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ou agens de la puiflance dont dépendoient les navires, de guerre ou armateurs, pour se faire bonifier les pertes qu'ils auroient caufées. Par ces précautions, S. H. donnoit occafion aux navires marchands des puiffances neutres de venir & de fortir paifiblement, & fans être moleftés, des ports de fes états. Dans la note que la Porte a fait remettre aux ambaffadeurs de France & d'Angleterre pour leur communiquer les intentions de S. H. à cet égard, ces miniftres font priés d'en donner connoiffance à leurs cours refpectives, afin que leurs fouverains donnent ordre à tous les commandans de leurs navires de guerre & armateurs de ne point commettre d'hoftilités dans les limites fixées par ce réglement, ni d'y interrompre en aucune maniere le commerce, & furtout de ne point vifiter les navires tures. L'ambaffadeur de France, en faisant fçavoir à la Porte par fon dragoman, qu'il en donneroit connoiffance à fa cour, a, dit-on, ajouté qu'il penfoit qu'en cas qu'on établît un tel ré glement, fa cour ne feroit aucune difficulté de s'y conformer; mais on prétend que l'ambalfadeur d'Angleterre, en envoyant faire la même commiffion à la Porte par fon dragoman, lup avoit fait en même tems infinuer qu'il ne croyoit point que le roi fon maître pût goûter les propofitions de neutralité dans les mers du grandfeigneur, parce que, felon lui, les François y trouveroient feuls leurs avantages. Comme ces réflexions font très-fondées, difent les lettres de Conftantinople, pat différentes raifons, on com mençoit à y croire que le projet de renouveller ce réglement ne fera pas mis en exécution, la Porte ne fe trouvant point en état de fe maintenir fans le foutien des puifla ces belligérantes; & la plupart des ports des états otto nans étant fans défente, ne peuvent y empêcher le féjour des armateurs.

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BERLIN (le 25 Janvier.) Tous les princes & princeffes de la famille royale fe trouvant actuellement réunis avec le roi en cette capitale, & la cour étant auffi nombreuse & auffi brillante qu'on l'ait vue depuis longtems, on s'attendoit à jouir des divertiffemens variés du carnaval; mais ces la plaifirs ont été foudainement interrompus par mort de S. A. R. Louise Amélie, princeffe douairiere de Pruffe, née princeffe de Brunfwick, qui décéda le 13 de ce mois, après une courte maladie, dans la 58e. année de fon âge. S. A. R., qui avoit époufé, le 6 Janvier 1742, le prince Guillaume de Pruffe, frere puîné du roi, étoit veuve depuis le 12 Juin 1758. De ce mariage font nés le prince Frederic-Guillaume, prince de Pruffe, hétitier préfomptif de la couronne, & la princeffe Frederique-Sophie-Guillelmine, époufe du prince Stadhouder des Provinces - Únies. Les qualités éminentes dont cette princeffe étoit douée, juftifient les regrets que la cour & toutes les claffes de citoyens donnent à fa mémoire. Le 15, le corps de S. A. R. fut dépofé fans cérémonie dans le caveau de la maifon royale. Le 16, fa mort fut annoncée dans toutes les églifes de cette capitale, & l'on commença à fonner les cloches depuis midi jufqu'à une heure, ce qui aura lieu dans tous les états de S. M. pendant 3 femaines. Le même jour, on prit un deuil général qui durera 3 mois. Deux officiers de l'état, major & un officier avec un détachement de gendarmes ont été de garde nuit & jour près de la tombe royale jufqu'au 21, jour de la célébration, des obfeques. Le 23, on prononça dans toutes les églifes de cette capitale l'oraifon funebre de l'illuftre défunte. Les pafteurs avoient pris pour texte les paroles de St. Matthieu, chapitre 5, verfet 8.

On eft mieux,inftruit actuellement de la fen

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tence rendue par S. M. dans l'affaire du meunier Arnol. M. Ranfleben, confeiller du tribunal de la chambre, a été relâché de fa détention; M. Scheibler, confeiller de la régence à Cuftrin, a été rétabli dans fa charge. Les trois. confeillers de la même régence, Neumann, Burch & Bandel, & les deux confeillers de la chambre Graun & Friedell, ont été caffés, tranfportés dans les prifons de Spandau pour un an, & condamnés à dédommager le meûnier Arnold de toutes fes pertes. L'avocat fifcal Schlecker, qui avoit fervi M. de Gerfdorff (fur la terre duquel étoit fitué le moulin), a partagé le même fort; lorfqu'il fut conduit prifonnier de Cuftrin en cette capitale, les huffards qui lui avoient été donnés pour escorte, lui firent faire à pied cette marche d'environ 15 lieues. M. de Gerfdorff lui - même a perdu fa place de confeiller de la province. Celle de président de la régence de la Nouvelle-Marche à Cuftrin, qui vaquoit à la même occafion, a été conférée à M. de Pofer, confeiller de la régence à Brie; & S. Maj. a choisi le comte Charles Louis Finck de Finckenftein, parent du premier miniftre de ce nom & qui étoit préfident de la régence de la Pruffe occidentale à Marienwerder, pour remplacer, en qualité de mi,niftre d'état & de juftice & de préfident des trois régences en Siléfie, M. de Carmer, élevé à la dignité de chancelier.

Le colonel de Bernard, auquel le roi avoit conféré depuis peu une des places d'intendans de fon armée, étant mort ces jours-ci, S. M. en a difpofé en faveur du lieutenant-colonel de Colou, du régiment du prince Henri; elle a encore accordé un canonicat au colonel de Troschke, du régiment de Waldeck, qui s'est beaucoup diftingué l'année derniere.

Il vient de fortir de la preffe deux édits du roi,

concernant l'adminiftration de la juftice, que S. M. veut maintenir dans tous fes états. On lit ici avec beaucoup d'intérêt ces nouveaux réglemens, qui prouvent que les grands hommes font toujours grands, lors même qu'ils defcendent dans les plus petits détails. S. M. y prononce les peines les plus graves contre les juges & les avocats qui fe rendront coupables de quelque négligence & de lenteurs dans l'inftruction des procès & dans la fuite des procédures. Cette difpofition paroît avoir principalement pour objet les affaires qui s'éleveront entre les feigneurs & leurs vaffaux, & celles que la pauvreté des parties rend ordinairement indifférentes aux gens de juftice. Elle déclare qu'elle aura fans ceffe l'oeil ouvert fur la conduite & fur les moindres démarches des membres de fes tribunaux; qu'elle écoutera toutes les plaintes que fes fujets auront à former contr'eux, & que la commiffion nommée à cet effet tiendra les cours de juftice fous l'infpection la plus exacte. Elle veut que les préfidens & chefs des départemens de juftice répondent de l'honnêteté des avocats, & veillent à ce qu'ils n'emploient jamais les funeftes reffources de la chicane. Ces fages réglemens ont encore un objet dont les légiflateurs fe font rarement occupés, & les amis de l'humanité leur offriront pour modele à cet égard un prince digne déjà d'en fervir à tant d'autres. Une bonne police doit chercher à prévenir les difcuffions entre concitoyens ; mais les étouffer dès le berceau, en arrêter les fuites quand elles fe font élevées, es changer les fuppôts de Thémis en miniftres de paix, ériger un tribunal impénétrable aux avocats & où l'efprit de conciliation doit feul préfider; un tel bienfait ne pouvoit être dû qu'à un roi philofophe, qui fait vaincre tous les obftacles pour opérer le bien de fes fujets.

M. de Bufching, célebre géographe, vient de publier la lettre fuivante, qui lui a été écrite de Pétersbourg, par le profeffeur Pallas, au fujet de la navigation & de la trifte fin du capitaine Cook.

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La cour impériale & le fénat avoient déjà reçu du Kamfchatka, au mois de Novembre, l'avis qu'il s'étoit montré des vaiffeaux anglois dans ces mers: peut-être même ces avis étoient déjà arrivés ici beaucoup plutôt; mais ils ne percarent qu'a lors dans le public. Enfin, la femaine derniere, il fut remis au chevalier Harris, ambaffadeur bri tannique près de notre cour, des dépêches au capitaine Clarke, qui commandoit le vaiffeau, la Découverte, fous le capitaine Cook avec une lettre du capitaine Cook lui-même, adreffée à M. Stephens, Jecrétaire de l'amirauté britannique. Par un extrait de ces dépêches, que j'ai lu, il parolė qu'après avoir dirigé du Cap (de Bonne-Elpéran→ ce) fa route vers la terre de Diemen, qu'il longea, ainfi que la Nouvelle-Zélande, M. Cook ar riva heureufement à l'ifle d'Otahiti, où il ramena. le fameux Omiak fain & fauf. Depuis fon dernier voyage, les Efpagnols avoient vifié deux fois cetw te ift: quelques-uns même s'y étoient arrêtés plu fieurs mois; & leurs vaiffeaux y avoient laiffe tou tes fortes de volailles & d'animaux domeftiques, mais tous males. Ainfi les vaches, chevres, &c., que M. Cook y amena, furent très-bien venues. Il en remit à la voile au mois de Décembre ; &, après plufieurs découvertes dans la mer du fud il at teignit, au mois de Mars 1778, la côte de l'Amérique, un peu plus au fud que le Kamfchatka. Une voie d'eau que fit le vaiffeau du capitaine Cook la Réfolution, & la groffe mer l'obligerent à y mouiller dans une baye. Il fuivit de-là la côte, & découvrit enfin clairement le détroit entre l'Afie & l'Amérique, où les deux hémispheres préfentent à la vue un pays nu & plat fans aucune défenfe,

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