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couleur, telle que le noir d'ivoire, par exemple, et qui lui donne une odeur fétide qui avertisse de sa présence dans tous les aliments où l'arsenic serait mélangé, on rendrait la vente de ce poison exempte des dangers qu'elle présente.

M. Ollivier annonce que la Commission, chargée par l'Académie de préparer une réponse au ministre, sur la proposition de M. Lemolt, a d'abord admis, avec ce médecin, l'insuffisance des lois de police actuelle sur la vente des poisons, et qu'elle a adopté, comme très bon, le procédé proposé par M. Lemolt, Rien de plus simple et de plus facile, a dit M. Ollivier, de faire mélanger l'arsenic du commerce avec une substance colorante qui, au premier coup d'œil, fasse reconnaître cette dangereuse substance, et en même temps avec des substances qui affectent le goût et l'odorat d'une manière désagréable. Il en résulterait que le mélange de ce poison avec des aliments serait de suite décelé, et que les accidents deviendraient moins fréquents, parce que les méprises deviendraient ainsi impossibles.

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Quelle est la substance qui convient le mieux pour effectuer le mélange conseillé par M, Lemolt, et adopté en principe par la Commission? M. Ollivier annonce qu'il a fait des expériences à l'effet de la déterminer, La substance qui lui a paru colorer, le mieux a été l'indigo. Il préfère cette substance au noir d'ivoire, parce qu'elle est susceptible de dissolution, et qu'elle se mélange ainsi, plus exactement, et qu'elle donne une couleur plus uniforme et plus insolite à l'arsenic. Indépendamment de ce premier mélange, il en est un second que M. Ollivier, conseille, pour donner à l'arsenic un goût tellement prononcé, que cette substance soit reconnuc à la plus faible dose dans les aliments où elle serait introduite c'est le mélange avec la coloquinte, dont

l'amertume, excessive est connue. L'introduction d'une substance odorante dans l'arsenic ne convient pas, dit M. le rapporteur; elle aurait le grand inconvénient d'empêcher l'usage principal auquel on emploie cette substance, la destruction des animaux nuisibles. M. Ollivier reconnaît cependant que l'arsenie est encore employé à un autre usage, au chaulage des grains dans différents pays: le mélange qu'il conseille à la Commission dont il est l'organe ne nuirait en rien à cette opération,

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La Commission conclut à ce que l'on demande au ministre de prendre en considération la proposition de M. Lemolt, qui lui paraît propre, modifiée comme vient de l'indiquer la Commission, à compléter les précautions de police prescrites contre les inconvénients de la vente des poisons, lesquelles sont généralement reconnues insuffisantes.

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M. Pelletier demande la parole: Je m'étonne, dit-il, d'entendre proposer de semblables moyens pour dininuer les inconvénients de la vente de l'arsepio; ils sont absolument impraticables. S'il he s'agissait, en effet,

"

Si M, Pelletier n'avait rien dit, nous aurions été obligé de faire For 'ce sur rapport, di sur les connaissances dont il fait preuve, des réflexions pénibles et Toujours désagréables à publier ; le caractère dont est reveige l'Académie de Conseil, du gouvernement nous, en eat imposé la loi. Il n'aurait pas fallu, en effet, que les médecins laissassent à des employés du commerce ou des douanes, à dire toutes les réflexions que fait naître un pareil rapport à un 'corps savant, sur des objets qu'il n'est permis à personne d'ignorer, Nous nous bornous ici à une seule objection qui a échappé à M. Pelletier cette objection sera une simple question. Vous dites que l'arsenic mêlé à l'indigo en dissolution, c'est-à-dire à l'indigo dissous dans l'acide sulfurique, ne nuira point 'aux grains au chanlage desquels on l'emploiera, et ne perdra aucune des vertus qu'il peut avoir, par cette opération; qu'en savez-vous?

A. N. G., red.!

que de la petite quantité d'arsenic que vendent les pharmaciens, je concevrais qu'on proposât sérieusement ees moyens; mais l'arsenic ne sert pas qu'à tuer les rats, qu'à chauler les blés, et que comme médicament, ces usages né consomment pas la millionième partie de l'arsenic consommé dans les arts; l'arsenic se vend par kilogramme, par centaine de kilogrammes chez les droguistes on en emploie une très grande quantité dans les opérations de la docimasie, dans celles de la teinture; les fabricants de bronze, les teinturiers T'achètent en très grande quantité. Croit-on que ces manufacturiers prendront de l'arsenic mêlé à la solution d'indigo, à la coloquinte?.....

Il faut encore savoir que l'arsenic n'existe point en poudre dans le commerce; il est en morceaux: c'est en cet état qu'il vient de Sainte-Marie-aux-Mines en très grande quantité; c'est en cet état que l'on en tire une très grande quantité de l'Allemagne. Il faudrait donc le réduire en poudre pour le mélanger; mais c'est une opération qui coûte très cher, parce qu'elle est très dangereuse; ce serait donc une dépense inutile. '

L'opération proposée par la Commission, fût-elle possible, serait illusoire; car l'arsenic agit avec le temps sur l'indigo, et le décolore: ajoutez y que ce métal a une saveur très désagréable, et que si la saveur empêchait de l'avaler, elle préviendrait les accidents; mais cette saveur est sentie trop tard. Quand le goût la porte au sensorium, le mal est fait; il en serait absolument de même de la saveur amère de la coloquinte.

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Il n'y a qu'un moyen de prévenir les accidents que peut produire la vente de l'arsenic, c'est de forcer,

Joignez-y ce que coûterait l'indigo la poudre de coloquinte, qui n'est pas tivement à l'arsenic.

sous des peines aisément applicables, les marchands à ne vendre cette substance qu'aux individus qu'ils connaissent, pour en faire usage dans leur profession; et, quant aux autres personnes qui en achètent pour détruire des animaux, il faut qu'elles se fassent connaître, et indiquent l'usage qu'elles en veulent faire, en s'inscrivant sur le registre que le marchand est tenu d'avoir. M. Pelletier conclut que la question que M. Lemolt a traitée dans une note adressée au ministre, se rattachant aux questions sur les moyens de perfectionner les lois relatives à l'exercice de la pharmacie, il faut la renvoyer à cette Commission.

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M. Ollivier convient de l'exactitude des faits objectés par M. Pelletier; il reconnaît les erreurs consignées dans son rapport et il revient aux conclusions de M. Pelletier, et demande le renvoi à la Commission chargée de répondre au ministre.

Ce renvoi est ordonné par l'Académie. '

Brevets à accorder pour l'invention de Remèdes. M. Double, au nom de la Commission chargée par l'Académie de préparer une réponse aux questions

'L'Académie aurait dû profiter de cette occasion pour appeler l'attention de l'autorité sur un délit qui se commet journellement, et qui compromet à un haut degré la santé publique : c'est du colportage de la mort-aux-rats que je parle. Cette substance est tantôt du sulfure noir d'arsenic, tantôt de l'acide arsénieux mêlé avec de l'ardoise en poudre. On voit tout le danger de laisser débiter à des colporteurs, qui n'offrent aucune responsabilité, des substances aussi dangereuses. Une simple instruction ministérielle aux préfets, qui prescrirait des mesures de police sur le débit de poisons non autorisé, le ferait cesser. On dit que quelques uns de ces marchands ambulants font entrer la noix vomique dans ces substances; la noix vomique est un poison d'autant plus terrible, qu'il ne laisse pas de trace, et que la strichnine, qui constitue sa partie active, est très facile à préparer et peut échapper aux analyses chimiques. A. N. G., réd,

T. CVII.

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adressées par le ministre de l'intérieur, fait un rapport sur trois lettres adressées à l'Académie par le ministre du commerce, et renvoyées à cette Commission.

Par sa première lettre, le ministre consultait l'Académie sur la demande d'un brevet d'invention qui lui était adressée par le sieur Potard, apothicaire à Paris, pour la fabrication des pastilles dites de Calabre.

Par une deuxième lettre, le même ministre consultait l'Académie sur la question générale de savoir s'il convient d'accorder des brevets d'invention aux auteurs de remèdes secrets et de cosmétiques qui en sollicitent.

La Commission, à laquelle ces deux lettres avaient été renvoyées, avait pensé qu'il lui suffisait, pour répondre à son Excellence, de faire le travail général dont elle est chargée par l'Académie, sur les questions adressées par le ministre de l'intérieur. Comme la législation relative aux remèdes secrets est l'objet de plusieurs de ces questions, il en résultait qu'on se trouvait naturellement conduit à répondre aux demandes adressées par le ministre du commerce.

Pendant que la Commission se livrait à son travail, une troisième lettre a été adressée à l'Académie par le ministre du commerce. Dans cette lettre, on rappelle à l'Académie les questions qu'on lui a adressées, et on la presse d'envoyer sa réponse, afin que la Commission, chargée de revoir la législation sur les brevets d'invention, puisse en tirer partie dans le travail qu'elle prépare; le ministre avertit même l'Académie, que cette Commission a suspendu son travail jusqu'à ce que le rapport qui a été demandé à cette Compagnie savante lui soit présenté.

Pressée enfin de préparer une réponse au ministre du commerce, la Commission présente, par l'organe de M. Double, à l'approbation de l'Académie, le projet d'une lettre dont voici l'analyse:

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