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que l'huile No. 1 n'avoit éprouvé aucun changement, du moins en apparence.

2°. Que celle de l'expérience No. 2, préfentoit au fond de la liqueur, fur les parois du vafe, une couche de petits criftaux, de la groffeur d'une tête d'épingle, dont la forme, très-bien caractérisée, paroiffoit celle d'un rhombe allongé.

3°. Le flegme, marquant vingt-trois degrés, ne présentoit aucun changement.

4°. L'huile, marquant foixante-quatre degrés, préfentoit à sa surface trente à quarante criftaux figurés en rhombes allongés, ayant à-peu-près quatre lignes de long fur trois de large & une d'épaiffeur.

J'ai décanté la liqueur que furnageoient les criftaux, & en ai trouvé une couche de femblable au fond du vafe. L'huile décantée, mife dans un grand vafe de verre (le thermomètre montoit toujours, par la chaleus du foleil qui donnoit déjà fur les murs voilins) a été convertie presque tous en criftaux dans l'efpace d'un quart-d'heure. L'huile qui furnageoit, coulée fur des plaques de verre, s'y figeoit dans la minute, & formoit une fuite de criftaux implantés les uns dans les autres. Un carreau de vitre, enduit de cette huile, s'en eft recouvert au point que j'ai retiré deux onces fept gros d'huile de vitriol de la fonte de cette efpèce d'in

cruftation.

5. L'huile provenant du deliquium des criftaux, & affoiblie an foixantième degré, par fon expofition à l'air, n'a donné aucun figne de criftallifation, quoique j'en euffe rempli des tubes de verre mince, pour que le froid le frappât mieux.

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Au plaifir de répéter mon expérience, j'ai joint la fatisfaction de rendre témoins de tous ces phénomènes, plufieurs de mes confrères de l'Académie, tels que MM. Mougues, Peyre, Joyeufe. Bertholon; Brun, &c. Deux d'entr'eux, MM. Peyre & Joyeufe, affociés Chimiftes, eu le plaifir de voir fe former & croître, à vue d'œil, des cristaux de l'huile décantée de deffus la première couche criftallifée & mise dans une grande capfule. Plufieurs cristaux ont acquis fous nos yeux en quelques minutes une longueur d'un pouce, & nous avons vu que le rhombe qui paroît d'abord, n'eft qu'un feginent de prifme, & qu'il s'allonge par l'addition & l'application de nouveaux cristaux.

Dans le nombre infini de criftaux qui fe font formés, il y en a avec pyramide & d'autres fans pyramide.

Il me paroît réfulter de cette expérience; 1o. que l'huile très-concen→ trée ne criftallife point; 2°. que l'huile concentrée entre le foixante-troifième & le foixante- cinquième & demi à un aéromètre, marquant foixante-fix dans celle du commerce, criftallife facilement; 3°. que le degré de froid convenable eft depuis -I jufqu'à

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3.

Ce fait me paroît nouveau, & je vais le rapprocher de deux connus qui paroiffent avoir de l'analogie avec lui.

1o. Meyer rapporte (Effais de Chimie, Chap. XVIII,) que lorsqu'on rectifie une huile de vitriol bien fumante, telle que celle de Nordhaus, il passe des vapeurs qui fe condenfent dans le récipient bien lutté, en une liqueur que le froid coagule en une matière faline. Ce fel fume violemment quand on ouvre le récipient. Le Chimifte d'Ofnabruck a cru que c'étoit une combinaifon de fon caufticum avec l'huile de vitriol, & on m'a rapporté que M. de Fourcroy, qui a vérifié l'expé rience, attribuoit ce phénomène à une combinaison particulière du gaz fulfureux & d'huile de vitriol.

Ce phénomène, très-intéreffant par lui-même, & fur-tout par la manière dont ce dernier Chimifte l'envifage, ne me paroît avoir aucun rapport avec les obfervations que j'ai rapportées ci-deffus. 1°. Les criftaux dont j'ai parlé ne fe volatilifent point, ils fondent au feu & fe réduifent en huile. 2°. Expofés à l'air, il ne s'en dégage ni fumée ni odeur.

Nous devons à M. le Duc d'Ayen de fuperbes expériences fur la congélation de l'huile de vitriol. Ce célèbre amateur des fciences profita du froid extaordinaire qu'on éprouva à Paris à la fin de Janvier 1776, pour expofer à une fenêrre, dans des foucoupes de porcelaine, de l'acide vitriolique, à divers degrés de concentration. La nuit du 27 au 28, l'acide concentré fe gela après fept à huit heures d'expofition. L'acide affoibli par l'eau ne donna aucun figne de congélation, même après trente heures,

M. de Morveau a répété l'expérience le 15 Février 1782; & après avoir obtenu de la glace par un froid artificiel de feize degrés au-deffous de zéro, il fe convainquit que l'huile pouvoit fe geler à un froid moindre, & les portions d'huile qui avoient réfifté à l'impreffion d'un froid auffi violent, fe figèrent à quelques degrés au-deffus de zéro. Il observa même des ftries à la furface de la glace, ce qui me paroît annoncer un délinéament de criftallifations. Mais, d'un côté, le rapprochement ou trop forte concentration de la liqueur, & de l'autre le froid violent qu'on lui appliqua précipitèrent confufément les parties intégrantes de l'huile, & ne lui permirent plus un arrangement fymmétrique.

Le manque d'eau de criftallisation doit néceffairement s'opposer à la formation des criftaux; & pour que ce phénomène eût lieu, il falloit de l'huile de vitriol, qui n'eût été portée par la rectification naturelle qu'au foixante-troisième ou foixante- cinquième degré, & je ne crois pas qu'on obtienne cet effet en affoibliffant à ce degré l'huile déjà concentrée, car l'huile de vitriol, préalablement concentrée & enfuite affoiblie par l'eau, ne me paroît pas exactement de la même nature

que

que celle qui eft portée au même degré par une concentration naturelle. 1o. Il y a un principe colorant & autres matières qu'on dégage par la rectification, & qu'on ne redonne point par l'addition de l'eau. 2°. L'huile dont on a arrêté la concentration au foixante-quatrième degré, ne diffout pas l'indigo au point de porter la partie colorante fur les étoffes; tandis que Phuile bien concentrée & affoiblie par l'eau au même degré, fait de très beau bleu. Ces expériences ont été faites & répétées très en grand dans la fabrique de flanelles de MM. Ifael & Luchaire, à Monpellier. 3°. Les criftaux de l'huile au foixante-cinquième degré, tombés en deliquium & expofés à la nême température, n'ont plus cristallifé, quoique le deliquium ne marquât que foixante-quatre. Ce fait me paprouver que l'eau & l'humidité de l'air qui fe combinent avec l'acide y développent & entretiennent une chaleur permanente qui ne le rend pas impreffionable au même degré de froid."

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Le 11 au foir & le 12, deux onces de ces criftaux enfermés dans une cornue que j'ai bouchée bien exactement avec un bouchon de liége, & expofée à une température de 4 degrés, ne font pas tombées en deliquium, tandis que les criftaux qui s'étoient formés dans la grande capfule, & que j'ai laiflés dans le vafe, expofés à une température de + I, font prefque tous tombés en deliquium, au point d'être déjà totalement déformés, ce qui me fait préfumer qu'on pourra garder les criftaux dans un laboratoire, en mettant le flacon qui les contient dans un endroit frais. On pourroit eflayer de plonger le flacon dans l'eau, l'éther ou autre liqueur froide.

Le phénomène que je viens de décrire eft fans contredit une véritable criftallifation. Mais il paroît fe rapprocher des congelations, en ce que, dans la première expérience de ma fabrique, tout le liquide

figé en crittaux, & qu'il n'y avoit pas une goutte de ce que nous appelons eau mère. Mais il me paroît qu'un fel quelconque, qui ne fera tenu en fufion ou diffolution que par la feule eau de criitatifarion, doit produire des effets femblables fi on lui applique un froid fuffifant pour pénétrer toute la masse.

Ce fait me paroît prouver encore que la loi de la criftallifation, fi bien préfentée par MM. Linné, de Lifle, Sage, Daubenton, Hüy, eft plus générale qu'on ne l'a cru, & qu'elle s'étend jufqu'à ces matières que nous étions autorifés à regarder comme des êtres fimples avant les belles expériences de M. Lavoilier.

OBSERVATION

D'HISTOIRE-NATURELL E.

Gabriel Grumet de Montpie, fils d'un Capitaine au Corps Royal du Génie, eft né à Saint-Rambert en Bugey, avec une plume implantée fir la tête, laquelle a pris de l'accroiffement pendant quatre mois, fe tenant

droite comme un épi, & eft tombée au bout de ce tems. Elle a été recueillie ; & on y obferve, fur-tout avec une loupe, les principaux caractères d'une véritable plume; favoir, un filet longitudinal, fur lequel font attachées, de part & d'autre, fymétriquement & par étages, des petites barbes, dont les unes paroiflent avoir la nature de la plume & les autres celle de cheveux. On a cru ce petit phénomène affez curieux pour en conferver la mémoire. M. de Montpie, père de l'enfant, a fait placer cetre plume dans une bague fous un criftal. M. de la Lande, de l'Académie des Sciences, l'a vue, & attefte le fait que nous venons de rapporter.

NOUVELLES LITTÉRAIRES. TRAITÉ des Affinités chimiques, ou attractions électives ; par BERGMAN, traduit du latin fur fa dernière édition, augmenté d'un Jupplément & de notes, avec des Planches: 1 vol. in-8°. Prix, 5 liv. broché, 6 liv. relié ; & franc de port par la pofte, 5 liv. 10 fols broché. A Paris, chez Buiffon, Libraire, hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins, No. 13.

Le traité des Affinités de Bergman eft un des plus beaux de cet illuftre favant. C'eft un fervice rendu à la France que de l'avoir fait paffer dans notre langue. On a ajouté des notes confidérables pour expliquer fans phlogiftique ce que ce Profeffeur fuédois avoit expliqué par le phlogiflique.

Théorie des Etres fenfibles, ou Cours complet de Phyfique spéculative expérimentale, fyflématique & géométrique, mife à la portée de tout le monde, avec une Table alphabétique des matières, qui en fait un vrai Didionnaire de Phyfique: nouvelle édition, redifiée, perfectionnée, affortie aux modernes découvertes, & augmentée d'un cinquième volume; par M. l'Abbé PARA DU PHANJAS. A Paris, rue Dauphine, No. 116, chez Didot fils, Libraire pour le Génie & F'Artillerie.

Londres & fes environs, ou Guide des Voyageurs curieux & amateurs dans cette partie de l'Angleterre, qui fait connoître tout ce qui peut intéreffer & exciter la curiofité des voyageurs, des curieux & des amateurs de tous les états, avec des inftrudions indifpenfables à connoître avant d'entreprendre ce voyage, & une notice des principales villes les plus commerçantes & les plus manufaâurières des trois Royaumes. On y a joint des vues des principaux édifices &

maifons royales, & une carte gravée en taille-douce: Ouvrage fait à Londres, par M. D. S. D. L. A Paris, chez Buiffon, Libraire, hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins: 2 vol. in-12.

Cet Ouvrage contient beaucoup de chofes qui concernent les arts & les sciences.

TABLE

DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER.

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DES principes généraux de la théorie de l'Eleāricité ;` par s

M. EPINUS: extrait de l'Ouvrage de M. l'Abbé Haüx, page 401 Extrait du Mémoire de M. OSBURG, pour fervir de fupplément à la Differtation de M. le Chevalier LORGNA, fur la Terre du Sel amère d'Epfom ou Magnéfie, comme partie conflituante de l'alkali minéral : traduit des Annales chimiques de M. CRELL,

417 Lettre aux Auteurs du Journal de Phyfique fur la nouvelle Nomenclature chimique, 418 Mémoire de M. PROZET, de l'Académie d'Orléans, fur le raffinage du Sucre

424

431

Defcription d'une Machine à comprimer l'Air ; par MM. DUMOTIEZ, extrait des Regiftres de l'Académie Royale des Sciences, du 11 Août 1787, Analyfe chimique & comparée du Vin de Saint-Berthelemi, près d'Angers, & fpecialement des Bouteilles de différentes qualités dans lefquelles on l'a mis au mois d'octobre 1786; Par M. TESSIE DU CLOSEAU, de l'Univerfité de Montpellier, Dodeur-Régent de la Faculté de Médecine d'Angers, Affocié Correfpondant de la Société Royale, Membre de la Société d'Agriculture, & Profeffeur de Chimie à Angers, Differtation fur le Thos; par M. MILLIN DE GRANDMAISON, 438 Extrait d'un Mémoire fur l'irritabilité des organes fexuels d'un grand

432

nombre de plantes; par M. DESFONTAINES, de l'Académie des Sciences, & Profeffeur de Botanique au Jardin public des Plantes de Paris,

447 Suite de la Lettre de M. BENJAMIN FRANKLIN, à M. DAVID LE Roy, Membre de plufieurs Académies, contenant différentes Obfervations fur la Marine,

456 Obfervations fur la Criflallifation de l'huile de Vitriol; par M. CHAPTAL,

Obfervation d'Hifloire Naturelle,

468

473

474

Nouvelles Littéraires,

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