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plus difficile dans la pratique, qu'on ne le croirait d'abord dans la théorie, de distinguer le personnel du matériel, de poser d'une manière précise les limites des attributions respectives du directeur et de l'économe. L'ordonnance royale du 9 avril 1819 a mis un terme à cet état de choses; le préfet de police a eu l'administration économique des prisons de la Seine, comme il en avait la direction et la surveillance, et le préfet du département y est devenu tout-à-fait étranger. Seulement, par, une fiction budgétaire, le dépar tement a continué d'être propriétaire des immeubles servant de prisons, et la Préfecture de police locataire à titre gratuit. D'où il suit que la construction et les grosses réparations de ces édifices figurent au budget général du département, tandis que les réparations purement locatives sont à la charge de la Préfecture de police.

Cette distinction, qui paraît futile, est cependant d'une haute importance. Si la ville de Paris est fort riche, le département de la Seine est trèsgrevé; ses routes ont peu d'étendue, sans doute, mais elles sont extrêmement nombreuses, et il ne pourrait acquitter les 1,200,000 fr. portés au budget de ses prisons, si la ville n'y concourait annuellement pour une somme de 300,000 fr.

Lors donc que, dans les vues les plus louables du monde, on presse l'administration d'exécuter telles ou telles constructions, d'introduire telles ou telles améliorations, il ne faut pas oublier que deux choses lui manquent essentiellement, l'espace et l'argent. D'ailleurs, si beaucoup reste encore à faire, il faut reconnaître aussi qu'on a déjà beaucoup fait. Un département qui en dix ans a dépensé plus de dix millions en constructions et grosses réparations de prisons, qui peut montrer aux étrangers quatre maisons, comme la Dette, les Jeunes-Détenus, la Roquette, et SaintLazare, s'est placé haut dans la civilisation humaine, et en a bien mérité.

Les prisons de la Seine sont portées au budget du département pour 1,245,257 fr. Or, comme le chiffre présumé des détenus pour 1839 était de 4,200, la dépense aura été de 296 fr. 49 cent. par homme et par an, ou de 81 c. par homme et par jour. Dans ces 1,245,257 fr., entre pour une somme de 154,241 fr. l'établissement de VillersCotterets, qui, bien que situé hors du département, fait administrativement partie des prisons de la Seine. Les principaux articles du budget des dépenses, sont:

Traitement de trois cent cinquante employés

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La Préfecture de police avait contracté l'habi

tude de passer sous silence les trois quarts de ces

recettes, dont le chef ne rendait d'autre compte que de dire qu'il en appliquait le produit à divers services. Cette explication a paru un peu trop élastique à M. le ministre de l'intérieur, et par son ordonnance du mois de mai 1832, il a exigé que toutes les recettes des prisons figurassent au budget du département, et que les sommes en fussent versées pour son compte au Trésor.

Nous avons dit que le chiffre général des employés des prisons était de 350 à 360. Au premier rang se placent les directeurs dont le traitement varie de 2,500 à 5,000 fr. La masse de nos lecteurs, qui n'ont connu de geoliers qu'au mélodrame, avec le bonnet de loutre obligé et le trousseau de clés en ceinture, seraient bien étonnés de voir à quels hommes la garde de nos prisons est en général confiée. Deux mots cependant sur les directeurs. D'abord ils sont fonctionnaires publics; ils attestent et légalisent des procès-verbaux, des signatures, et cependant ils n'ont pas prêté serment; ils ne sont pas nommés par le roi, mais seulement par le préfet de police. Nul doute que ce magistrat ne doive avoir une grande influence sur leur nomination, nul doute qu'il ne doive pouvoir provoquer leur renvoi; mais des fonctionnaires publics dont la signature est au

thentique, qui gardent et gouvernent presqu'arbitrairement jusqu'à 1,000 et 1,200 prévenus ou condamnés chacun, ne devraient, dans la forme au moins, tenir leur autorité que du roi.

Les employés inférieurs des prisons ont un uniforme, les directeurs et greffiers n'en ont pas, eux auquels il serait plus particulièrement nécessaire. En effet, qu'un détenu ait été écroué le soir, que le lendemain il insulte le directeur, il sera puni administrativement au moins pour manque d'obéissance ou de respect envers un supérieur dont aucun insigne ne lui a fait connaître la qualité.

Les directeurs, et les greffiers en leur absence, ont le droit de requérir et de commander la force armée, celle du moins qui veille à la porte de leur établissement. De fait ils ont cessé de faire partie` de la garde nationale; je ne le trouve pas mauvais, mais pourquoi cela n'est-il pas écrit dans la loi, qui n'en dispense que les employés inférieurs des prisons?

Le greffier, dans toutes les prisons, reçoit un traitement de 1,800 fr., avec ou sans logement; dans quelques-unes il y a un commis-greffier, ou directeur des travaux, avec 1,500 fr. d'appointemens. La garde intérieure est confiée à des sur

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