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fe détachent fort aifément fans que l'animal paroiffe en fouffrir. J'ai trouvé cet infecte en grande quantité fixé fur le corps de notre misérable diodon (1).

La fig. 9 représente une espèce de fangfue de grandeur naturelle & d'une couleur blanchâtre formée par plufieurs anneaux femblables à ceux du ténia. Sa tête, fur fa partie fupérieure, eft armée de quatre petits mamelons hériffés de pointes qui font autant d'inftrumens qui lui fervent à fe procurer la nourriture. Sous chaque mamelon de chaque côté se trouve une petite poche alongée en forme de godet. La fig. 10 la repréfente vue de face, afin de pouvoir diftinguer les quatre mamelons. J'ai trouvé cette fangfue implantée dans la fubftance extérieure d'un foie de requin à plus d'un demi-pouce. D'où étoit-elle yenue? c'eft abfolument ce que j'ignore (2).

La fig. 11 représente l'onifcus phyfades de Linné, très-bien décrit & que j'ai deffiné, parce que j'ai cru m'appercevoir qu'il ne l'étoit point, Linné ne citant aucun auteur où il fe trouve figuré: il possède neut vélicules de chaque côté pofées en tuiles fur la face inférieure de fa queue arondie, lettre P.

J'ai trouvé cette espèce d'onifcus dans les ouïes d'une nouvelle espèce de pleuronectes de Linné, très-abondante dans la rade de Monteray en Californie. La lett. M l'indique vu par-deflus, & la lett. N par deffous, où l'on apperçoit les quatorze pattes.

De tous les infectes que j'ai deffinés, voici le plus fimple, & celui dont l'étude m'a fait le plus grand plaifir. Ce ne font que des corps ovales parfaitement reffemblans à une veffie de favon, ainfi que vous le voyez dans mon deffin, difpofés en légion de trois, de cinq, de fix & de neut: on en voit auffi qui font feuls & errans. Ces globules ainfi réunis & mis dans un verre plein d'eau de mer, décrivoient un cercle avec rapidité autour de ce même verre par un mouvement commun auquel chaque petite veffie participoit par une fimple compreilion des parties latérales de fon corps, effet vraisemblablement dû à la réaction de l'air dont elles étoient remplies. Comment concevoir maintenant que ces animaux très-diftincts les uns des autres, puifqu'on peut les féparer, ainfi que je l'ai fait, fans qu'il paroiffe que leur économie en foit dérangée, puiffent s'entendre d'une manière fi

(1) Cet infecte paroît être plutôt un monoculus qu'un onifcus, le teft étant d'une Seule pièce. Note des Rédacteurs.

(2) Cet animal fe rapporte par les inftrumenta cibaria à celui décrit par Gog, à Halle en 1784, comme étant la caufe de la ladrerie des cochons. Ces deux espèces Le rapprochent du genre de l'hirudo, dont le caractère donné par Linné a besoin d'être reformé. Note des Rédacteurs.

précife, & concourir tous enfemble à un mouvement commun? C'eft d'après ces considérations jointes à la forme de ces animaux, que je me fuis rappelé avec fatisfaction l'ingénieux fyftême de M. de Buffon, & que j'ai aimé à me perfuader que j'ailois être témoin du plus merveilleux des phénomènes de la nature, en fuppofant que ces molécules, alors occupées à accroître leur nombre ou le diminuer, ou enfin à faire encore quelques révolutions dans mon verre, ne tarderoient pas à prendre la forme d'un nouvel animal dont elles étoient l'image vivante. Mon impatience m'a porté à en détacher deux de la légion la plus nonibreufe, m'imaginant que Le nombre y feroit peut-être plus avantageux à la métamorphole, mais je n'ai pas été plus heureux. Voici de quelle manière fe font comportées les deux molécules que j'avois féparées pour ma feconde expérience raisonnée; je ne parle que te ces deux, parce que je les ai obfervées avec plus d'attention que les autres. Imaginez maintenant deux forts athlètes également vigoureux & rufés, & tous les deux jaloux de gloire: telles étoient les deux molécules que je venois de féparer: leur première rencontre est un combat; c'eft à qui fera la plus heureufe pour faifir fa compagne & revoler aux intentions de la nature. Elles s'attaquent de tous les côtés ; l'une plonge, l'autre revient fur l'eau : celle-ci décrit un cercle, ceile-là refte au centre; épiant le moment favorable, leurs différentes rufes font prévues & parées; néanmoins leur courage augmente, & leurs mouvemens deviennent G rapides que je fuis forcé de les confondre l'une avec l'autre. Mon intention cependant étoir de bien diftinguer le vainqueur : fatigué de les obferver, je les ai laiffées l'une & l'autre dans la fureur du combat: lorsque je fuis revenu pour les examiner de nouveau, je les ai trouvées unies l'une à l'autre à leur manière ordinaire, & occupées à voyager dans mon verre par un mouvement commun & de la manière la plus amicale. Je penferai fouvent à mes petites molécules, parce qu'elles m'ont fait un plaifir infini.

L'Hiftoire- Naturelle qui quelquefois eft bien sèche, n'auroit pas, ce me femble, autant d'attraits pour tous ceux qui s'y adonnent, s'ils n'étoient pas quelquefois affez heureux pour rencontrer des objets qui travaillent agréablement leur imagination (1).

(1) C'eft une efpèce du genre des volvox de Linné. Note des Redacteurs.

OBSERVATIONS

Sur la Lettre de M. l'Abbé P... Grand-Archidiacre & Membre de plufieurs Académies, à M. DE LA MÉTHERIE (1);

Par M. REYNIER.

LE's difcuffions littéraires ont une influence réelle fur l'avancement de nos connoiffances, & les objections que M. P. fait aux conclufions que je tire de mes expériences fur la marchant, peuvent être le fujet des recherches les plus intéreffantes. Hen doit réfulter néceffairement quelques lumières fur la reproduction des plantes cryptogames; & les connoiffances que M. P. développe dans fa lettré, donnent lieu d'efpérer des découvertes utiles.

L'objection principale que M. P. propofe, eft, que nous ne connoiffons dans les êtres organifes qu'une feule & même manière de reproduction, qui s'opère par le mélange des deux fexes. D'où ce phyficien conclut qu'en admettant les corps contenus dans les godets, comme des efpèces de cayeux, on doit auffi reconnoître des parties fexuelles, une técondation, & des femences fur l'existence & la nature defqueles tous les boranistes s'accordent. On me permettra doblerver au fujet de cette identité d'avis, qu'un grand nombre de betaniftes fe font copiés, fans étudier la phyfiologie des plantes, & que certe identité n'eft pas complete, puifque quelques obfervateurs modernes, comme M. Schmiedel, en propofent un different. De plus il eft permis d'avoir des doutes fur ces parties fexuelles, jufqu'au moment, où des expériences concluantes auront démontré leur exiftence, & jufqu'à préfent on n'allègue que des obfervations microfcopiques. Ainfi, la feule raifon qu'on puifle donner en faveur du fexualitime des marchants, et l'analogie, qui feroit décifive, il eft vrai, st des expériences ne démontroient pas, que les graines, même celle des plantes parfaites, peuvent être fécondes fans le concours des fexes. Les Naturaliftes connoiffent certainement les expériences de M. Spallanzani fur les plantes, & favent qu'il a obtenu des femences fécondes, en ifolant des fleurs à pistils de plantes uni-fexuelles, avec l'exactitude que ce phyficien célèbre met dans les recherches. Les foins qu'il y a donnés rendent fes expériences décifives, & prouvent que le concours des fexes n'eft pas

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A

(1) Journal de Phyfique, Mai 1787.

même une loi effentielle pour les plantes parfaites. Je renvoie à fon ouvrage (1) pour les détails de fes expériences, qui font vraisemblablement connus de M. P. L'analogie ne peut donc nous faire conclure en faveur du fexualifme des marchants, puifque des plantes compofées de parties diffimilaires peuvent fe reproduire fans le mêlange des fexes, & la feule preave qui feroit admiffible, eft la découverte des organes fexuels, qui n'eft point sûre, puifque les avis des Naturaliftes ne font pas uniformes."

La diftinction que M. P. fait avec beaucoup de jufteffe, me paroît conforme au fentiment de tous les Naturaliftes. Il eft certain qu'il n'existe aucun rapport entre leur développement, ni même entre leur manière de propager la plante qui les produit; mais lorsque M. P. diftingue les cayeux & les bourgeons des graines, il nous paroît un peu moins fondé. Les cayeux, & les bourgeons ne different que par pofition, ils font également des individus en raccourci des espèces de charpente, contenant l'efquifle des formes, qui deviennent des individus parfaits, lorfque des molécules fimilaires fe logent dans leurs mailles par le travail de la vie. Les graines ont une reffemblance parfaite avec les cayeux, par leur nature, leur but, leur manière de fe développer, & par leur production, qui eft une fuite immédiate de la furabondance des molécules organiques, Et certe reffemblance eft d'autant plus intime, que les expériences de MM. Spallanzani, de Necker, &c., démontrent qu'il exifte des femences fécondes, fans le concours des fexes.

Je ferois enchanté que cette petite difcuffion pût engager M. P. à faire part des lumières qu'il paroît avoir fur les plantes cryptogames; il rendroit un fervice effentiel de les communiquer, & certainement perfonne ne les recevroit avec plus de fatisfaction que moi.

LETTRE

DE M. GUILLOT;

A M. CA VELLIER,

Elève de l'Ecole Royale des Mines.

MONSIEUR,

Je viens de lire avec plaifir la defcription & l'analyse d'une nou velle mine de cobalt grife arfenicale, entre-mêlée de galène, que vous

(1) Expériences pour fervir à l'hiftoire de la génération des animaux & des plantes, par M. l'Abbé Spallanzani, traduction de M, Senebier, page 353 & suiv.

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