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tembre prochain, à terminer les arrangemens qui concernent cette ville & la nôtre; nous n'ofons encore nous livrer à l'efpérance de ce délai.

Le prince-évêque de Cracovie a fait imprimer un ouvrage de fa compofition, dans lequel; après avoir préfenté rapidement les principaux événemens de l'hiftoire de Pologne, il réfute, avec autant d'adreffe que de folidité, les principes fur lefquels les trois puiffances fondent leurs prétentions, fans paroitre vouloir les attaquer perfonnellement, & difcute furtout avec grand foin tous les titres cités dans leurs Déductions. Cer écrit, intitulé Difcours à ma patrie, fert en même tems, de réponse aux bruits qu'on avoit affecté de répandre qu'il avoit l'efprit aliéné; il por te pour épigraphe : Quandoque infanire juvat. IL eft bon quelquefois de paroitre imbécille.

On voit auffi des copies d'une lettre que ce

doit avoir adreffée, avant fon départ de vie, au baron de Stackelberg, miniftre de Ruffie. Il y juftifie fa conduite, & protefte que ni les rigueurs de l'esclavage, ni la perte de fes biens ne lui feront jamais perdre de vue les intérêts de la religion & ceux de la patrie. Il fe difculpe d'être parti de Warfovie fans avoir pris conge; prétend qu'un Polonois qui confent au partage des provinces de la république, trahit fon roi & fa patrie, & peche contre les commandemens de dieu; foutient qu'il eft permis d'ufer de reftrictions mentales; avoue u'il a pris toutes les mefures poflibles pour fionner upture des diétines, & enfin fe fait glone d'avoir 'étudié chez les jéfaites &c.

On ne garantit point l'autenticité de cette lettre, qu'on pourroit bien avoir fuppofée pour avoir le plaifir d'y faire la réponse fuivante, qui eft attribuée au miniftre de Ruffie.

Je n'ai point étudié chez les jéfuites. Les reftriax

tions mentales fe trouvent chez moi, fous les loix du filence, parceque j'abhorre le machiavélifme. Jamais la religion & la mo ale ne me fervirent de prétexte pour pallier l'intérêt de mes paffions. Voila, Monfeigneur, une fort petite-application à la très grande apologie que V. A. me donne de fa conduite. Quant aux traits perfonnels & honnêtes. dont vous me parlez, Monfeigneur, dans votre lettre, je ne puis qu'y être fenfible, & chercherai à vous rendre le réciproque dans toutes les occafions où il ne s'agira d'aucunes affaires; car telle eft encore ma morale politique, qui paroitra nouvelle à bien du monde. Cependant, je me trouve heureux de pouvoir l'employer toute entiere aux affaires de la Pologne. Le fanatisme, l'intérêt perfonnel, les cabales, & non les cours, ont précipité la Pologne dans le malheur; la faine raifon, te vrai patriotif me & la prudence doivent l'en retirer. Dès que V. A. retrouvera dans fon cœur les femences de ces vertus, je la prierai de m'en donner avis, & je la recevrai à bras ouverts. Je ne vous entretiens pas, Monfeigneur, de ce qui regarde les prétentions des cours, elles ne font pas de notre compétence. Si vous étiez refté ici, il vous auroit été permis de dire votre fentiment & de prendre aux affaires, avec le refte de vos concitoyens, la part que les loix accordent à un Polonais. Pour ce qui eft de la malheureufe ville de Cracovie, j'y ai déja fait parvenir ma réponse par le grand-chancelier de la couTonne. Au rejie j'ai l'honneur d'éire &c.

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'évêque de Cracovie jouit toujours en apparence à la ciberté. Il va fouvent paffer quelque tems dans les maifons de campagne des environs de Cracovie, & furtout à Ducla, chez le comte de Mnifzeck, fon ami particulier. On ne s'oppofe point aux petits voyages de ce prélat; mais il est toujours accompagné d'un officier autrichien.

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ALTONA (le 23 Juin.) Un violent orage accompagné d'un vent impétueux & d'une groffe grêle, a fait, le 17 de ce mois, après midi, des ravages affreux, tant ici que dans nos environs. La grêle a haché, dans une étendue de plus de 2 lieues, tous les fruits de la terre, & brifé toutes les vitres; le vent a déraciné les plus gros arbres, & enlevé à une diftance confidérable 2 granges & un moulin, fitués à Ronnebourg, à 5 lieues d'ici, & un charpentier y a perdu la vie. La foudre eft tombée en plufieurs endroits & elle a entierement confumé la maifon d'un marchand de cette ville. L'on n'a pas encore pu évaluer la perte caufée par ce funefte événement; celle des vitres caffées au château, eft feule efti mée à plus de mille dalers.

Les derniers avis reçus ici de Pétersbourg, portent que l'impératrice de Ruffie a envoyé au prince d'Orlow, le 31 du mois dernier, une lettre conçue en ces termes.

Prince Grégoire Orlow, c'eft avec la plus gran de fatisfaction que nous avons appris le rétablisse ment de votre fanté; & comme nous n'avons rien plus à cœur que le bien & la profpérité de l'empire, nous fouhaitons que vous employiez vos talens émi nens, voire zele & yes foins pour nous & pour la patrie: en conféquence, nous vous faifons fçavoir par la préfente, car selle eft notre volonté, de reprendre les fonctions des emplois qui vous ont été confiés au refle, nous demeurons votre très-affecLionnée.

Signé CATHERINE.)

Les mêmes avis ajoutent que cette lettre ayant été enregistrée au fénat, le prince d'Orlow avoit repris les fonctions de toutes fes charges & dignités, dont il avoit été difpenfé pendant quel

que tams

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 24 Juin.) Il fe répand ici une nouvelle que les politiques n'adopteront pas aifément; on ne la rapporte que parcequ'on prend plaifir à répéter ce qui peut ranimer l'espérance éteinte d'une nation qui touche au moment de fa ruine; elle n'eft fondée que fur les lettres que quelques nonces de la Grande-Pologne ont écrites à leurs amis. Ils prétendent que le baron de Rewitzki a déclaré publiquement que fa cour étoit difpofée à abandonner les provinces démembrées de la Pologne, & occupées par fes troupes, & qu'elle fe borneroit à la poffeffion du gouvernement de Zips & du diftri& de Sanfdecz, fi les deux autres puiffances vouloient fe prêter à un pareil défiftement. Ils ajoutent que le miniftre de Ruffie avoit donné à entendre que l'impératrice, fa fouveraine, n'étoit pas éloignée de fuivre cet exemple; mais ils ne difent pas que le roi de Pruffe ait deffein de fe relâcher de fes prétentions, & l'on fçait qu'il a 200 mille hommes de troupes bien difciplinées pour les foutenir. On apprend auffi par les mêmes nonces, que, pendant la tenue de la diete, les commiffaires nommés pour dreffer les articles du traité de partage, ont fouillé dans les archives de la chancellerie, où font confignés les originaux de tous les privileges, diplômes, traités conftitutions de la couronne de Pologne, cuyant y trouver le recès de FredericGuilme, électeur de Brandebourg, pere & prédéceffe du roi de Pruffe, par lequel il s'engage lui & fes fucceffeurs, à ne jamais former la moindre prétention fur la Pruffe Polonoife; mais que cette piece intéreffante ne s'étant point trouvée dans ce dépôt, on a conclu qu'elle en avoit été enlevée furtivement. Cependant, on ne peut fuf

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pecter fon authenticité; elle a été imprimée plufieurs fois, & l'on fait qu'on y donne le titre de roi à ce prince, qui eft le premier de fa maifon qui l'ait porté,

Les Ruffes ont fait publier la relation de leurs opérations fur le Danube, dont on donne ici l'ex

trait.

Pour faire diverfion & inquiéter l'ennemi, le géné-r ral Weifsmann chargea le lieutenant-colonel de Blicher, qui avoit été détaché pour affurer les poftes fur le Danube, de defcendre avec fes bâtimens par le troifieme bras du Danube ou le Dunawiec, dans la mer Refun, près de Babadagh. Cet officier partit en conféquence, Je 28 Avril. Lorfqu'il patla l'ifle de Cyrna, qui eft fituée dans cette mer, à 80 werftes du Danube, il fut découvert par les Tures, pofiés dans le village Por tifch mais ils ne firent point ferme, & s'enfuirent vers la mer-noire. Il y trouva un grand nombre de bateaux de pêcheurs, de filets, & d'inftrumens de pêche, ainfi que beaucoup de poiffon fec ou falé. Il emporta ce qui pouvoit être d'ufage, brûla le refte, & retourna à fon pofte fans avoir rencontré d'ennemis.

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Le 3 Mai, le colonel Borzow, commandant de Brahilow, détacha le lieutenant Sewericin avec un corps de Cofaques, pour paffer le Danube, & entretenir la communication avec le colonel Klitfchka. Celui-ci donna avis le jour fuivant, que, paflant le même matin à 8 heures, par le village Afaklar, il avoit délivré 160 familes chrétiennes, & 6 familles turques, qu'un détachement de fpahis avoit emmenées de différens villages, pour les conduire à Karafira; mais, comme ils avoient appris par des fuyards venus de Babadagh, que ce paffage étoit occupé par le colonel Klitschka, les fpahis les avoient laiffées, & s'étoient retirés pendant la nuit. Le 4 Mai, le colonel Klitschka fut formé que l'ende Kazarman : il y marcha, & le fomma de fe rendre. Les Turcs Hurent ftipuler une retraite libre à Warna; le colonel le refufa, commença l'attaque, & fit dreffet une batterte mais l'ennemi n'attendit point l'extrémité, & fe rendit. Parmi les prifonniers fe trouverent le comman dant Méhémet Effendi Babady-Aldy, & 4 autres officiers, On y prit de plus, 12 pieces de canon, 15 fauconneaux, 20 tonneaux de poudre, & quantité d'autrès munitions. Le Sr. Klitschka emporta ce qu'il jugea en

nemi tâchoit de s'établir dans le châtea

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