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VII Epoque pas suffi pour en ranimer le courage, un demi-revers suffit pour

$795.

20 avril

21 avril

22 avril

l'abattre.

Le général français jugea que s'il s'exposait à une seconde bataille, il serait battu, et qu'une défaite serait une déroute. Il se décida à repasser la Gette en arrière, et à occuper le camp situé sur les hauteurs de Cumptich. Les Impériaux entrèrent dans Tirlemont d'où on avait eu le temps d'évacuer les magasins; ils se formèrent en avant de la ville, les deux armées encore en présence et trèsprès l'une de l'autre. Dumourier, le même jour, prit encore une position en arrière, à Bautersem, sa droite appuyée au village de Neerwelpe, sa gauche sur les hauteurs et dans les bois en avant de Pellemberg. Ce même jour, les ennemis attaquèrent Diest où était une garnison aussi forte que l'assiégeant, et qui abandonna ce poste sans résistance. Alors, Dumourier craignant d'être coupé de Maline et de Bruxelles, se rapprocha de Louvain, gardant en avant les hauteurs du Pellemberg, et s'étendant sur sa droite, par les bois de Mezendael, et par le poste de Florival, jusqu'à l'entrée de la grande forêt de Soignies. Cette position couvrait Louvain et Bruxelles; les Impériaux l'attaquèrent, le 22, sur tous ses points, et partout furent repoussés avec perte. Champmorin sur le Pellemberg, résista à toutes les attaques qui se succédèrent pendant la journée. Leveneur, avec les dix-huit bataillons de l'armée des Ardennes, occupait les hauteurs de Mezendael. Les grenadiers hongrois s'emparèrent d'abord d'un village en avant de sa position; ils y furent rattaqués et délogés, avec un grand carnage, par le régiment d'Auvergne.

L'attaque contre l'avant-garde fut moins vive et également repoussée; et cette journée brillante amena les premières négociations militaires, entre les généraux. Il paraît qu'ainsi que cela s'était passé à Valmi, où la résistance imprévue décida les Prussiens à offrir leur retraite, et le conseil exécutif à l'assurer; ici la résistance des Français en retraite décida à leur offrir une retraite sûre, et l'état où Dumourier se voyait, le décida à l'accepter. Il paraît

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.1793.

pourtant qu'avant cette époque, nulles communications n'avaient vVII Epoque, existé entre les généraux en chef des deux armées; mais bientôt, aux jacobins de Paris, on fit savoir au général vaincu quel sort lui était préparé; et c'est alors que profitant des ouvertures commencées avec les généraux autrichiens, il traita ouvertement avec eux, pour marcher sur Paris, et dissoudre la convention.

Danton et Lacroix, commissaires de la convention étaient venu joindre Dumourier, dans le camp de Louvain; ils le pressèrent d'abord beaucoup de retirer une lettre qu'il avait écrite peu de jours avant, à la convention. On n'avait pas osé y lire cette lettre, qui était une peinture trop vraie de l'influence des jacobins; il les accusait de tous les désordres et de la désorganisation de l'armée, et par suite, de tous les revers qu'elle venait d'éprouver; ils craignirent l'effet de cette dénonciation authentique, et eurent le pouvoir de la supprimer. Les commissaires étaient retournés à Paris, et Danton donna d'abord le signal de la proscription du général vaincu. « Il faut dit-il à la tribune des jacobins, il faut le décrocher « de l'armée, ensuite nous en ferons justice. » Il ne fut plus question alors que du traître Dumourier; sa tête était demandée tous les jours à grands cris; et ces dispositions qui ne purent lui être inconnues, influèrent sans doute sur les résolutions qui furent prises dans les conférences avec les généraux ennemis.

Le lendemain de l'affaire de Louvain, les Impériaux avaient encore attaqué les corps postés sur le Pellemberg; le combat s'était soutenu avec avantage; mais, sur le soir, la retraite du général Lamarche, entraîna celle de la droite et du centre, et le désordre devint général. Le matin du même jour, Dumourier avait envoyé au camp autrichien, le colonel Montjoie, chargé selon l'usage de traiter de l'échange des prisoniers. Il reçut quelques ouvertures, sur l'intérêt réciproque des deux armées, de convenir d'une suspension d'armes. Dumourier saisit cette occasion d'entrer en pourparlers, et, sur l'invitation qu'en reçut le colonel Mack, celui-ci se rendit le même soir à Louvain. Il fut convenu verbalement, que

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VII Epoque. la retraite des Français se ferait tranquillement et en ordre, qu'elle ne serait inquiétée, qu'autant qu'il serait nécessaire pour couvrir l'intelligence secrète des généraux. Ils se virent ensuite et conférèrent ensemble dans une maison isolée, située sur la montagne de Fer, près de Louvain; là, il est vraisemblable que les projets ultérierement entrepris, furent convenus; sinon, la réunion des deux armées, pour ma cher sur Paris, du moins une suspension d'arme, pendant que Dumourier y marcherait avec son armée. La retraite de Louvain se fit de nuit et fut si désordonnée, que les généraux eurent peine à rallier les troupes à moitié chemin de Bruxelles, sur les hauteurs de Cotzenberg.

24 avril.

25 avril.

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D'après les conventions faites, Dumourier fit les dispositions pour effectuer sa retraite ; il était nécessaire d'en imposer à l'ennemi: l'accord entre les généraux n'était pas connu des armées. On forma une arrière-garde de 25 bataillons de ligne, de toute la cavalerie et d'une forte division d'artillerie; ce corps d'environ douze mille hommes, était tout ce qui restait organisé, et couvrit la retraite du reste de l'armée qui retournait en France, par bandes et en désordre. Dumourier prit son premier camp sous Bruxelles, et le lendemain fit évacuer la ville, avec ordre et en règle; il n'y eut par ses soins, ni pillages ni excès. Les Belges ne reprirent point les armes qu'ils venaient de déposer, et la retraite ne fut point inquiétée par les habitants des campagnes, ainsi qu'il arrive souvent dans les désastres. Cette modération des deux partis fait au moins honneur à l'humanité et la civilisation. Le général français avait pourvu en même temps à la retraite des autres parties de son armée, étendue par corps détachés, depuis Gertruidenberg, jusqu'à Namur. Dharville, avec un corps de douze mille hommes, occupait cette partie; mais cette division était fournie en partie des gainisons des places frontières, déja menacées par une armée de vingt mille hommes, que le général Beaulieu et le prince de Hohenloë amenaient du pays de Luxembourg. Ils pouvaient laisser Namur, et pénétrer en France par Givet ou Maubeuge; il ne fallait plus

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songer à se maintenir dans le pays ennemi, il s'agissait de conserver VII Epoque. le sien, garder les places, les couvrir en réunissant les débris de l'armée dans des camps retranchés, y attendre et y recevoir les renforts. On avait décrété la levée de trois cent mille hommes; mais cette mesure était loin encore d'être effectuée.

Dumourier, dont l'imagination ardente ajournait ses projets, sans y renoncer, avait d'abord voulu conserver la citadelle de Namur, par une forte garnison; bientôt l'état des affaires et les sages avis que le vieux général Bouchet lui envoya à Bruxelles, lui prouvèrent que les garnisons abandonnées à leurs propres forces, seraient bientôt des troupes prisonnières et perdues pour l'armée en retraite; Namur et la citadelle furent évacuées, et les troupes se retirèrent en ordre et en corps d'armée par Maubeuge.

De fortes garnisons tenaient encore les villes de Gertruidenberg, de Breda et la citadelle d'Anvers. Dumourier forma d'abord le plan de conserver par ces postes, une communication de la France à la Hollande; le reste de l'armée qui en avait commencé l'attaque sur le Moerdik, devait se retirer en échelons sur les places intérieures, Anvers, Dendermonde, ayant l'Escaut devant elle, et venir former un camp entre Harlebek et Courtrai. On relevait en même temps les lignes et les forts du camp retranché entre Dunkerque et Bergues, et on en traçait un autre sur le Mont-Cassel, pour y recevoir les troupes arrivant de l'intérieur; toutes les idées indépendantes étaient toujours bien combinées dans la tête de Doumourier; mais ne sachant, ne voulant ou ne pouvant pas les lier au système de l'intérieur, ne songeant qu'à diminuer ou détruire les partis qui tenaient le gouvernement, ne pouvant ni les concilier entre eux, ni se concilier avec eux, tous ses projets se trouvaient déjoués, et ses plans bien conçus manquaient à l'exécution, parce que les moyens qui partaient du centre, bien loin d'être assurés dans sa main, lui arrivaient toujours avec une direction opposée à ses vues. Commander une armée au dehors sans être d'accord avec le pouvoir intérieur qui la met en action, sera toujours l'écueil des talents militaires et même

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VII Epoque. du génie. Dumourier se perdit et faillit perdre son pays, pour avoir voulu sauver sa patrie malgré elle. De Bruxelle, la retraite de l'armée continua sur deux colonnes, l'une passant par Enghein et Ath, l'autre par Hal et Braine, se dirigeant sur Mons.

a6 avril. 27 avril.

A Ath, Dumourier reçut de la convention l'ordre de faire arrêter le général Miranda en qui on poursuivait non-seulement le général vaincu à Nerwinde, mais plus encore l'ami de Pétion, et du parti de la Gironde. Il est probable aussi que ses moyens de défense étant nécessairement à la charge du général en chef, ce moyen d'attaque contre lui était préparé d'avance. En jugeant le général en second que le chef ne pouvait s'empêcher d'inculper, c'était pour l'instruction du procès, faire entrer le chef en cause.

Du jour même de cette arrestation, commencèrent publiquement les communications de Dumourier, avec les généraux de l'empereur; le colonel Mack vint à Ath, et c'est au prévenu qu'il appartient de s'accuser lui-même par-devant le tribunal de l'histoire. « On convint que l'armée française resterait encore quelque temps sur la frontière, dans la position de Mons, Tournay, Courtrai, sans être inquiétée par l'armée impériale; que le général Dumourier, qui ne cacha plus au colonel Mack, le projet qu'il avait de marcher sur Paris, réglerait, quand il serait temps, les mouvements des Impériaux, qui n'agiraient que comme auxiliaires; que s'il n'avait pas besoin de secours, ce qui était à souhaiter pour les deux partis, les Impériaux resteraient sur leur frontière sans s'avancer, et que l'évacuation totale de la Belgique, serait le prix de cette condescendance; que si, au contraire, il ne pouvait pas opérer tout seul, non pas la contre-révolution, mais la réformation, c'est-à-dire, le rétablissement d'une monarchie constitutionnelle, il indiquerait lui-même le nombre et l'espèce de troupes dont il aurait besoin pour réussir dans son projet, et qu'on ne les ferait marcher que sur sa direction, Le général lui annonça sa marche du lendemain sur Tournay, celle du général Neuilly sur Mons, et celle de l'armée de Hollande sur Courtrai.

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