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aussi bien que ceux qui vinrent après eux de cette juridiction des grands principes, élaborés par le xvIII° siècle et proclamés en 1789.

Peut-être far t-il regretter que tous ceux qui jusqu'ici ont écrit sur la Révolution se soient placés à un point de vue trop systématique, de façon à obscurcir son véritable esprit. Nous espérons que cette publication contribuera à familiariser le public avec les idées et les choses de cette époque, afin que chacun puisse les juger par soimême, en connaissance de cause.

Enfin, de la Révolution date notre rénovation littéraire et morale, non moins que notre rénovation polique et sociale. Bossuet, Massillon, Bourdaloue ne répondent plus à nos aspirations, et n'ont plus guère pour nous qu'une valeur archéologique. La grande éloquence de Mirabeau et de Danton nous émeut, et stimule notre intelligence, en même temps qu'elle fait battre notre cœur. Les auteurs anciens conserveront toujours leur charme pour les lettrés. Mais les orateurs révolutionnaires, qui, les premiers, ont parlé le mâle langage de

la liberté et de la justice, sont les véritables classiques de la démocratie.

Ce sont ces considérations politiques, historiques et littéraires qui nous ont fait entreprendre cette publica tion, et c'est sur elles que nous comptons pour lui obtenir un accueil favorable auprès du public.

INTRODUCTION HISTORIQUE

CONTENANT

L'INDICATION DES PRINCIPAUX DISCOURS ET DES PRINCIPALES

OPINIONS DE ROBESPIERRE

Maximilien-Marie-Isidore de Robespierre naquit à Arras, le 6 mai 1758. La généalogie de sa famille est assez mal établie son grand-père et son père exerçaient la profession d'avocat, au conseil provincial d'Artois. Quelques biographes prétendent que le nom doit s'écrire d'un seul mot : Derobespierre: c'est à la vérité l'orthographe qui se trouve dans l'acte de naissance de Maximilien '.

Quoiqu'il en soit, il adopta lui-même la particule, jusqu'au jour où il l'abandonna tout à fait pour s'appeler simplement: Robespierre.

1. Extrait du registre aux baptêmes, mariages et sépultures de l'église paroissiale de la Magdeleine pour l'année 1758 :

Le six de may mil sept cent cinquante-huit a été baptisé par moi, soussigné, Maximilien, Marie, Isidore, né le même jour sur les deux heures du matin, en légitime mariage de Ma Maximilien, Barthélemy, François Derobespierre, avocat au Conseil d'Artois, et de demoiselle Jacqueline Carrault. Le parrain a été Me Maximilien Derobespierre,

Il n'avait pas sept ans lorsqu'il perdit sa mère, et bientôt après son père, qui ayant pris en dégoût les affaires, quitta la France, parcourut successivement l'Angleterre et l'Allemagne, et finit par mourir à Munich, dévoré par le désespoir. Maximilien était l'aîné de deux sœurs et d'un frère. On le mit d'abord au collège d'Arras; puis bientôt, par la protection de M. de Conzié, évêque de la ville, qui était trèsattaché à sa famille, il obtint une bourse au collége Louisle-Grand, à Paris, où il eut pour condisciples Camille Desmoulins et Fréron. Après avoir terminé ses études classiques, il fit son droit, toujours sous le patronage du collége Louis-le-Grand: il travaillait en même temps dans l'étude d'un procureur nommé Nollion, où Brissot était premier clerc. Avant de se séparer de lui, l'administration du collége voulut lui donner une marque publique de distinction, et elle prit, en date du 19 juillet 1781, la décision suivante, que l'on trouve consignée dans le Recueil de toutes les délibérations importantes prises, depuis 1762, par le bureau d'administration du collège Louis-le-Grand et des collèges réunis (Paris, chez Pierre-Guillaume Simon, imprimeur du parlement et du collége Louis-le-Grand. MDCCLXXXI. 1 vol. in-40).

« Sur le compte rendu par M. le principal des talents éminents du sieur de Robespierre, boursier du collége d'Arras, lequel est sur le point de terminer son cours d'étude, de sa bonne conduite pendant douze années et de ses succès dans le cours de ses classes, tant aux distributions

père grand du côté paternel, avocat au Conseil d'Artois, et la marraine demoiselle Marie, Marguerite Cornu, femme de Jacques-François Carrault, mère grande du côté maternel, lesquels ont signé :

DEROBESPIERRE.

DEROBESPIERRE.

Marie, Marguerite Connu.

G. M. P. LENGLART, curé.

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