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nombre defquels étoient 16 Irlandois qui y fer-
voient comme forcés, ayant été preffés: ils
étoient parvenus à fe rendre maîtres des 34 An-
glois qui faifoient le refte de l'équipage, &
qu'ils contraignirent de fe réfugier dans la cale
à l'exception du pilote-côtier, par lequel ils fi
rent prendre la barre du gouvernail pour les
amener ici. Cette caiche, qui eft d'une très-
belle conftruction, faifoit partie d'une flottille
que les Anglois envoient en croifiere vers le
Texel pour tâcher de s'emparer du capitaine Paul
Johnes, & qui doit partir pour cet effet des
Dunes. Les 16 Irlandois ont non-feulement été
laiffés en liberté; mais ils ont même pris depuis
leur arrivée la cocarde d'alliance. Leur révolte
s'eft faite aux Dunes hier, vers les 2 heures après-
midi, à la vue de tous les vaiffeaux de leur
flotte. Le capitaine de la caiche ni le fecond n'é-
toient point à bord.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 14 Décembre.) Le lord Charles Spencer fit, le 29 du mois dernier, fes remercîmens au roi, pour avoir été nommé tréforier de fa chambre à la place de feu M. George Rice: elle eft d'environ 500 liv. fterl. de revenu fixe par an: Celle de tréforier de la maison du roi , qui eft beaucoup plus lucrative, étant évaluée à 1200 liv. fterl., & dont le comte de Carlifle a ci-devant donné fa démiffion, a été conférée à Mylord Onflow, auquel fuccede dans la charge de contrôleur de la maifon de S. M., le chevalier Richard Woftey, un des clercs du tapisverd (bureau qui a l'intendance de tous les bâtimens & détails de la maifon du roi ); ce dernier a été en même tems admis au confeil-privé ; & il a déjà prêté ferment en cette qualité.

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Depuis la nomination du comte de Bathurst à la charge de président du confeil, & du comte de Hillsborough à celle de fecrétaire d'état, à la place du comte Gower, & du vicomte Weymouth, on s'étoit attendu à quelques autres démiffions des membres de l'administration, qui compofoient ce qu'on nomme le Parti de Bedford; mais elles n'ont pas eu lieu. Si l'on peut s'en rapporter à des bruits publics, le lord Weymouth n'a remis les fceaux de fon département que fur la demande expreffe qui lui a été faite au nom de S. M., après fon refus fur un meffage préalable d'accepter l'offre de toute autre place de l'adminiftration à fon choix. Immédiatement après avoir reçu fa démiffion, il partit pour la terre de M. Carteret, fon frere; & on ne l'a point remarqué, comme de coutume, parmi les orateurs miniftériaux au parlement. Quant au comte Gower, intimement lié avec lui de fentimens & d'intérêts, fa retraite paroît avoir été volontaire, & il n'a pas fait difficulté d'en faire connoître les motifs, du moins en partie, dans la féance des feigneurs du 1er. Décembre, décla→ rant, que « l'indolence & l'irrésolution d'un des membres du confeil-privé ( qu'on croit être Mylord North) avoient empêché qu'on n'eût pris, dès l'été dernier des mefures propres à fatiffaire l'Irlande; que ce même efprit avoit regné dans la conduite de la guerre en Amérique, dont la foumiffion étoit par-là devenue impraticable; qu'en conféquence, trouvant que fes confeils étoient inutiles, fon honneur ne lui avoit pas permis de refter en place, &c ».

M. Wilkes, qui depuis quelques années affectoit la place de M. Hopkins, tréforier de la cité en a été pourvu le 1er. de ce mois d'autant plus aifément que fon concurrent, le Sr. James qui dans les deux premiers votes d'életion

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avoit eu une très-grande infériorité de voix en fa faveur, s'étoit retiré. Son installation a été faite avec beaucoup d'éclat de la part de fes partifans. On a obfervé qu'à une des premieres feffions de la chambre des communes, le lord Nord lui a frappé dans la main, & ce rapprochement de deux hommes jufqu'à ce jour fi éloignés l'un de l'autre, donne lieu à beaucoup de conjectures; s'il étoit poffible que le Sr. Wilkes trompât l'attente de fes nombreux partisans, qui n'ont voulu fervir en lui qu'un intrépide défenfeur des droits de fa patrie, il pourroit avoir à fe repentir d'avoir établi, lorfqu'il voulut dépofféder fon prédéceffeur de fa tréforerie, le droit qu'a la cité de révoquer tous les ans, fi elle veut, le titulaire de cette place.

On a obfervé avec étonnement que dans le difcours émané du trône pour la rentrée du parlement, le roi, qui avoit tant d'intérêt de fatiffaire tous les ordres de fon royaume, n'a pas fait la plus légere mention des colonies en Amérique.

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S. M. s'étant retirée après avoir prononcé ce difcours, l'adreffe de remercîment fut votée à la chambre des pairs, ainfi qu'on l'a déjà dit, par le comte de Chefterfield. Il n'étoit pas poffible que cette adreffe n'effuyât de vives contradictions attendu que cet acte devant être, felon l'usage une répétition prefque mot-à-mot des difcours même du roi, la chambre fe voyoit obligée de ratifier, d'après S. M., l'éloge de la milice de ce royaume, & furtout celui du zele, de l'influence & du fervice perfonnel de ceux qui, pour la défenfe de la nation, avoient réuni la confiance à la force. Le parti de l'oppofition fentoit trop que c'étoit lui extorquer fon approbation de toute la conduite miniftérielle ; & les amendemens que ce parti propofa, prouverent clairement qu'il

avoit reconnu le piege. Le lord Conventry vota pour l'amendement, en exhortant hautement les miniftres à mettre enfin un terme à la guerre de l'Amérique, & il fut fuivi de beaucoup d'autres membres, dont les motifs forcerent les chefs de l'adminiftration à faire leur propre apologie.

Le duc de Richmond s'étoit attaché à démontrer que les deux principaux officiers de la couronne, auxquels la nation devoit attribuer l'humiliation à laquelle la derniere campagne l'avoit condamnée, étoient le premier lord de l'amirauté & le commandant en chef des troupes de terre; à l'égard du premier, il demanda comment il étoit poffible que, dans le cours de l'été dernier, la flotte angloife eût été si inférieure à celle de la maifon de Bourbon, qu'elle n'ait eu pour toute reffource que de fuir de Falmouth

Plymouth, de Plymouth à Torbay, de Torbay à Spithead. A beaucoup d'autres questions, qui toutes accufoient le miniftre de quelque négligence majeure, il fit fuccéder le tableau de l'état où fe trouvoit Plymouth, lorfque l'armée navale combinée parut devant ce port & y répandit la confternation. « Je parle en témoin oculaire, ditil je me fuis rendu à Plymouth à cette époque; il y avoit du canon, mais pas un boulet, pas une lanterne, pas un refouloir, pas une éponge.... Les lignes n'auroient pu être d'aucune utilité dans l'état de dépériffement où elles étoient. La garnison confiftoit en 36 vieux invalides.... Les officiers fupérieurs ne s'accordoient pas fur le plan de défenfe qu'il falloit fuivre, & l'on remarquera qu'alors les provifions de l'arfenal valoient au moins 3 millions de 1. sterl. ». Le duc obferva enfuite qu'avec 200 mille hommes de trou- . pes, il étoit inconcevable qu'on s'humiliât au point de ne faire qu'une guerre défenfive. Si l'on ne renonce pas à ce systême, ajouta-t-il, il faut

réduire & le nombre de nos troupes & l'énormité des dépenfes qu'elles occafionnent.

Une chofe qui doit étonner dans ces débats c'eft qu'à l'occafion de ce que venoit de dire le duc de Richmond, du défaut de boulets à Plymouth, le lord Amherst affirma qu'il s'y étoit trouvé des boulets de tous calibres; il est vrai qu'en défignant le nombre de barils de poudre qu'il porta à 15 mille, il ne compta point les boulets, qui peut-être étoient en fi petit nombre, que l'affertion du duc n'en pouvoit être que foiblement contredite; mais il foutint que les ouvrages étoient en bon état, & en cela il y eut entre deux perfonnes, dignes de foi l'une & l'autre, une contradiction de faits manifefte.

Le lord Sandwich entreprit aufli fa propre défenfe, & répondit à toutes les questions qui avoient été faites relativement à son administration; il donna le meilleur tour qu'il put au défaveu qu'il étoit obligé de faire de fon ancienne promeffe de maintenir la fupériorité des forces maritimes angloifes, fur celles de la France & de l'Espagne réunies, & il prétendit qu'il n'avoit voulu par-là qu'aiguillonner l'administration, pour qu'elle fit fur ce point tous les efforts dont elle toit capable... Il juftifia enfuite la campagne du chevalier Hardy, qui, à l'exception de l'Ardent, a confervé fes vaiffeaux en bon état, & termina fon apologie par l'annonce d'une marine refpectable pour la campague prochaine, mais dont il ne vouloit pas donner les détails en public. Après ces débats, qui furent à-peuprès les mêmes le lendemain à la chambre des communes, où le lord Lewisham avoit voté pour l'adreffe de remercîmens, elle fut confentie pure & fimple dans les deux chambres à une pluralité de voix à-peu-près égale à celle qui a été obfervée dans les années précédentes

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