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d'après une telle affirmation, qu'il y avait à la préfecture une prison spéciale pour les femmes, ou du moins un local quelconque où elles subissent une détention de quelque durée; pourtant il n'en est rien, et jamais un pareil état de choses n'a existé.

La prison nommée le dépôt de la Préfecture est un bâtiment où sont momentanément déposées les personnes, de tout sexe et de tout âge, mises en état d'arrestation. Elles n'y séjournent jamais plus d'un jour, sans un motif d'exception, puisqu'aux termes du code d'instruction criminelle, elles doivent être relaxées, ou mises dans les vingt-quatre heures à la disposition du procureur du roi. Ce dépôt est donc nécessairement vidé tous les matins, pour obéir aux prescriptions de la loi : conséquemment, il n'a pu se passer, le 1er février, autre chose que ce qui a lieu tous les jours.

L'intention malveillante de la Quotidienne, en racontant sa petite nouvelle, était de faire entendre que la police avait fabriqué le complot des Prouvaires; elle en donnait comme preuve les prétendus préparatifs qu'elle disait avoir été faits le 1er février pour recevoir les nouveaux hôtes que la police devait arrêter le 2. Ainsi ce journal inventait un mensonge sur des dispositions locales, pour rendre plus vraisemblable son insinuation calomnieuse.

Le second fait n'est pas moins imaginaire; et pour faire voir que l'esprit de coterie politique n'est

pas renfermé dans l'enceinte de la capitale, qu'il s'étend comme un réseau sur toute la France, et que les feuilles de province reçoivent le mot d'ordre pour épouser les préventions et les rancunes de celles de Paris, c'est au journal de la Guyenne que cette fois je vais faire un emprunt.

M. Laurent de Saint-Jullien avait été arrêté à l'occasion d'une fabrique de poudre établie clandestinement à Belleville. M. de Saint-Jullien était souffrant la justice, à sa demande, le fit transférer dans une maison de santé, où malheureusement il expira quelques jours plus tard. C'est à propos de ce triste événement que le journal de la Guyenne raconta comme quoi madame de Saint-Jullien serait venue me demander la translation de son mari dans une maison de santé, comme quoi j'aurais refusé en termes injurieux, et comme quoi j'aurais fait cette réponse barbare: Eh! qu'importe, madame, qu'il meure en prison ou ailleurs!

L'histoire, on le voit, n'est pas mal arrangée pour jeter de l'odieux sur mon caractère, et toutes les bonnes âmes du parti ont dû me vouer à l'exécration.

Cependant je n'ai jamais vu madame de SaintJullien; elle n'a pas même s'adresser à moi pour

pu

réclamer la translation de son mari.

M. de Saint-Jullien se trouvait en état de prévention, et conséquemment il était à la disposition ex

clusive du juge d'instruction. Je n'avais pas plus de droit que le dernier des citoyens à donner ou à refuser la permission qui le concernait. Ainsi, dans le cas où madame de Saint-Jullien serait venue me voir à ce sujet, ma réponse eût été toute simple: « Cela ne me regarde pas, madame; je donnerais >> des ordres, personne ne les exécuterait, parce » que mes agens deviendraient, ainsi que moi, res» ponsables envers la justice pour un excès de pou>> voir. Adressez-vous à l'autorité judiciaire, seule >> compétente. »

Mais je n'ai pas été dans le cas de donner cette courte explication, puisque, je le répète, je n'ai pas vu madame Laurent de Saint-Jullien. Il est faux qu'elle se soit adressée à moi, et la preuve, c'est qu'elle a eu recours à qui de droit, c'est-à-dire au magistrat instructeur qui a ordonné la translation demandée.

Je repousse donc comme un tissu d'impostures tout ce qu'on a publié à cet égard.

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I.

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CHAPITRE VINGT-CINQUIÈME.

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