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l'on vit des curés s'opposer à la profession de ceux qui vouloient se faire moines, jusqu'à ce qu'ils eussent payé le droit de sépulture, disant que puisqu'ils mouroient au monde par la profession religieuse, il étoit juste qu'ils s'acquittassent de ce qu'ils auroient dû si on les avoit enterrés. Ils mirent un impôt sur l'empressement de l'amour conjugal, et ce ne fut qu'en 1409 et par arrêt du parlement que les nouveaux mariés

purent passer

titude de ne pas souiller le sanctuaire par un homicide, et de se borner à condamner le coupable à faire une amende honorable envers celui auquel ils rendoient les derniers devoirs. On lui met aussitôt une torche à la main et on l'oblige de rester à genoux devant la bierre. Pendant que cette scène se passoit, on avoit arrêté des prêtres dans la rue, on leur avoit ouvert la sacristie pour se vêtir des ornemens nécessaires à la cérémonie funèbre. Vingtquatre cierges sont allumés autour du corps; la garde-nationale arrive avec sa musique et assiste à la grand'messe et à l'enterrement. Le lendemain le curé qui ignoroit le refus odieux fait aux parens de Perrot, célébra lui-même, pour le défunt, un service solemnel. Après avoir ainsi honoré la mémoire du père, on pourvut au sort des enfans, er le cri de l'humanité fit enfin disparoître une des plus criantes vexations qui ayent déshonoré l'église.

ensemble les trois premières nuits de leurs noces, et les maris habiter avec leurs femmes sans la permission de l'évêque. Ils mirent un impôt sur la tendresse maternelle : des prêtres barbares lioient sur l'autel l'enfant qu'ils venoient de baptiser, et ne le détachoient qu'après avoir reçu une riche offrande du parrein et de la marraine; pour terminer le rachat on le portoit ensuite au cabaret, lieu digne de tels trafiquans et d'un tel négoce. Ils mirent un impôt sur le repentir du coupable, et ce ne fut qu'à prix d'argent qu'il put obtenir des ministres d'une religion qui ne prêche

que désintéressement et mépris des richesses, la grace d'une réconciliation que son divin auteur n'a fait dépendre que de la pratique des vertus, et de la pureté des affections du cœur. Par-tout les brigands sacrés, les foudres de l'église à la main, mettoient à contribution et l'enfance et la vieillesse, et le crime et la vertu, et la vie et la mort, effrayoient les peuples, faisoient taire les loix, et trembler les souverains jusques sur leur trône.

S. Louis fut le premier qui osa défendre contre eux les droits de la couronne et ceux

du genre humain. Il fut le premier qui sut

briser dans leurs mains les armes spirituelles jusques-là si redoutables, en déclarant, de concert avec les grands du royaume, qu'une excommunication injuste est essentiellement nulle, et en leur défendant, à peine de la saisie de leur temporel, d'en frapper les tribunaux. Mais ce fut sur-tout à la constance inébranlable des parlemens, au réveil de la raison, au progrès des lumières et à la renaissance des lettres, que la nation dut son affranchissement de cette odieuse ty

rannie.

Combien de sources non moins impures ne trouveroit-on pas encore aux richesses du clergé? Que ne pourroit-on pas dire de cette foule de fausses chartes, de faux testamens, de fausses donations imaginées pour couvrir ses rapines, depuis la donation de Constantin jusqu'à la fabrique de faux titres établie dans l'abbaye de SaintMédard de Soissons, où le faussaire Guernon se vanta au lit de mort d'avoir ainsi enrichi à lui seul tous les monastères de son ordre? Que ne pourroit-on pas dire de ces fausses légendes et de ces faux miracles inventés, suivant M. de Fleury même, soit

pour attirer des offrandes par l'opinion des guérisons miraculeuses, soit pour conserver les biens des églises par la crainte des punitions divines; et de l'infâme trafic des dépouilles des morts, sous le nom de reliques, et de la manie des pélérinages qui en fut la suite et porta le dernier coup aux mœurs publiques et privées, en faisant expier les désordres d'une vie criminelle, par les désordres d'une vie vagabonde, et de la pieuse phrénésie des croisades qui précipita l'Europe sur l'Asie, dévasta ces deux parties du monde et fit passer entre les mains du clergé qui les acheta à vil prix, presque toutes les propriétés foncières de la France? Il faudroit des volumes pour suivre dans tout son cours le plus incroyable systême de rapines que les hommes ayent jamais conçu. Mais nous ne pouvons terminer ce tableau dont nous sommes nousmêmes effrayés, sans dire un mot du purgatoire et des indulgences qui procurèrent aux prêtres l'une des mines les plus abondantes qu'ils eussent exploitées. Que de pieuses fraudes, que de dévots stratagêmes furent mis en usage pour faire valoir ces nouvelles branches de revenus! que de révélations, d'appari

tions (a), de prodiges de tout genre, pour

(a) On pourroit citer mille traits de ce genre de fourberies. Pour en donner une idée, nous nous bornerons aux deux suivans.

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« L'illustre maison de Saint-Memin avoit donné de grands biens au couvent des cordeliers d'Orléans et avoit sa sépulture dans leur église. La femme d'un seigneur de Saint-Memin étant morte son mari fit un présent à ces pères. Mais comme il ne leur parut pas assez considérable, ils résolurent de déterrer la défunte pour forcer le veuf à la faire réenterrer en les payant mieux. D'abord l'ame de la dame apparut à deux religieux, et leur dit qu'elle étoit damnée parce que son mari n'avoit pas donné assez. . . . Cela donna du soupçon et la rumeur fut grande. Les cordeliers changèrent alors de batterie et mirent la dame en purgatoire. Elle apparut de nouveau, déclarant que le purgatoire étoit son partage, et demanda d'être déterrée. On espéroit que M. de Saint-Memin préviendroit cet affront extraordinaire en donnant quelqu'argent; mais il n'en fit rien; et la demande d'être jetée hors de l'église ne fit qu'augmenter les soupçons. L'ame depuis ce tems ne parla plus: elle se contenta de lutiner tout le monde dans le couvent et dans l'église. Les cordeliers l'exorcisèrent; le frère Pierre d'Arras qui la conjuroit lui disoit : si tu es l'ame de madame de Saint-Memin, frappe quatre coups, - et on entendit les quatre coups: - si tu es damnée, frappe six coups, et les six coups furent frappés :

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