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publique que particuliere, lefquels commenceroient à fortir leur effet au 1er. Février 1780. Il a été en même tems notifié aux divers états que le congrès a négocié un emprunt près de la cour de France, & un autre auprès des états de Hollande, lequel paroît monter à une fomme trèsconfidérable, de forte que, par ce moyen, on fe flattoit de remettre les finances fur un pied capable de répondre aux différens objets de dépenfes, & d'avoir toujour en campagne une armée très-refpe&table. La même affemblée a paffé un acte pour la levée de 192 millions de dollars, au moyen d'une impofition qui fera perçue pen dant 8 mois dans les provinces des Etats-Unis.

Les avis de Philadelphie du 30 Novembre annoncent que le chevalier de la Luzerne, miniftre plénipotentiaire de France, avoit été préfenté le 16 du même mois au congrès, auquel il remit fes lettres de créance. Ce miniftre prononça enfuite un difcours auquel répondit le préfident de cette affemblée.

Les papiers américains les plus récens portent que le général Washington a couru rifque de périr en paffant la riviere feptentrionale; fa chaloupe ayant chaviré, il s'écoula plus de 3 quartts d'heure avant qu'on pût le retirer de l'eau. Son armée, où il a été reçu avec des pleurs de joie, eft cantonnée dans la partie feptentrionale de la Nouvelle-Jersey, entre Morris-Town & Mendem. On voit dans les mêmes papiers,que le congrès doit enfin avoir confenti à l'élargiffement des généraux Philips & Riedefel, dont le premier, en l'abfence du général Burgoyne, commandoit les troupes britanniques, & le fecond les troupes de Brunswick, faites prifonnieres à Saratoga.1 Ils étoient arrivés le 10 Décembre 1779, avec leur faite à New-Yorck; & M. de Riedefel étoit accompagné de fon époufe & de fes trois filles.

HOLLANDE.

LA-HAYE (le 4 Mars.) Les négocians affréteurs ou propriétaires des navires marchands, arrêtés & conduits en Angleterre par le commodore Fielding, viennent de préfenter aux états de Hollande & de Weft-Frife une requête par laquelle ils expofent qu'étant propriétaires ou co-propriétaires des bâtimens dont ils donnent les noms, tous chargés de fer & de chanvre, à l'exception d'un feul dont la charge confiftoit en bois fcié & chanvre, mais qui n'avoit pas été pourvu d'une lettre de fignaux, ils ont appris avec le plus grand étonnement que ces bâtimens qu'ils avoient expédiés pour les divers ports de France auxquels ils étoient deftinés, ont été rencontrés & attaqués par une efcadre de vaiffeaux de guerre anglois, & menés en Angleterre, quoiqu'ils fuffent fous l'escorte des vaiffeaux de la république; que les fupplians n'auroient pu imaginer qu'on eût pouffé les chofes, fi loin, & qu'on eût infulté auffi directement le pavillon des Etats-Généraux, en attaquant & en enlevant des bâtimens qui naviguoient fous fa protection; que les fuites d'une entreprise auffi peu mefurée leur paroiffant effrayantes pour le commerce & la navigation libres de L. H. P. ils croient devoir recourir aux feigneurs états pour obtenir la relaxation des navires & des cargaifons dont leurs alliés fe font indûment emparés en tranfgreffant évidemment le traité de marine qui exifte entre la Grande Bretagne & les états de Hollande, demandant au furplus lefdits négocians une protection refpectable & illimitée pour tout commerce que les traités n'auroient point interdit, &c.

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On affure que la propofition faite pour l'équipement des vaiffeaux de guerre pour le fer

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vice de cette république pendant cette année, a été approuvée, & que le nombre en fera de 52, fçavoir au département du college d'amirauté. fur la Meufe, un vaiffeau de 70 pieces de canon, un de 60, trois de 50, trois de 36, deux de 20, & un vaiffeau de garde; dans le département du college d'amirauté d'Amfterdam, un de 70, trois de 60, fept de 50, deux de 40, fix de 36, cinq de 20, & quatre de garde; dans le département du college d'amirauté de Zélande, deux de 60, un de 36, & deux de 20 pieces de canon; dans le département du college du quartier du nord, deux de 36 & deux de 20 & dans le college du département de la Frife deux de 50, un de 36 & un de 20 pieces de canon. On fait monter le nombre des équipa ges qui doivent fervir fur ces vaiffeaux, à 138, 70 hommes.

On reçoit dans ce moment la nouvelle què les vaiffeaux de guerre la Princeffe-Royale- Fréderique-Sophie - Wilhelmine, aux ordres du chef d'efcadre comte de Byland; le Nafau, l'Argo & le Faucon, commandés par les capitaines Rietveld, Kingsbergen & Sylvefter, font arrivés le Ier. de ce mois, au port du Texel, venant d'Angleterre.

Fin de la Lettre circulaire du congrès des EtatsUnis d'Amérique à fes conftituans.

Après avoir montré qu'il n'y a aucune raifon de former des doutes fur les moyens des Etats-Unis de payer leur dette, éxaminons fi l'on peut en dire autant de leur defir de le faire.

Sir cet objet, trois chofes font à confidérer.

1. Si les Etats-Unis ont engagé leur parole de retirer les papiers, & de quelle maniere ils l'ont fait ?

2. S'ils fe font donné la capacité politique de les retirer?

3o. Si, en admettant les deux premieres propof

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tions, il y à quelque raison de craindre une lâche viola tion de la foi publique ?

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Premierement, il eft notoire pour quiconque lit les journaux du congrès, ou jette les yeux fur leurs papiers monnoies, que le congrès a engagé la parole de fes conftituans pour leur rachat; & il eft également notoire non-feulement qu'il étoit autorifé à le faire, mais que fes conftituans ont actuellement ratifié fa conduite en recevant les papiers, en portant des loix pour leur cours, & en puniffant ceux qui en ont contrefait, de forte qu'on peut dire avec vérité, que le peuple, non-feulement collativement & par fes représentans, mais même par chaque indivila, a engagé la parole pour leur rachat.

2o. Les Etats-Unis fe font-ils donné la capacité politique de les retirer? C'eft une queftion qui demande un peu plus de difcuffion.

Nos ennemis extérieurs & domeftiques ont cherché à élever des doutes fur ce point. Ils obje&ent que la confédération des états n'eft pas encore complette; que l'union peut fe diffoudre, le congrès être aboli, & que chaque état retirant fes pouvoirs qu'il n'avoit que délégués peur, à l'avenir, prendre & exercer tous les droits de fouveraineté, qui font ceux de tout état indépendant. En pareil cas, difent ils, les papiers américains, créés & foutenus par l'union feule, s'anéantiront avec elle. Cette propofition admife, ils vont jufqu'à affurer que l'événement eft raisonnable, & ils en donnent pour preuve nos divifions, nos partis, nos intérêts diftin&s, nos manieres différentes, nos anciens préjugés, & plufieurs autres argumens égalemens plaufibles & également trompeurs. Examinons cette matiere.

Pour chaque mefure effentielle à la défenfe des états dans tout le cours de la guerre actuelle, & néceffaire à la réuffite de ce qui en eft l'objet, ces états font maintenant auffi pleinement, auffi légalement, auffi abfolument Confédérés qu'il leur eft poffible de l'être. Lifez les lettres de créance des différens délégués qui compofoient le congrès de 1774, de 1775 & d'une partie de 1776; vous trouverez qu'ils établiffent une union dans le deffein exprès de s'oppofer aux oppreffions de l'Angleterre, & d'obtenir le redreffement des griefs. Le 4 Juillet 1776, vos répréfentans au congrès s'appercevant qu'une foumiffion fans réferve pouvoit feule fatisfaire vos ennemis, au nom du peuple & des treize colonies-unies, les déclarerent états libres & indépendans; & pour foutenir cette déclaration, pleins de confiance en la protection de la

providence divine, ils s'engagerent mutuellement les uns
aux autres leurs vies, leurs fortunes & leur honneur facré,
Y eut-il jamais de confédération plus formelle, plus fo-;
lemnelle, plus précife? Elle a été expreffement adoptée
& ratifiée par chacun des états de l'union. En confé-
quence pour foutenir directement la déclaration, c'est-
à-dire, l'indépendance de ces états, on leva des armées ;;
& pour les entretenir, on créa des papiers, on follicita
des emp uns. Ainfi, le rachat de ces papiers, le paiement
de ces dettes, & le réglement des comptes des différens
états pour le fervice & les dépenfes qu'exigeoit le bien
commun dans cette caufe commune, font au nombre des
objets de la confédération; & tant que tous, ou feule-
ment quelques-uns font encore à remplir, conféquem-
ment aux loix divines & humaines, elle ne peut être dif-
foute , au moins quant à ce qui regarde ces objets.

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Mais nous fommes bien convaincus & nos ennemis trouveront que notre confédération n'eft pas faite pour finir ainfi. Ils fe trompent, s'ils nous fuppofent réunis feulement par le fentiment de nos dangers actuels. C'eft un fait, dont ex feals douteront, que les peuples des états ne farent jamais plis cordialement unis q 'aujour d'hui. Obligés de nous mêler les uns avec les autres, les manieres fe font mêlées auffi; les vieux préjugés fe font affoiblis. Un fentiment de l'intérêt commun & permanent cetre affection mat elle qu'engendre la fraternité de fouffrances & de maux, les liens de la parenté, qui s'étendent tous les jours, la communauté de langage,: de gouvernement, & par conféquent de mours; l'import nce, la fplendeur, le poids qu'acquiert notre confédération, tout confpire à rendre plus forte la chaîne de, connexion qui doit nous lier pour jamais. La Hollande & les cantons fuiffes devinrent libres dans des circonstances pareilles aux nôtres; leur indépendance dure depuis long-, tems, & leurs ligues fubfiftent dans toute leur vigueur. Pourquoi notre union feroit-elle moins durable? Et pourquoi les habitans des états d'Amérique feroient-ils fuppo-, fés moins fages que ceux de ces républiques européennes? Vous n'ignorez pas qu'on a formé un plan pour une confédération perpétuelle, & que douze des treize états y ont accédé. Mais nous en avons dit affez pour montrer que dans tous les projets de la guerre actuelle, & dans tout ce qui y a rapport, il exifte une confédération parfaite & folemnelle, & que par conféquent les états ont aduellement, & auront toujours la capacité politi que de retirer leurs papiers, & de payer leurs dettes.

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