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54°. La foude. Quoique je ne défapprouve pas ce mot qui eft auffi dans le commerce, je préfere natron comme plus ancien, plus fonore, & comme évitant l'équivoque qu'on peut faire de ce fel avec les plantes dont on le tire le plus communément.

55°. L'ammoniaque. Toutes les combinaifons de l'alkali volatil font appelées fels ammoniacaux. Ainfi c'eft une raifon pour lui donner ce nom. Je préfere cependant ammoniac, parce que ammoniaque eft féminin. Nous difons la gomme ammoniaque. Il faudra pour lors toujours donner au fel ammoniac le nom de fel marin ammoniac.

Gaz ammoniacal, je dirai air ammoniacal.

Les obfervations que j'ai faites pour la chaux ont également lieu ici. La potaffe, le natron, l'ammoniac, ne veulent pas dire que ces fels font à l'état de caufticité, mais feulement dépouillés de leur air acide. Lorsqu'on voudra exprimer leur état cauftique, il faudra dire la potasse caustique, le natron cauftique, l'ammoniac cauftique.

Quant aux autres noms adoptés, une partie eft déjà reçue; muqueux, glutineux font dans la langue; mais ce font des adjectifs. Il faudra donc dire, le corps muqueux, le corps glutineux. Le fucre, l'amidon font françois.

L'huile fixe & l'huile volatile ne me paroiffent pas exprimer la différence de l'huile graffe à l'huile effentielle. La principale différence de cette dernière eft fa partie aromatique ou effentielle. L'huile animale de Dippel, par exemple, est très-volatile, & ne peut pas être de l'huile effentielle. Je laifferai à celle-ci le nom d'huile effentielle, & pour lors j'appelerai l'efprit recteur, effence. Ou fi on veut donner à l'efprit recteur le nom de corps ou fubftance aromatique (car arome choque l'oreille), j'appelerai l'huile effentielle, huile aromatique; mais je préfere de lui laiffer le nom d'huile effentielle, & j'appelerai pour lors l'efprit recteur du nom d'effence, qui eft déjà reçu en partie chez les parfumeurs, & qui différera de l'huile

effentielle.

Quant aux huiles graffes, je les appelerai huiles ineffentielles ou huiles inaromatiques.

Le mot réfine eft reçu; l'extractif, l'extracto - réfineux, le réfinoextractif font des adjectifs auxquels il faut ajouter le mot corps, ou fubftances.

La fécule, l'alcohol font françois.

Alcohol de potaffe, au lieu de teinture de potaffe. Je préfere diffolution fpiritueuse ou alcoholifée de potaffe.

Alcohol de fcammonée, pour teinture de fcammonée. Je préférerai diffolution fpiritueuse ou alcoholifée de fcammonée. On dit diffolution de fucre, diffolution de gomme, &c. On fous-entend diffolution aqueuse. Ici on ajoutera diffolution fpiritueufe ou alcoholisée.

Teinture de noix de galles. La noix de galles peut être difsoute dans

l'eau, & on dit diffolution aqueuse de noix de galles. Je dirai auffi diffolu tion spiritueuse de noix de galles.

Alcohol nitreux muriatique, pour efprit de nitre dulcifié, acide marin dulcifié. Je préfererai acide nitreux alcoholifé, acide marin alcoholifé. Ceci exprime mieux la chose.

Ether fulfurique, muriatique, acétique, &c. Je conferverai les anciens noms éther vitriolique, nitreux, marin, acéteux, &c.

Savons alkalins, terreux, métalliques, &c. On n'a rien changé ici. Savonule de térébenthine. Pourquoi ne pas continuer de dire favon de térébenthine? Le nom de l'huile exprime affez que c'eft une huile effentielle.

Telles font les réflexions que je foumets au jugement du Public, qui eft le feul juge dans cette matière.

Ce Journal étant le dépôt de toutes les découvertes & de toutes les idées nouvelles, je continuerai d'y inférer avec la plus grande impartialité les differentes opinions en laiffant à chacun fon fentiment & fa

nomenclature.

Quelques Auteurs ont été fachés de quelques notes que j'ai mises à leurs Mémoires. Cependant je fuis bien éloigné de vouloir faire de la peine à qui que ce foit; mais il me paroît que c'eft une chose permise à tout le monde, dès qu'on n'altère pas le texte & que la note eft honnête. Tous les traducteurs ne mettent-ils pas des notes? M. de Morveau a enrichi fa traduction de Bergman de notes, ainfi que la traduction des Œuvres de Schéele faite par Madame Picardet. M. de Dietrich en a mis également au Traité du Feu de Schéele. M. Kirwan en a mis également à la traduction angloife des Ouvrages de Schéele, & ni Bergman ni Schéele ne l'ont trouvé mauvais. Si ces notes font permifes dans une traduction, elles font peut-être néceffaires dans un Journal. Les favans qui veulent bien nous envoyer des Mémoires traduits des langues étrangères, y mettent auffi souvent des notes intéreffantes, tel que l'a fait M. Champy, dans l'excellent Mémoire de M. Lorgna fur le natron.

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Avocat au Confeil-Supérieur & Membre du Cercle des Philadelphes du Cap-François,

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Professeur & Démonftrateur de Physique expérimentale en l'Univerfité de Paris,

Contenant l'expofé d'un moyen facile & peu difpendieux de conftruire & établir des Paratonnerres, en outre des obfervations relatives à la production de l'électricité dans les pays chauds.

MONSIEUR,

Il y a long-tems que j'ai eu idée d'inftaller des paratonnerres qui réunillent les avantages de porter fûrement la charge d'électricité à fa deftination, & d'être le moins difpendieux & le plus facile à établir: voici ma méthode.

Je mefure à-peu-près l'efpace que doit parcourir mon conducteur pour fe rendre à la terre humide: je prends un peu plus que cette étendue en fil de-fer d'environ une ligne & demie de groffeur, & comine un pareil fil pourroit bien ne pas fupporter une forte charge, j'en emploie deux enfemble. Je les plie féparément en paquet circulaire, je tords ensemble le bout de chacun, & je les fais fouder pour n'en faire qu'une pointe acérées je ferai volontiers argenter ou dorer cette pointe. Il faut avoir le foin de faire recuire le fil pour qu'il puiffe facilement fe déplier ou fe développer en tournant le paquet. Voilà le pararonnerre ou le conducteur qui très-certainement recevant la matière électrique, la transmettra immédiatement à fa destination. Le fil le plus gros ne fera que le meilleur ; il fuffit qu'il puiffe fe dévider pour remplir l'efpace qu'il a à parcourir.

Pour l'installer, ayant choifi le centre du bâtiment à préserver, & obfervé la hauteur ou l'éloignement des objets environnans qui peuvent foutirer auffi le feu des nuages, j'avife au moyen toujours facile d'implan

ter fur le comble une perche, de force & de hauteur à ne pouvoir être ébranlée par les vents. Je la termine en pointe moufle, & j'y pratique une rainure qui puiffe recevoir mon conducteur. Je fais en forte que ce fil-de-fer ou la pointe argentée excède la perche fans être ébranlée par les vents, & en déroulant ou dévidant autant de fil qu'il en faut pour la longueur de la perche, je le loge dans fa rainure, je l'y fixe avec de petits taquets ou autrement, & je place la perche. Enfuite, dévidant toujours mes deux fils, & de tems en tems les tordant l'un fur l'autre, je les conduits le long des toits & des murs, en les arrêtant de diftance en diftance avec des chevilles ou fiches, jufqu'à quatre ou cinq pieds des fondations, où creufant un trou de quelques pieds, enfuite une rigole horisontale à la même profondeur du trou, & chaffant loin des fondations jufqu'à dix ou douze pieds, où je fais creufer un autre trou plus profond, j'y loge l'autre bout des deux fils. Il feroit à propos de les enduire en entier d'un bonvernis gras, & de mettre quatre à cinq couches à la partie enfoncée en

terre.

Je ne pense pas qu'on puiffe placer de meilleurs paratonnerres & à meilleur marché & avec plus de facilité (1). Je fais qu'on place en France & par-tout des conducteurs le plus efficacement poffible, mais je fais 'auffi qu'on en place de fort mauvais ; que le défaut de connoiffances, tant dans les ouvriers que dans ceux qui les emploient, donne lieu à des défectuofités dont les moindres peuvent être très-dangereufes.

Beaucoup de gens ont des connoiffances vagues en électricité; ils ont chargé leur mémoire des mots conducteurs, ifoloirs, ifolement, &c. Ils ont vu des defcriptions de paratonnerres ifolés, ils ne penfent pas qu'on' en puiffe élever fans qu'il y ait de l'ifolement. Je me rappelle à cet égard qu'un raisonneur de cette claffe difoit en fomme à quelqu'un qui l'écoutoit avec extafe, que la vertu préfervative des conducteurs giffoit abfolument dans l'électricité du verre ou du corps réfineux qui ifoloit le conducteur à raifon de l'analogie de l'électricité avec la matière du tonnerre. Comme

(1) Un fil de fer s'il n'eft pas un peu gros fera fondu par l'explofion de la foudre qui partiroit d'un nuage très-chargé. D'ailleurs, ce fil de fer fe rouillera promptement, fur-tout la portion qui fera en terre. Il eft vrai que l'Auteur propofe de le vernir; mais ne feroit-il pas à craindre que ce vernis ne prive ce conducteur de toute la force? car il eft connu en Phyfique que les métaux ne conduisent que par leurs furfaces. Si celle du fil de fer eft enduite d'un vernis capable de la défendre de la rouille, it eft vraisemblable qu'il perdra toute ou prefque toute fa force conductrice.

gros,

On peut même craindre que les paratonnerres ordinaires, quoique beaucoup plus deviennent avec le tems incapables de foutirer l'électricité des nuages, favoir, lorfqu'ils feront trop rouillés. Il feroit peut-être néceffaire de dorer non-feulement l'extrémité supérieure, mais encore toute leur furface. Il eft vrai que ceci feroit trop difpendieux. On pourroit donc le recouvrir d'un autre métal moins précieux, ou fubftituer des verges de cuivre à celles de fer. C'eft une obfervation que je propofe à M. Geanty & à tous les Phyficiens. Note de M, de la Métherie.

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il

y a par-tout de ces favans que le public prend l'habitude d'encenfer fans prendre la peine de les examiner, il n'eft pas étonnant qu'à propos d'électricité comme d'autres chofes utiles, l'on voie conftruire à grands frais de grands & mauvais appareils : & affurément le public, toujours inconféquent, ne manquera pas de profcrire une méthode merveilleuse pour fes effets, d'après une expérience dont le malheureux événement, dû à l'ignorance indocile d'un faux favant, eft aux yeux de l'homme un peu inftruit une preuve de plus de l'efficacité de la méthode & de la folidité des principes fur lefquels elle ett fondée.

J'ai entendu dire & répéter fouvent qu'en France on avoit été longtems perfuadé qu'il n'y avoit pas d'électricité entre les tropiques ; il n'y a pas même plus d'un an ou dix-huit mois qu'on m'affuroit ici qu'une Société favante à Paris avoit chargé quelqu'un qui venoit à SaintDomingue d'y faire des expériences d'électricité pour qu'on fût à quoi s'en tenir. Quoi qu'il en foit, je fuis très-étonné qu'on n'ait pas eu quelque connoiffance en France que depuis fort long-tems il y a eu des machines électriques aux îles du vent & fous le vent, & qu'on y a toujours vu de l'électricité. Dès avant la doctrine de Franklin on a obfervé qu'en Europe dans les grandes chaleurs de l'été il y a peu d'électricité; c'est de ces obfervations fans doute que quelques Phyficiens ont pu conclure que fous la zone torride il n'y en avoit pas, ou ne devoit pas y en avoir; cependant, comment peut-on imaginer qu'il est un lieu, un point fur le globe où il n'y a pas d'électricité?

Quoique la chaleur foit ici (au Cap-François) affez en proportion de notre rapprochement de l'équateur, cependant nous n'avons jamais de ces jours où l'on n'apperçoive pas d'électricité fur les appareils.

A Saint-Domingue, & il doit en être de même dans toutes les îles un peu éloignées du continent, ou dans lefquelles les vents les plus conftans viennent d'une certaine étendue de mer, l'air eft toujours humide jufqu'au point d'être un peu conducteur de l'électricité, auffi nos appareils en produifent beaucoup moins qu'en Europe par les vents fud. Nous avons quelquefois au Cap abondance d'électricité, c'eft lorfque les vents règnent de la partie du fud-oueft, parce qu'ils traverfent une affez grande étendue de terres arides qui pompent l'humidité, & il femble qu'ils portent l'électricité par courans.

Avec de bons appareils, on a ici de l'électricité toute l'année; M. Verret, Ingénieur Hidraulicien, a une machine à plateau tout au plus de dix-huit pouces de diamètre qui donne des étincelles à trois pouces de diftance, quelquefois plus. Les plateaux que j'ai reçus de vous m'en donnent conftamment à quinze & dix-huit lignes; je n'ai pas trop eu le tems de les monter de manière à en tirer tout le parti poffible, & je fuis sûr que ces plateaux en Europe donneroient prodigieufement par les vents de nord-eft,

MÉMOIRE

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