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F'état pofitif. Il eft clair que la partie AB étant à une plus grande diftance de la molécule E que la partie AC, ne balance la force répulfive de cette partie qu'à raifon d'un excès d'électricité négative. Or, fi l'on conçoit que la molécule Es'écarte du corps, fuivant la direction RN, il eft aifé de voir qu'elle s'éloignera plus à proportion de la partie AC que de la partie AB. Car fuppofons qu'étant appliquée à la furface du corps A, elle fe trouvâr à un pouce de diftance du centre de la partie AC, que je prends ici terme de comparaifon, & à deux pouces de diftance du centre de la partié AB. Donc, fi elle s'eft écartée, par exemple, d'un pouce dans la direction RN, elle fe trouvera alors à deux pouces de diftance du centre de AC & à trois pouces du centre de A B. Donc la première diftance fera doublée, tandis la feconde ne fera augmentée que dans le rapport de deux à trois. On voit par-là que la molécule E ne peut s'écarter du corps A, que- la répulfion de AC fur cette molécule ne diminue en plus grand l'attraction de AB. Donc par-tout ailleurs qu'au point E, rapport que en allant vers N, l'attraction l'emporte fur la répulfion. Donc le corps A agit fur la molécule E, dans tous les points fitues vers N, comme agiroit un corps dans l'état négatif. Or, le corps G, qui eft pofitif, ne différant d'un dans l'état naturel, qu'à raifon d'un excès de fluide, toute l'action du corps A peut être conçue comme s'exerçant fur cet excès; d'où il réfulte que l'on peut affimiler cette action à celle qui a lieu par rapport à la molécule E. Donc à quelque distance que l'on place le corps G, il

que

corps

fera attiré le

par corps

A.

fans

Il eft facile de voir que fi G étoit dans l'état négatif, il feroit repouffé, au lieu d'être attiré, à quelque diftance qu'on le plaçât du corps A.

31. Concevons maintenant que la molécule E foit plus repouffée qu'attirée. Si l'on fuppofe qu'elle abandonne la furface du corps A, pour fe porter vers N, la force répulfive de la partie AC fur cette molécule diminuant en plus grande raifon que la force attractive de AB (30), on conçoit qu'il y aura un point où la diftance compenfera l'excès de la force attractive, en forte que les deux forces fe balanceront; & à ce point, la molécule E, abandonnée à elle-même, refteroit immobile. Au-delà de ce point, la force attractive de AB, continuant de décroître en moindre raifon, que la force répulfive de A C, deviendra prépondérante, en forte que la molécule fera attirée dans tous les points ficués plus loin que celui où elle étoit en équilibre.

Soit maintenant R ce dernier point; ayant mené la verticale OP, fi Fon conçoir que cette verticale traverse le corps G, qui est cenfé dans l'état pofitif, il eft facile de voir que la partie OM de ce corps fera plus repouffée qu'attirée ;.& qu'au contraire, la partie OS fera plus attirée que repouffée. Or, on peut toujours fuppofer le corps partagé par la ligne OP, de manière que la répulfion d'une part foit égale à l'attraction de l'autre, doù il fuit qu'il y a une pofition où le corps G refteroit immobile, Ot

voit également que ce corps ne pourra fe mouvoir de R en E, fans être plus repouflé qu'attiré, ni de R en N, fans être plus attiré que repouffé.

Sile corps G étoit dans l'état négatif, on auroit des résultats femblables, mais en fens contraire; en forte que ce corps feroit repouffé dans les mêmes circonstances où il eût été attiré, étant pofitif, & vice versa.

32. En appliquant à la molécule D les mêmes raifonnemens que nous venons de faire pour la molécule E, on verra qu'il peut arriver de même, fuivant les divers états des parties du corps A, qu'un corps H fitué du côté de AB, & dans l'état pofitif ou négatif, tantôt reste immobile, & tantôt foit attiré ou repouffé.

33. Nous avons fait voir (16), que fi l'excès de fluide contenu dans AC, étoit égal au défaut de fluide de AB, la molécule D feroit attirée, & la molécule E repouffée par le corps A. On conclura aifément de ce réfultat & de tout ce qui vient d'être dit, que dans le même cas, le corps G étant fuppofé dans l'état pofitif, feroit repouflé à toutes les distances, & qu'au contraire il feroit attiré, s'il fe trouvoit dans l'état négatif.

Mais cette conféquence fuppofe que les deux parties du corps A ont une épaiffeur fenfible. Car fi, par quelque moyen, on pouvoit faire en forte qu'elles fuffent cenfées n'avoir qu'une épaiffeur infiniment petite, on concevra qu'alors le corps G, étant à des diftances fenfiblement égales, par rapport aux deux parties du corps A, feroit autant repouffé qu'attiré, & refteroit immobile à toutes les diftances.

M. Æpinus a représenté ce dernier cas, à l'aide d'une expérience curieufe, Ce Phyficien a pris deux lames de verre, de plufieurs pouces de largeur, & a fixé perpendiculairement fur le milieu d'une des faces de chacune, un manche de verre, en fe fervant de cire à cacheter pour ciment. Ayant enfuite frotté ces lames plufieurs fois l'une contre l'autre par leurs faces libres, puis les tenant en contact immédiat, il a préfenté la furface postérieure de l'une d'elles, à une petite balle de liége fufpendue à un fil de foie. Si l'appareil fe fût trouvé fufceptible de donner quelques fignes d'électricité, cette balle auroit été d'abord électrifée, en vertu de la proximité des deux lames de verre, comme nous le verrons plus bas ; puis attirée jusqu'au point de contact, & enfuite repouffée. Cependant la balle reftoit immobile à toutes les diftances: car, pendant le frottement mutuel des deux lames, une partie du fluide contenu dans celle qui fe trouvoit plus difpofée à en céder, avoit paffé dans l'autre, en forte que la première avoit acquis l'électricité négative, & la feconde, l'électricité pofitive. Mais comme cet effet, affez peu confidérable en lui-même, ne s'étendoit dans chaque lame, qu'à une profondeur infiniment petite (2); en forte qu'il n'y avoit que les furfaces en contact, qui fuffènt fenfiblement électriques, les distances entre ces furfaces & la balle de liége, étant cenfées égales, celle-ci n'éprouvoit aucune action de la part de l'appareil, Au contraire,

dès que l'on écartoit les deux lames l'une de l'autre, la balle étoit à l'inftant attirée par la lame voifine, puis repouffée, auffi-tôt qu'elle avoit touché cette lame. Nous donnerons dans la fuite une explication détaillée de ces attractions & répulfions fucceffives.

34. Examinons maintenant le cas où chacun des deux corps DB, FH, (fig. 4) feroit tel que fes deux parties fe trouvaffent dans divers états, foic pofitifs, foit négatifs. Suppofons d'abord que les parties CD, FG, foient dans l'état pofitif, & les parties BC, GH, dans l'état négatif. Concevons de plus, que, dans le cas où la partie FG exifteroit feule, elle fût repouflée par le corps C, à quelque diftance qu'on la plaçât de ce corps. L'action de C, dans ce cas, eft par-tout la même, que s'il étoit dans un état pofitif. Si nous considérons maintenant l'effet que doit produire l'addition de la partie GH, qui eft dans l'état négatif, nous pouvons imaginer que la quantité de fluide, fouftraite de cette partie, foit en telle proportion 'avec la quantité additive du fluide de FG, qu'il y ait un point où elle compenfe exactement la différence des diftances où fe trouvent les deux parties du corps G, à l'égard du corps C; en forte que l'effet de l'attraction fur GH, foit égal à celui de la répulfion fur FG. Dans ce cas, le corps. G reftera immobile. Maintenant, fi on le place plus près du corps C, alors la partie FG, qui eft dans l'état politif, s'approchant en plus grand rapport vers le corps C (39), que la partie GH, qui eft dans l'état négatif, la répulfion l'emportera. Le corps G fera attiré, au contraire, fi on le place plus loin que la diftance où il eût été immobile.

On aura des résultats femblables pour le cas où la partie FG feroit dans l'état négatif, & la partie GH dans l'état pofitif, excepté qu'il y aura attraction où il y avoit répulfion, dans le cas précédent, & vice versâ.

35. Si les quantités de fluide des deux parties du corps C font telles: que la partie FG, que nous fuppofons de nouveau politive, & placée feule dans le voisinage de C, eût été attirée, puis fût reftée immobile à une plus grande diftance, & enfin, eût commencé à être repouffée à une diftance encore plus grande, il eft clair que le corps C agira d'abord dans cette hypothèse, comme s'il étoit électrifé négativement, puis dans l'état naturel, & enfin dans l'état pofitif: ce cas eft fufceptible de plufieurs folutions. Il fuffira, pour notre objet, de confidérer ce qui fe paffe, tant que le corps G refte dans l'étendue où le corps C agit comme étant négatif.. On conçoit que le rapport des quantités de fluide contenues dans les parties FG, GH, peut être tel, qu'à une distance donnée, l'effet de l'attraction qui auroit eu lieu fur la feule partie FG, foit balancé par un effet égal & contraire ; & à ce point, le corps G demeurera immobile. En-deçà de ce point, vers le corps C, le corps G fera attiré, parce que a diftance de FG, par rapport au corps C, deviendra moindre, à pro

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portion que la diftance de GH (30): au-delà du même point il y aura répulfion.

Si, au contraire, FG eft la partie électrifée négativement, & GH la partie électrifée pofitivement, on aura des phénomènes analogues, avec cette difference que les forces attractives prendront la place des forces répulfives, & réciproquement.

36. Enfin, fi l'on fuppofe BC pofitive, CD négative, & fi le rapport des quantités de fluides de ces deux parties eft tel, que FG étant pofitive, & placée dans le voifinage de C, fût repouffée, puis refiâc immobile à une plus grande diftance, pour commencer à être attirée dans les points ultérieurs ; on concevra, par un raifonnement femblable, qu'il pourra fe faire que le corps G foit repouffé, dans une certaine proximité de C; que placé plus loin, il demeure immobile, & que plus loin encore

il foit attiré.

Concluons de tout ce qui précède, que fi les deux parties d'un corps C font dans deux états différens d'électricité, & qu'il fe trouve à une certaine distance de ce corps, un fecond corps G, électrifé, foit en plus, foit en moins, ou même qui ait auffi fes deux parties différemment électrisées, quelle que foit d'ailleurs la pofition refpective des parties de ces deux corps, on pourra toujours concevoir un point où le corps Grefteroit immobile, & d'autres points fitués en-deçà & au-delà, dans lesquels le corps G feroit, ou plus attiré que repouffé, ou plus repouffé qu'attiré. Obfervons cependant que ces fuppofitions ne peuvent avoir lieu que dans le cas où l'on feroit le maître de faire varier à volonté les quantités de Auide des deux corps, & le rapport de celles que contiennent leurs différentes parties. Nous verrons plus bas, à l'article des attractions & répulfions, comment il peut peut arriver que les fuppofitions dont il s'agit, foient foumifes à certaines conditions, qui refferrent les réfultats entre des limites déterminées.

37. Si les deux corps DB, FH, étoient divifés en plus de deux parties, qui fuffent dans divers états d'électricité pofitive & négative, il feroit toujours poffible de ramener l'eftimation de leur action mutuelle à celle de deux corps électrifés tout entiers, en plus ou en moins, tels que ceux des Numéros 23,25 & 27. Concevons, par exemple, un corps AD, (fig. 5) divifé en trois parties, dont la première CD foit dans l'état pofitif; la feconde B C dans l'état négatif, & la troisième A B dans l'état pofitif. Si l'on fupprime pour un inftant la partie AB, & que l'on confidère l'action des deux parties CD, BC, fur une molécule f de fluide, on trouvera, d'après les principes expofés Numéro 10 & fuivans, un résultat quelconque, qui fera connoître fi le corps DB, compofé des deux parties DC, CB, eft relativement à la molécule f, dans l'état naturel, ou dans un état, foit pofitif, foit négatif. Suppofons que le réfultat donne pour DB un état négatif, On confidérera la totalité DA, comme compofée

de

de deux parties DB, BA, dont la première feroit dans l'état négatif, & la feconde dans l'état pofitif, & l'on recherchera l'action de ce corps fur une molécule b voifine de l'extrémité A. Il réfultera de cette recherche, que la molécule b, ou refteroit immobile, ou feroit attirée ou repouffée par le corps DA. On en conclura l'action de ce corps fur un autre corps G placé à une petite distance, comme pour le cas du Numéro 30.

Si le corps G étoit lui-même compofé de plufieurs parties qui fuffent électrifées pofitivement ou négativement, il fera facile, d'après ce que nous venons de dire, de ramener l'état de ce corps à celui d'un corps électrifé tout entier en plus ou en moins, & de déterminer ainsi l'action réciproque des deux corps DA & G.

EXTRAIT DU MÉMOIRE
DE M. OSBURG,

Pour fervir de Supplément à la Differtation de M. le Chevalier LORGNA, fur la Terre du Sel amère d'Epfom ou Magnesie, comme partie conftituante de l'alkali minéral;

Traduit des Annales Chimiques de M. CRELL, pour l'année 1787; Cahier I, page 24.

UN Chimifte allemand, M. Osburg, dans une Dissertation lue à l'Académie Electorale de Mayence le 3 janvier 1785, & inférée dans les actes de cette Académie pour les années 1784 & 1785, confirme les expériences de M. Lorgna. M. Osburg leffiva l'alkali minéral de la foude & il prit une once de criftaux purs & tombés en efflorefcence, qu'il fit diffoudre dans de l'eau diftillée, puis l'ayant filtrée, il refta un peu de terre. La diffolution fut évaporée jufqu'à ficcité dans une taffe de porcelaine, & enfuite il la fit calciner dans le même vafe. Il la fit diffoudre encore une fois; & il refta encore un peu de terre. Une once ainfi diffoute fix fois, évaporée & calcinée, à la fin la terre, qui étoit reftée fur le filtre, raffemblée fe monta à vingt-fix grains, qui fe comporta comme une terre de fel amère d'Epfom. M. Osburg foupçonna par-là que certe terre par une quantité de phlogistique & du feu étoit devenue foluble, c'eft-à-dire, faline. Pour prouver ce foupçon, il effaya d'analyfer par la voie humide l'alkali minéral au moyen de l'acide marin déphlogistiqué dans lequel il fe diffolvoit. Le mêlange fut évaporé dans un vafe de porcelaine fur le bain de fable, mais il parut que l'alkali minéral n'avoit rien changé. Cette opération fut répétée encore une feconde fois avec les mêmes circonftances, & à la troisième il en résulta un beau fel cristallifé en groupe, qui quoiqu'il eût un goût parfaitement alkalin, cependant ne fe

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