Page images
PDF
EPUB

Voilà le xvIe siècle; et tout en faisant la part à ses erreurs et à ses extravagances, nous ne pouvons nous empêcher d'être avec ceux qui le défendent contre ceux qui l'attaquent. Le siècle qui a porté des coups si terribles au moyen âge ne peut être pour nous un ennemi. La renaissance de l'esprit antique, le renouvellement de la foi religieuse chez les catholiques aussi bien que chez les protestants, l'ardeur des investigations et des découvertes, la passion de la liberté, plus ou moins bien entendue, tous ces faits et mille autres que nous avons déjà signalés, font de ce temps un des siècles les plus originaux et les plus puissants de l'histoire. Pour nous, qui inclinons à croire que les sociétés modernes ne sont pas dans une fausse voie et qu'elles s'améliorent en s'éclairant, nous aimons le xvIe siècle et nous lui envions quelque chose de son enthousiasme et de ses austères convictions.

LIVRE QUATRIÈME.

LES TEMPS MODERNES.

LIVRE QUATRIÈME.

LES TEMPS MODERNES.

Hobbes.

CHAPITRE PREMIER.

ANGLETERRE.

HOBBES.

Sa psychologie. Sa théorie du droit. Principe de la guerre de tous contre tous. De la loi naturelle. Différence de la loi et du droit. Premier principe de la loi naturelle : chercher la paix. Second principe renoncer au droit absolu sur toutes choses. Troisième principe De l'invalidité des pac

de la loi naturelle: observer les conventions.

tes.

[ocr errors]

Théorie de la justice. — De l'obligation des lois. sance civile et de son institution.- Du pouvoir absolu.

[ocr errors]

De la puis

Des droits du

souverain. - Des droits des sujets. De la liberté. Du droit d'examiner les doctrines et de l'enseignement.

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Du pouvoir ecclésiastique. — Critique de la politique de

Toutes les discussions politiques du xvi° siècle avaient eu pour point de départ la Réforme : toutes celles du XVII se rattachent, directement ou indirectement à la révolution d'Angleterre. Hobbes la combat, et Locke la défend; et c'est encore sur ce terrain que combattent Filmer et Sidney, Bossuet et Jurieu. Cependant, ce siècle donne plus que le précédent à la pure spéculation; la politique s'efforce d'oublier les passions du moment et de s'élever jusqu'à des principes purement philosophiques, de découvrir par l'analyse l'origine de la société et du droit, et de mesurer par là le pouvoir du gouvernement.

La constitution d'Angleterre a fait de très-bonne heure l'admiration des publicistes anglais, comme ayant établi un équilibre sage et bienfaisant entre le pouvoir des princes et celui des peuples et des grands. Le savant Fortescue, dont le livre de Laudibus legum Angliæ (1) fait encore autorité en Angleterre, est souvent cité par les auteurs comme ayant signalé avec précision les avantages de la monarchie tempérée sur le pouvoir absolu. Mais peu à peu, en Angleterre comme dans le reste de l'Europe, le pouvoir absolu avait fait des progrès de plus en plus menaçants; et la malheureuse famille des Stuarts allait jouer sa fortune en l'associant au funeste principe du droit divin. Jacques Ier défendait lourdement et pédantesquement cette doctrine dans ses écrits politiques (2), tandis que son fils Charles, dédaignant la pure théorie, essayant de réaliser dans la pratique les maximes du pouvoir absolu, perdait dans cette entreprise et le trône et la vie.

:

Cette cause perdue trouva un admirable avocat pour la défendre le philosophe Hobbes, un des esprits les plus originaux de l'Angleterre. Hobbes a cela de particulier qu'il est en même temps un écrivain de parti et un phi

(1) Fortescue, de Laudibus legum Angliæ (xv° siècle). Imprimé sous Henri VIII. Trad. anglaise (1737).

(2) Jacques I d'Angleterre, OEuvres anglaises (Lacéd., 1616, traduction latine par Jacques de Montaigu (1619). Basilicon. doron. Jus liberæ monarchiæ.

Voici quelques passages extraits de ce dernier écrit :

...

[ocr errors]

« Reges Deorum titulo ornantur a Rege vate, quia Dei solio in terris insident. - Rex jure naturæ fit subditorum pater. Antequam nulla foret respublica... reges erant. Unde efficitur leges nostras esse a regibus, non a legibus reges. Satis constat regem esse dominum omnium boomnes subditos esse ejus vasallos. Ut si fas esset jus violare (quanquam mêa opinione injuria ubi est, injuria est) rex subditos, quidquid possident speciosiore pretextu adimere posset, quam populus regem abdicare.

norum

-

« PreviousContinue »