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La première paire eft au-delà du pli des épaules, & la dernière eft plus fous la cuiffe que fur le ventre. Les deux autres paires étant fur la même ligne, fe trouvent ainu placées plutôt fur les flancs que fous le corps. Elles ont la vulve très-relevée & l'ouverture du vagin affez grande.

Les mâles font modulés fur une échelle plus petite, mais cette différence eft légère. Les teintes de leur pélage font auffi en général moins foncées. Les tefticules ne font pas apparens au dehors. La verge dans fon état ordinaire eft elle-même cachée dans un fourreau fort épais, mais lorfqu'elle s'étend, elle a 15 lignes de long & a de tour à sa racine. L'ouverture du gland eft formée par deux anneaux cartilagineux. Le prépuce a dans fa partie fupérieure deux petits crochets cartilagineux, blancs & longs de trois lignes, lefquels, fe recourbant en avant, viennent aboutir prefqu'au bord même du prépuce; ces crochets affez gros à leur infertion fe terminent en une pointe furmontée d'un petit bouton jaune & femblable aux étamines de certaines fleurs. Tout le prépuce eft garni en outre de très-petites pointes blanches cartilagineufes & recourbées vers la racine de la verge. D'après cette conformation fingulière, il y a lieu de croire que l'accouplement de ces animaux a, comme celui des chats, des inftans douloureux, ou même que le gland une fois gonflé dans la vulve, ne peut en être retiré qu'au bout d'un certain tems, ainsi qu'il arrive aux chiens.

Avec un appareil prodigieux relativement à la petite taille des jerbos,, dans les parties de la génération, l'on peut préfumer qu'ils font trèsardens en amour. Il paroît qu'ils font également féconds, car ils font très-multipliés en Arabie, en Syrie, en Egypte & en Barbarie. Il est probable que dans le nord ces facultés font fort affoiblies. Je conjecture même qu'ils s'y engourdiffent pendant la faifon la plus rigoureuse, & qu'ainfi ils doivent beaucoup moins fe propager que dans les pays

méridionaux.

L'examen des parties intérieures ne m'a rien fourni d'extraordinaire: ila feulement fervi à me confirmier un fait dont je m'étois prefque déjà afluré par l'obfervation: c'est que les jerbos ne ruminent point, ainfi que des favans étoient portés à le croire, (voyez les tablettes inftructives des voyageurs que le Roi de Dannemarck a envoyés en Orient, par M. Michaelis, quest. 92) & la preuve fans réplique, c'eft qu'ils n'ont qu'un feul eftomac.

Ils fe trouvent communément dans la baffe Egypte, fur-tout dans le Balfiré ou partie occidentale. La dénomination de rats ou de fouris de montagne leur a donc été fauffement attribuée, puifque toute la partie inférieure de l'Egypte eft une plaine exacte. Haffelquitz dans fon voyage prétend que cette dénomination a été imaginée par les François. Mais ce Suédois s'eft trompé toutes les fois qu'il a voulu mal parler de notre nation (voyez mes Remarques fur la mangoufte, publiées l'année

que

dernière dans le cabier du mois de mai.) Le petit nombre de François qui commercent en Egypte ne favent ce que c'est que le rat de montagne. Ĉe font des favans étrangers qui ont ainfi appelé le jerbo ; &, ce qui a particulièrement induit en erreur à ce fujet l'illuftre Profeffeur de Gottingue, M. Michaelis, c'eft une équivoque d'Hiftoire-Naturelle. L'on a pris le jerbo pour le fchafau de l'Ecriture, & l'on a attribué au premier, tout ce que les auteurs Arabes ont dit du fecond. J'ai fous les yeux des differtations philologiques qui ont embarraffé tous ceux qui connoiffent le jerbo, dont on ne retrouve en effet ni les habitudes, ni les mœurs, ni cette fagacité d'inftinct, cette haute fageffe vantée par les écrivains orientaux, & que Salomon même exalte dans fes Proverbes (chap. 30, v. 24 & 26): Quatuor funt, dit-il, minima terræ, & ipfa funt fapientiora fapientibus..... Lepufculus, car c'est ainsi traduit la Vulgate: Plebs invalida qui collocat in petra cubile fuum. Mais par une difcuffion approfondie, je me fuis affuré que tout ce qui avoit été écrit anciennement au fujet des animaux à longues jambes devoit s'entendre uniquement du fchafau que l'on a auffi appelé Daman Ifraël ou agneau d'Ifraël, en avouant néanmoins qu'un Naturaliste pourroit raisonnablement fe plaindre de quelques exagérations inféparables du ftyle oriental. Ce fchafau, outre la longueur des jambes de derrière, a quelques autres traits de conformité avec le jerbo; mais il en differe auffi par plufieurs caractères bien diftincts. D'ailleurs, i habite les rochers du Mont-Liban & des autres montagnes de l'Orient fur lesquelles on ne voit jamais le jerbo. Je ne l'ai pas rencontré non plus dans la haute Egypte, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y exifte pas. Je fuis cependant très-porté à le croire, parce qu'il n'eft pas représenté dans le nombre infini de caractères hyéroglyphiques qui y font confervés. Il est en effet très-probable que les Prêtres de l'ancienne Egypte dans laquelle, comme on le fait, n'étoit pas compris alors ce qui eft au-deffous de Memphis, n'euffent pas négligé dans leurs hyérogliphes ou dans leurs leçons mystérieufes un animal auffi fingulier, s'il eût exifté parmi eux, avec d'autant plus de raison, qu'ils n'auroient pu mieux choisir le type des vertus fociales.

Les fables & les décombres qui environnent l'Alexandrie moderne font très-fréquentés par les jerbos. Ils y vivent en troupes & ils y pratiquent en commun des terriers qu'ils creufent avec leurs ongles & leurs dents; ils percent même par ce moyen le tuf qui fe trouve fous la couche de fable. Sans être précisément farouches, ils font très-inquiets. Le moindre bruit, ou quelqu'objet nouveau les fait retirer dans leurs trous avec précipitation. On ne peut en tuer qu'en les furprenant. Les Arabes favent les prendre vivans en bouchant les iffues des différentes galeries de leurs retraites, à l'exception d'une feule, par laquelle ils les forcent de fortir. Le peuple en Egypte en mange la chair qui ne paffe pas pour un fort

bon mets,

communes.

& leurs peaux fervent à faire des fourrures très

J'ai nourri pendant quelque tems en Egypte fix de ces animaux dans une grande cage de fil de fer. Dès la première nuit, ils en avoient entièrement déchiqueté les montans de bois, & je fus obligé de la faire garnir intérieurement avec du fer-blanc. Ils mangeoient du bled, du riz, des noix, & toutes fortes de fruits. Ils fe plaifoient beaucoup au foleil; dès qu'on les en retiroit ils fe ferroient les uns contre les autres, & paroilloient fouffrir de la privation de la chaleur, Des voyageurs ont écrit que les jerbos dormoient de jour, & jamais la nuit; pour moi, j'ai vu tout le contraire. Dans l'état de liberté on les rencontre fouvent en plein jour autour de leurs habitations fouterraines, & ceux que j'ai nourris n'étoient jamais plus vifs, ni plus éveillés, que lorfqu'ils étoient au grand foleil. Quoiqu'ils aient beaucoup d'agilité dans leurs mouvemens, la douceur & la tranquillité femblent former leur caractère. Ils vivent paisiblement en troupes nombreuses dans des retraites communes. Les miens fe laiffoient aifément toucher. Il n'y avoit entr'eux ni bruit ni querelles, quand même il s'agiffoit de manger. Ils ne témoignoient du refte ni joie, ni crainte ni reconnoiffance, Leur douceur n'étoit point aimable, n'étoit point intéressante; elle paroiffoit être l'effet d'une froide & complette indiffé rence qui approchoit de la ftupidité. Trois de ces jerbos périrent fucceffivement avant mon départ d'Alexandrie: j'en perdis deux autres dans une traversée un peu rude jufqu'à l'île de Rhodes, où le dernier, par la négligence de celui qui en étoit chargé, fortit de fa cage & difparut. Au défarmement du vaiffeau je le fis chercher exactement, mais fans fuccès; il avoit été, fans doute, dévoré par les chats. Ces petits quadrupèdes paroiffent difficiles à conferver en captivité, & encore plus à tranfporter dans nos climats. Il eft bon au refte d'avertir ceux qui tenteroient d'en amener en Europe des précautions qu'il eft indifpenfable d'employer pour les conduire fur les vaifleaux, Elles font les mêmes que celles que l'on prend pour apporter les agoutis, les acouchis, & les autres animaux à dents tranchantes de l'Amérique : on doit les enfermer dans des tonneaux, d'où ils ne puiffent fortir; leur naturel les portant à tout ronger, ils occafionneroient dans le cours d'une traversée, des avaries conlidérables; & pouvant même percer les bois les plus durs, ils mettroient les vaiffeaux en danger,

MÉMOIRE

MÉMOIRE HISTORIQUE

Sur la manière dont on extrait les différentes fubftances connues fous les noms de Térébenthine, Galipot ou Barras', Bray fec, ou Colophonne, Poix jaune, Refine jaune, la Pegle, qui veut dire Poix noire, ou Bray gras, & le

Goudron:

Lu à la Séance publique du Collège de Pharmacie ;

Par M. MORINGLANE, Membre du Collège de Pharmacie de Paris,

SANS entrer dans les détails de l'hiftoire entière de l'arbre qui produit ces différentes substances, & qui eft connu fous le nom de pin, je ne puis m'empêcher de rapporter quelques particularités fur fa culture; mais je n'en prendrai que ce qui me fera néceffaire pour me conduire au but que je me fuis propofé,

Il me fuffit de dire que cet arbre fe plaît plus dans le fable, qu'il y croît plus vite, qu'il y produit davantage, que dans les terres fabloneufes & noires, où il fe durcit trop, tend beaucoup moins, & eft beaucoup plus

rardif à être mis en valeur.

On ne commence jamais à le mettre en valeur, ou en travail, pour nous fervir du terme du pays, qu'à l'âge de trente ans, & le plus fouvent à quarante. Cela dépend du foin que l'on apporte à fon enfance; car je crois que l'on peut employer cette expreffion, quand il s'agit d'un terme auffi long pour être mis en rapport; le tems que l'on limite pour ces foins le permet encore, ainfi qu'on va le voir.

Si à l'âge de douze à quinze ans on a eu le foin de l'éclaircir, c'est-àdire, de le débarraffer des autres pins qui l'entourent à la distance de quatorze à quinze pieds plus ou moins, attendu que l'on conferve toujours les plus apparens en force, & enfuite de l'élaguer, c'est-à-dire, de lui couper les branches depuis le rez-de-chauffée jufqu'à la hauteur de fept à huit pieds, on doit être affuré qu'à l'âge de trente ans l'arbre fera fuffifaniment fort pour être mis en valeur.

En négligeant au contraire cette première précaution, l'arbre groffic moins, se durcit davantage, & il arrive fouvent qu'on ne peut l'exploiter avant quarante-cinq à cinquante ans, quelquefois jamais, fi les premiers foins ne lui font donnés à propos, parce que s'étouffant l'un & l'autre,

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ils finiffent par périr ; & fuppofé qu'il parvienne à être mis en valeur, i eft tellement dur, qu'il ne rend pas la moitié de matière que l'arbre qui a été foigné à propos.

Quand cet arbre eft parvenu à l'âge de rapport, on commence à le travailler dès le mois de février; on continue pendant tout l'été jusqu'à la fin de feptembre, fouvent jufqu'à la mi-octobre: cela dépend du plus ou moins de chaud qu'il fait en ce mois.

L'on vient lui faire une entaille en incifion avec une hache dont le coin 'du tranchant est courbé en dehors pour qu'il n'entre pas trop avant dans le bois. On commence au pied de l'arbre, & on monte fucceffivement en la renouvellant, & coupant du bois une fois par femaine, quelquefois deux: chaque coupe enleve environ un travers de doigt de bois, & l'entailledoit avoir trois pouces de large. On la continue pendant quatre ans feulement, & au bout de ce tems elle fe trouve à la hauteur de huit à neuf pieds. L'échelle dont l'ouvrier fe fert fe nomme pitec ; ce n'eft autre chofe qu'une pièce de bois en bâton pointu par le haut, fur la maffe de laquelle font prifes des marches où l'on ne peut mettre que la pointe du pied ou le talon, & elle n'eft foutenue à l'arbre que dans le vuide qui fe trouve dans le raboteux de l'écorce:

Quand cette première entaille eft finie, on en recommence une autre 'du côté oppofé de l'arbre, & fucceffivement tout autant qui refte d'écorce. L'entaille déjà abandonnée fe ferme dans l'intervalle, & lorfque l'arbre a eu des entailles tout autour, on en recommence de nouvelles fur le bord de celles qui fe font fermées, en forte qu'un arbre qui fe trouve fur un bon fol, & qui eft bien ménagé dans l'exploitation, dure & produit des s'en convaincre par les incifions, qui en termes du pays fe nomment cares, qui veut dire vifage ou face.

matières pendant cent ans, ainfi T'on peut que

On pratique au bas de l'incifion un petit creux dans la terre, bien. folide, on le nomme croft. Ce creux fert de récipient pour la réfine qui découle de l'incifon à niefure qu'on la fait; il fe remplit ordinairement tous les mois depuis que les chaleurs commencent à régner, & alors on l'enlève avec un petit inftrument de fer en forme de bêche, & on fe fert de feaux de liège pour la tranfporter dans des réfervoirs faits exprès. C'est cette réfine qu'on nomme térébenthine brute: elle eft d'une couleur laiteufe, on la nomme dans le pays geme molle, qui veut dire rélinemolle, elle forme la récolte de l'été; elle a befoin d'être purifiée. J'en parlerar quand j'aurai fait connoître la production de la récolte d'hiver.

La matière que l'on récolte hiver eft ce qu'on appelle barras, galipot cu réfine blanche; cette réfine fe fige pendant l'éré fur la furface de l'incifion, & y forme une croûte de près de deux travers de doigt; lorfque la chaleur n'eft pas affez forre pour la maintenir affez liquide pour couler dans le récipient; je croirois même que cette chaleur auroit

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