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ma les indulgences comme une douane, et remplit l'Europe entière du scandalę de ce trafic, qui plongea pendant trois cents ans la chrétienté dans les horreurs de la guerre civilc et enleva à l'église romaine la moitié de

ses sectateurs.

La religion n'est pas comptable sans doute

alliée, 6 liv. Pour celui qui a défcré une vierge, 7 liv. 4 s. Pour celui qui a tué son père, sa mère, son frère, sa seur, sa femme ou quelqu'autre parent ou allié, laïc néanmoins, 6 liv. Si le mort étoit ecclésiastique, l'homicide seroit obligé de visiter les saints lieux. Pour celui qui brûle la maison de son voisin, 7 liv. 4 s. Pour des habitans qui auroient tiré de l'église un meurtrier qui s'y seroit réfugié, 86 liv. 12 S. ».

On y trouve aussi le prix fixé pour celui qui révèle la confession d'un pénitent, pour le faussaire, le parjure, le sacrilége, le concubinage, la sodomie, la bestialité, ect. ect.. enfin en un seul article, pour absoudre tous les crimes, 67 liv. 10 s.

Il faut convenir que cette invention était trèscommode pour les riches scélérats qui pouvoient acheter le paradis à beaux deniers comptans. Les pauvres, n'ayant pas les mêmes ressources, ne pouvoient jouir des mêmes faveurs, aussi ont-ils été obligés dans tous les tems de le conquérir à force de vertas.

des crimes de ses ministres, ni le clergé actuel des forfaits de ses devanciers, et nous sommés bien éloignés de vouloir porter aucune atteinte à leur auguste caractère. Mais au moment où la nation se régénère, nous avons dû lui rappeler ses droits, nous avons dû déchirer le voile qui couvroit tant diniquités, opposer les monumens historiques aux cris du fanatisme, et rassurer les consciences timorées, relativement à la légitimité de la propriété nationale sur les biens de l'église, en démontrant la nullité de donations faites par des donateurs imbécilles et trompés, à des donataires avides et trompeurs, de donations dont les motifs, tels que l'impunité des crimes, le rachat de l'enfer, la simonic du paradis et la proximité de la fin du monde, étoient absurdes et coupables, et les conditions impossibles à remplir; car il n'étoit certainement pas au pouvoir de prêtres fripons et fanatiques, d'enchaîner à leur gré le bras de l'Eternel, de le rendre l'exécuteur de leurs vengeances; de dicter les décrets de sa justice, de vendre ses graces et sa clémence, et d'échanger contre les biens de la terre les trésors célestes dont assuré

ment ils avoient moins de droit que personne d'être les dispensateurs. Nous avons dû démontrer que les maux et l'opprobre de l'église avoient été la suite de l'esprit d'orgueil, de cupidité et d'avarice naturel à un corps de célibataires qui s'est condamné à renoncer aux plus saintes et aux plus douces affections de la nature, et rendre sensible à tous que l'intérêt de l'état et l'intérêt de la religion exigeoient également que les ministres du culte ne formassent plus une aggrégation politique, et que rendus à leurs véritables fonctions ils trouvassent dans la juste reconnoissance de la nation, une existence honorable, et dans la sainteté de leurs mœurs le respect dû au plus noble ministère dont un homme puisse être revêtu, celui d'officier de morale et de médiateur entre le ciel et la terre.

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Coalition de toutes les classes privilégiées contre la nouvelle forme du gouvernement. Rébellion excitée par l'évêque de Tréguier. Conciliabule de gentilshommes à Toulouse. Ligue des magistrats avec le clergé, la noblesse et les pays d'Etat. Prolongation des vacances de toutes les cours de justice. Démarche séditieuse des Parlemens de Rouen et Metz, déférée par le roi à l'Assemblée Nationale.

LE décret qui assuroit les droits de la nation sur les biens ecclésiastiques, fut reçu avec transport par les bons citoyens qui voyoient dans ces vastes possessions une nouvelle source de prospérité nationale, un gage assuré de la dette de l'état et le salut de l'honneur françois. Mais à la première atteinte portée au clergé, l'aristocratie des corps se réveilla avec fureur : la prélature, la noblesse, les pays d'état, les parlemens se réunirent pour tout diviser. Ils sentirent que ce combat seroit un combat à mort; que le riomphe de l'esprit public seroit infaillible

ment suivi de leur anéantissement, et ne pouvant comprendre qu'ils gagneroient comme citoyens ce qu'ils perdoient comme évêques, comme nobles, comme magistrats, ils résolurent de tout renverser pour sauver leur existence privilégiée, dussent-ils être eux-mêmes ensevelis sous les débris de l'empire.

C'est de cette époque que la capitale et toutes les parties du royaume furent inondées de pamphlets et d'écrits séditieux, d'arrêtés, de mandemens et autres libelles incendiaires sous toutes les formes. L'évêque de Tréguier débuta le premier dans cette honteuse carrière, et prenant texte d'une lettre du roi à tous les prélats de France, pour les inviter à ordonner des prières dans tous les diocèses, à l'effet d'obtenir du ciel cette paix si nécessaire pour établir parmi les hommes le règne des loix et de la justice, représenta la révo lution qui s'opéroit, comme la subversion de tout ordre; les principes de la constitution, comme le renversement des principes de la nature et de la foi; la tolérance, comme une impiété; la liberté, comme une révolte; l'égalité, comme une monstrueuse chimère; enfin il exhortoit les prêtres à détromper les

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