Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

HISTOIRE PARLEMENTAIRE

La Narration des événemens; les Débats des Assemblées; les Discussions des
principales Sociétés populaires, et particulièrement de la Société des Jaco-
bins; les Procès-verbaux de la commune de Paris; les Séances du Tribunal
révolutionnaire; le Compte-rendu des principaux procès politiques; le Détail
des budgets annuels; le Tableau du mouvement moral, extrait des journaux
de chaque époque, etc.; précédée d'une Introduction sur l'histoire de France
jusqu'à la convocation des Etats-généraux,

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

གས མ་ ༥

གླུ་ “ ཥ་་” །

[blocks in formation]

Pour achever la démonstration que nous avons entreprise dans les préfaces précédentes, il nous reste à prouver que les révolutions sociales protestantes ont été, dans leur début et dans leur fin, en rapport parfait avec le principe général philosophique que Luther avait enseigné.

Nous avons vu que le dernier mot de cette philosophie était la souveraineté de la raison individuelle, ce qui, en pratique, ne signifie rien de plus que la souveraineté de l'individu. Il suffira donc, pour acquérir la démonstration que nous cherchons, de montrer que les révolutions protestantes n'ont conclu à rien qui fût universel, à rien qui ne fût au contraire, empreint au plus haut degré du cachet de l'égoïsme, soit individuel soit local ; il suffira en un mot de faire remarquer qu'elles ont constitué seulement des intérêts spéciaux. En effet, trois formes gouvernementales élémentaires ont été engendrées du protestantisme; le despotisme monarchique, le fédéralisme aristocratique et le fédéralisme provincial ou communal : nous ne parlons pas des combinaisons de ces formes. Le despotisme monarchique s'est établi en Prusse et en Danemarck; le fédéralisme aristocratique a envahi l'Allemagne et la Suède; le fédéralisme provincial, s'est emparé de la Hollande et de la Suisse; le fédéralisme aristocratique et communal s'est fondé en Angleterre.

Sans doute, on peut dire que l'Europe, avant Luther, présentait déjà des formes analogues. Mais après lui il exista une différence capitale, qui modifia complétement et le caractère et les tendances de ces divers systèmes de gouvernement. L'esprit qui les animait fut changé; la forme ne fut plus au service d'une pensée catholique, d'une pensée de devoir européen ou humanitaire, ni sous la sanction d'un pouvoir religieux et

universel; la forme ne fut plus que la représentation d'elle-même, c'està-dire des individualités dont elle était composée. Le monarque régnait pour sa famille, pour lui-même; il exploitait sa glèbe humaine, comme un cultivateur exploite la glèbe de sa ferme; et, dans les fédéralismes, chaque localité, chaque seigneurie ne représentait rien de plus que sa propre personnalité. Toutes choses revêtirent ainsi le caractère égoïste, dans la vie intérieure de ces sociétés comme dans leur vie extérieure. Il ne faut pas oublier en effet, sous ce dernier rapport, que les peuples marchands de l'Europe, ceux qui font commerce de tout, de la paix comme de la guerre, sont d'origine protestante.

[ocr errors]

Il est surtout une œuvre bien propre à marquer la différence qui existe entre l'esprit dont il s'agit et l'esprit catholique, et dont nous ne pouvons nous dispenser de faire ici mention. Nous voulons parler du système suivi dans les établissemens coloniaux. Il est de fait que dans toutes les colonies fondées par les peuples luthériens ou calvinistes, les populations indigènes ont été détruites toutes les fois qu'elles n'ont pas été assez fortes pour résister par leur masse. Ainsi est-il arrivé dans toute l'Amérique du Nord, dans la Guiane, où les naturels ont été anéantis par le glaive. Les Français, au Canada, avaient commencé des missions; mais elles furent détruites par la guerre. Ils avaient fait de même à Cayenne, et ces institutions prospéraient; mais la révolution les a fait abandonner; les indigènes se sont dispersés, et la nature sauvage a de nouveau envahi le sol qu'on lui avait arraché, et ruiné les habitations. Il faut étudier l'œuvre catholique, là où elle put se développer librement au moins pendant quelques années. Or, c'est surtout dans les conquêtes espagnoles que cette sécurité nécessaire a été le moins troublée. L'école encyclopédiste et voltairienne, dans le dernier siècle, s'est complaisamment apitoyée sur la barbarie des conquérans espagnols, sur leur fanatisme intolérant et cruel, sur les massacres dont ils s'étaient rendus coupables au Nouveau-Monde. A force de le répéter, à force de phrases sentimentales ils l'ont fait croire; et cependant l'accusation n'était qu'un grossier mensonge. Voyez en effet le résultat : en trois siècles une population nombreuse a été amenée, par la foi chrétienne, de l'état barbare à celui de civilisation, au point de sentir les passions sociales qui nous animent en France. Au Mexique, la révolution a trouvé une population de six millions d'habitans dans laquelle on ne comptait que soixante mille Espagnols. Ce furent des indigènes qui prirent les premiers les armes, sous la conduite d'un curé, pour conquérir l'indépendance de leur patrie. Au Pérou, sur les bords de l'Orénoque, à Bogota, sur toute la terre ferme, les indigènes forment l'immense majorité ; et ce sont leurs armes qui ont été les plus redoutables aux Espagnols de Murillo. Au Paraguay, les jésuites avaient fondé un empire qui subsiste encore. Aux îles Luçon, l'Espagne a converti au catholicisme une population évaluée, en 1806, à un million quatre cent mille ames, dans laquelle on ne compte que six mille familles espagnoles, oasis de la civilisation européenne, placée, pour s'étendre, au milieu de la barbarie Malaise, Papou, etc. En Afrique, sur

« PreviousContinue »