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sa tête, dans une contrée heureuse où nous les voyons gras et fleuris par l'action bienfaisante du café mixte.

Ailleurs, cette composition est célébrée par les vers que

voici :

Le café, ce nectar venu de l'empirée,

De son suc excitant irrite les mortels,

Quand, pour le tempérer, sa sœur la chicorée

Vient, et leur doux parfums embaument les hôtels.

Il y a les hôtels!

Ceci dit, voici la composition du café mixte vendu par les frères Vansteenkiste: café pur, marc de café, blé grillé, chicorée, caramel.

Or, la prévention leur dit: L'annonce de votre composition est conçue de façon à induire les clients en erreur; ainsi, vous dites que vous prenez votre marc de café dans les grands établissements de Paris, et vous citez les Invalides et les PetitesSœurs des pauvres. Or, les Petites-Sœurs emploient elles-mêmes du marc pour faire le café à leurs pensionnaires.

L'expert a déclaré que l'effet de votre marc était complétement nul et que de la sciure de bois aurait la même vertu.

A cela les prévenus répondaient par l'organe de Me Boletot, leur défenseur, qu'il y a eu confusion quant aux Petites-Sœurs des pauvres; qu'ils ont dit que ces Sœurs prenaient leurs marcs de café aux mêmes sources qu'eux, mais jamais ce qu'on leur fait dire par erreur; que, quant aux clients, ils n'ont jamais pensé acheter 1 fr. le kilogramme (prix du café mixte des prévenus) du café pur qui vaut au minimum 3 fr.; que si l'annonce n'est pas rédigée d'une façon suffisamment claire, elle sera changée dès demain.

Le tribunal a jugé que les acheteurs avaient pu être trompés par la rédaction ambiguë de l'annonce du café mixte; en conséquence, il a condamné les prévenus chacun à 25 fr. d'amende.

M. le Président. Le tribunal a été aussi indulgent que pos

sible; empressez-vous de modifier votre annonce de façon à ce que le public ne puisse pas être induit en erreur.

Les frères Vansteenkiste remercient, saluent et se retirent. Que ne prennent-ils tout simplement l'enseigne de cet ancien marchand de café à un sou la tasse du carré des Innocents: A Saint Marc? Les consommateurs sauraient tout de suite à quoi s'en tenir. (Gazette des Tribunaux).

SUR LA FALSIFICATION DU SAFRAN.

PAR M. DE Lobe.

On connaît les nombreuses falsifications dont le safran est l'objet et les défectuosités qu'on a trop souvent à lui reprocher; l'excès d'humidité, l'épuisement, le mélange avec des étamines, avec des fleurons ou des pétales appropriés, des corps gras, des matières minérales, et même avec des fibres musculaires, tels sont les défauts qu'on nous a le plus souvent signalés et que notre confrère M. Gille remémore dans son Truité des falsifications.

Celle que j'ai l'honneur de faire connaître appartient à l'une des catégories que je viens de vous rappeler; elle n'est donc pas précisément nouvelle, mais j'ai cru néanmoins qu'il pouvait y avoir quelque utilité à prévenir et à mettre en garde contre cette fraude.

Ce safran renferme une grande quantité de lanières plus jaunes que les stigmates du crocus sativas et d'une forme qui ne permet pas de les confondre avec ceux-ci. Mais préciser l'origine et la nature de ces lanières, préparées sans doute pour l'usage qu'on en a fait, serait chose, sinon impossible, au moins très-difficile ; je ne veux pas me hasarder.

Parce qu'en fait d'enveloppes florales, on n'a mentionné jusqu'ici comme servant à falsifier le safran que les fleurons de carthame, les corolles du souci officinal ou de grenadier, et un pe

tit nombre d'autres, faut-il toujours voir ces mêmes corps étrangers lorsqu'on y découvre des pétales ou des fragments de ces organes? Évidemment non; aussi je crois ici devoir me borner à prouver qu'il y a, en ce moment, dans le commerce, un safran falsifié avec des pétales ou des fragments jaunes, privés du stigmate trifide caractéristique du safran, et cela suffit pour vous faire redoubler de surveillance et vous préserver de la tromperie.

En terminant, je crois devoir vous dire encore que M. Bentley a appelé dernièrement l'attention de ses collègues, à la Société de pharmacie de Londres, sur une fraude qui n'est pas plus nouvelle que celle-ci et qui consiste à mêler de plus en plus au safran les étamines des crocus.

SUR LE SOI-DISANT POIVRE DE CUBÈBES AFRICAIN.

Le professeur Archer attire l'attention sur le soi-disant poivre de cubèbes africain, qui n'est pas une véritable espèce de cubèbes, et n'appartient à aucune espèce de poivre, mais provient de la famille des xanthoxylées. On considère ce fruit comme celui du vepris lanceolata, Juss. (toddalia lanceolata, Lamk.), qu'on trouve très-abondamment au Cap et à l'île Maurice. Elle ressemble quelque peu extérieurement au véritable cubèbe, mais après un examen plus attentif on remarque des différences réelles. Ce fruit se compose d'une capsule s'ouvrant par la dessiccation, contenant des graines dures bleuâtres réniformes. Les graines ont un goût aromatique et sont privées de l'action spéciale sur 'les organes urinaires que possède le cubèbe. A. T. D. M. (Wittstein's Vierteljahrrcsschrift, 1866, p. 93.)

HYGIÈNE PUBLIQUE.

SUR L'APPLICATION DE L'ACIDE SULFUREUX GAZEUX COMME
DÉSINFECTANT.

M. le docteur James DEWAR, médecin écossais, a publié une brochure et plusieurs mémoires, dans lesquels cet auteur traite de l'application de l'acide sulfureux gazeux pour prévenir les maladies contagieuses et pour leur guérison. Les expériences de l'auteur ont eu un succès remarquable, en empêchant l'infection du bétail par la Rinderpest. Son appareil est des plus simples : il consiste en un petit fourneau contenant quelques charbons ardents, un creuset et un morceau de soufre. Un fragment de ce dernier, gros comme le pouce, suffit pour une étable à huit vaches; il brûle pendant 20 minutes environ, et si la ventilation de l'étable est en bon état, les vapeurs n'incommodent nullement ni les animaux ni l'homme qui les soigne. M. Dewar a commencé par expérimenter sur son propre bétail, lors de l'invasion du fléau ; la fumigation à l'acide sulfureux avait ainsi lieu quatre fois par jour et pendant un espace de quatre mois. Pas une bête n'a été atteinte par la Rinderpest. Ce traitement ayant été imité par les nombreux amis de l'auteur, a donné partout une satisfaction complète, et M. Dewar a fini par s'apercevoir que l'acide sulfureux n'agissait pas seulement en prévenant l'invasion de la maladie, mais qu'il produisait chez les animaux, les vaches, les chevaux et l'homme lui-même, une amélioration de la santé. Un fermier, voisin du docteur, avait, depuis les trente dernières années, perdu par la maladie un très-grand nombre de bestiaux; mais, depuis le 1 novembre dernier, lorsqu'il commençait à suivre la méthode de M. Dewar, jusqu'à aujourd'hui, il n'a pas perdu une seule vache.

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La brochure fait voir que les récentes expériences du docteur Polli, avec les sulfites et les hyposulfites, confirment celles de M. Dewar.

EXPLOSION D'HUILE DE NAPHTE.

Une explosion terrible de naphte a eu lieu à Bolton, le mercredi 25 juillet et a occasionné la mort de quatre personnes. M. Alfred Langshaw, chemist and druggist, dans le but de prévenir les accidents, avait construit un hangar en bois près de sa boutique, et y réunissait son huile de naphte. Le mercredi il reçut deux barils de cette huile et s'occupait à les transporter du magasin dans le hangar, quand il se produisit une explosion. M. Langshaw déchargeait le premier baril en transvasant le contenu au moyen d'un tuyau dans un baril qui se trouvait dans le hangar. Une domestique s'approcha et, voyant l'huile se répandre, se précipita pour arrêter l'écoulement quand l'explosion se produisit; elle fut tuée sur le coup, et puis le feu prit à une habitation voisine où périrent un vieillard et sa femme. M. Langshaw périt aussi; il fut tellement défiguré qu'on ne put le reconnaître qu'aux indices de ses restes.

DE LA FUMÉE DES MAISONS ET DE CELLE DES FABRIQUES. Le même journal reproduit quelques observations du docteur Crace-Calvert, de Manchester, sur les différences que présentent la fumée des cheminées de nos habitations et celle qui sort des cheminées des fabriques. Selon cet auteur, la fumée de nos feux domestiques n'a guère de propriétés malfaisantes, soit pour les animaux, soit pour les plantes. La combustion, après que le feu est une fois bien allumé, est plus ou moins complète, les gaz qui sortent de la cheminée ne sont que de l'acide carbonique, de l'oxyde de carbone et un peu d'acide sulfureux. Les hydro

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