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V.

A l'égard du Duc de Savoye, le Roi veut bien accorder les demandes que les Alliez de ce Prince ont faites pour lui par les Articles XXVII. & XXVIII. des Préliminaires. Mais Sa Majefté demande auf

fi que

les Electeurs de Cologne & de Baviére foient rétablis dans leurs Etats & Dignitez, & leurs Miniftres admis aux Conférences de la Paix pour y défendre leurs interêts.

Enfin s'agiffant d'un Traité de Paix, & non d'une Tréve, le temps que l'on marquera pour l'éxécution de ces conditions, fera fuivant l'ufage ordinaire des Traitez, après l'échange des Ratifica

tions.

C'eft fur ce fondement que le Roi pro pose encore d'envoyer des Plénipotentiaires pour traiter la Paix, & de profiter de l'efpace de temps que l'Hiver donne pour cet effet, avant qu'on approche de l'ouverture de la Campagne pro chaine. .

Si les offres que Sa Majefté veut bien faire, ne font pas acceptées, Elle déclare qu'elle eft libre de tout engagement, & qu'il n'y aura pas lieu de lui attribuer

la

la prolongation d'une Guerre qui ferá répandre encore tant de fang Chrêtien.

RELATION

De Mrs. Buys & Vander Duffen, de ce qui s'étoit paffé avec les Plénipotentiaires de France dans le mois de Mars en une conférence, qu'il y eut à la Haye entre le Duc de Marlboroug, le Vicomte de Townshend, le Conte de Sinzendorf & Mr.le Grand Penfionnaire.

ue les François avoient tâché de leur perfuader, qu'il étoit de l'intérêt des Alliez de faire une Paix feparée avec la France, à l'exclufion de l'Espagne; que pour en venir à bout, & éloigner les ombrages que les Alliez pourroient prendre, dans la crainte que le Roi de France n'affiftât fon petit Fils fous main, Sa M. T. C. étoit difpofée à entrer dans les engagemens les plus folennels, & leur donner même des Villes en Otage pour la fûreté de sa promeffe, qu'Elle ne lui fourniroit jamais aucun fecours : Qu'eux, Députez des Etats, leur avoient répondu, que ces offres de la France n'étoient

pas

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pas fuffifantes; que les Alliez avoient fur tout entrepris cette Guerré, pour rétablir la Monarchie d'Espagne dans la Maison d'Autriche; qu'ils ne pouvoient ainfi traiter avec le Roi de France, (qui avoit placé fon petit Fils fur le Trône de ce Royaume, fans exiger qu'il l'abandonneroit: Que d'ailleurs les Hauts Alliez feroient fort furpris d'entendre, qu'après les folicitations réïterées des François, pour obtenir ces Conférences, leurs Plé nipotentiaires n'étoient venus que pour offrir ce qu'on avoit déja rejetté, & qu'ils regarderoient fans doute cette démarche comme une preuve que leur Cour n'agiffoit pas de bonne foi, & qu'elle ne cherchoit qu'à les amufer: Que Mrs. d’Uxelles & de Polignac avoient prétendu ignorer qu'on eut fait de pareilles offres ; mais qu'eux, Députez, leur avoient dit là-deffus, Que bien qu'il fût permis quelque fois aux Miniftres de diffimuler, l'occafion n'étoit pas bonne, pour fe fervir de ce privilége, & qu'ils devoient dire ouvertement leur penfée: Que ces Plénipotentiaires avoient repliqué alors, qu'on ne devoit pas revoquer en doute leur fran◄ chife, & qu'ils s'étoient fort étendus fur

l'inclination fincére de leur Maître pour la Paix; mais qu'on ne pourroit jamais engager Sa Majefté à déclarer la Guerre à fon petit-Fils, ni à prendre aucunes mefures violentes contre lui; que les Espagnols avoient une grande affection pour ce Prince; que le feul moien de procurer la Monarchie d'Espagne au Roi Charles, étoit d'en donner une partie au Roi Philippe ; Que fi les Alliez vouloient confentir à laiffer à ce dernier Prince Naples & Sicile, on pourroit l'engager à céder le refte à l'Archiduc: Que c'etoit l'unique expedient qu'il y eut pour prevenir une plus grande effufion de fang Chrêtien, pour délivrer les Alliez de beaucoup d'embarras, & affûrer la Monarchie d'Espagne à la Maifon d'Autriche; au lieu que le fort - des armes étoit toûjours incertain, & qu'il pourroit bien arriver encore que les Allicz feroient obligez de faire la Paix à d'autres conditions. Qu'eux, Députez, avoient refuté fans peine ces raifons, & fait voir qu'un tel Partage étoit incompatible avec les Traitez que les Alliez avoient entr'eux, auffi bien qu'à toute la teneur des Articles Préliminaires, que les Français eux mêmes reconnoiffoient pour

le

le fondement du Traité; que d'ailleurs ils étoient envoiez pour entendre quel Equivalent ils avoient à propofer au lieu du : XXXVII. Article de ces Préliminaires, auquel ils trouvoient à redire; mais non pas pour difcuter aucun autre Point; & que là-deffus ils s'étoient féparez.

Lettre des Miniftres de France à Mr. Pete
tecum après la rupture des Conférences,
de Gertruydenberg, le 4. de
Mai 1710.

N

Tous fouhaiterions que nos Conféren◄ ces euffent produit la Paix ; mais comme nous n'avons pas ordre de faire aucune autre Propofition que celles que nous avons déja faites, nous attendons en patience que les Députez nous viennent trouver, pour s'expliquer plus ouvertement qu'ils n'ont fait jusques ici, ou pour nous congedier, ou que du moins Mr. le Grand Penfionnaire nous envoie un ordre de nous retirer.

Rea

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