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riage du dauphin avec l'infortunée Marie-Antoinette, un événement d'autant plus déplorable qu'il fut la conséquence de l'impéritie du pouvoir : cent trente-deux personnes perdirent la vie, écrasées dans la foule, place Louis XV, au moment où l'on tirait un feu d'artifice; le nombre des blessés fut au moins égal.

M. Lenoir remplaça M. de Sartine le 30 août 1774, dans la lieutenance générale de police; il n'y resta d'abord que peu de mois, M. Turgot ayant confié cette charge à son ami, M. Remond d'Albert, dès l'année 1775; mais bientôt M. Turgot, tombé en disgrâce, l'entraîna dans sa chute, et M. Lenoir rentra en fonctions en 1776, pour y rester jusqu'au 44 août 1785.

Sous un roi honnête homme et de mœurs pures, la police abandonna la direction honteuse qui lui avait été donnée par M. de Sartine, et s'occupa efficacement de sa véritable mission. M. Lenoir fit de bons réglemens sur les halles et marchés, sur les approvisionnemens, sur l'arrosement et l'éclairage, sur la mendicité, la salubrité; et enfin il rendit, en 1778, une ordonnance relative à la sûreté de Paris, et une autre sur la prostitution, dont les dispositions sages font encore quelquefois autorité. Ce magistrat porta un coup funeste à l'usure par la fondation du Mont-de-Piété.

Si M. Lenoir n'eut pas toujours la force de ré

sister à l'influence des grands seigneurs, qui, souvent, obtinrent de sa déférence des emplois lucratifs pour leurs créatures, il faut lui tenir compte des difficultés de son époque, de la force des traditions, et ne pas perdre de vue que la nation n'était pas encore débarrassée de l'action fatale que les courtisans exerçaient sur la direction des affaires publiques. M. Lenoir mourut pauvre, en l'année 1807.

M. Thiroux de Crosne succéda à M. Lenoir le 11 août 1785. Il se trouvait encore revêtu d'une charge trop lourde pour ses moyens, lors de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789. M. de Crosne s'empressa de se démettre de ses fonctions entre les mains de la nouvelle autorité municipale qui siégeait à l'Hôtel-de-Ville. Il fut ainsi le quatorzième et dernier lieutenant général de police.

CHAPITRE TROISIÈME.

III

La police après la prise de la Bastille et pendant la terreur. — Lois des 24 août 1790 et 22 juillet 1791.

La révolution de 1789 jeta dans les pouvoirs établis une perturbation dont la police se ressentit immédiatement. Les fonctions de lieutenant-général de police avaient été désertées, et l'institution ellemême aurait péri au milieu des mouvemens populaires, si les électeurs réunis à l'Hôtel-de-Ville pour édifier un nouveau pouvoir municipal sur les ruines de celui qui s'écroulait n'eussent pas formé un comité permanent pour administrer la police.

Ces électeurs, après avoir composé un conseil général de trois cents membres élus par soixante comités, confièrent l'administration de tous les intérêts de la cité, ou, en d'autres termes, toutes les attributions placées maintenant dans les mains du préfet de la Seine et du préfet de police, à un seul conseil de ville, formé de soixante membres qui se

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