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1795.

VIII Epoq. contre deux mille Espagnols, leur fit perdre six cents hommes; et cette action conserva Collioure, comme peu de jours ensuite Perpignan fut sauvé par l'affaire qui cut lieu sous les murs de cette place.

An 2. 17 juillet.

1.er août.

Le général Dagobert avait réuni son armée au camp du Maz-deRoz, que l'on appela le camp de l'Union. L'armée française, non compris les corps détachés et les garnisons, était là de douze mille hommes. L'armée espagnole, de trente-six mille, fut repoussée. Les troupes montrèrent un grand courage, les revers passés leur avaient fait sentir le besoin de la discipline et de la subordination. Les généraux français cités dans cette action, qui rétablit l'honneur des armes républicaines dans cette partie de la guerre générale, sont Dagobert, Barbantanes et Giacomi.

Ce fut alors que la nouvelle constitution apportée aux troupes, fut acceptée, et cet acte solennel rompit des mesures et des intelligences pratiquées avec les Bordelais opposants, qui avaient projeté de se réunir à cette armée pour défendre le territoire, mais en même temps pour la réunir à eux.

Le général Deflers accusé par les corps administratifs, venait d'être destitué par le comité de salut public, et remplacé par Barbantanes. L'ennemi s'empara de Ville-Franche qui fut livrée. La garnison l'abandonna sans résistance La supériorité des Espagnols assurait partout leur succès; et les destitutions continuelles des généraux ne permettaient pas d'opposer à cette supériorité de nombre, un système suivi de résistance et de défensive; un conseil assemblé résolut de maintenir le camp de l'Union. La force de l'armée était au total de vingt-neuf mille hommes, dont douze mille occupaient ce camp; le reste dispersé dans les garnisons d'Olette et à Perpignan, à Collioure, à Salces, dans les communications faibles partout, donnait un prodigieux avantage à l'ennemi, qui pouyait choisir son attaque et y réunir des forces; vu la position respective des armées, la résistance soutenue des Français devait étonner plus que les avantages de l'ennemi; il attaqua sans suc

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cès le camp situé à Corneilla et le poste de Mosset. Une entre- VIII Epoq. prise des républicains sur Illé et sur Millas, fut également sans résultat.

A 2.

Le général Dagobert commandait en chef une division à la droite de l'armée, qui seule agissait, tandis que la gauche couvrait Perpignan; il attaqua l'armée espagnole au Mont-Louis, devenu Mont-Libre. Cette bataille manœuvrière et disputée, fut décidée par un mouvement du général Dagobert; vers la fin de l'action indécise, il se mit à la tête de la ligne d'infanterie, elle parcoùrut, au pas de charge sans tirer, un espace de quatre cents toises qui la séparait de l'ennemi; il n'attendit pas, et ne put soutenir cette attaque; sa retraite fut une déroute jusqu'à Puicerda, qui fut 24 août. pris deux jours après. Cette journée fut glorieuse à l'armée républicaine, elle se trouva enfin sur le territoire ennemi; mais ces succès brillants étaient toujours rendus infructueux par des revers sur d'autres points. Les Espagnols restèrent vainqueurs à une autre attaque du camp de Corneilla, puis aux moulins d'Orlez, où la 27 août. déroute des Français fut complète; et peu de jours après, le camp d'Olette fut repris sur les Espagnols commandés par leur général

en chef Ricardos.

A la gauche, près de Perpignan, ils résolurent et tentèrent un effort qui pouvait décider la campagne à leur avantage. A mille toises des glacis de la place, on avait établi un poste fortifié au village de Vernet. Ce poste occupé par trois cents hommes commandés par le chef de brigade Soulheime, fut attaqué par douze mille Espagnols, et se maintint jusqu'à la moitié du jour; obligé de se replier sur la place, les Espagnols s'en approchèrent, et y envoyèrent quelques boulets. L'alarme pouvait y devenir dangereuse. Le général d'Aoust, qui commandait dans Perpignan, réunit la garnison, et appela à lui, des postes voisins, un renfort qui porta ses forces à sept mille hommes; il fit sentir au conseil et aux habitants le danger de laisser les Espagnols maîtres d'un poste aussi voisin de la ville, et qui, par les secours dont ils pou

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An.2.

VIII Epoq. vaient se fortifier, leur en assurait bientôt la possession. D'Aoust n'hésita pas à rattaquer à l'instant les Espagnols qui, malgré la supériorité du nombre, furent forcés à la retraite. Le représentant commissaire Fabre fut toujours, pendant cette action, à la tête des troupes. Le même jour, d'Aoust rattaqua le poste de Peyreistortes, dont les Espagnols s'étaient aussi emparés, et dont ils furent chassés. Cette action releva les courages; et peu de jours après, Ville-Franche se rendit sur la sommation hardie d'un officier français, qui feignit que l'armée, commandée par Dagobert, s'avançait pour attaquer la ville.

8 octobre,

Plusieurs combats furent encore livrés à Nils, à Panteilla, à Trui!las, où l'avantage ne resta pas aux républicains; mais les Espagnols ne purent cependant pas se maintenir dans ces postes, ils se retirèrent aussi de celui d'Argelés, et se réunirent au camp de Boulon.

Cependant la cour de Madrid alarmée des progrès que faisait Dagobert dans les deux Cerdagnes et dans la Catalogne, fit revenir huit mille hommes de son armée des Pyrénées occidentales. Cette diversion affaiblit cette partie, et y donna du relâche aux troupes républicaines; mais les échecs et les revers se succédèrent plus rapidement dans l'armée des Pyrénées orientales. Tureau fut nommé général en chef. Le total de son armée, à cette époque, se trouva de quarante mille hommes. Les représentants commissaires voulurent alors tenter une expédition sur Roses. On n'avait rien à op29 brumaire. poser à la flotte espagnole qui croisait dans ces parages. Le pays était entièrement contre les troupes républicaines. Cette expédition échoua. On commençait à s'apercevoir dans les armées que la trop grande influence des commissaires représentants de la convention pouvait devenir nuisible; leur prépondérance fatiguait et rebutait les généraux ; une rude expérience leur avait appris qu'ils ne pouvaient pas impunément lutter d'autorité contre cette autorité civile, dont les commandements étaient des lois dans les camps comme à la tribune. Les généraux alors laissaient agir, s'étudiaient seule

ment

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An 2.

ment à mettre leur responsabilité à couvert, ou se retiraient dans les VIII Epoq. places derrière l'armée. Une cour se formait autour des commissaires tout puissants, et cette cour avait aussi ses flatteurs, et souvent des hommes mal intentionnés donnaient de faux avis et des conseils perfides. Bientôt à Tureau succéda le général Doppet. Après l'expé-dition de Roses manquée, l'armée, pour se rapprocher des frontières, marcha sur Ceret, et s'établit ensuite au camp de Villelongue. L'armée espagnole, renforcée de six mille Portugais, attaqua 15 frimaire. ce camp, le força, et les républicains y furent totalement défaits. Les Espagnols s'emparèrent du col de Bagnols, qui leur donnait l'entrée sur le territoire français. La fin de cette campagne qui fut à peine interrompue, ne fut plus qu'une suite de revers; toutes les places maritimes, Collioure, Port-Vendre, Saint-Elme, se rendirent; et la retraite de l'armée sur Perpignan, fut une déroute où le représentant commissaire Fabre chercha une mort glorieuse dans les rangs ennemis.

Les Espagnols furent encore un moment secondés par une insurrection qui se forma dans les provinces méridionales, et qui tenait, par les rapports secrets, à celles de Bordeaux, de Lyon et de Mar. seille; là, le mot république n'avait pas cessé d'être tracé sur les drapeaux des partis opposés; dans le département de la Lozère, l'étendart royal fut levé, et les insurgés prirent hautement le nom de royalistes. Cette entreprise suscitée du dehors, n'avait, ni assez de moyens préparés au dedans ni assez de force par soi-même.

Charier fut à la tête de ce rassemblement; il avait été député à la première assemblée constituante, et n'avait marqué que par ses opinions et par les protestations qu'il avait signées; il eut d'abord des succès, s'empara de plusieurs villes; à Mendes, tout fuit, il ne resta que les enfants et les vieillards. Déja les insurgés étaient au nombre de huit mille; ils s'emparèrent ensuite de Marucjols, de Saint-Alban et de Rendon; partout l'arbre de la liberté, qu'un décret avait ordonné d'élever dans toutes les communes, fut abattu; le drapeau tricolor déchiré; ils saisirent les caisses publiques, ouvrirent les

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An 2.

VIII Epoq. prisons, et rétablirent les religieuses dans leur couvent. Dans ces contrées où, de tout temps, deux cultes partageaient les habitants, les différences d'opinions religieuses rendirent les divisions politiques plus tranchantes et plus haineuses. Les protestants, longtemps gênés, retrouvaient à la fois les libertés dont l'homme est le plus jaloux. Les catholiques penchèrent vers l'ancien gouvernement qui leur assurait leur ancienne suprématic; et les chefs des deux partis se servirent souvent de ces motifs pour les rattacher à leur suite. Cependant quelques exemples donnés à propos, eussent facilement terminé ces discordes. On en vit un dans une commune, à Dorthés, dans les Basses-Pyrénées le maire Darnaudat, ex-constituant, alarmé du progrès des divisions religieuses qui prenaient partout un caractère civil et politique, hasarda, par une proclamation, d'inviter les citoyens des deux religions à se réunir le dimanche matin à l'église catholique, et le soir au temple protestant. Les deux ministres prononcèrent chacun dans leur église un discours analogue à la circonstance, et les opinions religieuses ne troublèrent point cette commune. Ce fait simple, mais remarquable, que le bronze ne consacrera pas, méritait que le burin de l'histoire le laissât pour modèle à la postérité.

12 février.

Bientôt les insurgés, par leur excès, armèrent le pays contre eux. A Maruejols, les administrateurs avaient été égorgés. Une proclamation de Charier eut peu d'effet; et, quoiqu'il obtînt d'abord quelques avantages sur les troupes rassemblées à la bâte, lorsque les gardes nationales de Saint-Flour et des départements voisins furent réunies, Charier fut défait dans une action, entre Valsiège et SaintEtienne de Valdone, pris, conduit à Rhodez, et exécuté peu de temps après. Ainsi se termina cette insurrection, dont la convention apprit presqu'en même temps les progrès et la défaite.

A l'armée d'Italie, les Français étaient restés maîtres du comté de Nice, et avaient maintenu leurs postes avancés, à Sospelo; ce poste fut attaqué, pris et repris plusieurs fois avant l'ouverture de la campagne. On avait tenté en même temps une expédition sur la

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