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M. Cavendish. C'eft en quoi ils different de lui; mais ils font d'accord fur le point effentiel, favoir, la production de l'acide nitreux.

Continuation des expériences fur les changemens que les différentes efpèces d'air fubiffent quand les rayons électriques les parcourent pendant quelque tems.

On mit dans un tube de verre d' de pouce de diamètre placé fur le mercure 2 pouces d'air pur. Au bout de huit jours il étoit diminué d' pouces. On fit alors paffer le rayon électrique par cet air pendant 30 minutes, il fut réduit à de fa quantité, & le mercure fut fortement calciné à fa furface.

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Trois pouces d'air phlogistiqué mis dans le même tube fut augmenté d'après que le rayon électrique eut traverfé cet air pendant 5 minutes; dans les 10 minutes fuivantes il augmenta de . On introduifit dans le tube un peu de liqueur cauftique, pour voir fi elle n'abforberoit pas quelques parties de cet air, mais il fut au contraire encore augmenté d' de pouce. Le lendemain cet air fut trouvé auffi diminué qu'il avoit été augmenté. M. Van-Marum conclut que le rayon électrique peut dilater l'air, foit par la chaleur qu'il y porte, foit par la répulfion qu'il y

occafionne.

L'air nitreux éprouvé de la même manière dans un tube où on avoit mis de la lefsive cauftique, fut entièrement réduit en air phlogistiqué, & la leffive contenoit du nitre.

Le même air nitreux mis fur de la leffive cauftique fut de même trouvé diminué & changé en air phlogistiqué après trois femaines, quoiqu'on ne l'eût pas électrifé. La matière électrique fait donc en un moment ce que la leffive cauftique fait feule par le laps du tems.

L'air inflammable n'a donné aucune marque d'acide dans de femblables expériences; il a feulement été dilaté.

L'air alkalin fut augmenté de 3 à 6 pouces en 4 minutes. L'air électrifé ainfi ne fut plus abforbé par l'eau, il étoit en partie inflammable. L'alkali volatil fe conduifit abfolument de la même manière.

Expériences concernant quelques météores électriques.

M. Van-Marum pour imiter des nuages a fait avec de la peau de l'amnios du veau, deux balons contenant chacun deux pieds cubiques, d'air inflammable, & les ayant leftés de manière qu'ils fe foutinffent dans la partie inférieure de l'atmosphère, il les électrifa l'un pofitivement & l'autre négativement. Ils s'élevèrent auffi-tôt, puis fe rapprochèrent pour fe combiner & enfuite defcendre lentement.

Cette expérience explique pourquoi les nuages en s'électrifant s'élèvent, mais en même-tems ils font dilatés. Ils deviennent plus rares, & ne

peuvent plus foutenir la même quantité de vapeurs. Ils laiffent donc échapper quelques gouttes d'eau, qui venant à rencontrer d'autres vapeurs, s'y uniffent, & finiffent par produire une grande pluie. Si le nuage a été élevé à une affez grande hauteur & dans une région trèsfroide de l'atmosphère, ces gouttes d'eau fe congéleront, ce qui formera la grêle.

Il chercha enfuite à imiter la foudre en petit, en plaçant à différentes diftances les unes des autres des furfaces bronzées & des cuirs dorés, difpofés de la manière qu'on peut le voir dans l'Ouvrage, & les électrifant. Il part de ces furfaces des étincelles qui représentent affez bien les éclairs, quand on voit un fort orage à une certaine distance.

Cet intéreffant volume eft terminé par une expofition du systême de M. Lavoifier. M. Van-Marum ayant adopté ce système pour expliquer les phénomènes que lui ont préfenté fes expériences, s'eft cru obligé da l'expofer aux lecteurs Bataves qui ne le connoiflent pas encore.

EXTRAIT D'UN MEMOIRE
Lu à l'Académie des Sciences en 1785;

Par M. PINEL, D. M,

SUR L'APPLICATION DES MATHÉMATIQUES AU CORPS HUMAIN, ET SUR LE MÉCANISME DES LUXATIONS EN GÉNÉRAL.

ON doit avoir regret que l'application de la mécanique au corps humain n'ait point participé dans ce fiècle au mouvement général qui a porté fi loin les autres fciences phyfico-mathématiques; elle n'a (1) fait

(1) On ne doit pas craindre que je veuille renouveller les abus de ce qu'on appelle mécanisme en Médecine. Je luis très convaincu que c'est un objet qu'il faut entièrement abandonner depuis les connoiffances qu'on a acquifes fur ce qu'on appelle folidum vivum, & fur les propriétés de la fenfibilité & de l'irratibilité. Ainfi on doit regarder comme dénuées de fondement l'application que fait Borelli de la mécanique à la circulation du fang, à la fièvre, &c. fes opinions hypothétiques fur la ftructure de la fibre mufculaire, les théories géométrico-mécaniques de Bellini fur ce qu'on appelle la dérivation & la révulfion, &c. J'en dis de mème de tous les efforts qu'ont fait à cet égard Boerhaave, Sauvages & d'autres Médecins mécaniciens. Quelque refpe& qu'on doive d'ailleurs à leur mémoire, je puis affurer que la partie médico-mécanique de leurs écrits infire un mortel dégoût, quand on est peu familiarité avec les fublimes découvertes des G omètres modernes. La feule production de génie qu'on puiffe citer en ce genre, eft la differtation de Jean Bernouilli fur la contraction mufculaire. On ne peut lui reprocher que d'avoir fondé fon calcul fur une structure hypothétique & gratuite des muscles.

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prefque aucun pas depuis Borelli jufqu'à nous, pendant que l'anatomie & la mécanique prifes féparément ont été entièrement renouvellées. Son Ouvrage de motu animalium offre donc beaucoup de théories fuperflues ou furannées, & il feroit à defirer que le petit nombre de vérités démontrées qu'il contient fuffent préfentées avec plus de précifion & affujetties à une marche plus rapide. Cet Auteur fi digne d'éloge ne fait d'ailleurs qu'évaluer la force des mufcles, obje: de pure curiofité. Il s'agit maintenant d'aller plus loin, & de s'élever à quelqu'application utile. Je commence par le mécanisme des luxations.

La marche naturelle qui paroît indiquée pour remédier à tout genre de dérangement, ne doit-elle pas être de le faire des idées juftes & exactes des parties dérangées? Cette marche a été renverfée à l'égard des luxations. On a donné des préceptes pour les réduire lorfque l'anatomie étoit encore dans l'enfance, & on a commencé même dès l'antiquité à introduire pour cet ufage l'appareil effrayant des machines les plus compli quées. Les moyens que propofe Oribafe d'après d'autres Médecins anciens De font que des effais informes qui n'ont qu'un but vague, & qui font dirigés fans méthode. Le moindre Anatomifte, par exemple, qui auroit quelques connoiffances de mécanique pourroit - il ne point fentir le ridicule de la machine qu'il propofe pour réduire la mâchoire inférieure?

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Un Chirurgien célèbre dans un difcours fur le Traité des maladies des os de M. Perit, femble regretter de voir tomber en défuétude les machines des anciens employées à la réduction des luxations. Il ajoute que « faute d'étudier les Ouvrages de ces grands hommes l'on n'en a pas l'idée jufte qu'ils méritent. L'ambi, le banc d'Hippocrate, fon gloffocome ont » été décrits & loués par Ambroife Paré, par Dalechamps, par Fabrice » de Hilden, par Scultet, &c. Je partage avec les autres perfonnes éclairées le refpect qu'on doit à ces grands noms, mais je diftingue les découvertes qui ont rendu ces Auteurs immortels, de celles où ils n'ont pu s'élever par les feules lumières de leur fiècle. La queftion eft d'ailleurs maintenant réfolue par le fait, & la pratique des Chirurgiens qui font habiles en anatomie prouve que toutes (1) les machines jadis employées pour réduire les luxations font fuperflues. On en peut voir chaque jour des exemples à l'Hôtel-Dieu de Paris, où le Chirurgien en chef n'emploie jamais que les fecours de la main.

(1) L'obiet des machines appliquées à la réduction des luxations étoit de contrebalancer l'effort des mufcles; mais les modernes propofent ou mettent en œuvre des moyens plus directs & bien plus commodes pour le Chirurgien & pour le malade; c'eft de faire tomber dans le relâchement le fyftême mufculaire, foit par des extenfions forcées & ré térées, foit en faifant garder le lit au malade, & en l'affoibliffant par la diète & des purgatifs répétés. On peut voir dans le Journal de Médecine de Londres de cette année la réduction d'une luxation de l'humerus facilitée par l'état de foibleffe & de défaillance qu'avoit produite une prife de tartre émétique.

Je ne foumettrai point ici à un examen critique les divers traités qui ont été compofés fur les luxations. Je remarquerai feulement que leurs Auteurs fe font bornés en général à donner des préceptes pour les réduire & pour remédier aux accidens qu'elles peuvent faire naître, mais que l'objet primordial, qui eft le développement de leur mécanisme, a été négligé, & que la Chirurgie a befoin à cet égard d'une théorie nouvelle. On en verra des preuves en parcourant les Mémoires divers que je donnerai fur chaque luxation en particulier. Je n'avancerai rien qui ne foit fondé fur des obfervations conftatées, fur la pofition & la ftructure des parties, fur des vérités démontrées de mécanique, ou fur des pièces anatomiques préparées & propres à faire connoître l'état des luxations non réduites. Je me bornerai d'ailleurs à confidérer les déplacemens des os, produits par des coups, des chûtes ou toute autre violence externe, & je n'examinerai point ceux qui proviennent d'une cause interne & d'un vice organique.

Il est bien malheureux que des gens de l'art croient pouvoir réuffic dans la réduction des luxations fans avoir fait une étude particulière des articulations & du jeu refpectif des os, des ligamens & des muscles qui les forment. C'eft-là fans doute la fource des fautes fréquentes qu'on commet, & dont je donnerai dans la fuite des exemples: ce qu'il y a encore de pire, c'est que la confiance générale fe porte for la claffe des renoueurs qui, entièrement dépourvus de connoiffances d'anatomie, tiraillent au hafard les membres qu'ils veulent réduire, font quelquefois heureux par leur témérité, mais expofent toujours à des tourmens vains & fuperflus; & comment pourroit-il en être autrement, quand on ne met point un jufte rapport entre les moyens qu'on prend & l'effet qu'il s'agit de produise?

La mécanique appliquée à l'union des os & aux efforts des ligamens ou des mufcles doit répandre le dernier degré de lumière dans l'aitiologie des luxations, puifque les os agiffent comme des leviers, les ligamens comme des puiffances qui contrebalancent les efforts nuifibles, & les mufcles comme d'autres puiffances qui tantôt empêchent le déplacement & tantôt le favor fent. Cette réunion de la mécanique & des connoiffances anatomiques, n'eft pas feulement néceffaire pour rendre la théorie complette & fatisfaifante, elle fert encore à éclaircir des cas doureux, à établir des préceptes folides pour la réduction, & à diriger les efforts du Chirurgien avec précision & avec justesse. C'est souvent le peu de connoiffances en ce genre qui éternifent les difputes. On en voit un exemple dans celle qui s'éleva aurrefois au fujer de la rupture du tendon d'Achille, dont la poffibilité auroit été facilement démontrée, en partant de la cinquante-troisième propofition de l'Ouvrage de Borelli.

Dans la fuite des Mémoires que je me propose de publier, j'éviterai toute application de ce qu'on appelle mathématiques tranfcendentes,

pour

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