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mefures ont donné pour réfidu 2,60. Cet air étoit donc un peu moins
pur que l'air commun. Cette expérience répétée plufieurs fois m'a donné
des réfultats analogues. Il faut cependant obferver que forfqu'on n'agite
pas le flacon, la diminution de l'air n'eft pas auffi confidérable, & que
celui qui refte eft plus impur.

Cette expérience prouve bien que l'air inflammable qui a disparu
n'étoit point contenu ni diffous dans l'eau des flacons. Ils avoient été
d'ailleurs parfaitement bouchés, toujours renverfés dans l'eau, ainfi l'air
n'a pu s'en échapper.

Cet air fe feroit-il changé en eau par fa combinaison avec l'air pur contenu dans l'eau ? Ayons recours à l'expérience.

Expér. III. J'ai rempli d'eau de Seine une cornue de 100 pouces, & l'ai fait bouillir avec l'appareil pneumato-chimique. Il y a eu plus de 75 pouces d'eau qui font entrés en ébullition. Il ne s'eft dégagé que 1,49 de pouce d'air, dont une mesure & une d'air nitreux ont donné 0,97Cet air eft donc un peu plus pur que l'air commun. Suppofons done qu'il contient un demi-pouce d'air pur. Dans l'hypothèse même de la compofition de l'eau, ce demi-pouce d'air pur n'auroit pu changer en eau qu'un pouce d'air inflammable, & cependant il y a eu plus de 10 pouces d'abforbés. En voilà donc 9 qui n'auroient pu être changés en eau.

D'ailleurs, j'ai fait voir que l'air pur & l'air inflammable tenus enfemble fur le mercure ne fe changeoient jamais en eau. J'ai laiffé ainti 2 pouces d'air pur & 4 d'air inflammable plus de deux mois dans un flacon plein de mercure, fans qu'au bout de ce tems il y eût la moindre humidité; & le flacon ouvert, l'absorption n'a pas été fenfible.

L'air pur en féjournant fur l'eau éprouve auffi une diminution confidérable, quoique pas auffi grande que l'air inflammable ; & il est également altéré. J'ai fait paffer 30 pouces d'air pur fous une cloche de roo pouces pleine d'eau de Seine, & avec les mêmes précautions que pour l'air inflammable. Au bout de 58 jours cet air a été réduit à 21 pouces. Une mefure & trois d'air nitreux ont donné 0,99, & avant d'avoir été fur l'eau, une mefure & trois d'air nitreux avoient laiffé un réfidu de 0,15.

Ces expériences me paroiffent bien concluantes, & prouvent, ce me femble, 1°. que l'air inflammable qui a difparu n'eft point contenu dans l'eau des vaiffeaux; 20. qu'il ne s'eft point répandu dans l'atmosphère; 3°. qu'il n'a pas été changé en eau en fe combinant avec une portion d'air pur

Il me paroît donc qu'on eft forcé de dire que cet air inflammable ayant été décompofé (puifqu'il n'a pu s'enflammer, qu'il a entrerenu la combuftion des corps, & a été abforbé par l'air nitreux ) & l'air pur l'ayant auffi éré, ces airs ont pu traverfer les vaiffeaux. Voici comme je conçois ce phénomène.

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L'air inflammable & l'air pur, comme toutes les fubftances aériformes, font compofés de petites véhicules remplies de la matière de la chaleur. Dans cet état leurs molécules ont plus de volume, & ne peuvent paffer où elles paffoient auparavant. L'air pur & l'air nitreux, par exemple, font contenus dans des ballons de papier; mais lorsqu'ils ont perdu leur état aériforme, & fe font combinés fous forme d'acide nitreux, ils filtrent à travers ce papier. Les molécules de l'air inflammable feront dans ce même cas; & puifqu'il éprouve une plus grande diminution par fon féjour fur l'eau, ces véhicules font encore plus capables d'être brifées. Sa grande légèreté fait encore voir qu'il contient plus de matière de la chaleur.

Lorsque les véhicules de ces airs féjournant ainfi fur l'eau, fe brifent; la matière de la chaleur s'échappe, la portion d'eau qu'ils contenoient fe mêle avec celle des vaiffeaux, & enfin la partie aérienne n'étant plus à l'état aériforme deviendra affez fubtile pour traverser les vaiffeaux. Je ne vois pas d'autre manière d'expliquer ce qui fe paffe dans ces expériences.

La même chofe me paroît avoir lieu dans la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable. La partie aérienne & la matière de la chaleur s'échappent à travers les vaiffeaux, & l'eau qu'ils contenoient se précipite. Le deficit qu'il y a du poids de l'eau obtenue à celui des airs employés repréfente le vrai poids de l'air, en fuppofant, comme tous les Phyficiens en conviennent, que la matière de la chaleur ne pèse pas; mais fi on fuppofe qu'elle donne de la légèreté aux corps, comme le penfent quelques favans, le poids de ces airs feroit encore plus confidérable. Or, M. Monge, qui a apporté la plus grande exactitude dans cette expérience, a brûlé 145 pintes d'air inflammable, & 741/% 2 d'air pur, qui pefoient 3 onces 6 gros 27,56 grains. Il a obtenu 3 onces 2 gros 45, grains d'une eau acidule. Il y a eu 7 pintes d'air reftant, pefant 2 gros 27,91 grains, dont une partie étoit de l'air fixe. Ainfi le deficit eft de I gros 26,55 grains, qui représentera la partie aérienne qui s'eft diffipée ; mais quand même on obtiendroit en eau le poids des airs brûlés, on ne pourroit encore rien en conclure en faveur de la compofition de l'eau. On diroit feulement que ces airs ainfi dépouillés de toutes parties étrangères ne pèfent pas plus que la matière de la chaleur.

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A M. KAESTNER,

Profeffeur de Mathématiques & de Phyfique, à Gottingue; Sur de prétendues erreurs dans la defcription du Goniomètre. MONSIBUS,

que vous

Je viens de me procurer, quoiqu'un peu tard, & d'après l'annonce du Journal des Sayans, du mois de mai dernier, la dissertation avez fait imprimer, à Leipfig, en 1785, ayant pour titre : In Optica quædam Boerhav. & Haller. Comment. &c. Vous y dites, page 33, que pour connoître un corps il ne fuffit pas d'en mefurer les plans, & que dans les cristaux, par exemple, il faut y ajouter l'inclinaison respective 'des faces entr'elles. Vous difcutez enfuite les mesures que j'ai données du cristal de roche, à l'occafion de la defcription de mon goniomètre, dans le Journal de Phyfique du mois de mars 1783. Vous ne les comprenez point, dites-vous, & vous citez Euclide pour prouver que je dois m'être trompé. Je crois, Monfieur, qu'avant de ne réfuter, vous auriez dû prendre la peine de me lire: fi vous l'euffiez fait avec un peu d'attention, Vous auriez compris facilement, non-feulement que je donnois les mefures d'un folide, & non celles de fes furfaces, mais même, que nous fommes parfaitement d'accord fur les angles de ce folide, & fa forme ne vous auroit point échappé. Vous y auriez encore vu que je n'y parle point d'un morceau de cristal, fruftrum criftalli montani, comme vous. le dites, mais d'un crittal complet, foit régulier, foit de la plus grande difformité, pourvu qu'il foit tel qu'il fort des mains de la nature.

J'observois alors que quelques Auteurs s'étoient bornés à nous donner la mesure d'un petit nombre d'angles plans qu'ils avoient remarqués dans les cristaux,& quoique la mesure des polyèdres foit une conféquence néceffaire de celle des angles plans de leurs faces, foit que ces Auteurs n'aient pas pouffé affez loin leurs obfervations, foit que trompés par les troncatures plus ou moins multipliées dans les criftaux, ou par le plus ou le moins d'accroiflement d'une ou de plufieurs facettes refpectivement à celles qui leur font contigues, ils aient méconnu l'identité de ces faces

dans les différens cristaux d'une même espèce, il eft certain, commè je le difois alors, que perfonne avant moi n'avoit tiré parti de ces premières données pour mefurer les folides eux-mêmes. Ce font donc bien certainement ces derniers angles que j'ai eu en vue, & non ceux des furfaces, & je ne fais comment vous avez pu vous y méprendre.

J'ai donné pour exemple le criftal de roche, qui m'avoit occafionné la découverte de cette propriété fi intéreffante, & particulière aux criftaux, de la conftance de leurs angles folides dans ceux d'une même espèce.

J'ai dit que dans ce criftal, dont la forme la plus fimple est un dodécaedre compofé de deux pyramides hexaedres à plans triangularres ifocèles, jointes base à base, l'angle formé par la réunion de ces bases, & mefuré far deux faces contigues eft de 104°, ce qui donne pour celui du fommer 76°; car 104+76 180. J'ajoutai que dans une aiguille de ce cristal, le prifme hexagone, qui n'eft que la fomme des couches déposées fur les plans pyramidaux, donne pour chacun de fes angles 120°, & que l'inclinaifon des faces de la pyramide fur celles du prifme eft de 142°.

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Vous paroiffez comprendre affez bien cette dernière partie de ma phrafe, cependant après avoir ajouté tout de fuite: Quod fi fumam, & fubducam angulum redum quem planum laterale prifmatis continet cum bafi, erit ad eandem bafim inclinatio trianguli =52°. Vous concluez, non que mes calculs font faux, mais qu'il eft difficile de favoir comment ils peuvent appartenir à la figure qu'ils doivent repréfenter. Si vous n'euffiez pas été préoccupé de l'idée, que j'avois opéré fur des angles plans, il vous étoit aifé d'après votre propre calcul, de faifir la mienne. En effet, fi comme vous en convenez, l'inclinaison du triangle ifocèle de la pyramide eft de 52°, en y ajoutant l'angle droit du prifme, vous aurez un angle de 142°, comme je l'ai affigné pour l'angle formé par la rencontre des faces de la pyramide, avec celles du prifme, puifque 52+90=142. Il s'enfuit encore néceffairement que l'angle réfultant de la réunion des bafes des deux pyramides de la forme primitive prises fur deux faces oppofées eft de 104=52+ 52; & enfin que le fommer de chaque pyramide mefuré auffi fur deux faces oppofées eft de 76° qui avec 104 des bafes 180:

Vous voyez que j'avois raifon d'attribuer à la préoccupation votre efpèce de critique, puifque vous donnez vous-même une des inclinaifons de ce folide d'après laquelle toutes les autres doivent néceffairement s'enfuivre, & s'enfuivent en effet, conformément à mes mefures.

Je ne vous dis rien de mon inftrument, que je n'ai fait exécuter, comme vous le dites fort bien, que pour faciliter les opérations dans la mesure des cristaux, & éviter les calculs géométriques. Si cependant vous vouliez vérifier les mefures de quelques-uns des polyëdres décrits dans La Criftallographie, je dois vous prévenir que par la même raison, on y

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a négligé les fractions moindres ou plus fortes que celles d'un demi-degré. Cette omiffion pourra paroître grave aux yeux du Géomètre fcrupuleux, mais elle fera nulle pour l'obfervateur des formes extérieures de la nature jufqu'à ce que nos yeux ou nos inftrumens aient été perfectionnés. J'ai l'honneur d'être, &c.

SUITE DES EXTRAITS DU PORTE-FEUILLE DE L'ABBÉ DICQUEMARE (1).

ANÉMONES DE MER.

ENTRE les anémones de mer que l'on trouve à la grande rade du Havre, en voici une jolie qui n'a pas encore paru. Planche I, fig. 8.

L'un de fes caractères diftinctits eft un gros bouton qui s'alonge en dehors lorfqu'elle eft entièrement ouverte, & qu'elle cache quand elle eft totalement fermée. Souvent la forme qu'il prend eft gracieufe, il a pour bafe le deffus de l'anémone, ou plutôt il en fait partie, & fon extré mité fupérieure eft quelquefois ornée de côtes.

Cette anémone a trois rangs de membres : les plus grands font vers le centre, & les plus petits aux bords fupérieurs de la robe.

Cette robe eft ordinairement brun-rouge, relevé par des rayures blanches qui paroiffent être formées par des tuyaux remplis de quelque matière de cette couleur. Le bouton auffi brun-rouge, femble, à caufe de fes rayures blanches, être canelé agréablement & diverfement felon la forme momentanée qu'il preud. Son extrémité fupérieure eft d'un orangé foncé, à l'exception de deux côtés où la peau rentre, paroît demitransparente, d'une couleur obfcure & fur laquelle on remarque deux rayures. Les membres font auffi de même couleur que la robe, mais plus foible, relevée par plufieurs cercles blancs & un trait noir ou blanc qui s'étend dans le centre depuis la bafe jufqu'au fommet de chacun de ces

membres.

Les inteftins de cette anémone m'ont paru plus grands que ceux des autres; ils ne font pas ronds, mais applatis, de manière que leur coupe tranfverfale formeroit un ovale fort alongé.

(1) Dans toute l'étendue de la Table générale des vingt volumes inférée à la fin du tome XXIX, 1785, Dicquemare eft avec deux R ; c'est une faute.

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