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toujours unie à l'acide tartareux (1): cette terre fe combine avec l'acide vitriolique; de-là la grande quantité de félénité, qu'on trouve toujours dans le réfidu, ainfi que je le ferai voir d'une manière plus détaillée dans mon Mémoire fur l'éther, duquel j'ai détaché les expériences dont je viens de rendre compte.

XXI. Je ne faurois me difpenfer de rapporter une expérience qui vient encore à l'appui de ces obfervations. Si l'on met trois parties d'acide nitreux fumant dans l'appareil pneumatique, & qu'on emploie pour recevoir le gaz un grand récipient rempli d'eau ; fi alors l'on verfe peu-à peu fur de l'acide nitreux une partie de bon efprit-de-vin bien déphlegmé, à chaque goutte qui tombera fur l'acide, le mêlange s'échauffera, & il s'élevera dans le récipient une grande quantité de bulles. L'opération finie, fi l'on a eu foin de raffembler exactement tout le fluide élastique, on aura environ cent cinquante parties d'une efpèce de gaz, compofé principalement d'air d'un peu d'air fixe (ou d'acide aérien ), & d'environ un douzième du tout d'air acide acéteux de Priestley. Ce dernier peut en être féparé fous forme de vinaigre par les procédés convenables.

nitreux,

XXII. En examinant le réfidu du mêlange, on verra qu'il ne contiene plus d'écher nitreux, qu'il eft compofé en partie d'acide faccharin & en partie d'acide acéteux, & que par les moyens convenables on peut décompofer en ces deux fubftances.

le

XXIII. Je propoferai actuellement les queftions fuivantes, qui me paroiffent une fuite naturelle de ces observations. 1°. Quelle est la raifon pour laquelle les acides minéraux peuvent transformer en acide acéteux les acides végétaux dont il eft ici queftion? 2°. Pourquoi neft-ce qu'en employant de l'acide nitreux que de l'efprit-de-vin, on obtient tantôt de l'acide tartareux, tantôt de l'acide faccharin & tantôt de l'acide acéteux? Pour réfoudre ces questions, je hafarderai une explication qui me paroit très-conforme à la nature des chofes. Je que le confidère tout acide végétal enveloppé de fon phlogistique, ainfi produit la nature, comme un véritable acide tartareux: en diftillant à plufieurs reprifes de l'acide nitreux fur l'acide tartareux, celui-ci eft privé d'une partie de fon phlogiftique, ce qui le change en acide faccharin. Pour expliquer actuellement la transformation de l'acide végétal en acide acéteux, voici l'idée que je m'en forme. En mêlant l'acide végétal avec les acides minéraux qui ont une grande affinité avec le phlogiftique; ceux-ci lui en enleveront une grande partie, alors il arrive ce qui a lieu

(1) Voyez mes expériences & obfervations fur l'acide tartareux & fa combinaison avec l'efprit-de-vin, où l'on examine fi cet acide eft fufceptible de former de l'éther par cette combinaison, Nouvelles découvertes en Chimie, feptième partie, 1781,

fuivant la belle théorie du feu de M. Crawford (1): car ici les acides minéraux font ce qu'eft dans cette théorie l'air déphlogistiqué, qui ne fe charge de phlogistique qu'en cédant de fa matière de feu. Ici les acides minéraux en agiffant fur le phlogistique des acides végétaux pour leur en enlever une portion, cèdent à ceux-ci une partie de leur chaleur spécifique. De cette manière on fe rend compte non-feulement de la fluidité du vinaigre, mais de toutes les propriétés qui le diftinguent des acides faccha rin & tartareux; toute la différence qu'il y a entre les acides acéteux & tartareux, c'eft que le premier contient moins de phlogistique & plus de chaleur spécifique.

XXIV. Venons actuellement à la folution de la feconde queftion. L'acide nitreux étant le feul qui foit fufceptible de produire des altérations fi différentes entr'elles, l'explication de ce phénomène femble d'abord. fouffrir plus de difficultés. Mais toute la différence dans les résultats provient de la différente quantité d'acide nitreux que l'on ajoute à l'acide végétal quelle que foit cependant cette quantité, il y a toujours à chaque addition une partie d'acide végétal convertie en acide acéteux, qui paffe dans le récipient avec l'acide nitreux phlogistiqué de-là le deficit qu'on remarque à chaque opération. Si on n'emploie f de l'acide nitreux en quantité fuffifante pour convertir à la fois en vinaig tout l'acide tartareux, c'eft-à-dire, pour lui enlever à la fois tout I phlogistique, la majeure partie 'reftera dans la cornue dans un état déphlogistication imparfaite, & fe préfentera fous forme d'acide faccharin.

f

XXV. Avant de finir, j'avertirai encore que j'ai réuffi de transformer à volonté en acides tartareux, faccharin ou acéteux, l'acide de tamarinds, l'acide citronien (celui-ci par une voie différente de celle de Schéele), le : moût de raifin, le jus de prunes, celui de pommes, de poires, de grofeilles, d'épine-vinette (berberis ), d'ofeille (rumex acetofel. L.) ainfi› que les fucs d'autres plantes, & que je me propofe à la première occafion de rendre un compte plus détaillé des obfervations que j'ai faites fur cette

matière.

(A)

(1) Voyez Magellan, Théorie du feu élémentaire.

SUPPLÉMENT

us a petit fore.

SUPPLÉMENT AU
AU MÉMOIRE

DE M. DE MORVEAU;

Sur la nature de l'Acier & fes principes conftituans, inférée dans les Actes de l'Académie Royale des Sciences de Stockolm en 1787, premier semestre ;

Par M. PIERRE-JACQUES HIELM:

Traduit des Mémoires de l'Académie de Stockolm

L'ACADÉMIE a jugé que la traduction du Mémoire de M. de

Morveau méritoit d'être inférée dans les actes, non comme contenant lque chofe de nouveau qui ne fût pas connu en Suède, mais parce on y trouve réuni & expofé d'une manière agréable & complette prefque t ce qui a paru fur ce fujer en diverfes langues; & fur-tout des >rceaux qui ne nous font pas affez connus. Cette traduction fera d'autant de plaifir, que les idées de l'Auteur s'accordent avec ce qu'on avoit lié en 1779, fur la caufe de la nature différente du fer forgé, de ier & du fer fondu, dans un Mémoire intitulé: Méthode de connoître parties conflituantes du Fer. Ces vues avoient été présentées la même nnée au Collège Royal des Mines, au Comptoir établi en faveur du commerce du fer, ainsi qu'à la Société des Profeffeurs des forges & des

nines.

Depuis que M. Scheele eut publié fes effais fur la plombagine dans le troisième trimestre des Actes de l'Académie en 1779, qu'en travaillant avec M. Rinman qui s'occupoit beaucoup de l'hiftoire du fer, j'eus obfervé qu'il fe trouvoit toujours de la plombagine fur la furface du fer, dans les opérations qu'on lui faifoit fubir pour le convertir en acier par la cémen tation, & que j'eus retrouvé la même plombagine en quantité plus ou moins confidérable dans le réfidu de la diffolution de certaines espèces de fer par les acides, je m'étois cru fondé à regarder la plombagine comme un charbon minéral, & nos charbons de bois pour une plombagine végétale (troisième trimestre des Actes de Stockolm, 1781), & de prendre ces deux fubftances pour même chofe. Il étoit bien naturel de Loupçonner, & certainement ce foupçon n'avoit échappé à perfonne, que la plombagine étoit non-feulement capable de réduire les chaux de ter, mais encore qu'elle pouvoit s'y unir en fubftance en quantité plus ou moins confidérable, & produire par cette combinaifon toutes les

!

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fuivant la bSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;

minéraux feui fe trouvent entre le fer forgé, l'acier & le fer fondu. Les fe charges rapportées par M. Rinman, §. 296, 160, confirmoient ces minens. C'eft aufli dans les mêmes vues que j'entrepris le travail rapporté dans le Mémoire cité ci-deffus. Il fut communiqué en 1780; il s'en trouve un extrait dans l'hiftoire du fer, §. 266, 275.

que

que

le

Les expériences du Chevalier Bergman publiées en 1781, dans fon analyfe du fer pour déterminer la quantité d'air inflammable le fer, lorfqu'il eft diffous dans l'acide vitriolique, fe trouvèrent parfaidonne tement d'accord avec les miennes. Il ne refta donc plus de doute fer forgé ne donnât plus d'air inflammable que l'acier, & celui-ci plus que le fer fondu ; mais les conféquences que j'en avois tirées n'étoient pas uniquement fondées fur les effais par la voie humide, mais plutôt fur le réfidu phlogistiqué qui exifte après ces diffolutions, & fur les divers procédés qu'on emploie pour obtenir ces diverfes espèces de fer: d'où il fuivoit que le fer fondu étoit plus riche en phlogiftique, enfuite l'acier, enfin le fer forgé en contenoit le moins. Ces différences furent établies, hiftoire du fer (§. 220, 227, 231), & il y fut prouvé que le fer forgé contient probablement une plus grande quantité d'un phlogistique plus fin & plus fimple, & qui eft propre à la production de l'air inflammable; mais que l'acier & le fer fondu peuvent néanmoins être regardés comme plus riches en un phlogistique d'une efpèce plus groffière, telle que la plombagine qui y entre en même-tems. Lorfque le phlogistique le plus fin eft augmenté ou domine feul, le métal fond plus difficilement, comme on le voit dans le fer fondu & l'acier ; au lieu qu'il fond plus facilement lorfque le phlogistique groffier domine. Cependant ceci a certaines limites; car fi on ajoute trop de plombagine, non-feulement la facilité de fondre diminue; mais le fer reffemble plutôt à une mine de fer réfractaire qu'à un métal (hiftoire du fer, §. 264). J'en ai donné quelques preuves dans le Mémoire cité'ci-deffus ; & j'aurai peut-être occafion d'en donner d'autres dans un travail dont je m'occupe, & qui a pour objet principal

les mines de fer.

Lorfque M. de Morveau dont le mérite eft univerfellement reconnu & respecté par le monde favant, a adopté les mêmes idées, j'ai cru devoir, à la vérité, en revendiquer la découverte à MM. Rinman & Bergman qui ont fait faire de fi grands progrès chez nous à ces fciences, & par-là ont été également utiles à la patrie & l'ont honorée.

Au refte, il y a encore beaucoup à faire fur cette matière, comme le prouve le travail de M. Lavoifier qui s'imagine qu'il fe trouve de l'éthiops martial dans l'acier, ce qui néanmoins fe réduit en fuppofitions fur l'analyse de l'eau qui n'eft pas encore décidée, & par conféquent ne prouve rien ici; mais j'observerai qu'il me paroît bien étonnant que perfonne n'ait encore entrepris de pefer les céments dont on fe fert pour convertir le fer en acier. Je fuis bien convaincu qu'on verroit que le

cément perd autant de fon poids que le fer en acquiert & plus a petit plombagine ne contribue certainement pas à l'augmentatione. inflammable; car en verfant de l'acide vitriolique bouillant, ou fimpic chauffé fur de la plombagine, il ne s'en dégage point d'air inflammable. Ainfi il n'y a pas de raifon pourquoi la plombagine donneroit de ce même air lorfqu'elle eft unie au fer. On peut donc dire que le fer en certain état contient plus de plombagine ou de ce phlogiftique, fans qu'on en puifle retirer une plus grande quantité d'air inflammable.

ADDITION au Mémoire de M. DE MORVEAU fur la nature & les parties conftituantes de l'Acier, inféré dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Stockolm, année 1787, premier trimestre (1).

Par M. P. J. HIELM.

(1) Nous ne donnons ici que la traduction de l'addition de M. Hielm, parce que nous avons déjà fait connoître l'opinion de M. de Morveau fur la nature de l'acier, en publiant dans le Journal d'octobre dernier, une Lettre qu'il nous a adreffée fur ce fujet. D'ailleurs le Mémoire envoyé par M. de Morveau à l'Académie de Stockolm n'est lui-même que la conclufion d'un ouvrage plus confidérable destiné pour la partie chimique de l'Encyclopédie méthodique, & dans lequel il rapporte les expériences de MM. Bergman, Rinman, Hielm, &c. &c. avec celles qui lui font propres, comme on le voit par un autre fragment du même ouvrage imprimé dans le recueil de l'Académie de Dijon, année 1786, fecond fémeftre.

EXTRAIT D'UNE

LETTRE

Adreffée à M. FAUJAS DE SAINT-FOND, par M. DE

PRESLON.

A Gorée, le 6 Mai 1787.

L'ISLE de Gorée eft formée par une montagne efcarpée & par une langue de terre tortueufe; toute l'île n'eft qu'un produit de volcan, l'on voit de toutes parts de grandes colonnes de bafalte pofées prefque verticalement les unes à côté des autres, excepté vers la partie inférieure du pic où elles font inclinées fous différens angles; la forme pentagone eft celle qui domine principalement parmi les prifmes, dont le bafaire eft d'un grain très-fin, & de couleur noirâtre; fa dureté eft telle que l'acier en tire des étincelles.

La montagne eft couverte dans plufieurs parties d'une terre volcanique. rougeâtre inattaquable aux acides, que je confidère d'après votre Miné

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