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>> règles que pour celle des infinitifs en er. » Nous ignorons, ajoute M. E. C. D. A., si M. Rammstein a été exactcment informé de ce qui se fait à cet égard dans les villes de Lyon et de Bruxelles : nous en doutons fort; mais nous pouvons lui certifier que l'usage dont il parle n'a pas encore pris racine à Paris. >>

Quant à nous, rédacteurs des Archives du Rhône, nous pouvons aussi certifier à M. Rammstein que l'usage dont il parle n'a pas encore pris racine à Lyon.

La Harpe est l'auteur d'une Eptire en vers sur les effets de la nature champêtre et sur la poésie descriptive, adressée à M. le comte de Schowaloff. Cette pièce parut pour la première fois en 1779. On la trouve dans différens recueils, et notamment à la suite de Mélanie ou la Religieuse, etc., Paris, Didot l'aîné, 1792, in-18, pag. 105-123. Le commencement, qui en est ainsi conçu, annonce qu'elle fut composée près de Lyon :

Sur les bords enchantés de la Saône tranquille,
Près de cette opulente ville

Qui, soumettant le luxe à ses inventions,

Echange contre l'or de trente nations
De ses brillans tissus la richesse fragile ;
La liberté, compagne attirante et facile,
Mère de tous les biens dont mon cœur est jaloux,
Me présente un champêtre asile,

Dont l'enclos est riant, dont l'air est pur et doux,
Fait pour fixer mes vœux,

s'il n'était loin de vous.

Il faut avoir le droit de dire avec Horace :

«Je bornais à ce champ mes vœux et mon bonheur 1.”

1 Hoc erat in votis: modus agri non ità magnus...

Sat. II, 6, 1.

Dans la bouche d'un possesseur

Ces mots, sans doute, ont quelque grâce.

Je ne possède rien, mais je jouis de tout;
Mon champ n'est nulle part, mes plaisirs sont partout.
Dans ses aspects divers j'observe la nature ;
J'admire ses trésors et leur variété,

Sa négligence et sa parure,

Sa pompe et sa simplicité.

Que d'objets rassemblés dans ce frais paysage!
Le fleuve, en son heureux passage,

Réfléchit de ses bords la fertile beauté,

Et baigne de ses eaux, lentement fugitives,
Tous ces monts de verdure élevés sur ses rives.
Que le ciel est serein! quel calme dans les champs! etc.

Vers le milieu de l'Epître, on lit:

Le Rhône, dont les flots s'épandent dans les plaines, Sort des flancs tortueux de ces roches lointaines; Le Rhône altier m'appelle, et je porte mes pas Jusqu'à ces monts blanchis par d'éternels frimats, Où semblent s'élever les barrières du monde.

Le fleuve, dieu de ces climats,
Guide dans ses détours ma course vagabonde.
Je l'aperçois enfin sur un roc appuyé :

A ses pieds l'eau bouillonne et gronde,
De son obscure source il semble humilié;
Mais il croît en roulant; la cascade rapide,
Qui jaillit en argent fluide,

Forme mille torrens qui, d'écueil en écueil,
De son cours agrandi viennent enfler l'orgueil.
Alors avec fracas il traîne des ruines;
Il emporte les bois minés dans leurs racines;
Et soulevant ses flots, où d'énormes glaçons
Tombent en bondissant de la cîme des monts,
Il recourbe, il déchire, il creuse son rivage:
Au loin, le bruit de son passage

Fait trembler les rochers, fait mugir les vallons;
De son vaste courroux il couvre les campagnes,
Et va précipiter dans le sein de Thétis 1
Ces débris orageux en courant engloutis
Et les dépouilles des montagnes.

M. Peignot, dans ses soigneuses et excellentes Recherches sur la vie et les ouvrages de La Harpe, Dijon, Frantin, 1820, in-12, ne parle point du séjour que, d'après les premiers vers que nous avons cités, La Harpe paraît avoir fait à Lyon ou dans les environs, avant ou vers l'année 1779.

EXTRAIT d'une lettre de M. C. N. AMANTON, du 7 novembre 1829.

<< Voici une note qui eût mérité de figurer parmi celles dont vous avez accompagné la Dissertation du P. Ménestrier sur l'usage de se faire porter la queue.

Antoine-Gaspard Boucher d'Argis, dans son Histoire abrégée de l'ordre des avocats, cite les lettres patentes de Charles IX, du 22 avril 1561, par lesquelles il défendit à tous magistrats, officiers de justice et autres personnes, de porter des habits de soie, excepté les pourpoints et saies, et ordonna que les ministres de la justice ne pourraient doubler leurs robes, capes ou manteaux, si ce n'est d'un lez ou demi-lez de velours, satin ou autre sorte de drap de soie, par le devant desdites robes, et de trois doigts tout autour, si bon leur semblait.

1 Lisez Téthys. La Harpe, à l'exemple de tant d'autres écrivains, a confondu Téthys, épouse de l'Océan, déesse de la mer, avee Thétis, une des cinquante Néréïdes.

L'auteur ajoute : « Ce règlement n'a cependant pas toujours été bien observé; car, au commencement de ce siècle (le XVIII.), il y avoit plusieurs avocats qui portoient des robes de soie. On en a vu plusieurs dans le siècle dernier, et même quelques-uns dans le siècle présent, entr'autres M. Marais, lequel se faisoit porter la robe lorsqu'il venoit au palais. Les avocats en ont constamment le droit, ainsi que leurs femmes ; mais ils n'en usent pour l'ordinaire que dans les cérémonies. >> (Voyez Règles pour former un avocat, etc., auxquelles on a joint une histoire abrégée de l'ordre des avocats et les règlemens qui concernent les fonctions et les prérogatives attachées à cette profession, etc. Paris, 1778, in-12).

Au surplus, la prérogative incontestée de se faire porter la queue dont jouissaient les avocats et leurs femmes, prouve l'importance que l'on attachait aux fonctions du barreau et la considération qui les rèhaussait. Autre temps, autres mœurs. Y avons-nous gagné ou perdu ? C'est une question dont l'examen n'entre pas dans l'objet de ma lettre...... >>

La reine Marguerite de Navarre a intercalé l'anecdote suivante dans son Heptameron, LXV.e nouvelle : « En l'eglise S. Jean de Lyon, il y avoit une chapelle fort obscure, et devant, un sepulchre fait de pierres, à grands personnages elevés comme le vif, et sont à l'entour plusieurs hommes d'armes couchés. Un soldat se promenant un jour dans l'eglise, au temps d'esté, qu'il faisoit grand chaud, il lui prit envie de dormir, et regardant cette chapelle obscure et fraîche, il pensa d'aller au

sepulchre dormir comme les autres, auprès desquels il se coucha. Or, advint qu'une bonne vieille fort devote arriva au plus fort de son sommeil; et après qu'elle eust dit ses devotions, tenant une chandelle en sa main, la lui voulut mettre au front, pensant qu'il fust de pierre, mais la cire ne put tenir contre cette pierre. La bonne dame pensant que ce fust à cause de la froideur de l'image, lui va mettre le feu contre le front pour y faire tenir sa bougie; mais l'image qui n'estoit insensible commença à s'ecrier, dont la femme eut peur ; et comme toute hors de sens, se prit à crier: miracle! miracle! tant que tous ceux qui estoient dans l'eglise, coururent, les uns à sonner les cloches, les autres à voir le miracle ; et la bonne femme les mena voir l'image qui s'estoit remuée ce qui donna occasion à plusieurs personnes de rire ; mais les sacristains ne s'en pouvoient contenter, car ils avoient bien deliberé de faire valoir ce sepulchre et en tirer argent. >>

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Un Tourangeau nommé Pierre-Abraham de la Bretonnière, a publié en 1741 un éloge ou description de sa province. C'est un poëme de 372 vers, intitulé la Touraine. L'auteur n'a point oublié une branche d'industrie qui a fait la principale richesse de son pays, la manufacture de soieries dans laquelle la ville de Tours a été la rivale de Lyon. Voici en quels termes il décrit le travail de l'ouvrier à tisser la soie :

Dès que la soie au fond d'un vase obscur
A bu le suc du pourpre ou de l'azur,
Il la prépare, il en forme sa chaine :
Sur le métier il l'étend avec peine.

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