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compofée d'aimant; il paroît qu'il ne peut fupporter un grand poids, mais qu'il attire de plus loin: mes obfervations fur cet aimant m'ont toujours donné le même réfultat.

Voilà un apperçu de mes obfervations que j'ai écrites rapidement ; je defire qu'elles vous foient agréables: je pourrai dans un autre tems vous en envoyer de mieux faites, parce que mon projet eft de revoir ces montagnes & de les étudier en détail.

LETTRE

DE M. SAGE;

A M. DE LA MÉTHERIE.

MONSIEUR;

Vous avez eu la bonté d'inférer, page 20 du Journal de Phyfique du mois de juillet de cette année, une Lettre que j'ai eu l'honneur de vous adreffer, dans laquelle je dis, « que je ne crois pas qu'on ait fait mention jufqu'à préfent de la mine de cobalt grife arfenicale combinée avec la galène, espèce de mine trouvée en 1783 à Chatelaudren, par >> M. Brolman ».

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M. Schreiber, célèbre Métallurgifte, auquel la Minéralogie doit des découvertes très intéreffantes, réclame avec raifon fur ce que j'ai écrit, puifqu'en effet ce favant a dit dans le Journal de Phyfique du mois de mai 1784, page 389:

J'ai découvert fur la montagne du village d'Atène, des indices de » cobalt en fleurs, & minéralisé par l'arfenic, fans argent entremêlé de » galène ».

Je fuis, &c,

LET TRE

A M. DE LA METHERIE;

Sur la redification de l'Ether vitriolique, particulièrement de celui que l'on emploie pour les Arts;

Par M. PELLETIER, Membre du Collège de Pharmacie de Paris.

MONSIEUR,

L'éther que l'on obtient de la diftillation de parties égales d'huile de vitriol & d'efprit-de-vin (en faifant ufage de l'appareil ingénieux de M. Woulfe) eft toujours accompagné d'acide fulfureux, quelques précautions que l'artiste apporte à cette opération ; les moyens indiqués pour l'en dépouiller, confiftent à le neutralifer par les alkalis ou par les terres calcaires; l'on procède enfuite à une nouvelle diftillation, qui vous fournit Féther rectifié : dans toutes ces manipulations il s'évapore une certaine quantité d'ether, mais par le procédé que je propose, l'on évitera cette perte, & l'on obtiendra de bon éther. Ce procédé eft fondé fur la propriété qu'a la manganèse d'abforber l'acide fulfureux ; je réunis dans un flacon, l'éther que je veux purifier : j'y ajoute de la manganèle en poudre très-fine, & j'ai l'attention d'agiter le mêlange plufieurs fois dans la journée, il faut mettre affez de manganèfe pour abforber tout l'acide fulfureux, & au bout d'une huitaine de jours, l'on trouve aut fond du flacon un fel qui ne differe point du vitriol de manganèse; l'éther qui le furnage eft dépouillé de tout acide; & comme cette purification fe fait dans les vaiffeaux fermés, fans dégagement d'aucun fluide élastique, l'on ne perd point du tout d'éther, ce qui eft bien avantageux dans les opérations dirigées pour les arts. Il fuffiroit même de conferver l'éther non rectifié fur la manganèfe. Cette rectification comme l'on voit, n'entraîne point dans de grands frais, la manganèse étant d'ailleurs à affez bas prix. A l'égard de l'éther que l'on prépare pour l'ufage de la médecine, je conseille de le rectifier fur de l'alkali fixe, parce que ce dernier prive l'éther non-feulement de l'acide fulfureux, mais encore de l'huile douce qui accompagne l'éther, & que je regarde comme produite dans le même moment. J'ai même obfervé qu'en diftillant plufieurs fois de l'éther fur de l'alkali fixe, on le dépouilloit

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à chaque rectification d'un peu d'huile douce, & l'éther acquiert par ces diftillations une faveur des plus agréables. J'ai en outre ellayé à priver l'éther d'huile douce, par le moyen des terres, mais d'après plufieurs effais je préfere l'alkali fixe non cauftique. Je regarde toujours l'éther & l'huile douce, comme des êtres produits; qui n'exiftoient point tels dans l'efprit-de-vin. L'un & l'autre doivent leur formation à la combinaison qui s'opère, lorfque l'on traite l'efprit-de-vin avec l'acide vitriolique, & de nouvelles expériences m'affermillent dans l'opinion que j'ai, que c'eft c'eી l'air déphlogistiqué de l'acide vitriolique qui contribue à la production de l'éther & de l'huile douce, & qu'une nouvelle quantité d'air déphlogiftiqué peut encore les décompofer, & en produire de nouveaux compofés.

EXTRAIT D'UN MÉMOIRE

Sur les moyens de convertir le fuc exprimé de la Canne à Sucre en une liqueur analogue ou au Cidre ou au Vin ; Par M. DUTRÔNE-LA-COUTURE, Dodeur en Médecine, & Affocié du Cercle des Philadelphes:

Lu à l'Académie des Sciences,

D'APRÈS l'inftruction anatomique de la canne, d'après un trèsgrand nombre de faits & d'obfervations, il nous eft impoffible de la confidérer fous un feul point de vue, comme on l'a fait jufqu'à ce jour.

On n'a vu dans la canne que les attributs d'une plante, & on ne l'a cultivée que fous ce rapport; cependant elle préfente auffi des conditions qui la rapprochent des fruits muqueux, & c'eft particulièrement fous ce dernier rapport qu'elle doit être confidérée, tant pour la culture, que l'extraction du fel effentiel qu'elle porte.

pour

On remarque dans les entre-nceuds de la canne un fyftême particulier prefqu'indépendant du fyftême général de la plante; ce fyftême eft deftiné à une fonction particulière & propre à chaque entre-nœud.

Le fuc que porte le fyftême général de la canne eft aqueux, infipide & incolore; celui que porte l'entre-noeud eft muqueux, fapide & incolore; ce fuc a une faveur relative au degré d'accroiffement de l'entre-nœud qui le porte. Dans les entre-nœuds de la canne fucrée il eft d'autant plus fucré que l'entre-noud qui le contient eft depuis plus long-tems en maturation. Le fuc exprimé de la canne fucrée eft donc un mêlange de deux fortes de fucs, dont l'un provenant des nœuds qui concourent à former, avec

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l'écorce, le fyftême général de la plante, eft le fuc aqueux chargé d'une fécule groffière & d'une matière extractive qu'à la faveur de l'expreflion ce fuc enlève à la partie folide de la canne, particulièrement à l'écorce. L'autre provenant des entre-noeuds qui ont beaucoup d'analogie avec les fruits muqueux, eft un fuc muqueux chargé d'une portion de matière favonneufe extractive & d'une fécule extrêmement tenue que donne, par l'expreffion, la fubftance folide huileufe de l'entre-nœud.

Du mêlange de ces deux fucs dans l'expreffion de la canne fucrée réfulte un fluide homogène, connu vulgairement fous le nom de vin de canne. J'ai déjà expofé dans un autre Mémoire combien cette dénomination est impropre, & j'ai nommé ce fuc, confidéré dans la canne, fimplement fuc de canne, & fuc exprimé, lorfqu'il eft féparé de la partie folide de la

canne.

Le fuc des entre-nœuds, qu'on doit toujours confidérer par rapport à leur analogie avec les fruits muqueux, étant, comme je l'ai dit plus haut, de nature muqueufe, il étoit poffible de faire avec le fuc exprimé de la canne fucrée une liqueur vineufe & agréable. L'expérience le démontre de la manière la plus fatisfaifante.

Dès le premier inftant de la formation de l'entre-neud le fuc qu'il reçoit du fyftême plante étant converti en fuc muqueux, ce fuc fubit dans le développement & accroiffement de l'entre-noud, diverfes modifications. Il eft d'abord herbacé, comme dans tous les fruits verds, & il devient doux à mefure que l'entre-naud s'accroît. Si à cette époque on goûte ce fuc, on lui trouve la faveur & l'odeur de pommes douces parvemues à leur maturité.

Le fuc que donne l'entre-naud lors de fon accroiffement parfait eft doux & fucré; fon odeur & fa faveur participent également de celles de la pomme & de la canne: enfin, après fon entier accroiffement alors que fa feuille eft defléchée & qu'il eft entré en maturation,fon fuc uniquement fucré ne porte plus que l'odeur & la faveur propres à la canne.

On fait que le corps muqueux eft le feul être fufceptible d'éprouver la fermentation fpiritueufe; on fait auffi que ce corps, pour donner une liqueur vineufe, doit être pris dans l'état doux, tel que la nature nous le préfente dans les fucs de raifins, de poires, de pommes, &c.

C'est en amenant le corps muqueux des fubftances farineufes à cet état, que l'art eft parvenu à tirer une liqueur vineufe connue fous le nom de bière.

L'art a également appris que c'étoit plus à la différente proportion du corps muqueux doux, dans le fuc de raifins, qu'étoit due la différence que préfentent tous les vins entr'eux, qu'à une qualité particulière à ce corps abftraction faite du goût de terroir qui tient à la matière extractive de plante). Auffi eft-il arrivé qu'en diminuant ou augmentant cette proportion, foit en prématurant les fruits ou étendant leurs fucs avec de

Feau, foit en les gardant au-delà du terme de leur maturité, ou en approchant leur fuc par évaporation, par addition de fucre ou de miel, on eft parvenu à faire, avec la même forte de raisins, dans le même lieu, des vins de différentes fortes.

Dans les nœuds-cannes dont l'ensemble forme la canne fuerée, le corps muqueux, lorfque la canne eft bonne, fe trouve en entier dans l'état de fel effentiel. Si alors on veut lui faire éprouver la fermentation vineufe, il convient de changer fa condition & de l'amener à l'état doux. Pour cet effet il faut garder la canne fucrée pendant plufieurs jours avant que de l'exprimer. Après huit à dix jours, le fel effentiel eft en partie décompofé & converti en fuc muqueux doux, dont l'odeur & la faveur font analogues à celles des fucs de pommes. Si on exprime la canne à cette époque, fon fuc fermenté donne une liqueur parfaitement analogue au cidre. Si on laiffe fermenter la canne quatre ou cinq jours de plus, l'odeur & la faveur de pommes difparoiflent ou au moins diminuent confidérablement, le fuc qu'elle donne alors eft légèrement piquant. Ce fuc paffe promptement à la fermentation vineufe, & la liqueur qui en réfulte eft un vin qui ne differe point de celui qu'on obtient des raifins Les nœuds de la canne fucrée n'arrivent que fucceffivement à maturation. Ceux qui y font depuis plus long-tems font les plus fufceptibles de fermenter, & paffent au point où il conviendroit de les exprimer longtems avant ceux de la partie fupérieure de la canne: il eft donc à propos de partager la canne fucrée en plufieurs tronçons, & de mettre à fermenter féparément l'ensemble de ces tronçons. Lorfqu'on veut obtenir une liqueur vineufe de la canne, il faut néceffairement la laiffer fermenter : le fuc qu'on obtient de cannes fucrées fraîches abandonné à lui-même pafferoit à la fermentation acéteufe.

On peut amener le fuc exprimé de la canne fermentée à l'état de gelée, fi après avoir féparé les matières féculentes par l'action du feu & par la clarification, on le traite comme le fuc de pommes, de grofeilles, &c.

que ceux

Le fuc exprimé de cannes fermentées mis dans des vafes, tels dans lesquels on met les fucs de pommes, de raifins, &c. entre bientôt en fermentation: les matières féculentes en font féparées par l'action même de la fermentation & en partie rejetées fous la forme d'une écume mouffeufe très-abondante; une petite portion de fuc eft rejetrée avec elles, & il fe fait un vuide qu'il faut avoir foin de remplir une ou deux fois par jour; pour cet effet on peut prendre une diffolution de fucre par l'eau portant à l'aréomètre huit à dix degrés, ou du fable bien lavé. Après plufieurs jours la fermentation eft très-affoiblie: alors on perce le vafe à trois ou quatre pouces au-deffus du fond, & fi la liqueur eft claire, il convient de la foutirer dans un vafe propre qu'il faut remplir en entier; ft elle eft trouble, ce qui arrive quand la matière fucculente eft abondante,

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