fin des fiecles. Mais, objectera-t-on, eft-il bien conftant que l'autorité, qui fubfifte aujourd'hui, foit la même que celle que Jefus-Christ a établie? Pour lever le doute à cet égard, nous n'ayons qu'une question à réfoudre : les Pasteurs d'aujourd'hui font-ils les fucceffeurs de ceux à qui Jesus-Chrift a confié d'abord le miniftere? S'ils le font, la même autorité fubfifte donc. Or, il n'eft pas plus difficile de prouver que Clément XIII eft le fucceffeur de faint Pierre, que de montrer que Louis XV le bien-aimé est le fucceffeur du premier roi qui a fondé la Monarchie françoife: il faut donc reconnoître dans l'Eglife Catholique la même autorité que celle que Jefus-Chrift a établie.

C'eft de cette autorité que nous avons reçu les écritures; c'eft à elle feule qu'il appartient de nous en faire connoître la divinité & de nous en expliquer le fens. C'eft ainfi que les citoyens reçoivent de l'autorité civile les loix de police & leur interprétation. " Non, difoit un grand homme, je ne croirois pas à l'Evangile, fi ,, l'autorité de l'Eglife Catholique ne m'y en» gageoit.

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Ego vero Evangelio non crederem, nifi me Ca- S. Aug tholica Ecclefia commoveret auctoritas.

XXIII.

L'autorité eft le motif déterminant du plus grand nombre en matiere de Religion, quelque parti que l'on prenne. C'eft elle qui forme les

contra

Epiftol

Fond.

cap, s

incrédules comme les croyans. Expliquons co paradoxe. Dans l'Eglife Romaine, on croit les vérités de la Religion, & on s'appuie fur l'autorité vifible qu'elle a dans fon fein. Dans les Sectes proteftantes, on ne croit point plufieurs vérités, & on fe fonde fur l'autorité des Chefs, qu'on fuit comme les Docteurs. Quel autre motif pourroit déterminer le peuple incapable d'aucun examen ? Les plus favans mêmes font obligés de s'en rapporter, fur plufieurs points de leur doctrine, à l'autorité de la fociété dont ils font membres; parce qu'il n'est pas poffible qu'ils les aient tous examiné avec l'attention que demande l'importance de la matiere. Pármi les Incrédules, la plûpart ne fe décident à ne rien croire, que fur l'autorité de certains hommes qui fe font acquis de la célébrité par leurs talens. Combien de jeunes libertins & autres s'autorisent des noms de Bayle, de Voltaire, de Jean-Jacques Rouffeau, fans avoir jamais rien examiné? L'autorité a toujours fait l'argument de la multitude, même chez fes plus grands ennemis. Heureux ceux qui marchent à la lumiere de l'autorité légitime. Telle eft celle que fuivent les Catholiques Romains; elle a produit fes preuves. Mais il n'en eft pas ainfi de celle que fuivent les Sectaires & les Incrédules. C'est une autorité deftituée de preuves. Quels titres ont produit Luther & Calvin ? Quels titres peuvent alléguer les Chefs des Incrédules?

La foi eft donc commune aux Catholiques, aux Sectaires & aux Incrédules mêmes; mais avec cette différence, que la foi du Sectaire & de l'incrédule est une foi humaine, accordée à la parole de quelques Séducteurs, au lieu que celle des Catholiques eft une foi divine, accordée à la parole d'un Dieu, & expliquée par une autorité qu'il a établie lui-même.

CHAPITRE VII.
Des dépofitaires de l'autorité.

I.

'AUTORITE' visible de l'Eglife ne réside point dans le peuple fidele, mais dans le corps des Evêques, auxquels Jefus-Christ a dit dans la perfonne des Apôtres: "Allez, enfei»gnez toutes les nations, baptifez-les au nom

כל

du Pere & du Fils & du faint Esprit ; appre,,nez-leur à observer toutes les chofes que je 55 vous ai prefcrites & affurez-vous que je fuis avec vous tous les jours jufqu'à la confommation des fiecles

Euntes, docete omnes gentes, baptifantes eos in nomine Patris & Filii & Spiritus fancti, docentes éos fervare quacumque mandavi vobis, & ecce ego vobifcum fum omnibus diebus ufque ad confummationem faculi.

Matth.

cap. 28.

ì: Cor.

12. 17. i. Cor. 12. 28.

Hor.l.1.

Od. 13.

I I.

Dans l'Eglife, comme dans le corps humain, tous les membres n'exercent pas les mêmes fonctions ; les uns font pour commander, gouverner & enfeigner; le plus grand nombre pour écouter & obéir. Les membres ne doivent pas ufurper les fonctions les uns des autres. Si tout le corps, dit l'Apôtre, étoit œil, où feroit l'ouie ? C'est donc un vrai défordre, lorfque le disciple veut inftruire fes maîtres, & la brebis conduire fon pasteur.

Si totum corpus oculus, ubi auditus ?

Numquid omnes Apoftoli ? Numquid omnes Propheta? Numquid omnes Doctores?

III.

Tout eft dans l'ordre, lorfque.chacun refte à fa place. Chaque état dans l'Eglife, comme dans le Corps politique, a fes bornes, qu'il ne peut paffer fans donner dans le ridicule. Les pieds & les mains ne peuvent prétendre aux fonctions de l'œil & de la langue. Quand une femme affecte le langage du Docteur, le fage auditeur a de la peine à fe contenir.

Difficili bile tumet jecur.

Il diroit volontiers, fi les bienféances ne l'arrêtoient.

@ptat ephippia bos piger.

I V.

L'Evêque pofféde feul la plénitude & la perfection du facerdoce, dont Jefus-Chrift a été revêtu par fon Pere. S'il communique fon pouvoir à des Miniftres inférieurs, il conferve toujours la fuprême jurifdiction & la fouveraine éminence dans les fonctions hiérarchiques; fans lui on ne doit rien faire dans l'Eglife, comme JesusChrift n'a rien fait fans l'ordre de fon Pere. Il est l'image de Dieu, le Prince des Prêtres."Qui ,, l'écoute, écoute Jefus-Chrift, qui le méprise, ,, méprise Jesus-Chrift; enfin qui n'amasse point 5 avec lui, diffipe „.

دو

Qui cum Epifcopo non colligit, fpargit.

Qui vos audit, me audit, & qui vos fpernit,

me fpernit..

V

Quiconque ne communique pas avec fon Evêque, reconnu pour Catholique, fe flatte envain de communiquer avec l'Eglife universelle; ce n'eft que par la communion avec l'Evêque diocésain, que le peuple fidéle demeure unià toutes les Eglifes du monde. Telle eft la doctrine des Peres: "L'Evêque, dit S. Cyprien, eft dans ,, l'Eglife, & l'Eglife dans l'Evêque; celui qui , n'est point avec l'Evêque, n'eft point dans l'E» glife. Ceux qui n'ont point la paix avec les

S. Cypr: ep. 33.

Luc, c.

IO.V. I