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ESSAI

De la Mine de Cobalt grife arfenicale entremêlée de Galène, de Chatelaudren;

Par M. CAVILLIER, Elève de l'Ecole Royale des Mines.

ON distingue dans ce minéral, de la galène spéculaire à larges facettes,

parfemée de mine de cobalt arfenicale, d'un gris blanc argentin, & quelques filets de quartz renfermant de la blende rouge. Cette mine expofée à l'humidité, & enfuite à l'air fec, fe recouvre en peu de tems d'efflorefcences lilas & verte, efflorefcences qui indiquent la préfence du cobalt & du nickel. Dans les divers morceaux que j'ai eu, la mine de cobalt arfenicale s'y trouve auffi abondamment répandue que la galène.

Un morceau de cette mine de cobalt féparé de la galène & essayé au chalumeau a présenté les résultats fuivans: il a décrépité très-fortement & exhalé une grande quantité d'arfenic ; enfuite le cobalt s'eft réduit & a produit un bouton en partie recouvert d'une fcorie brunâtre.

Ce bouton mis fous le marteau s'y eft brifé facilement, & a été séparé de la fcorie qui l'entouroit. Ce régule de cobalt s'eft diffous trèspromptement dans l'acide nitreux, à l'aide de la chaleur ; il s'en eft dégagé des vapeurs de gaz nitreux. La diffolution a pris une couleur rofe. Un peu de fel marin jeté dans cette diffolution lui a fait prendre une couleur verte. Un papier trempé dans cette diffolution & expofé au feu a pris une couleur verte, propriété qui n'eft due qu'au fel marin cobaltique, autrement appelé encre fympathique d'Hellot. Le cobalt exifte donc dans cette mine, & dans un grand degré de pureté ; l'expérience fuivante fert encore à démontrer la préfence du cobalt dans cette mine de plomb

fulfureufe.

Un morceau de mine de cobalt femblable au précédent ayant été calciné au chalumeau, & fondu avec du verre de borax, lui a communiqué une belle couleur bleue. Une portion de la chaux de cobalt s'eft trouvée réduite dans le verre: le bouton effayé de la même manière que dans l'expérience ci-deffus, a produit les mêmes résultats.

Cette mine entremêlée de galène ayant été calcinée dans un teft a dégagé beaucoup d'arfenic & un peu de foufre: dans cette opération elle a perdu dix livres par quintal. Par la réduction, elle a produit quarante livres de plomb par quintal; les fcories étoient teintes en verd, couleur produite par le mêlange du bleu du verre de cobalt avec le jaune du verre de plomb.

Le plomb ayant été coupellé a laiffé un grain de retour, qui fais connoître que cette nine contient par quintal quatre onces un gros cinquante-fix grains d'argent, & un peu de cobalt qui ayant été diffous dans l'eau régale, a produit l'encre fympathique d'Hellor.

LETTRE

DE MONSIEUR W..F;

Profeffeur de Botanique à N.

A M. DE LA MÉTHERIE.

MONSIEUR,

Il faut efpérer que les étrangers ne reprocheront plus long-tems aux François d'avoir porté l'efprit de légèreté jufques dans l'Hiftoire-Naturelle & la Botanique. Une telle accufarion n'a d'ailleurs jamais pu regarder qu'un certain nombre de particuliers. Qui auroit ofe faire ce reproche à Tournefort, Vaillant, Juffieu ?

Aujourd'hui le génie d'obfervation fe communique de proche en proche. Une foule de Botaniftes, à la fois bons obfervateurs & inftruits à fond dans la fcience, & cependant encore aflez jeunes, annoncent que c'eft en France que la Botanique va paroître avec le plus d'éclat. On commence à profiter non-feulement des découvertes françoises, mais auffi de celles des étrangers. Les bons Ouvrages du nord n'ont jamais été fi répandus dans le royaume. Cependant, qu'il me foit permis de le dire, ils ne le font pas encore affez. Il en eft deux fur-tout, qui concernent particulièrement les plantes cryptogames, dont les Botaniftes ne peuvent trop fe pénétrer; l'un eft le livre de Schmiedel, intitulé: Icones Plantarum & analyses partium, &c. Noriberga, 1747 = 82, in-fol. Par-tout on y voit l'oblervateur le plus attentif, le plus expérimenté, le plus oculé ( oculatiffimus), examinant toujours fans même fonger à faire de fyftême. Il rapporte feulement ce qu'il a vu; il ne femble que dire: voilà ce qui peut être, quoiqu'il démontre ce qui eft.

L'autre eft la collection de ce que le Docteur Hedwig a publié jufqu'ici fur les cryptogames: Fundamentum Hiftoriæ naturalis mufcorum frondoforum, &c. Lipfia, 1782, in-4°. Theoria generationis & frudificationis Plantarum criptogamicarum, &c. Lipfia, 1784, in-4°. Stirpes cryptogamicæ novæ aut dubia iconibus adumbratæ, additâque hiftoriâ analyticâ illuftratæ. Lipfiæ, 1785, in-fol. Là est démontré la

fructification des mouffes; là il eft prouvé que ce que Linné prenoit por partie mâle, eft juftement la partie femelle. On ne pourra plus nier a fécondation fexuelle des mouffes. Le docteur Hedwig nous y montre les étamines & le piftil dans tous les états. Ordinairement quand les étamines. font en maturité & font leur explosion, le piftil eft encore, ainfi qu'elles, infiniment perit. Cependant l'obfervateur adroit peut y reconnoître, l'aide du microscope, & un germe bien fenfible & un ftyle ou ftygmate. Bientôt ce style perd de fa vigueur: le germe au contraire s'accroît Il étoit d'abord feffile. Il s'élève peu-à-peu fur un pédoncule bientôt fenfible à la vue fimple. C'est la Seta de Linné. Le germe porté par ce pédoncule devient une capfule encore plus vifible. C'eft ce que Linné à très-mal à propos nommé Anthera. Cette capfule eft remplie de femences qui mûriffent & deviennent fécondes. Qu'on ne prétende point que ce ne font pas des femences: le docteur Hedwig les a femées dans un endroit convenable; il les a vu germer, & décrit jufqu'à leurs cotylédons, ou feuilles féminales très-différentes de celles de la tige.

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Telle eft la fructification des Sphagnum, Splachnum, Polytrichum Mnium, Phafcum, Bryum, Hypnum, Fontinalis, Buxbaumia, & Jungermannia, de Linné, en général. On penfe bien qu'il y a enfuite quelques différences génériques ou fpécifiques: que les anthères font quelquefois feffiles & cachées dans les feuilles, & quelquefois nues & fur un pédoncule; que le pédoncule de la capfule eft tantôt court, tantôt long; que la capfule a dans les uns un opercule, & qu'elle en manque dans les autres; qu'elle eft quelquefois univalve, & quelquefois compofée de quatre battans.

Un Botaniste habile, qui découvre en Suiffe de nouvelles richesses qu'on n'auroit jamais efpéré y trouver après tous les travaux de Haller, M. Reynier, (Voy. Journal de Phyfique de mars, pag. 171) n'a cru qu'à fes yeux, & non pas au fyftême de Linné, en difant avec raifon que les parties de la Marchantia polymorpha, qu'il a oblervées, fervoient à reproduire la plante fans le concours des fexes. Mais M. l'abbé P*** (voy. Journal de Phyfique de mai, pag. 352) lui a objecté bien justement que pour n'avoir obfervé avec foin que cette forte de parties, il ne devoit pas nier l'existence & l'ufage d'autres parties, vraiment fexuelles, trèsdifférentes.

Effectivement, ce qui paroît inconnu à MM. Reynier & l'abbé P*** Schmiedel a démontré au mieux tous les organes qui fervent à propager la Marchantia polymorpha. Les uns font de petits godets, obfervés par M. Reynier, dans lefquels font renfermés des corpufcules globuleux, nullement fexuels, & cependant reproduifant l'efpèce. Schmiedel les appelle granula vivipara, & M. Reynier Jes compare ingénieusement & avec fondement aux cayeux de certaines plantes. Mais outre ces corpufcules vivipares la Marchantia polymorpha a des organes mâles

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