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devait être pour la reine sa femme et pour sa sœur le vestibule de l'échafaud.

Sous l'ancienne dynastie, les prisons de la Seine étaient :

La Bastille

et Vincennes,

} prisons d'État.

Le For-l'Évêque, maison de détention pour les dettiers, ainsi que pour les comédiens réfractaires ou incivils.

La Conciergerie,

La Tournelle,

Le Grand

et le Petit-Châtelet,

Bicêtre,

Charenton,

Saint-Lazare,

La Salpêtrière,

prisons proprement dites.

Maisons de force et de correction, moitié hôpitaux, moitié prisons, également déplorables sous l'un et l'autre rapports.

De ce qu'ont été les prisons de la Seine pendant la révolution, nous aurons occasion d'en parler en fesant l'histoire de la Conciergerie, du tribunal révolutionnaire et des massacres de septembre.

Sous l'ancien régime, à l'exception de la Bastille et de Vincennes, dont le gouverneur ne dépendait que du roi ou de l'un de ses ministres,

les prisons de la Seine étaient régies par le lieutenant de police, après l'avoir été par le prévôt de Paris, lequel y conservait, nominativement au moins, la haute main, et nommait à tous les emplois.

Pendant la révolution, elles ont passé, comme toutes celles du royaume, tantôt dans les attributions du ministre de l'intérieur, tantôt dans celles du ministre de la justice. Cependant, la Commune exerçait dans toutes une notable influence, et fut seule chargée de la garde et du gouvernement du Temple. Le décret du 29 septembre 1791 obligeait l'un des officiers munici paux de visiter toutes les prisons de Paris au moins deux fois par semaine.

Les décrets du 12 messidor an vIII et du 3 brumaire an ix, instituant la Préfecture de police, mettent au premier rang de ses attributions la garde et le gouvernement des prisons de la Seine, par exception aux autres prisons du royaume, lesquelles dépendent immédiatement du ministre de l'intérieur. Cependant toutes les fois que, depuis cette époque, la police n'a pas formé un ministère particulier, nul doute que le ministre de l'intérieur n'ait eu le droit, comme c'était son devoir d'ailleurs, de s'occuper des prisons de la

Seine, aussi bien que de toutes les autres; nul doute que les inspecteurs-généraux des prisons de France ne pussent se faire ouvrir celles de la Seine, s'ils s'y présentaient; mais ils s'en sont abstenus, et ils ont bien fait.

Rien de plus équitable que de laisser toute l'autorité à celui qui encourt toute la responsabilité. Or, dans le public au moins, la police, annexe constitutionnelle de l'intérieur, a toujours été considérée comme une administration à part; de tout temps on a souvent maudit et quelquefois béni le préfet de police, sans s'occuper de son supérieur. Au préfet de police donc notre blâme et notre éloge, suivant que nous croirons devoir exprimer l'un ou l'autre. Nous sommes de l'avis du peuple en cela, et quand nous parlons de prisons de la Seine et de police, nous ne voyons devant nous de responsable qu'un préfet. En 1850, aux jours fiévreux du triomphe, si M. Mangin fùt tombé entre les mains du peuple, pensezvous qu'il lui eût servi de beaucoup de s'écrier: « J'ai un supérieur légal, le ministre de l'intérieur!» Non certes, le peuple a tort peut-être, mais il ressent trop vivement l'influence du préfet de police, pour ne pas l'isoler de tout autre pouvoir. Il se découvrira volontiers devant l'hôtel de

la rue de Grenelle où siége la véritable police politique, et malgré lui le cœur lui faut quand il passe devant celui de la rue de Jérusalem, dont la police est presque toute de sûreté, de salubrité et de protection.

Que voulez-vous? il n'est rien de routinier comme les souvenirs du malheur, et long-temps après que, rendue tout-à-fait à son but premier, la police ne sera plus qu'une institution tutélaire pour les honnêtes gens, bien des gens honnêtes s'obstineront à n'y voir qu'une source de rigueurs et de vexations.

Pour nous qui tenons à être juste envers tout le monde, même envers la police, pour nous qui savons faire la part des positions et des circonstances, qui savons que tant vaut l'homme tant vaut la place, nous nous hâtons de proclamer que, s'il ressort pour le public quelques enseignemens bons et utiles du travail auquel nous allons nous livrer, les élémens n'en ont pas été surpris en écoutant aux portes. Elles nous ont été largement, loyalement ouvertes dès que nous en avons manifesté le désir; si donc, contre notre attente, il nous échappait quelque erreur notable, la faute n'en serait pas à l'administration qui ne nous aurait pas permis de tout voir, mais à nous, qui

n'aurions pas vu avec assez d'intelligence ou de

perspicacité.

Les prisons de la Seine forment le troisième bureau de la Préfecture de police, dont le chef est M. Parisot. Elles sont visitées par deux inspecteurs-généraux, MM. Denis et Dufresne. Ce sont : Le dépôt de la Préfecture de police; La maison de justice (Conciergerie); La maison d'arrêt de la Force; Le dépôt des condamnés (Roquette); Saint-Lazare, maison d'arrêt, de détention et de correction pour femmes ;

Les Jeunes détenus (correction et détention);
Sainte-Pélagie (maison d'arrêt et de détention);
Clichy (maison d'arrêt pour dettes);
Les Madelonnettes (prévenus mâles);
Saint Denis, maison de répression;
maison d'arrêt;

Et Villers-Cotterets (dépôt de mendicité). Le décret du 12 messidor an VIII, qui confiait au préfet de police, ainsi que nous l'avons dit, la garde et le gouvernement des prisons de la Seine, en avait cependant réservé l'administration économique à celui du département. Il résultat de cette dualité de préfets une foule de conflits qui nuisaient un bien et à la célérité du service. Il est

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