traduction en vers, de Théocrite, par M. Servan de Sugny, et nous donnâmes à cet élégant et poétique travail de justes éloges. Voici que le savant traducteur nous livre un nouvel essai que nous regardons, peut-être avec raison, comme le specimen d'un plus grand ouvrage. Avant d'en présenter un examen impartial, nous croyons devoir féliciter le public et l'auteur, l'un du plaisir que donne cette lecture, et l'autre d'une activité qui ne sera pas pour lui sans honneur 1.

Le mythe du mariage de Thétis et de Pélée, tel que les auteurs grecs et latins nous l'ont fait connaître, est l'un des plus remarquables de l'antiquité, digne, peut

Paris,

1 Il existe, à notre connaissance, quatre traductions en vers français du poëme de Catulle, de Nuptiis Pelei et Thetidos, publiées séparément, savoir celle de Legendre, Lyon, 1701, in-12; - de Cournand, Paris, 1806, in-8.o; d'un anonyme, 1809, in-8.o; de Ginguené, Paris, 1812, in-18. Nous ignorons si celle qui a été publiée par C. Boutereau, à Paris, en 1824, in-32, est en prose ou en vers. Quant aux autres traductions du même poëme qui se trouvent dans des versions plus ou moins complètes de Catulle, voyez la France littéraire de M. Quérard, tom. II, pag. 84 et 85.

(Note des Rédacteurs)

être, d'être mis auprès de ceux de Pandore et de Prométhée. Cette figure de la première expédition mari— time des peuples thessaliens réunit tout ce qu'il est possible d'imaginer de grâce et de poésie. Aussi peu de sujets se retrouvent plus souvent dans les poètes antiques; mais, entre tous, Euripide et Catulle ont consacré deux chants magnifiques à cet hymen mémorable: le premier est placé dans l'Iphigénie et fait suite à l'exposition; c'est la belle ode que chantent les jeunes filles d'Aulis, lorsqu'elles viennent, en rougissant de pudeur, admirer les mille vaisseaux et l'appareil guerrier des Grecs :

τίς τ' ἀρ ὑμεναίος διὰ λώτου λιβύος.... κ. τ. λ.

Catulle a traité ce mythe d'une autre manière: la forme de sa composition est épique, et ce n'est en quelque sorte qu'un fragment; mais dans ce fragment Catulle a déployé toutes les ressources de son génie : nous ferons une observation à ce sujet. Parmi les poètes anciens ceux que nous connaissons le moins, ce sont peut-être les trois poètes élégiaques latins dont le nom se rencontre néanmoins partout, et que MM. de Bertin et de Parny, chevaliers de l'autre siècle, croyaient ressusciter parmi nous. Catulle, surtout, a été mal compris, comme caractère et comme talent. Sur la foi de quelques élégies pleines de passion et de volupté, on ne voit en lui qu'un poète tendre et harmonieux : son style doit être le type de tous les élégiaques, et l'on en fait une espèce de Gentil Bernard. Bien autre toutefois est la manière de ce vieux Romain, contemporain de Lucrèce, élevé à la même école poétique, et créateur d'un genre dont le modèle n'existait pas à Rome avant

lui. Hardie, impétueuse, quelquefois même irrégulière, mais toujours la muse de Catulle ne connaît

pas

la délicatesse Racinienne de Virgile. On ne pourrait pas sans doute dire de lui: Manent vestigia ruris ; et néanmoins il y a dans sa poésie quelque chose de primitif et d'antique ; c'est une latinité forte et vigoureuse, nourrie des traditions helléniques, et qui se rapprocherait de Plaute, plus encore que d'Ovide; on dirait de son style ce que dans Cicéron Crassus dit de l'amant de Lælia: « Cùm socrum meam Læliam audio, sic eam » audio ut Plautum mihi aut Mevium audire videar; » sono vocis ita recto et simplici est, ut nihil ostenta» tionis aut mutationis afferre videatur. » Ainsi, en lisant Catulle, on s'aperçoit que c'est là une autre littérature que celle du siècle d'Auguste ; il y a peut-être moins de poli, moins de circonspection, mais il y a plus de vigueur, plus de franchise, et autant d'éclat. Républicain par principes et par l'erreur de César, mais voluptueux et dominé par ses faiblesses, l'amant soumis et résigné de Clodia souffre la tyrannie comme il souffre les infidélités de sa maîtresse ; il se venge de l'une et de l'autre par une épigramme, jusqu'à ce qu'un regard de César ou une faveur de la sœur de Clodius le replonge dans l'indolence. Catulle cependant était honnête homme, et on ne peut lire, sans l'estimer, la touchante élégie qui commence par ces vers:

Si qua recordanti benefacta priora voluptas

Est homini cum se cogitat esse pium, etc.

Traduire Catulle, en conservant cette empreinte d'antiquité, sans nuire à l'harmonie, n'est pas une tâche facile. Aussi rien n'y ressemble moins que toutes les tra

ductions essayées jusqu'à ce jour. M. Servan de Sugny sera-t-il plus heureux? S'il ne fallait qu'une parfaite élégance de style et une heureuse souplesse de talent nul doute qu'il ne parvint à nous donner une copie exacte de son modèle. Malheureusement les obstacles qu'il a à vaincre, tiennent à la différence des temps et des langues, et ceux-là sont insurmontables. Pour ce qui dépendait de lui, M. Servan nous a donné tout ce que nous en attendions: une poésie brillante, gra— cieuse et souvent fidèle au texte. On en jugera par la citation suivante :

O toi dont les vertus parent le diadême,

Toi, l'appui bienfaisant de ce peuple qui t'aime,
Toi dont le noble fils, digne de toh grand cœur,
A l'éclat de ton rang ajoute sa splendeur,
Reçois sur l'avenir cet oracle fidèle,

Qu'en ce jour fortuné notre voix te révèle:
Vous à qui des destins est attaché le cours,
Tournez, fuscaux légers et filez ces beaux jours,

T'apportant les trésors qu'un jeune amant désire,
O Pélée à tes yeux Vesper va bientôt luire :
Thétis, à ce signal t'enivrant de faveurs,
Va de ton doux sommeil partager les langueurs,
Et son premier amour voudra jusqu'à l'aurore
Presser entre ses bras un époux qu'elle adore.
Tournez, fuseaux légers, et filez ces beaux jours.

Aucun palais n'a vu d'aussi tendres amours:
Oui, Pélée et Thétis, couple toujours fidèle,
Deviendront des époux l'exemple et le modèle.
Vous à qui des destins est attaché le cours,
Tournez, fuseaux légers, et filez ces beaux jours.

Votre couche superbe, en rejetons fertile, Fera naître bientôt cet intrépide Achille

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