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qu'elle faifoit 'd'un Partage, elle prenne cette fommation pour un deffein formé de rompre la Négociation, comme on vient de le dire; & qu'elle prétende que les Alliez, au lieu des Articles Préliminaires dans leur entier,excepté le XXXVII., & au lieu des Villes d'otage offertes dans les Païs-Bas, fe doivent contenter aujourd'hui de ces mêmes Articles Préliminaires, fans le XXXVII., fans les Villes d'ôtage, & qu'ils cedent de plus la Sicile & la Sardaigne, en demeurant dans la même incertitude qu'auparavant fur la Reftitution de l'Espagne & des Indes; & qu'on veuille faire valoir cela, comme fi de fon côté on avoit confenti à tout fans variation ni retractation: On ne doit pas être moins furpris de voir qu'on accufe les Hauts-Alliez d'injuftice & d'obstination, parce qu'ils ne veulent pas accepter une fi belle Propofition, & que fur cela on ofe implorer avec une apparence d'humilité la protection Divine, & imputer aux Hauts-Alliez les calamitez publiques & l'effufion du fang Chrêtien, dont ce pendant l'invafion de la Monarchie d'Elpagne, & le refus que fait le Duc d'Anjou de reftituer ce qu'il en détient enco

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re, eft la grande caufe; pendant qu'on pourroit faire ceffer fur le champ & ces calamitez & cette effufion de fang, en reftituant ce qui a été envahi contre la bonne-foi des Traitez les plus folemnels. ⚫

Il paroît clairement, par toute la conduite que la France a tenue en cette occafion, que la propofition faite de fa part d'un Partage, & celle de regler les demandes ultérieures refervées par les Préliminaires, n'ont été autre chofe que des moyens recherchez, pour s'il eut été poffible, exciter de la jaloufie & de la défunion entre les Hauts-Alliez, afin de parvenir par là plus aifément à fon but, qui paroît jufque prefent affez clairement étre de retenir l'Espagne & les Indes; quoique la Reftitution qui s'en doit faire, ait été le premier fondement de toute la Né gociation. Et comme ces propofitions n'ont fans doute tendu qu'à mettre la divifion entre les Hauts-Alliez, auffi voiton dans la fusdite Lettre plufieurs traits qu'on pouvoit bien attendre de fes Ennemis, mais non pas de perfonnes envoyées pour le rétablissement de la Paix & de la bonne intellignce; & qui paroiffent en quelque maniere inventez, pour donner

aux fujets de l'Angleterre & de l'Etat de mauvaises impreffions contre le Gouvernement, & pour leur faire entendre que ceux qui font à la tête des affaires, & les Chefs des Alliez font la caufe de la continuation de cette fanglante & onereuse Guerre. Mais la caufe en eft trop bien connuë, & a été trop bien démontrée ci-deffus, pour qu'ils puiffent efpérer que ces infinuations affectées & odieufes foient reçues & goûtées par des Peuples qui joüisfent de la Liberté, & qui favent qu'ils ne portent les charges de la Guerre que pour la défenfe de cette Liberté. Le jugement de çes Peuples n'eft point corrompu par un dur esclavag & par une longue opreffion, comme celui de certains autres Peuples, aufquels fans cela les Alliez pourroient en apeller avec beaucoup plus de raison, comme à ceux qui favent & qui fentent, combien cher leur coûte l'avidité de dominer fur leurs voifins.

Enfin, le peu de temps que lefdits Sieurs Plénipotentiaires ont pris pour faire réponse, la donnant au bout de fix jours, bien loin d'être, comme ils le prétendent, une marque de la.droiture avec laquelle

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ils ne cherchent point à amufer; peut bien plûtôt fervir à montrer que la réfo lution de rompre les Conferences étoit déja prife & préparée de loin. Les Sieurs Plénipotentiaires ne peuvent pas non plus avec raison infinuër, comme ils le font en plus d'un endroit, qu'on leur ait prefཀམ crit un terme de quinze jours: Les Sieurs Députez les ont bien priez de vouloir pro curer une réponfe pofitive & prompte, mais ils ne leur ont prefcrit aucun terme; au contraire, lorsque fur cela il leur fut demandé s'ils en vouloient marquer un, ils répondirent civilement que non, & que les Conférences ayant déja duré fi long-temps, quelques jours de plus ou de moins ne feroient pas une affaire.

Pour ce qui eft des plaintes que font les Sieurs Plénipotentiaires de chofes qui les régardent en leur particulier, fçavoir, ,, qu'on a méprifé leur caractére, imprimé ,,& publié des Libelles injurieux contre ,, eux, ouvert leurs Lettres, empêché qu'on ,, ne leur rendit des vifites, & qu'on les ,, a tenus dans une efpece de prifon: H faut confidérer, que lefdits Sieurs étant venûs ici pour traiter, comme on en étoit convenu, fans caractére ni céremonie &

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comme incognito, on a évité de part & d'autre toute forte de céremoniel. On a d'ailleurs confervé tous les égards qui font dûs à leur qualité, à leur naissance, & à leur mérite; & ainfi on ne peut favoir, ni même foupçonner, fur quoi font fondées les plaintes qu'ils font à cet égard. On ne fait pas non plus ce qu'on veut dire par ces Libelles injurieux dont ils fe plaignent, & on n'en a aucune connoiffance. Il y a des Ordonnances très feveres, qui deffendent ces fortes de Libelles dans le Païs. Il est bien vrai que cela n'empêche pas qu'il ne s'en répande quelques-uns, auffibien qu'en d'autres Lieux; mais le Gouvernement les condamne, & lors qu'on en découvre les Auteurs & les Imprimeurs, ils font punis felon les Loix. On n'a point oui dire, & on n'a aucune connoiffance, que de ce grand nombre de Couriers que les Sieurs Plénipotentiaires ont reçu & dépêché, & par lesquels ils ont fans doute envoyé & reçû leurs dépêches les plus importantes, aucun ait été arrêté, nì qu'on ait intercepté aucune des Lettres qu'ils ont envoyées par la Pofte ordinaire. On n'a jamais empêché perfonne d'aller voir lefdits Sieurs Plénipo

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