Page images
PDF
EPUB

Ferrare, à Peroufe, à Urbain, en un mot, dans tout l'état eccléfiaftique: on a, dit-on, vù la bulle d'extinction de cet ordre, laquelle commence par ces mots : Soli deo. On compte dans la feule fégation de Bologne 930 jéfuites efpagnols & portugais; on dit qu'ils vont être revêtus d'habits de prêtres féculiers, & conduits à Genes, où ils s'embarqueront pour retourner dans leur patrie.

Le R. P. Scotti, recteur du même college, s'eft retiré précipitamment à Modene. Ayant refufé deux fois de fe rendre aux ordres de l'archevêque, qui exigeoit qu'il vint mettre en regle les comptes de fa geftion; on lui a fait fon procès avec la plus grande rigueur, & il a été condamné par contumace, au baniffement hors de l'état eccléfiaftique.

Un courier adreffé au comte Zambeccari, fénateur, a porté ici la nouvelle des heureuses couches de S. A. R. l'archiducheffe infante de Parme, qui donna hier le jour à un prince.

MODENE (le Juillet.) Les jéfuites ont une agonie bien longue dans l'état de l'églife. C'étoit P'endroit où leur exiftence fembloit être plus affurée. Ce fut une confolation pour leurs confreres expulfés du Portugal, de la monarchie-efpagnole, du royaume des Deux-Siciles, &c., de fe trouver transportés dans cet état. La charité les aida à y faire fubfifter ces pauvres exilés; la malignité leur fait un crime d'avoir partagé avec eux la fubfiftance qu'ils y prenoient tranquillement, parceque leurs fonds en ont fouffert, Les affaires s'y traitent avec bien plus d'éclat à leur égard que partout ailleurs, & les procédures y font traînées en longueur. On établit des commiffions partout pour y examiner, au nom du pape leur administration économique. Leurs profès é prouvent actuellement toute la pefanteur du 4e.

vau qu'ils font au fouverain pontife, & dont les anciens parlemens de France faifoient un crime à leur fociété, parcequ'il étoit fait à une puiffance étrangere. La rigueur exercée, dit-on, envers les jéfuites de Bologne par ordre du pape, comme prince ayant une autorité temporelle, a fait préfumer à quelques fpéculatifs que c'eft qu'il ne veut pas ufer de fon autorité fpirituelle pour les anéantir, comme fi l'une pouvoit voir plus que l'autre, du crime dans leur inftitut, approuvé par tant de tulles pontificales. Il faut donc fuppofer quelque autre raifon. Quoiqu'il en foit, les perfonnes les plus indifférentes fur la caufe de ces P. P., auroient bien voulu que, quand la fageffe du chef de l'églife trouve bon de bannir de fon fein un ordre qui lui a été fi cher & même tant de fois utile, ces membres ceffant d'être refpectés comme religieux, le fuffent au moins comme hommes, comme citoyens, &c.

Ces religieux attaqués dans le Bolonois par l'archevêque, fe font foumis avec tout le refpect poffible à l'ordinaire. Sur fa demande, ils ont envoyé leurs novices dans leurs familles, ceffé de donner les exercices fpirituels qui leur étoientinterdits, fufpendu les écoles publiques, les congrégations, fermé leurs églifes, & ils ne pou voient, ni ne devoient faire autrement : tout cela dépendoit de l'ordinaire. Ils ont même accordé au cardinal les fommes d'argent qu'il en a exigées. Ils n'ont réclamé que contre l'ordre de licencier leurs jeunes gens, liés par des vœux, qu'il n'appartient qu'au feul fouverain pontife de diffoudre pour de graves raifons. Ils auroient cru manquer au pape même, s'ils les avoient renvoyés fans y être autorisés par fon bref, qu'ils n'ont pas encore vu. Ce refus leur a attiré le féqueftre de leurs biens, & ils y attendent le dernier coup qu'on doit leur porter.

On apprend du Milanois qu'on n'y reffent plus les peines de la difette, depuis qu'il y eft arrivé de la Pouille des fecours abondans en grains, & que le gouvernement a fait ouvrir les greniers de tous ceux qui y retenoient cette précieufe denrée. On y fait la moiffon des feigles, qui fera trèsabondante, ainfi que la récolte des autres produc tions de la terre.

en

·LIVOURNE (le 7 Juillet. ) Les vaiffeaux de guerre ruffes qui mouilloient dans ce port, ont fait voile pour rejoindre l'efcadre de leur nation dans Archipel.

On affure que 27 mille Efpagnols font campés à 3 milles de Gibraltar, & que cette armée est deftinée à s'oppofer aux entreprises des Maures qui menacent par mer & par terre, les poffeffions espagnoles.

On mande de Ragufe qu'on y a reffenti, le 12 du mois dernier, une vive fecouffe de tremblement de terre, qui cependant n'y a point causé de dommage.

Suivant le rapport du capitaine Ebry, Anglois, qui eft revenu de Tunis en 12 jours, le port de cette place eft totalement fermé, & ne fera r'ouvert que lorsque les corfaires qui font à fa hauteur, fe feront éloignés de fes parages.

[ocr errors]

Les lettres du Caire & d'Alexandrie en date du 1 & du 5 Mai, contiennent les détails fuivans fur la défaite d'Ali-bey.

Le vendredi 30 Avril, ( & non le 7 Mai, comme on l'avoit d'abord annoncé) Ali-bey fe mit en ordre de bataille dans les champs de Salikié, entre Damiette & Pelufe, & attaqua Méhémet Abou-Daab, qui vouloir différer le combat jufqu'au lendemain, parceque ce jour eft confacré à la priere parmi les mufulmans. Méhémet, provoqué par fon rival, & ayant des troupes plus nombreufes, les divifa en quatre colonnes, qui envelopperent celles d'Ali, & tombant fur elles avec impétue£té, le fabre à la main, en firent un carnage horrible.

Ali-bey fe défendit avec le plus grand courage; mais il ne put foutenir les efforts des ennemis. Ses officiers imitant fon exemple, furent prefque tous tués à ses côtés, à l'exception de trois jeunes beys, qui eurent le bonheur de fe fauver avec les débris de l'armée, lorfqu'elle fut mife en déroute. On ne fçait pas encore le fils & le neveu du Cheïk-Daher ont péri; mais on croit qu'un des deux eft refté fur le champ de bataille, & l'on ignore le fort de l'autre. Tentawi-bey, qui s'étoit emparé du château de Luris, & en qui Ali avoit le plus de confiance, avoit fuccombé des premiers.

Au milieu du carnage, Ali-bey s'efforçoit de rallier fes troupes pour regagner avec elles les déferts, lorfque fon cheval fut tué fous lui, & le renverfa. Muratbey, qui le pourfuivoit, lui porta un coup de fabre à la tête. Ali-bey, couvert de fang & de pouffiere, jetta Ja yue fur l'homme qui l'avoit bleffé, & fut reconnu par Murat qui defcendit de cheval, & fe mit à fes pieds en lui demandant pardon de l'avoir frappé. Ifmaël bey accouru auprès de l'ex-caimacan, fe joignit à Murat pour le défendre de la fureur des foldats. Cet Ifmaël eft le même qui trahit, l'année derniere, Ali-bey, comme nous l'avons dit, & qui paffa, avec une partie de l'armée qui lui étoit confiée, dans le camp d'Abou-Daab. Murat & Ifmaël conduifirent Ali dans la tente de Méhémet, qui voyant arriver, en cet état, fon beau-frere & fon ancien patron, fe profterna, & lui baisa la main. Je fuis pleinement fatisfait, lui dit-il, de la mort du beyTentawi, auteur de notre défunion, & des malheurs qui l'ont fuivie. Il le fit étendre fur un fopha, fit panfer fes bleffures, & en un mot, lui fit donner tous les fecours qui dépendoient de lui. A la nouvelle de la prife d'Ali, tous les beys accoururent dans fa tente, & vinrent lui baifer la main. Ce général, qui en impofoit encore dans fa difgrace, s'appercevant que les beys fe tenoient debout par refpect, leur adreffa ces paroles: mes enfans, affeyez vous; mon deftin étoit écrit dans le ciel, &, prononçant ces mots il laiffa couler quelques larmes qui en arracherent de tous les affiftans. Son beau-frere fe précipita de nouveau à fes pieds, & lui ferrant la main, il lui jura que jamais il n'avoit eu & n'auroit le projet de lui ôter la vie.

en

Ali-bey fut enfuite conduit dans une litiere, avec une efcorte nombreufe, au Caire, où il eft arrivé le 2 de ce mois. Il eft logé dans le magnifique palais qu'il avoit fait bâtir lui-même fur la Birkles Bekiés. Les honneurs

que continuent de lui rendre le caimacan & les autres beys, font croire au peuple que fon beau-frere veut le rétablir dans fa premiere dignité; mais d'autres peafent que Méhémet ne prend autant de foin des jours d'Ali-bey que pour conferver les fiens. On eft perfuadé qu'Halil-pacha, nouveau gouverneur du Caire, arrivé à Dâmierte, eft chargé de changer la forme de l'adminiftration publique, & l'on s'attend à une révolution. Quoiqu'il en foit, la victoire de Salikié a, dans le moment, pacifié l'Egypte, & elle procurera probablement le même avantage à la Syrie. Pour furcroît de bonheur, la caravane de la Mecque, qu'on dit être fort riche, & qu'Ali-bey avoit envie d'attaquer, eft arrivée, le 3 de ce mois, au Caire; mais on n'a aucune nouvelle des vaiffeaux de Gedda.

D'autres lettres d'Alexandrie du II Mai, en confirmant les détails qu'on vient de rapporter fur La défaite d'Ali-bey, annoncent qu'il eft mort des fuites de fes bleffures. Elles ajoutent qu'il y avoit eu dans cette ville une émeute occafionnée par l'apparition des corfaires ruffes fur les Bogas de Roffette; que le peuple s'étoit porté en foule à la contrée des Francs, & avoit eu l'indignité de jetter des pierres contre leurs maifons; que les confuls avec les habitans de leur nation fe préparoient à s'embarquer fur les bâtimens européens qui fe trouvoient dans le port, lorfque les commandans étoient parvenus à diffiper cette populace.

ESPAGNE.

MADRID (le is Juin.) Le Sr. d'Eevan Zinowicff, minifte plénipotentiaire de l'impératrice de Ruffie en cette cour, eut, le 1 de ce mois, une audience particuliere de S. M., à qui il préfenta fes lettres de créance. Il alla enfuite faluer la famille royale, accompagné du marquis d'Ovieco, introducteur des ambaffadeurs.

Don Jofeph Severo de Cuellar a obtenu une place dans le confeil des ordres.

Le comte d'Aranda ayant demandé & obtenu
Juillet, 1773. ae. quing

C

« PreviousContinue »