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des complices ont péri dans les cachots, & leur mort n'a pas été regardée comme naturelle. I refte encore un autre chef des régicides: les uns disent qu'il a été découvert & arrêté par les Ruffes, & d'autres que le lieu de fa retraite eft encore inconnu. C'est Strawinski, qui, loin de se repentir de fon forfait, a publié, il y a peu de tems, un manifeste qui commence par ces mots : Le jour qui auroit pu être le plus fortuné pour la Pologne, eft devenu pour nous le plus fatal. On voit par ce manifefte, que les conjurés étoient chargés d'enlever le roi, & de le conduire à Czenftochaw; mais Lukawski & Kofinski dépofent qu'ils avoient ordre de la confédération générale d'affaffiner ce monarque. On a déjà répété plufieurs fois cette affreufe imputation, & perfonne n'a pu encore fe le perfuader. Quoiqu'il en foit, fi l'on a été furpris de voir Strawinski publier un manifefte, on l'a été bien davantage en apprenant que ce malheureux s'étant préfenté au grod de Wilna en Lithuanie, au mois d'Avril dernier, les membres de ce tribunal y avoient reçu & enregistré cet. écrit, monument éternel des excès du fanatifme & de la licence, qui ont entraîné la ruine de la république. Croira-t-on, comme on l'affure, que c'eft l'ouvrage d'un prélat ambitieux, dont le nom n'est pas difficile à deviner, & qui peut-être n'échappe à la honte & aux chatimens qu'il mérite, que par le parti qui a pris d'ajouter à l'opprobre d'avoir favorifé le ravifleurs de fon roi, celui d'ê

trutre & pric, en fe dévouant entierement ix intérêts do puiffances étrangeres? On reprit T'examen de cette affaire le 14 & le 15; il fut permis dans ces féances, aux avocats des régicides de produire leurs moyens de défenfe, & l'inftruction ultérieure du procès fut renvoyée au 12 Juillet prochain Mais avant que de fe féparer, les commiffaires déderent que l'on pourfuivroit extraordi

nairement les officiers du grod de Wilna, qui ont inféré dans leurs actes le manifefte de Strawinski. Nous ne rapporterons point ici les diverses opinions du public fur l'iffue de cette affaire: on pourra bientôt en juger par les plaidoyers pour & contre, qui font actuellement fous preffe, & mieux encore par la confrontation des coupables, qui doit jetter plus de jour fur les dépofitions contradictoi-, res, & faire connoitre l'impofture de l'un ou de l'autre parti.

La commiffion du tréfor de la couronne a publié des univerfaux par lefquels elle enjoint de payer les droits & revenus de la couronne & défend de s'y refufer, fous tel prétexte que ce foit, à peine de privation des ftarofties & autres biens royaux qui n'auront point acquitté cette impofition. La commiffion de guerre, qui, dans les circonftances préfentes, n'eft pas fort occupée s'eft plainte de ce qu'on n'avoit pas pris fon avis dans l'affaire du partage & de la ceffion des provinces démembrées; mais comme tout fe fait ici pour la forme, on croit que la commission s'en tiendra à ces repréfentations. Il va paroitre auffi, dit-on, de nouveaux univerfauxdes deux maréchaux pour rendre générale la confédération, qui n'a été fignée jufqu'iei que dans cette capitale: felon les ufages établis, tous ceux qui refuferont d'y accéder feront regardés comme ennemis de la patrie, & traités comme tels.

eete effe avec

Si la lifte des délégués de la

exactitude, la délégation eft colée de o membres, dont 5 évêques, 9 waivodes, 14 caftellans, 35 fénateurs & 67 nonces, fans y com prendre le miniftere & les deux maréchaux de la confédération.

Tandis que toutes les nations ont les yeux fixés fur la violente crife que la république éprouve, une partie des Polonois, perdant de vue les mal

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heurs de la patrie, s'occupe d'un événement
bien digne de diftraire leur attention. C'est la
béatification d'un de leurs compatriotes de l'or-
dre des francifcains, nommé Raphaël Chilinski.
Le prélat Offolinski, évêque in partibus, & coad-
juteur de Bakon & tout le chapitre de Lenczyc
ont été nommés
examiner les vertus & les
pour
miracles de ce faint perfonnage, & l'on doit y
procéder le 25 de ce mois. Un Polonois à qui
fon montreit dernierement la lifte de fes prodi-
ges, defiroit ardemment qu'il en opérât encore
un, celui de toucher le cœur des trois puiffan-
ces co-partageantes, & de les engager à rendre à
la république les belles provinces qu'elles en
ont démembrées; mais on lui fit obferver que
la chofe étoit d'autant plus difficile que deux d'en-
tr'elles étoient hérétique & fchifmatique.

Un officier polonois, accompagné de plufieurs hommes armés, enleva, ces jours derniers, entre Grodno & Bialyftock, la niece du Sr. de Borch, vice-chancelier de la couronne. Cette jeune demoiselle étoit alors dans une voiture, à côté de la vice-chanceliere fa tante. Les raviffeurs se font fauvés vers la Pruffe-Royale.

Le 12 de ce mois, le colonel Drewitz traverfa cette capitale à la tête du régiment de huffards qu'il a levé depuis peu, & fe rendit au camp qui a été tracé par les Ruffes au-delà de Prag. Ce régiment paffe pour une des belles troupes de L'armée ruffe; il prefqu'entierement compofé d'Allemands.

te meme io, le feu prit à la ftaroftie, confuma les écu jes; & malgré les feçours, les flammes s'étendirent avec tant de rapidité qu'elles réduifirent en cendres une aîle du palais du comte Krafinski avec tous les meubles. Le lieutenant-général baron de Lentulus y a perdu 7 chevaux; de 7 huffards qui s'étoient empreffés de les fau

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ver, deux ont déjà péri des brûlures qu'ils avoient reçues dans cette circonftance. On apprend auffi de Pofen ou Pofnanie, que le 3 de ce mois, l'églife cathédrale y à été réduite en cendres par la foudre; le dommage est évalué à 300 mille florins.

DANTZIG ( le 27 Juin.) On ne reffent point encore les effets de la médiation dont le comte de Golowkin a été chargé par l'impératrice de Ruf fie, entre le magiftrat & le commiffaire de S. M. Pruffienne. Le fort de cette ville devient au contraire, de jour en jour, plus fâcheux. Les Pruffiens fe font déjà emparés de la plus grande partie de la langue de terre nommée la Frifch-Nerung, qui fépare le port dit le Frischkat, où la Nogath & le Preguel mêlent leurs eaux, de la mer Baltique, avec laquelle il communique par le détroit de Pillau, lequel eft une dépendance du territoire de Dantzig. Ils fe font failis également des diftricts appellés le Mittlewerder & le Stegnewerder, & l'on s'attend tous les jours, à voir reftreindre à la feule banlieue, comme il eft arrivé à Thorn, le territoire de Dantzig, réservé à la république de Pologne, par le traité de partage. D'un autre côté, le Sr. Reichard, commiffaire député de S. M. Pruffienne, vient d'articuler les conditions auxquelles fon maitre confent de s'arranger avec le magiftrat. Le roi permettra à la ville de jouir & d'ufer de fon port, fous la fouveraineté qu'il fe réferve; le payera, pour cet effet, un cens de 200, de enque (environ 300, 000 liv., en évaluécu ou la rixdalle de banque à 24 bons gros,c'est-à-dire, 30 gros, & le gros à un fou de France.) Elle exemptera de tout droit d'ancrage, de paffage & d'étape, les bâtimens appartenans aux Prulliens, ou chargés pour leur compte. S. M. ne veut s'engager à rien par rapport au commerce fupérieur

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de la Viftule; la liberté de ce commerce est ce pendant le fel moyen de rendre l'usage de ce port utile à la ville. En effet, fi les bâtimens chargés de pro 'uctions de la Pologne pour le compte des négocians dantzikois, demeurent affujettis à des droits exorbitins, tandis que les mêmes productions, transportées fur des bâtimens pruffiens, feront libres de tout péage, & fi les compagnies établies par le roi continuent à exercer le monopole du fel & d'autres importations étrangeres, à l'exclufion des commerçans dantzikois, il doit en réfulter que tout le commerce de la Viftule ne fe fera plus déformais que par les fujets du roi de Pruffe. C'est pour s'affurer encore plus la propriété du port, que les troupes pruffiennes fe font emparées du Holm, ainfi que nous l'avons dit, > feule fortereffe qui reftoit aux Dantzikois.

Le magiftrat de cette ville avoit envoyé, com me députés, les Srs. de Waasberghe & Bentzman, pour complimenter le roi de Pruffe à fon paffage dans la Pruffe-Polonoife. On apprend de cette province, que ces députés ont eu en effet l'honneur de s'acquitter de cette commiffion, le 7 de ce mois, lorfque ce prince fe rendoit à Marienbourg; que S. M. les a reçus gracieufement en pleine campagne; mais qu'elle les a congédiés fans s'expliquer fur le véritable objet de leur miffion concernant le port de cette ville. On ignore s'ils ont eu occafion de s'en entretenir avec les miniftres de S. . La ville de Thorn attend dans derniere réfolution de ce monarque, relatement à l'hommage qu'il exige de fon territoire; elle s'eft hazardée à lui envoyer, pour la 3me. fois, à Marienwerder, un mémoire par lequel elle fupplie humblement S. M. de diffé rer jufqu'après la diete, la cérémonie de cet hommage, & la difcuffion de fes droits. Le bruit fe répand que ce monarque a remis au mois de Sep

Jala

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