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siers du corps de la marine, & vit enfuite manœuvrer la flotte en trois divifions dans l'efpace de 7 milles d'étendue; ce qui forma un fpectacle d'autant plus frappant, qu'il y avoit en mer plus de 500 bâtimens, bien ornés & remplis de fpectateurs, attirés par le fimulacre d'un combat nayal. Après ces évolutions, le roi vint fouper à Portsmouth, qui étoit illuminé, ainfi que la ville de Gofport & leurs environs. Le 23 au matin, S. M. a vifité les fortifications les arfenaux & magafins de ce port. A midi, elle paffa à bord du vaiffeau le Chéne-royal, de 90 canons, y fut reçue au fon des fanfares & trompettes, y dîna, & revint le foir en fon hôtel. Le roi continua fa revue le 24; & le 25, après-midi, S. M. revint à Kew, & le 27 à St. James. Le roi atrouvé dans le meil leur état poffible fa flotte, les fortifications, magafins, arfenaux, & tout ce qui concerne le département de la marine; S. M. en à témoigné fa fatisfaction par les gratifications & autres graces qu'elle a accordées aux amiraux, capitaines de vaiffeaux & autres officiers de fa marine. Pendant que S. M. étoit à Portsmouth, le lord Edgecumbe fit voile pour Plymouth avec fix vaiffeaux de

guerre.

Dans l'affemblée générale que, la compagnie desIndes tint le 22, le préfident ayant fait faire la lecture des délibérations du parlement, on les caractérifa d'innovations portant atteinte aux privileges qui ont été accordés. On lut enfuite une lettre du général Monckton, par laquelle il remercie la compagnie du grade de commandant en chef des troupes dans l'Inde. Le dividende pour les 6 premiers mois de cette année, fut unanimement fixé à 3 pour cent.

La princeffe dont la ducheffe de Glocefter eft accouchée dernierement, fut baptifée, le 29, parFévêque de St. David, & nommée Sophie-Ma

thilde; elle a eu pour parrein & marreine le due & la ducheffe de Cumberland, & la reine de Danemarck.

Les lettres de Colebrooke-Dale, dans la province de Shropshire, font mention d'un événement extraordinaire. Le 27 du mois dernier, entre 3 & 4 heures du matin, un terrein d'une é– tendue affez confidérable fut tout-à-coup emporté vers la Severne, riviere qui arrofe & traverse ce canton. Une petite portion de ce terrein formant un taillis où il y avoit plus de 20 chênes, fut jettée. entierement dans la riviere, fans éprouver aucun dommage, & l'on diroit que les arbres ont toujours été au milieu des eaux. Cette commotion violente, changea le cours de la Severne, qui alla fe creufer un nouveau lit à travers une prairie voi→ fine. Qu'on fe repréfente un fol couvert de ruines. & de larges ouvertures, un grand chemin tranfporté au loin & devenu impraticable, une grange emportée & brifée dans un précipice, des abimes formés tout-à-coup, & au milieu defquels font de longues pointes de terre, en forme de pyramides, des montagnes applanies, des collines élevées dans des lieux où étoient auparavant de plaines; tel eft le tableau de ce terrein bouleverfé, & il eft à craindre qu'il ne foit plus propre à aucune efpece de culture. Ce phénomene. avoit été précédé d'un vent impétueux, dont l'action fur les fenêtres reffembloit à celle de la grêle la plus forte. Plufieurs bateaux ont été fubme gés, & un plus grand nombre d'autres s'eft prouvé hors d'état de remonter la riviere. Un particulier qui occupoit une maifon à quelque diftance de la Severne, s'étant levé à trois heures du matin, entendit un grand bruit, & fentit, en même tems, la terre trembler fous fes pas. Il cou-rut éveiller toute fa famille; mais il ne fçavoit de. quel côté prendre la fuite avec elle. Ils fe réfu

gierent par hafard dans un bois voifin, & à peine l'eurent-ils atteint que le terrein qu'ils abandonnoient, fe détacha de celui fur lequel ils venoient de paffer. Les mêmes nouvelles portent qu'il est arrivé un évérement prefque femblable à un mille de Colebrooke-Dale, & qu'un demiarpent de terre a été emporté dans la Saverne.

Les nouvelles reçues des provinces n'annoncent que des dommages caufés par les pluies & les débordemens. En Northamptonshire, à Shlewfbury, à Huttingdon, à Cambridge, il y a eu des inondations telles qu'on n'en avoit jamais éprouvées. Des voitures, des b. ftiaux, des maifons ont été emportés, des digues renverfées, des arbres arrachés, & les habitans de plufieurs villages ont été obligés de fe fauver fur les hauteurs. Če malheur n' pas été particulier à l'Angleterre. On a effuyé des ravages caufés par les grandes eaux dans plufieurs parties de l'europe, & presque vers le même tems. Des lettres arrivées de Canton, en Chine, contiennent les détails d'un de ces terribles ouragans appellés Typhons, qui a occafionné un dommage de plufieurs millions de livres, & une perte bien plus confidérable pour T'humanité, celle de 100 mille habitans. Il a brifé les bâtimens dont la riviere étoit chargée, excepté le London, vaiffeau de la compa-gnie des Indes. Tous les Chinois & une partie des équipages des navires européens ont été noyés. On ne fera point étonné de la quantité prodigieufe d'hommes qui ont péri, lorfqu'on fçau

que la ville de Canton contient 1 million de citoyens, dont une grande partie, hommes, femmes, enfans, ainfi que dans prefque toute la Chine, n'a point d'autre habitation que les bateaux dont les rivieres font couvertes.

Dans une lettre qui contient quelques autres détails de cet ouragan, le capitaine de navire le

London, après avoir parlé de la maniere merveil leufe dont ce bâtiment a été préfervé des effets de la tempête, ajoute: Outre la perte immenfe des Chinois, le chef de l'efcadre hollandoife de Batavia a péri près de moi; de 140 perfonnes dont fon équipage étoit compofé, il ne s'en eft fauvé que 9: il avoit à bord 60 mille liv. fterl. d'argent comp tant, & pour 120 mille de marchandifes.

Le I. de ce mois, le roi s'eft rendu au parle ment, & S. M. en a terminé les féances.

Le général Paoli, dont on ne parloit plus der puis longtems, reparoit fur la fcene. On dit qu'il ya paffer au fervice de Suede.

LINGE (le 6 Juillet. ) Le rer. de ce mois, vers les

heures du matin, L'électeur de Cologne arriva en cette ville, fous le nom de comte de Werth, venant de la grande commanderie du Vieux - Jone. S. A. E. fut reçue, à la defcente de fa voiture, par notre prince, évêque, & conduite au palais, où elle fut complimentée par une députation du très - illuftre chapitre de la cathédrale. Après le dîner, qui fut fervi une table de 40 couverts , l'électeur partit pour fe rendre à Spa. S. A. E. ne s'y eft arrêtée que jufqu'aus qu'elle a repris le chemin de fes états. Il fe trouvoit à Spa beau coup d'étrangers de la premiere diftin&tion, qui fe font empreffés à donner des fêtes à S. A. E. On y compte entr'autres, le prince Frederic de Heffe-Caffel, le prince Augufte de Saxe-Gotha, le lord comte de Spencer, les dues d'Aremberg & d'Urfel, le comte de Stainville, le comte de Kaunitz-Rittberg. &c.

BOUILLON ( le 10 Juillet. ) Ôn vieht de recevoir la nouvelle certaine que le grand-feigneur eft enfin délivré de l'ennemi le plus redoutable que la Porte ait ca à combattre depuis longtenis. Le fameux Ali-beyt, éré battu & fait prifonnier, le 7 de Mai. Nous avons annoncé fon départ de la Syrie avec les troupes qu'il amenoit avec lui, & le fuccès qu'il avoit déjà eu par la prife du château de l'Aris. Sa marche n'avoit point été troublée, & il étoit arrivé, à quelque diftance du Caire, à la tête de 13 mille hommes. Méhéniet Abou-Daab, qui s'étoit préparé de longue main à le recevoir, après avoir affemblé le divan, & pris des gens de loi un fetfa

fune fentence) de profcription contre lui, alla à fa rencontre avec 60 mille hommes. Les deux armées s'étant trouvées en préfence, un vendredi, jour confacré à la priere parmi les mufulmans, Abou-Daab différa le combat jufqu'au lendemain; mais Ali-bey, moins ferupuleux, voulut livrer la bataille, & cette action lui devint d'autant plus funefte, que toutes fes troupes furent détruites, à l'exception de 500 hommes, & qu'il perdit lui-même la liberté, après avoir reçu plufieurs coups de fabre, ainfi que trois beys attachés à fon parti. Conduit prifonnier au Caire, & introduit dans le di van qu'on affembla le même jour, il fe jetta aux pieds d'Abou-Daab, en lui demandant la vie, & l'appellant font fls. Le vainqueur lui répondit qu'il ne lui feroit aucun mal; mais que fon fort dépendoit du grand - feigneur. Il dépêcha, en effet, fur le champ un courier à la Porte, qui vient de lui expédier l'ordre de faire couper la tête à ce fameux rebelle. On affure qu'il y avoit dans fon armée 400 Ruffes, Albanois ou Grecs qui ont rous échappé, à l'exception de 20 prifonniers. On a trouvé dans le camp 20 pieces (de canon, avec lesquelles ces 400 hommes ont fait, pendant l'action, un feu trèsvif. Le fils & le neveu du Cheïk-Daher, qui l'ont accompagné, ains que nous l'avons dit, & 4 autres beys, font reftés fur le champ de bataille. Quatre vaiffeaux ruffes avoient paru, dans le même tems, devant Alexandrie, & fe difpofoient à attaquer cette ville; mais ils ont pris le large auflitôt après la nouvelle de la défaite d'Ali-bey.

NAISSANCE.

La marquife de Noailles eft accouchée d'un garçon, le 24 Juin.

MARIAGE.

Le comte régnant de Manderscheid-Blankenheims & rolftein, grand-maitre héréditaire de l'électorat de Cologne, grand-chanoine de l'églife métropolitaine de Co logne, écolâtre & chanoine de la cathédrale de Strafbourg, & prévôt du chapitre royal d'Aix-la-Chapelle a époufé, le 15 Juin dans fa terre d'Erp, la comteffe de Fugger de Dietenheim, fille du comte de Fugger de Dietenheim & Brandebourg, général-major du cercle de Suabe. Sur les repréfentations que 'ancienne maifon de Manderscheid étoit prête à s'éteindre, le comte de Manderscheid, qui en eft le dernier rejetton avoit obtenu des difpenfes de la cour de Rome.

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