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que le fucre fournit le radical acidifiable, tandis que l'acide nitreux donnefon principe acidifiant (l'oxigène, base de l'air pur). Les expériences de M. Schrikel ont prouvé que l'acide qui paffe dans la diftillation du fucre, différoit, par fes propriétés, de l'acide faccharin. M. de Morveau lui a donné le nom d'acide fyrupeux, & il le regarde comme étant l'acide propre du fucre. Ceux qui tiennent encore au fentiment de Bergman, pourroient peut-être croire que l'acide fyrupeux n'eft que l'acide faccha rin lui-même, mais altéré, dans la diftillation du fucre, par fa réaction fur l'huile de cette fubftance. S'H étoit bien démontré que l'acide fyrupeux ou pyro-muqueux ne fût pas l'acide faccharin altéré, on pourroit peut-être dire alors que l'acide fyrupeux eft à l'acide faccharin ce que l'acide muriatique ou marin ordinaire eft au même acide oxigené ou déphlogiftiqué. M. Boucherie propofe une nouvelle hypothèse; l'acide faccharin, dit-il, eft un acide mixte, formé par la combinaifon de l'acide conftitutif du fucre avec l'acide nitreux.

M. Boucherie voulant me prouver que l'acide propre du fucre eft bien différent de celui que Bergman a fait connoître, a ajouté à une diffolution de quatre livres de fucre pur, dans trois livres d'eau, deux onces de chaux vive en pierre; & lorfque la liqueur a été clarifiée, il a reconnu qu'en déduifant du poids primitif de la chaux, celle retirée pendant la clarification, il en étoit reflé environ fix cens grains en diffolution.

M. Boucherie n'auroit pas dû fortir de la queftion, comme il le fait. Jamais Bergman, ni ceux qui ont adopté fon fentiment, n'ont penfé que le fucre pur contînt un excès d'acide faccharin, ils ont au contraire foutenu qu'il en étoit débarraffé par le travail du raffinage. D'ailleurs, l'expérience de M. Boucherie ne prouve riem; 1o. il n'a point examiné fi dans fon réfidu il n'y avoit pas du faccharte calcaire ou oxalate de chaux. 2°. Cette expérience ne prouve point que le fucre contienne un acide particulier : car quoique l'acide fyrupeux forme avec la chaux un fel neutre foluble, on ne voit point que cette chaux ait été diffoute par cet acide; la chaux qu'il a unie à fon fucre, a refté dans Jon état de caufticité. La raifon en eft fimple; quelle que foit la nature de l'acide du fucre, cet acide eft combiné dans cette fubftance, de manière que la chaux n'a aucune action fur lui.

Je ferois affez tenté, d'après l'énoncé de fon expérience, de croire que M. Boucherie ne l'a pas faite lui-même. En effet, il me femble que le poids de la chaux, retirée pendant la clarification, loin d'être diminué de fix cens grains, devoit au contraire être augmenté de celui de l'eau que la chaux faifit avec avidité lorfqu'elle s'éteint. M. Boucherie auroit bien dû m'inftruire s'il l'a recalcinée avant de la pefer, & m'enfeigner quelles font les précautions qu'il a prifes pour qu'il a prifes pour n'être pas induit en erreur..

M. Boucherie n'a donc prouvé que ce que perfonne n'ignoroit, que dans l'analyse du fucre, il y a dans le charbon un peu de chaux. Mais il ne faut pas qu'il croye que cette chaux foit libre dans le fucre; elle y eft dans un état de combinaison avec l'acide de cette fubftance; c'eft un peu de fel étranger au fucre, qui y eft resté uni, malgré toutes les purifications qu'il a fubies. C'eft par la même raifon que, quand on diftille du fucre brut terré, le charbon fournit des indices d'alkali fixe.

Me voici arrivé au morceau le plus intéreffant de la critique de M. Boucherie; c'est l'expérience par laquelle il prétend avoir prouvé à trois favans chimiftes, pour lefquels mes fentimens vont jusqu'à la vénération, que le fucre d'Orléans contient de la chaux; mais ces favans ne feroient pas les premiers dont on auroit furpris la bonne foi, parce qu'incapables de tromper eux-mêmes, ils étoient fans défiance.

J'ai répété l'expérience de M. Boucherie; j'ai fait diffoudre du fucre de toutes les qualités dans de l'eau diftillée, & je n'ai apperçu aucune altération de la couleur du fyrop de violettes que j'y ai verfé. Cette couleur a été feulement modifiée lorfque j'avois diffous un fucre très coloré. Mon témoignage peut être fufpect, mais l'expérience de tous les jours vient à fon appui. Si le fucre raffiné à Orléans ou dans toutes les autres raffineries du royaume, où l'on fe fert de l'eau de chaux, contenoit encore de cette fubftance, au point de changer en verd la coleur du fyrop de violettes, il s'enfuivroit que tous ceux qui préparent ce fyrop, n'auroient jamais réuffi à en faire qui eût confervé fa couleur. Or, je défie M. Boucherie de me citer un pharmacien qui fe foit plaint qu'en employant du fucre d'Orléans, même celui de feconde & troifième qualités, il ait vu changer en verd fa teinture de violettes. Tous vendent du fyrop de violettes d'une belle couleur, & tous ne fe fervent du fucre de Bercy.

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file

L'envie de critiquer porte M. Boucherie à me faire une difpute de mots. J'ai dit que fi le Raffineur n'évaporoit entièrement l'eau de diffolution, au lieu d'une maffe confule qu'il defire, il n'auroit que des criftaux parfaits. Il eft certain que fi je n'avois oublié un mot, & que jeuffe mis l'eau furabondante de diffolution, ma phrafe auroit été plus claire; mais n'eft-elle pas éclaircie par celle qui la fuit, où je parle du rapprochement de la liqueur au degré néceffaire? Y a-t-il un artifte qui n'entende pas ce que j'ai voulu dire? Et en exifte-t-il un qui ignore qu'en perdant l'eau de fa conftitution, le fucre fe décompofe? Mais s'il a quelque apparence de raifon dans cette difpute, combien n'eft-il pas ridicule, lorfqu'il m'épilogue fur la dénomination de gras, que j'ai donnée au fucre brut qui a peu de grain? il n'eft aucun Aureur qui ne l'ait employée. M. de Fourcroy dit que la mofcouade est

Enfin, M. Boucherie devient jufte, il convient que j'ai bien démontré que l'eau dont on fe fert à Orléans ne donne aucun mérite au fucre qu'on y raffine. Cependant, ajoute-t-il, le choix de l'eau n'eft pas indifférent au Raffineur; il y a des puits qui en fournissent de trèsmauvaife, tel eft celui de Bercy, qui m'oblige de ceffer d'y raffiner.

Comment M. Boucherie, qui a tant de moyens de perfectionner la fabrication du fucre, n'a pas celui de corriger la mauvaise qualité de l'eau de fon puits, ou d'y en fubftituer de l'autre. Le fer & les fubstances animales putréfiées, que l'eau de fon puits contient, ne peuvent donner de mauvaises qualités à fon fucre. Si le fer nuifoit dans le raffinage du fucre, ce ne feroit qu'à la couleur, & le fien eft d'une blancheur parfaite. Si le peu de matière animale putréfiée que l'eau de fon puits contient, communiquoit fon odeur défagréable au fucre, combien ne devroit être fétide celui d'Orléans & de toutes les autres raffineries pas du royaume, puifqu'on y verfe à plein feau le fang putréfié, pour la clarification (1); & cependant perfonne ne fe plaint de l'odeur de notre fucre. Celle du fucre de Bercy doit donc tenir aux procédés de M. Boucherie, & dépendre des agens qu'il emploie. La preuve en est certaine; on a raffiné avant lui à Bercy, & alors perfonne ne fe plaignoit de la puanteur du fucre qu'on y raffinoit.

M. Boucherie, qui nie l'existence de l'acide en excès dans les mélaffes & qui fait les rendre criftallifables, peut fe donner tous les avantages fur moi. Qu'il publie un moyen facile de les criftallifer, je ne dis pas fans réfidu ni eau-mère, qu'il donne feulement un procédé pour retirer les deux tiers ou même la moitié de leurs poids en bon fucre, qu'il prouve en même tems que le dégagement des parties faccharines n'eft pas l'effet de la faturation d'un acide; alors je m'avouerai vaincu, & erit mihi magnus Apollo.

(1) Les Raffineurs pour clarifier une chaudière d'environ trois milliers pefant de fucre, y verfent vingt-quatre à vingt-cinq pintes de fang de bœuf. C'est à-peu-près une pinte pour cent vingt livres de fucre. La pinte pèfe deux livres. Le fang que l'on emploie à Orléans eft prefque tout fourni par les Bouchers de Paris ; il eft aisé de voir qu'il n'eft pas frais.

DESCRIPTION

D'UNE MACHINE A COMPRIMER L'AIR;

Par MM. DUMOTIE Z.

Extrait des Regiftres de l'Académie Royale des Sciences,du 11 Août 1787.

Nous Commiffaires nommés par l'Académie, avons examiné une machine de compreffion à double corps de pompe qui lui a été préfentée par MM. Dumotiez, Ingénieurs eninftrumens de Phyfique. (fig. 6, Pl. I.)

Cette machine eft compofée d'un fort cylindre de verre, de huit pouces de diamètre, huit pouces de haut & quatre à cinq lignes d'épaiffeur, lequel cylindre eft retenu entre deux fortes platines de cuivre réunies entre quatre colonnes à vis. La platine inférieure eft percée à fon centred'un trou d'environ trois lignes qui répond au canal qui fournit l'air. La platine fupérieure eft percée d'un grand trou ovale, dont le grand axe eft de quatre pouces & le petit de trois pouces quatre lignes, & ce qui feres à introduire dans le récipient les fubftances qu'on veut mettre en expérience: ce trou fe ferme par une forte platine de même figure retenue au plan par deux traverses de fer.

Les deux corps de pompe font placés de la même manière que ceux des machines pneumatiques à deux corps, & font mis en jeu de même. Les tiges de leurs piftons étant pareillement à crémaillère, mais ce qu'il y a de particulier, c'eft la foupape noyée dans chaque piston, ainfi que les foupapes des fonds des de pompe.

du fond du

corps

Dans les machines de compreffion qui ont précédé celle-ci la foupapet de corps pompe n'eft autre chofe qu'un morceau de veffie qui ne peut réfifter à une forte preflion, qui fe rompt même quelquefois par la preffion crdinaire, & qu'il faut renouveller fouvent, & le pifton de la pompe eft plein, de forte que l'air ne peut entrer dans la pompe que par un trou qui eft fur fon côté, & qui ne fe trouve au-deffous du pifton que lorfqu'il est tout-à-fait remonté. Il faut donc pour le monter foulever let poids de la colonne d'air qui y répond, au lieu qu'au moyen de la foupape que MM. Dumotiez ont mife dans leur pifton, l'air rentre dans la pompe auffi-tôt qu'on commence à foulever le pifton, & l'on n'a d'autre réfiftance à vaincre que celle de fon frottement; ce celle de fon frottement; ce qui épargne beaucoup de fatigue dans l'ufage de leur machine,, & au fond de la pompe ils ont

adapté la foupape conique du fufil à vent qui ferme i bien, que leur machine tient l'air quoique les robinets demeurent ouverts.

MM. Dumotiez ont de plus adapté à cette machine une éprouvette qui eft une espèce de baromètre, dont le tube eft ouvert par le haut, & qui fert à connoître de combien on a augmenté la denfité & le reffort de l'air du récipient

Nous penfons que ces améliorations, ainfi que la folidité & la propreté avec lesquelles cette machine eft conftruite, ainfi que l'application heureuse des différentes pièces empruntées d'autres machines, méritent les éloges de l'Académie,

A l'Académie, le 11 août 1787. Signé, LE ROY, BRISSON. Je certifie le préfent extrait conforme à l'original & au jugement de l'Académie. A Paris, le 18 août 1787. Signé, le Marquis DE CONDORCET, Secrétaire perpétuel,

On peut s'adreffer à MM. Dumotier, Ingénieurs en inftrumens de Phyfique, rue du Jardinet-Saint-André des-Arcs, à Paris. Ils font entièrement ce qui concerne un cabinet de Physique,

ANALYSE CHIMIQUE ET COMPARÉE Du Vin de Saint-Berthelemi, près d'Angers, & fpécialement des Bouteilles de différentes qualités dans lefquelles on l'a mis au mois d'Octobre 1786;

Par M. TESSIE DU CLOSEAU, de l'Univerfité de Montpellier, Dodeur-Régent de la Faculté de Médecine d'Angers, Affocié Correfpondant de la Société Royale, Membre de la Société d'Agriculture, & Profeffeur de Chimie à Angers.

CHARGE par le Tribunal de la Juftice de feconder fes louables inten

tions pour l'ordre & le bien public, d'éclairer & de diriger son zèle dans la recherche difficile d'une vérité chimique, dont la découverte devoit donner la folution du problême qui fait l'objet de ce Mémoire, j'ai entrepris, le 11 mai 1787, l'analylé dont je vais rendre compte. Ce fut à l'époque de la conteftation qui s'éleva entre un Gentilhomme diftingué de cette province & un marchand de bouteilles, qui lui en avoir vendu une quantité confidérable, provenant de la verrerie de Souvigny à Moulins en Bourbonnois. Heureux, fi par mes foins & mes travaux, j'ai pu justifier le choix de cette célèbre compagnie! plus heureux encore

d'avoir

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