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prefque la confistance du cuir ; toute la furface du corps eft marquée de lignes faillantes interrompues, dirigées de la tête à la queue, & qui fe touchent par les côtés. Ces lignes font formées par des écailles allongées très-étroites, pointues, fixées fur la peau & recouvertes d'un épiderme argenté ; leur longueur eft ordinairement de trois ou quatre lignes: elles. font retenues fur le corps par un petit vaiffeau qui s'insère à l'extrémité la plus voifine de la tête & en même-tems la plus effilée ; il eftdifficile de les détacher: elles procurent à la peau ce degré de fermeté qu'on y trouve; an pêche ce poiffon dans les mers d'Amérique. L'autre espèce eft figurée. par Margrave fous le nom de Guebum. Elle conftitue un nouveau gente très-voifin de celui de fcomber. J'ai cru devoir lui laiffer en françois le nom de voilier, fous lequel on le trouve affez ma figuré dans l'Ouvrage de Renard. Sur un individu de plus de fept pieds de long dont M. le Chevalier Banks a bien voulu me laiffer prendre la defcription dans fa collection, les écailles étoient de huit ou neuf lignes de long, lancéolées, applatties, fixées dans la peau, & prefque tout-à-fait recouvertes par l'épiderme; elles étoient moins rapprochées que celles de l'efpèce de fcomber, que je viens de décrire: un vaisleau qui s'inféroic: à leur bafe les retenoit fur le corps. Margrave avoir vu ces parties, mais il les avoit prifes pour des arètes, & avoit dit que ce poiflon n'avoit point d'écailles. Il paroît que ces forres d'écailles procurent à la peau un très-grand degré de fermeté, en même-tems qu'elles facilitent les; mouvemens des poiffons qui en font couverts, en rendant plus liffe la furface de leur corps. Les deux efpèces fur lesquelles je les ai obfervées, nagent très-vîte; le voilier fur-tout, qui eft armé comme l'efpadon d'un long bec dur, nage avec une telle rapidité qu'il perce fouvent plufieurs pouces du bois des vaiffeaux contre lefquels il fe porte; c'est ce qu'on peut voir dans les Ephémérides des Curieux de la Nature, dans les Tranfactions Philofophiques & dans les Mémoires de l'Académie de Stockolm. On le trouve au Bréfil & dans les mers des grandes Indes.

Les écailles offeuses, allongées que nous venons de décrire, ont une certaine analogie avec celles qui recouvrent le corps des chiens de mer; mais celles-ci font entièrement à découvert. Elles font rangées régulièrement en quinconces, & fixées très-fortement à la peau. Celles de l'aiguille dont Bafter a donné la figure, font très-petites; mais vues au microfcope elles paroiffent applatties, étranglées à leur bafe, & prefqu'en forme de fer de lance: on voit fur leur furface deux ou trois lignes longitudinales & faillantes; on peut obferver fans le fecours d'aucuns inftrumens. qui groffiffent les objets, des écailles de la même ftructure fur une nouvelle efpèce de chien de mer que j'ai décrite dans les Mémoires de l'Académie, année 1780, fous le nom d'écailleux. Quelques poiffons de ce genre ont les écailles applatties, liffes, prefque rondes, & très-rapprochées; la

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peau de ceux-ci fert à couvrir les ouvrages qu'on nomme engalluchats; celle des autres fournit le chagrin pour le commerce.

Toutes ces écailles font fixées folidement fur la peau : cette adhérence étoit néceffaire pour qu'elles ne puffent point fe détacher dans les mouvemens compliqués que ces poiffons, font obligés d'exécuter: elles leur fourniffent d'ailleurs une forte de défenfe contre les plus petits poiffons en rendant leur peau ferme & rude au toucher.

Les poiffons bourfes (tetraodon) ont des écailles très-fines & femblables à des épingles, leur pointe s'éloigne du corps: cette direction devenoit indifpenfable dans ces poiffons qui enflent à volonté leur corps & le réduifent tout de fuite à un très-petit volume: plufieurs efpèces ont des écailles offeufes, très-dures & liées entr'elles, les loricaria, & les poillons coffres font dans ce cas ; d'autres enfin, tels que les fingnathus & les baptifters ont des écailles cartilagineufes un peu flexibles, larges & fixées d'une manière invariable fur une peau épaifle...

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Les écailles paroiffent être communes à toutes les espèces de poiflons, & leur ufage principal femble être de fournir à ces animaux une arme défenfive en procurant à leur peau continuellement/ramollie par l'élément qui l'environne, un plus grand degré de fermeté; les poiffons font encore pourvus de tubercules offeux, d'épines, d'appendices charnues, & même d'espèces de poils: ce dernier cas eft à la vérité très-rare; on ne l'obferve que fur un très-petit nombre d'espèces, & notamment fur un poiffon du genre des faumons, figuré par M. Duhamel, fous le nom de capelan d'Amérique

La manière dont les écailles fe forment, celle dont elles prennent Leur accroiffement, l'ufage dont elles peuvent être pour découvrir l'âge des poiffons, font autant d'objets que je me propofe d'examiner dans un autre Mémoire: il me fuffit dans celui-ci d'avoir fait voir ces parties fur plufieurs espèces où elles n'avoient point été obfervées auparavant.

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Parmi les chofes nouvelles & très-intéressantes dont M. Prouft fait part aux favans par la voie de votre Journal, ce Chimifte cite entr'autres une mine de plomb verte arfenicale & un vitriol de plomb. J'ai trouvé il

y a

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quatre ans ces deux efpèces de mines de plomb à l'état falin; j'en ai fait part à l'Académie en 1784, qui a imprimé ce que j'en ai dit parmi fes Mémoires de la même année, page 291, fous le titre d'Analyse d'une mine de plomb terreuse, jaunâtre, antimoniale & martiale, en maffes formées de différens lits qui fe trouvent par fitons à Bonvillars en Savoie, à fix lieues de Chambéri, fur la route de Piémont.

J'ai auffi fait mention de cette même mine, page 526 du fecond volume de mon Analyfe chimique & Concordance des trois règnes, où je la définis une mine de plomb terreule combinée avec les acides vitriolique & arfenical.

J'en ai encore parlé page 181 du troisième volume de ce même Ouvrage, ainfi qu'à la page 81 du fupplément à la Defcription méthodique du Cabinet de l'École Royale des Mines, fupplément que j'ai l'honneur de vous envoyer, & dans lequel j'ai auffi fait la defcription d'une galène en décomposition, entremêlée de fpath nitreux violer, recouverte de mine de plomb terreuse jaune, combinée avec l'acide arsenical, de Bourgogne page 114, No. 281.

Je ne crois pas, Monfieur, qu'on ait fait mention jusqu'à présent de fa mine de cobalt grife arfenicale, combinée avec la galène; cette efpèce de mine a été trouvée en 1783, à Chatelaudren par M. Brolman, Profeffeur de Métallurgie-pratique de l'Ecole Royale des Mines les échan tillons de cerre mine, apportés par M. Cavelier, & dont les effais viennent d'être faits en ma préfence, par cet Elève, dans le laboratoie de l'Ecole Royale des Mines, confirment cette découverte. J'ai l'honneur d'être, &c.

LET TRE

DE M. MULLER, Confeiller de la Tréforerie;

A

M. DE BORN,

Sur le prétendu Régule d'Antimoine natif;
Traduite par M. DE FONTALLAR D.
MONSIBUK;

Votre Mémoire fur le régule d'antimoine natif de Fazebay, inféré dans les differtations de la Société privée de Bohême, m'a déterminé à examiner plus particulièrement ce métal, dont la nature me paroiffoit

toujours douteufe. Je me fuis convaincu que notre prétendu régule d'antimoine n'étoit pas de l'antimoine, mais du véritable bifmuth fulfuré. Lorfque j'aurai fini mes expériences, je vous en ferai une description détaillée. En attendant je vais vous indiquer quelques propriétés décifives. L'acide nitreux attaque avec une violence fingulière notre mine, & diffout jufqu'au foufre & un autre minéral en combinaison avec elle. L'eau diftillée précipite la diffolution, & le précipité est un magistère de bismuth. Traité convenablement avec le tartre & le nitre, je n'ai obtenu aucun veftige de régule d'antimoine; notre mine s'amalgame facilement avec du mercure froid. Au feu, elle brûle d'une flamme bleue; ces propriétés qui ne conviennent aucunement à un régule d'antimoine, ni même à un antimoine fulfuré, peuvent fuffire pour la faire regarder comme du bifmuth, en attendant que j'aie rendu compte de plufieurs expériences qui ont été faites pour l'analyser. M. de Ruprecht, en la traitant avec le fublimé corrofit, pouvoit bien obtenir du beurre, mais du beurre d'antimoine & nullement du cinabre que le bifmuth. retient, quand il n'eft pas entièrement faturé de foufre. D'ailleurs, les propriétés qui ont porté Schwab à donner pour du régule d'antimoine la mine qu'il avoit analyfée en 1748, (Traité des Sciences en Suéde, part. X, pag. 100) font abfolument étrangères au régule d'antimoine & à fes mines, & font conclure en toute fûreté que c'étoit du bifmuth (mais du bifmuth natif): car le régule d'antimoine s'amalgame trèsdifficilement avec le mercure, encore faut-il qu'il foir en fulion & que le mercure foit chaud. Le bifmuth fe diffout très-facilement dans l'eau régale, mais l'eau diftillée ne précipite pas le régule d'antimoine. Le bifmuth purifie l'or dans le feu comme le plomb, mais ne le fépare pas de l'argent; & ces propriétés ont encore porté Schwab à donner le nom de régule d'antimoine à cette fubftance. Je fuis feulement furpris que des minéralogiftes & des chimiftes du premier rang s'en foient tou jours rapportés au régule de Schwab, quand il a été queftion de régule d'antimoine, & n'ayent pas confidéré plus attentivement les expériences de cet Auteur. Ainfi, je fuis très-convaincu qu'il faut s'en tenir à ce qu'a dit M. Scopoli dans fes principes de minéralogie fyftématique, au fujet de l'antimoine natif: je le croirai, quand je l'aurai vu.

J'ai l'honneur d'être, &c.

A Hermanfladt, le 21 Septembre 1782

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Sur la Pierre de Gangue rougeâtre tenant or, de Kapnik; " fur l'Antimoine natif de Tranfivalnie, & fur une nouvelle Mine d'Or de Nagyag.

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Je n'ai pas encore vu le feld-fpath folié de Kapnik, à moins que ce n'ait été dans quelques cabinets, fans y avoir fait attention. Celui que j'ai examiné fait plus aifément feu avec l'acier, & eft infiniment plus denfe, d'un grain plus fin & plus pefant que le feld-fpath ordinaire: il ne fait pas effervefcence avec les acides, mais avec le verre de borax. Fondu au chalumeau, il bouillonne en écumant, fe diffout promptement, & ne contient aucun veftige d'un mêlange de la terre calcaire, qui fe trouve communément dans les feld-fpaths en les décompofant. Suivant le relevé qui en a été fait, & après en avoir réitéré la décompofition, un quintal de mine a donné 25 lots d'eau (1), une livre 18 lots de terre alumineufe, 7 livres 13 lots de terre martiale, 35 livre's lots de terre de manganèfe, & 55 livres 2 lots d'une terre liceufe non-colorée. La portion de terre alumineufe eft ordinairement plus confidérable lorfque le feld-fpath commence à fe décompofer. J'ai coutume de me fervir du poids de marc de Vienne pour mes expériences, afin de pouvoir porter en compte, avec la plus grande précision, les moin dres éduits & les produits que la balance d'effai ne détermineroit pas avec la même exactitude. Le poids de marc en queftion eft divifé jufqu'à un huitième de grain. Nous avons, près du puits d'Airage, un fpath couleur de chair, qu'il ne faut fouvent qu'égratigner, pour qu'il faffe effervefcence avec les acides, quoiqu'en plufieurs endroits il faffe feu avec l'acier : cependant ce n'eft autre chofe qu'un véritable fpath calcaire plus ou moins mêlé de quartz quelquefois vifible, dont la texture intérieure eft fouvent en rayons concentriques, très-denfe; & affez femblable à ce qu'on appelle de l'asbeste non-mûr. Au refte, je n'ai pas (1) Le lot équivaut à quatre gros ou une demi-once.

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