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L'ANJOU HISTORIQUE

PARAISSANT TOUS LES DEUX MOIS

Fondé au mois de Juillet 1900

PRINCIPAUX COLLABORATEURS

Duc de la TRÉMOÏLLE, membre de l'Institut; lieutenant-colonel Marquis d'ELBÉE; Comte CH. de BEAUMONT ; Comte de SOUANCÉ.

Abbés CALENDINI, CHARNACÉ, CHASLES, DENIAU, GRIMAULT, HAUTREUX, HOUDBINE, LEDRU, MICHAUD, MOREAU, POIRIER, RONDEAU, ROULLET, UZUREAU.

Dom BESSE, dom GUILLOREAU et dom LANDREAU, bénédictins; P. UBALD, capucin; MM. LETOURNEAU et LÉVESQUE, sulpiciens.

MM. BAGUENIER-DESORMEAUX, BITTARD des PORTES, CAMELOT, COCHIN, LA COMBE, LAURAIN, LE MESLE, LEROUX-CESBRON, LOYER.

Dans son numéro de septembre-octobre 1902, la Revue des Études Historiques parle de l'Anjou Historique, qui, à sa troisième année d'existence, s'est classé déjà au premier rang de nos meilleures revues provinciales. »

ABONNEMENT: 6 fr. par an.

S'adresser à la librairie Siraudeau, rue de l'Aiguillerie et rue Montault, Angers.

Dunning

12-18-29 19418

Missions d'Emigrés en Vendée

M. de la Godinière

Depuis le début du soulèvement vendéen en mars 1793, il n'était arrivé aux émigrés que de vagues informations sur sa consistance et ses progrès.

Les Princes, alors à Hamm, n'avaient aucun renseignement direct; le bruit circulait qu'une armée royaliste de Bretagne était commandée par un M. de Gaston que personne ne connaissait. Le perruquier de Saint-Christophe-du-Ligneron, Gaston Bourdic, avait, le 12 mars, commandé un petit rassemblement dans les environs de Challans; la mention qu'en avait faite Carra dans son rapport lu en séance de la Convention, était l'origine. d'une légende qui faisait de Gaston le principal chef royaliste.

Les Princes avaient chargé leurs agents accrédités à Londres de s'employer à établir des communications avec l'armée de Bretagne, et le Cabinet de Saint-James, sollicité par eux, avait autorisé le gouverneur de Jersey, le colonel Craig, à faciliter le passage en France d'un émissaire.

Parmi les émigrés, réunis à Jersey sous les ordres de Botherel, un jeune gentilhomme breton, M. de la Godinière, s'offrit pour remplir cette mission, et, muni d'instructions verbales du commandant en chef de Jersey, parvenait à débarquer sur les côtes de Bretagne dans les premiers jours de juin 1793. Il restait un mois en Bretagne pour y établir des postes de correspondance, entrait en relations avec le Comité secret royaliste de Rennes, qui lui confiait une lettre à remettre à MM. les généraux des armées catholiques et royales, et, passant la Loire, se présentait à Cholet le 5 juillet 1793.

M. de la Godinière était connu de M. de Fleuriot, qui l'accrédita auprès des généraux. Il fut admis à exposer le but de sa mission au Conseil de Chemillé (13 juillet 1793). La date de son

retour pour Jersey peut être fixé après le 30 juillet; il emportait : une lettre des Commandants généraux des armées Catholiques et Royales. datée de Châtillon le 17 juillet 1793, adressée « aux agents accrédités de leurs A. R. les Princes français à Londres », avec recommandation de compléter verbalement les renseignements qu'elle contenait, et une lettre pour le Comité de Rennes. Il était resté environ un mois en Vendée.

Dans la lettre datée de Châtillon le 18 août 1793 et confiée plus tard au second émissaire, Tinténiac, les généraux Vendéens rappellent la Mission antérieure de M. de la Godinière: «< Comme «< il pourrait se faire qu'une missive adressée aux agents de nos « princes et remise à M. de la Gaudinière se perdit aussi, nous << avons cru devoir vous en faire passer une copie » (1).

Une lettre de Prigent signale encore M. Godenière comme le premier émissaire qu'il ait dirigé sur la Vendée par les voies qu'il avait établies (2), et Mme de La Rochejaquelein mentionne sa venue en Vendée. « Il avait paru aussi, dit-elle, un M. de la « Godellière, émigré, mais il avait perdu ses papiers; il parut « étourdi et inspira peu de foi, cependant on lui remit une <«<lettre, d'ailleurs insignifiante; on a dit depuis qu'il s'était « noyé en la portant en Angleterre (3).

Nous avons retrouvé la copie de la missive qui lui fut confiée par MM. les Commandants généraux des armées catholiques et royales et qui parvint au Cabinet de Saint James, (4) ainsi que le rapport sur sa mission en Vendée (5).

Nous n'avons pu établir l'état civil de l'auteur du rapport. Mais l'entrain, l'insouciance du danger qui s'y révèle et, aussi, la tendance à grossir son rôle en exagérant l'enthousiasme qu'il suscite, portent bien la marque de la jeunesse du La Godellière de Mme de La Rochejaquelein.

(1) Dom F. Chamard. Correspondance inédite, Angers 1880, p. 16. L'auteur met en note: La Gaudinière, pseudonyme de M. de Tinténiac.

2) Beauchamp, édition, 1809, t. III, p. 448.

(3) Me de La Rochejaquelein. Mémoires, édit. 1889, p. 210.

(4) War-Office. Orig' Corresce, vol. 206, olim. 415. Catholic Army.

(5) War-Office. Orig' Corres, 417 Royalists Intelligence.

Rapport de M. de la Godinière, arrivé à Jersey dans la nuit du 6 au 7 septembre 1793, sur la situation de l'armée royaliste dile Gaston.

au bourg de la Chapelle

Arrivé le Chaussée (1) et, de là, conduit en la ville du Loroux, je demande à parler à M. de Gaston, commandant l'armée; le nom de Gaston était inconnu dans le pays; l'on me conduisit à Cholet où je trouvai M. le marquis de Bonchamp, général de l'armée de la Loire ; je lui fis part de ma mission; il était impossible alors d'assembler le Conseil général des généraux qui touts (sic) étaient occupés à repousser, en différens points, 10.000 hommes par lesquels ils venaient d'être attaqués subitement.

J'arrivais à Cholet le jour du gain de la bataille de Châtillon, remportée sur Westermann (2), les patriotes perdirent tant en hommes tués ou blessés qu'en prisonniers 8.000 hommes, 14 pièces de canon et toutes leurs munitions. M. de Bonchamp partit luy même pour se porter aux Ponts de Cez, je demandai la permission de l'y accompagner; l'on insista sur ce que je ne pouvais me trouver au combat sans compromettre les intérêts qui leurs (sic) étaient chers; je parvins enfin à obtenir ce que je désirais; j'eus l'honneur d'accompagner M. de Bonchamp en qualité d'officier major, ce qui est à peu près Aide-de-Camp; on voulut que je fus sur ce pied tant que je serais à l'armée, nous ne fûmes pas assez heureux pour trouver l'ennemi et je n'eus que le plaisir

(1) La date est laissée en blanc; elle peut-être fixée environ aux premiers jours de juillet 1793 et la localité est sans doute La Chapelle-Basse-Mer, à 4 kilomètres du Loroux. La Chapelle-Chaussée en Ille-et-Vilaine était un des postes de correspondance établis par Prigent de Saint-Malo à la Loire.

(2) Combat de Châtillon le 5 juillet 1793. La présence de M. de Bonchamp à Cholet est controuvée par la version de Beauvais. Mémoires, p. 68 et de Beauchamp, t I, p. 238.

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