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Paris, dans l'intention de répandre de l'inquiétude sur ses sentimens, et d'exciter ainsi une défiance éternelle entre la nation et le pouNoir exécutif. Le prince voyoit alors avec douleur se propager des idées aussi injurieuses à son courage qu'à sa loyauté, et qui d'ailleurs entretenoient une fermentation générale, dont les effets éclatoient souvent par des insurrections et des actes de violence. Il pensa qu'il feroit beaucoup pour le retour de la paix en fixant l'opinion sur ses sentimens politiques, et que la manifestation la plus authentique et la plus simple seroit aussi la plus digne de son caractère et de la majesté royale.

Ce fut au milieu des représentans de la nation qu'il crut devoir rendre compte de ce qu'il avoit fait, de ce qu'il vouloit faire, et consigner sa profession de foi sur la révolution qui s'opéroit dans le royaume. Il se rendit le 4 Février, sans pompe (a), à

(a) Le lendemain de cette séance où la simplicité touchante du monarque avoit expié le vain appareil des lits de justice, les ministres écrivirent à l'Assemblée pour lui témoigner leur desir qu'il ne

́ ́Assemblée, entouré seulement de ses ministres, mais précédé par l'espérance que tout le peuple avoit conçue de la rectitude de son jugement et de son amour pour la paix et le bonheur de la patrie. A son arrivée, la salle retentit d'acclamations; il prit place devant le fauteuil du président, qui avoit été décoré pour lui; mais il ne s'assit pas. Un profond silence succéda aux premiers mouvemens de la joie, et toute l'Assemblée étant debout et dans l'attente, il parla ainsi :

«MESSIEURS,

« La gravité des circonstances où se trouve la France, m'attire au milieu de vous. Le relâche

fût point fait mention dans le procès-verbal de la manière dont il s'y étoit rendu. « Pouvoit - il', dit le Courier de Provence, s'y rendre d'une manière plus noble? Les ministres aimoient-ils mieux la pompe qui avoit environné le roi le 23 Juin? Demandèrent-ils alors que la mention en fut effacée du procès-verbal? Pourquoi vouloient-ils ravir au prince la gloire de sa simplicité? L'Assemblée en refusant de céder à leur desir, montra qu'elle con-, noissoit la vraie grandeur, et qu'ils n'avoient pas su l'apprécier

ment progressif de tous les liens de l'ordre et de la subordination, la suspension ou l'inactivité de la justice, les mécontentemens qui naissent des privations particulières, les oppositions, les haines malheureuses qui sont la suite inévitable des longues dissentions, la situation critique des finances 1 et les incertitudes sur la fortune publique, enfia l'agitation générale des esprits, tout semble se réunir pour entretenir l'inquiétude des véritables amis. de la prospérité et du bonheur du royaume.

» Un grand but se présente à vos regards, mais il faut y atteindre sans accroissement de trouble et sans nouvelles convulsions. C'étoit, je dois le dire, d'une manière plus douce et plus tranquille que j'espérois vous y conduire, lorsque je formai le dessein de vous rassembler, et de réunir pour la félicité publique, les lumières et les volontés des représentans de la nation; mais mon bonheur et ma gloire ne sont pas moins étroitement liés au succès de vos travaux.

Je les ai garantis par une continuelle vigilance' de l'influence funeste que pouvoient avoir sur eux les circonstances malheureuses au milieu desquelles vous vous trouviez placés. Les horreurs de la disette que la France avoit à redouter l'année der nière, ont été éloignées par des soins multipliés et des approvisionnemens immenses. Le désordre que l'état ancien des finances, le discrédit, l'excessive rareté du numéraire et le dépérissement graduel des revenus devoient naturellement amener ce désordre, au moins dans son éclat et dans ses excès,

a été jusqu'à présent écarté. J'ai adouci par-tout, et principalement dans la capitale, les dangereuses conséquences du défaut de travail; et nonobstant l'affoiblissement de tous les moyens d'autorité, j'ai maintenu le royaume, non pas, il s'en faut bien dans le calme que j'eusse desiré, mais dans un état de tranquillité suffisant pour recevoir le bienfait d'une liberté sage et bien ordonnée: enfin, malgré notre situation intérieure généralement connue, et malgré les orages politiques qui agitent d'autres nations, j'ai conservé la paix au-dehors, et j'ai entretenu avec toutes les puissances de l'Europe les rapports d'égards et d'amitié qui peuventrendre cette paix durable.

» Après vous avoir ainsi préservés des grandes contrariétés qui pouvoient si aisément traverser vos soins et vos travaux, je crois le moment arrivé, où il importe à l'intérêt de l'état que je m'associe d'une manière encore plus expresse et plus manifeste à l'exécution et à la réussite de tout ce que vous avez concerté pour l'avantage de la France. Je ne puis saisir une plus grande occasion que celle où vous présentez à mon acceptation des décrets destinés à établir dans le royaume une organisation nouvelle, qui doit avoir une influence si importante et si propice sur le bonheur de mes sujets et sur la prospérité de cet empire.

» Vous savez, Messieurs, qu'il y a plus de dix, ans, et dans un tems où le vœu de la nation ne s'étoit pas encore expliqué sur les assemblées provinciales, j'avois commencé à substituer ce genre

d'administration à celui qu'une ancienne et longue habitude avoit consacré. L'expérience m'ayant fait connoître que je ne m'étois point trompé dans l'opinion que j'avois conçue de l'utilité de ces établis semens, j'ai cherché à faire jouir du même bienfait toutes les provinces de mon royaume; et pour assurer aux nouvelles administrations la confiance générale, j'ai voulu que les membres dont elles devoient être composées fussent nommés librement par tous les citoyens. Vous avez amélioré ces vues de plusieurs manières, et la plus essentielle, sans doute, est cette subdivision égale et sagement motivée, qui en affoiblissant les anciennes séparations de province à province, et en établissant un systême général et complet d'équilibre, réunit davantage à un même esprit et à un même intérêt toutes les parties du royaume. Cette grande idée, ce salutaire dessein vous sont entièrement dûs, il ne falloit pas moins qu'une réunion de volontés de la part des représentans de la nation, il ne falloit pas moins que leur juste ascendant sur l'opinion générale, pour entreprendre avec confiance un changement d'une si grande importance, et pour vaincre, au nom de la raison, les résistances de l'habitude et des intérêts particuliers.

»Je favoriserai, je seconderai par tous les moyens qui sont en mon pouvoir, le succès de cetre vaste organisation, d'où dépend à mes yeux le salut de la France, et je crois nécessaire de le dire, je suis trop occupé de la situation intérieure du royaume, j'ai les yeux trop ouverts sur les dangers de tout genre

don

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