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L'efcadre de l'amiral Spry continue de croifer dans la Manche, où elle a été renforcée de quelques vaiffeaux de guerre, fortis des ports de Plymouth. La deftination de cette efcadre dépend abfolument des circonftances..

L'acte du parlement dans la derniere feffion pour autorifer à couper les guinées qui font trop au-deffous du poids légal de la monnoie, caufe ici la plus grande rumeur. En effet, on ne reçoit actuellement une piece d'or que la balance à la main, dans toute l'étendue de la Grande-Bretagne, & le moindre marchand eft tenu de porter continuellement des poids. Ce réglement nuit beaucoup à la circulation intérieure des efpeces, & au commerce en détail. Cependant, fi l'on confidere que la méthode criminelle de rogner les guinées étoit devenue dans ce royaume une espece de commerce trop lucratif pour que la peine de mort, prononcée par la loi contre les delinquans, pût en arrêter les effets, il fera facile de concevoir que le feul moyen de prévenir cet abus étoit de fup-primer entierement les profits des coupables. On fera donc moins étonné que le corps législatif aitconfenti à cet inconvénient momentané pour détruire cette malverfation. Les guinées trop foibles de poids ceffant d'avoir cours, le nombre en décroît de jour en jour; & pour hâter leur fup-preffion totale, la banque d'Angleterre, à la réquifition de la tréforerie, les reçoit à raifon de 3: liv. 17 fchelings & 10 fols & demi par once; prix auquel on vend l'or aujourd'hui fur la place. D'ailleurs, la monnoie eft, fans ceffe, occupée à frapper de nouvelles guinées pour remplacer celles qui n'ont plus de cours.

Il eft certain que la cour d'Espagne a envoyé des ordres à tous fes gouverneurs dans l'Amérique méridionale & à la Havane, de ne permettre à auun navire étranger de trafiquer dans fes poffef

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fons de ce pays-là; le nombre des gardes-côtes y a été confidérablement augmenté pour faire obferver plus exactement ces ordres. Cependant, il fe fait encore entre les deux nations un commerce confidérable..

On a commencé la moiffon dans plusieurs cantons de ce royaume. La récolte eft extrêmement abondante, & furpaffe celle des années précédentes en toutes fortes de grains.

On lança à l'eau, le 21 du mois dernier, à Deptford, un yach de 70 tonneaux. Ce bâtiment, d'une forme nouvelle, eft conftruit fur les deffins & aux frais du comte Ferrers, lequel affure qu'il ira beaucoup mieux à la voile qu'aucun autre bâtiment de cette efpece. Les talens de ce lord pour l'architecture navale, dont il a fait une étude depuis 30 ans, femblent garantir le fuccès de fon expérience. Toutes ces circonstances avoient attiré à ce fpectacle, un concours de perfonnes prodigieux, & entr'autres le duc de Cumberland.

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Les évaporations d'une mine de charbon, fituée aux environs de Pontrefact, prirent feu dernierement, & produifirent une explosion prefqu'auffi forte que celle d'un coup de canon. Un ouvrier, à la lumiere duquel la vapeur s'alluma fe jetta fur le ventre, & ne reçut aucune bleffure; mais un enfant qui fe trouvoit à quelque diftance de la mine, fut tellement brûlé, que l'on défefpere de fa vie. Peu de tems après, les évapo rations s'enflammerent de nouveau, au moment où ce même homme, qui avoit d'abord échappé au danger, defcendoit dans la mine pour y tra vailler; mais il fut moins heureux cette fois, fi maltraité par le feu, qu'après avoir langui: plufieurs jours, il expira dans des tourmens inex primables.

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Le bruit s'étoit répandu que le nabab de Benares, dans le Bengale, s'étant joint aux Marattes,

voit taillé en pieces un corps d'environ deux mille Anglois, fans compter les Cipayes; que le mogol & les nababs avoient réfolu, entr'eux, d'abandonner aux Marattes la moitié des revenus de ce vafte empire, de rendre leurs intérêts communs, & de nous chaffer de nos nouvelles poffeffions; mais les dernieres lettres arrivées du Bengale, annoncent au contraire que le mogol ayant levé une armée contre les arattes, pour s'affrachir du joug fous lequel ils le tiennent, depuis qu'ils l'ont placé fur le trône, a été totalement défait, & que les Marattes, après l'avoir fait prifonnier, ont pillé la ville de Delhi.

Des lettres de l'Afrique portent que les pirarates appellés Joes, qui troubloient, il y a quelques années, notre commerce dans ce pays, avoient recommencé leurs brigandages; mais que 6 d'entr'eux ayant été pris & pendus dans des chemifes de fer en différens endroits de la riviere Bonny ce châtiment a tellement effrayé les autres, qu'ils n'ont ofé reparoitre depuis ce tems.

On voit dans nos papiers publics l'extrait d'une lettre de Dantzig du 3 Juillet, qui contient ce qui fuit.

Le roi de Pruffe eft très-éloigné de fe relácher de la dureté de fes procédés à l'égard de notre ville. La conduite de cei ambitieux monarque n'eft pas plus injufte envers nous qu'elle n'eft injurieuse à l'Angleterre. Par le traité de la reine Anne en 1707, les Anglois font autorifés à avoir ici des magafins en propriété, à y tenir leurs effets auffi longtems qu'ils leur plait, & à les vendre quand ils le jugent à propos; privileges dont cette nation eft la feule qui en jouiffe en cette ville. Il fuit delà que l'intérét & l'honneur de la Grande-Bretagne font étroitement liés au fort de Dantzig. Cependant, S. M. Pruffienne n'a eu jufqu'ici aucun égard aux représentations qui lui ont été faites de la part de la cour de

Londres; elle a hauffé les droits fur toutes les mar chandifes importées; ce qui eft une infraction au traité de la reine Anne, par lequel il eft expreffement ftipulé que les marchandises britanniques ne payeront aucun droit.

Je penfe bien que les miniftres nieront ce fait, & qu'ils en attefleront l'honneur même de leur maitre; mais j'ai à leur oppofer les livres des marchands, fur lesquels on peut compter avec fûreté. Je vais en citer quelques exemples. Les droits fur le tabac font portés fi haut, qu'ils équivalent à une entiere prohibition: fous la dénomination de droit de port, le roi de Pruffe exige des Anglois un drois qui n'avoit jamais eu lieu; l'établissement d'une compagnie avec le privilege exclufif du commerce du fel, eft auffi une contravention très-formelle au même traité, qui autorife les marchands Anglois à importer & à exporter cette denrée fur leur propres bátimens. Ce prince a créé une feconde compagnie, à laquelle il a accordé le commerce exclufif de la cire; il a obligé les marchands Anglois à payer comptant & avant l'entrée des vaiffeaux dans le port, les droits qu'il a impofés ; il a refufé non-feulement de recevoir la garantie du conful de la nation, pour sûreté de ces droits, mais même d'en mettre en dépôt la valeur, jusqu'à ce que la cour de Londres fe fut expliquée à ce sujet, & cela au mépris du traité de 1707, qui permet aux Anglois. de donner caution pour le payement de fommes quel

conques.

C'est ainsi que le roi de Pruffe traite la GrandeBretagne, & que multipliant les infrađions aux traités, il n'a pas plus de ménagement pour elle, que fi elle n'étoit qu'une pauvre province, hors d'état de Lui en demander fatisfaction.

HOLLANDE.

LA-HAYE ( le 19 Août.) Mme. la princesse de

de

Naffau-Orange eft arrivée, le 14 de ce mois, Berlin, au château de Loo. Le prince Stathouder, après avoir vifité les places du Nord-Hollan de, étoit allé jusqu'à Bentheim à la rencontre de S. A. R.

Le chevalier, JofephYorck, ambaffadeur d'Angleterre auprès des états-généraux, leur a préfenté un mémoire, au nom du roi fon maitre, pour les engager à ordonner qu'il foit placé pendant la nuit, des feux dans les fanaux établis fur les deux bancs de la Meufe, à l'embouchure de cette riviere, afin de prévenir les accidens auxquels les bâtimens anglois & autres font exposés, lorf que le tems eft fombre. L. H. P. ont nommé des commiffaires pour examiner ce mémoire, & l'on ne croit pas qu'elles fe refufent à cette demande.

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Les changemens arrivés au commerce de la Pologne, dont nous tirions nos grains & la plus grande partie de notre fubfiftance ont engagé la compagnie des Indes à pouffer le labourage & la culture des grains dans l'heureux climat de la colonie du Cap-de-Bonne-Efpérance; on en a déjà reçu plufieurs cargaifons de froment; il vient encore d'en arriver près de 2000 lafts avec une grande quantité de fuif & d'autres marchandifes, que nous tirions auparavant du Nord de l'Eu rope.

NAISSANCES.

Une payfanne danoife du village de Rubbeck, dans l'ifle de Fionie, eft accouchée au mois de Juin dernier de 3 garçons, qui ont été baptifés, & qui, ainfi que la mere, jouiffent d'une très-bonne fanté. Cette femme avoit déjà eu deux couches, l'une de 3, & l'autre de 2 enfans; de forte qu'en moins de 3 ans de mariage, elle a mis au monde 8 enfans.

Dona Marie-Anne Gaëtani, ducheffe de Céfarini, eft accouchée d'un fils à Rome le 20 Juillet.

La princesse épouse du prince François-Adolphe d'Az

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