en outre condamné à quelques frais de juftice que l'examen de fa requête avoit occafionnés. Ce jugement eft bien une attestation d'incapacité dans un pareil magistrat, qui, contre l'ef prit d'une loi fage, prétend ne payer les fo cours accordés aux noyés, qu'autant qu'il fera impoffible de les rappeller à la vie.

Dans la féance qu'a tenu à Bâle, le 31 Octobre dernier, la fociété de bienfaifance & d'encouragement, elle a été priée par un jeune ci toyen de la ville, de fe charger de 30 ducats qu'il deftinoit à couronner les deux mémoires que la fociété jugeroit les meilleurs, fur la quef tion fuivante: Jufqu'à quel point il convient de mettre des bornes aux dépenfes des citoyens dans une petite république dont la prospérité eft fondée fur le commerce. La fociété ayant accepté avec reconnoiffance l'offre du jeune citoyen, invite les gens de lettres qui voudront concourir pour ces deux prix, d'adreffer leurs mémoires fur la queftion propofée, francs de port, avant le 30 Juin 1780, à M. Ifelin, fecrétaire d'état à Bâle. La piece jugée la meilleure obtiendra le premier prix, confiftant en une médaille d'or de 20 ducats; & celle qui, au jugement de la fociété, aura mérité l'Acceffit, obtiendra une médaille d'or des 10 ducats reftans.

ITALI E.

ROME (lever. Décembre.) Sur la demande du duc de Modene le pape a confenti que l'archiprêtrife de la ville de Carpi fût érigée en évêché, & S. S. en a laiffé la nomination à ce prince, dont le choix eft tombé fur M. Benin-Cafa, abbé de cette églife.

Le fouverain pontite vient de féculatifer & de fupprimer l'abbaye de St. Martin de Savigny ordre de St. Benoit, diocefe de Lyon, & d'en

réunir les revenus aux trois chapitres nobles de chanoineffes de Leigneux, d'Alix & de l'Ar gentiere. Par le bref de fuppreffion & de fécularifation S. S. donne pouvoir à l'archevêque de Lyon d'affigner une penfion aux II religieux de l'abbaye fupprimée, & de prélever fur la totalité de la menfe la fomme néceffaire pour acquitter les fondations & les charges. Enfin la nomination des trois abbeffes & de tous les bénéfices dépendans de l'abbaye eft dévolue à S. M. T. Chrét., à l'exception des cures, dont la collation paffe à l'ordinaire.

Sur le refus que faifoient depuis plufieurs années les religieux du Mont-Caffin établis dans la Lombardie Autrichienne, de payer les taxes d'ufage à la procure générale de Rome, on avoit chargé le P. Benoit de Cordua de fuivre cette affaire à la junte économique de Milan. Après 4 ans de féjour dans cette ville, il a obtenu de Parchiduc Ferdinand, gouverneur général de la Lombardie, un décret qui enjoint à tous les mo. nafteres de cette province de payer tous les arrérages des taxes réclamées, évalués à 24 mille fcudis, & d'en continuer chaque année le paiement qui fe monte à 5 mille écus.

Le ciel ayant enfin daigné accorder la pluie, fi néceffaire aux campagnes, le pape a ordonné qu'on rendît des actions de graces à Dieu dans toutes les églifes de l'état eccléfiaftique.

Dans une excavation aux jardins appellés CollMontani, dans l'endroit où l'on croit qu'étoit anciennement la maison paternelle de l'empereur Marcus Aurelius Verus, on a trouvé une ftatue de l'empereur Adrien, plus petite que nature, d'une feulpture auffi belle que finguliere.

On apprend de Bologne que le 23 du mois dernier, on y a encore reffenti une vive secouffe de tremblement de terre..

GENES (le 29 Novembre.) On a ouvert en cette ville deux nouveaux emprunts que MM. Brentano & Cimaroli font chargés de faire; le premier, pour le roi de Suede, eft de 3 millions & 250 mille livres de notre monnoie, à 4 pour 100 d'intérêt, payable de 6 mois en 6 mois, pendant 8 ans, à commencer du 1er. Octobre dernier. Ce terme écoulé, ce capital fera remboursé en 4 portions égales les 4 années fuivantes. Pour fûreté de cette fomme avancée, S. M. Suédoife engage fes revenus fur l'eau-de-vie, indépendaminent de quelques autres obligations que ce monarque a fait dépofer chez le noble Etienne Pallavicini. Le fecond emprunt fe fait pour la chambre ducale de Milan, & eft de 400, mille florins au même intérêt; il durera jufqu'à la fin de Février 1786, de forte que le remboursement s'en fera en deux portions égales, à commencer du Ier. Mars 1787, fans aucuns frais. Pour plus grande fûreté du prêteur, on hypotheque en fa faveur tous les biens de la chambre ducale.

Ifaac Bey, fils d'un pacha à 3 queues, vient de partir de cette ville, où il a féjourné pendant 3 mois; il fe rend à Vienne, d'où il ira vifiter les plus grandes villes de l'Europe.

Suivant les lettres de Madrid, les fortifications qu'on éleve actuellement au-deffus de la rade de Gibraltar, dans le voiinage d'Algefiras, confiftent en une ligne de circonvallation vis-àvis la courtine & la plage de la fortereffe de Gibraltar, longue de deux milles d'Italie. Il s'étend du levant au couchant de la mer qui environne cette fortereffe, un chemin, couvert pour pouvoir faire les opérations fans être incommodé; un fort & un fortin avancé, avec d'autres ouvrages & un nombre confidérable de paliffades & de barrieres on y emploie 214 pieces de groffe artillerie, & pour les ouvrages trois mil

le pionniers, outre divers corps d'infanterie & de cavalerie, avec 600 bœufs.

LIVOURNE (le 3 Décembre. ) Le 23 du mois dernier, à 9 heures du matin, le grand-duc & la grande-duchefle, nos auguftes fouverains, font arrivés ici, d'où L. A. R. font reparties le 26 pour retourner à Florence.

Le grand-duc, informé que l'ufage pratiqué jufqu'ici de charger les commiffaires des guerres de la répartition, foit des penfions, foit de la paie dont on eft obligé de faire la retenue aux officiers pour le paiement de leurs créanciers, ou à toute autre perfonne du département militaire, détournoit ces commiffaires de leurs fonctions particulieres & effentielles; fçachant en outre, que les créanciers intéreffés à ces répartitions ne venoient que très difficilement à bout d'obtenir la juftice qui leur étoit due, S. A. R. a ordonné que dorénavant aucun commandant ni autre chef quelconque des divers corps militaires ne pourront faire de retenue fur lefdites penfions & paie, & que les tribunaux civils refpectifs feront feuls autorifés, fur la demande des créanciers, à prononcer par leurs décrets, telle retenue qu'ils jugeront néceffaire, entre les mains du caiffier du commiffaire, en défignant la perfonne qui, à la fin de chaque mois, pourra retirer des mains dudit caiffier la fomme dont la retenue aura été prononcée, fans aucune intervention ultérieure du miniftere des commi faires, S. A. R. révoquant fur ce point fon ordonnance du 22 Mars 1778.

Son Alt. Roy. vient auffi de faire publier un réglement dont le but est de prévenir les défa tres occafionnés par l'inconfidération & la négligence de ceux qui tiennent de la poudre à tirer, foit pour leur ufage particulier, foit pour en faire la vente.

De toutes les aurores boréales qui font fi fré-' quentes depuis quelque tems, on n'en avoit point encore vu d'aufli brillante que celle du 13 du mois dernier ; la terré en parut tout-à-fait rouge, & ce phénomene dura depuis 11 heures du foir jufqu'à la pointe du jour.

On apprend que le duc de Modene eft dangereufement malade en fon château de Varefe; il y a même des lettres qui annoncent la mort de ce prince, qu'elles fixent au 25 Novembre.

Par des bâtimens venus de la Morée, on est informé que le capitas-pacha, voulant épargner le fang, a renoncé au projet de foumettre les Mainotes par la force. Il a pris le parti de faire élire en qualité de bey un des principaux de cette nation qui, reftera tributaire de la Porte. Cet arrangement fera renaître la tranquillité de cette partie de la Grece, qui, quoique très-dépeuplée pourra en peu d'années fe remettre de fes pertes, par la fertilité extraordinaire de fes terres.

ESPAGNE.

MADRID (le 23 Novembre.) Le roi vient de faire publier une amniftie générale en faveur des déferteurs de fes troupes. S. M. preferit un terme de 3 mois pour rejoindre leurs corps refpectifs à ceux qui font en Efpagne, & elle en accorde un de 6 mois à ceux qui font dans les pays étrangers.

Le comte de Florida-Blanca a adreffé à tous les miniftres étrangers en cette cour une lettre circulaire dans laquelle il leur annonce « que, pour prevenir tous les abus, défordres & la confufion qui, depuis quelques années, ont regné dans le port & la baye de Cadix, & qui provenoient de la négligence des patrons de navires étrangers dans la déclaration des marchandifes